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Auteur Sujet: Mammouth n°13 - La racine dans notre imaginaire  (Lu 882 fois)

En ligne Luna Psylle

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Mammouth n°13 - La racine dans notre imaginaire
« le: 23 septembre 2023 à 10:11:25 »
La racine dans notre imaginaire

Pour ce n°13 du Mammouth Eclairé, nous nous intéressons aux racines, qu’elles nous emmènent sous terre, qu'elles nous relient à d'autres mondes, d'autres univers, qu’elles embûchent notre balade en forêt ou qu’elles nous questionnent sur nos origines. Nous vous proposons ici de présenter en une centaine de mots une lecture qui vous évoque une ou des racines. Un livre qui parle de forêt, un livre qui nous enracine ou nous déracine, à un monde ou des mondes, un livre qui interroge les origines, qui nous y confronte. Donnez-nous envie, donnez-vous envie, de le lire et le dévorer, de nous y plonger à notre tour et de laisser ses racines se refermer sur nous, pauvres lecteurs insouciants. Vous pouvez agrémenter votre avis de quelques courts extraits.



La Marque de la Bête, Charlotte Bousquet

   Entre Peau d’Âne et la Belle et la Bête, la Marque de la Bête raconte l’histoire de Brunehilde. Désirée par son père, Bruna refuse d’obéir et quitte le château avec sur ses épaules la fourrure de la Bête, symbole d’une gloire passée. Se sentant à la fois victime et coupable, elle va fuir son foyer, son nom et sa vie après le meurtre de son père. Entre les ombres de la forêt, dans le froid hivernal, Bruna va évoluer, s’adapter à son environnement, survivre. Elle va aussi se questionner sur ses choix et ses actes passés, tourmentée par son devoir envers son père. Réchauffée et protégée dans cette aventure par la fourrure de la Bête, véritable compagnon de voyage à qui elle confie ses pensées.

Extraits :

« […]  Le silence des oiseaux, le bruissement inquiétant du vent dans les branches des arbres […] n’étaient que de simples coïncidences pour qui ne savait ni entendre, ni regarder. […] »

« […]  Bruna avait trouvé refuge dans une faille humide, au fond d’une ravine mangée par les ronces et d’immenses racines couvertes de mousse. […] »

« […]    — Laisse-moi partir, maman ! Je t'en supplie !
   Mais Mélisende la tient fermement : Bruna ne peut s'enfuir.
   À mesure qu'elles approchent, la forme massive, agenouillée au bout de l'allée, se redresse, prête à les accueillir.
   La jeune fille hurle, se débat, mais c'est impossible : elle ne peut échapper à la poigne glacée de Mélisende.
   — Tu es une criminelle, Brunehilde. Prépare-toi à en payer le prix.
   Indifférente au désespoir de son enfant, la défunte continue d'avancer. Maintenant, Bruna reconnaît parfaitement son père. Il possède le visage d'un chevalier à la longue chevelure. Son corps, en revanche, est celui d'un vieux débauché. Une immense épée est fichée dans son ventre.
   — Un enfant ne devrait pas juger ses parents, gronde Isop, arrachant la lame de ce fourreau de chair.
   Dans le dos de Bruna, la prise de Mélisende s'est transformée en étau. La jouvencelle est prisonnière, les poignets enserrés dans les doigts d'une statue de marbre.
   — Laissez-moi ! Je suis votre enfant ! Je vous en prie ! implore-t-elle en vain.
   Isop sourit, indifférent à la plaie béante de ses entrailles.
   —Tu es décidément le portrait de ta mère, Brunehilde. Regarde, tu portes même sa robe !
   La captive s'aperçoit alors, horrifiée, qu'elle est habillée exactement comme Mélisende. Elle voudrait crier mais n'en a pas le temps.
   Son père se jette sur elle avec un rugissement de triomphe.

*
**

   Bruna luttait pour échapper à ce cauchemar atroce, né de ses peurs et de ses souvenirs. […] »



Les autres activités du Mout :
L'Appel à textes
L'Appel à illustrations
Premier jeu - Racines tordues
Deuxième jeu - Jus de racines rafraîchissantes
Troisième jeu - Remontons à la racine
If the day comes that we are reborn once again,
It'd be nice to play with you, so I'll wait for you 'til then

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Re : Mammouth n°13 - La racine dans notre imaginaire
« Réponse #1 le: 23 septembre 2023 à 11:36:45 »
Bonjour à tous,

Pourquoi j’ai été sidéré par « au cœur des ténèbres » qui n’est peut-être pas le meilleur roman de Joseph Conrad, peut-être, quoiqu’un moins bon roman de Joseph Conrad, c’est quand même un roman de Joseph Conrad.
J’ai d’abord été fasciné par son adaptation au cinéma : "Apocalypse Now" de Copola. Pas le meilleur film de Copola parait-il, quoiqu’un moins bon film de Copola, c’est quand même un film de Copola. Puis, j’ai découvert le roman et j’en suis tombé sur le cul, jusqu’à souhaiter en faire une sorte de lecture-spectacle autour duquel je tourne et retourne.
Pour moi c’est cruel, d’un humour cruel, d’une désespérance cruelle… une remontée de fleuve baroque, d’un noir haché de flashs, de couleurs, d'écalts comiques. Un retour à l’origine, à la racine de l’humanité et de l’histoire, à rebours. C’est toujours Kurtz que l’on recherche, cet homme qui en fait, n’est rien qu’un prétexte afin que la remontée du fleuve à travers la jungle et la folie soit la remontée de la démence d’un monde où l’homme ne cesse de rejouer la même tragédie, celle de la conquête et de la soumission, celle de la puissance brute.
« Exterminez toutes ces brutes », c’est l’annotation ajoutée par Kurtz à la fin d’un manifeste célébrant l’œuvre civilisatrice de la colonisation. Dans l’obscurité, dans les profondeurs souterraines de la nature humaine, la racine de la civilisation revient à affirmer la violence fondatrice.
Bon, pas gai pas gai, pas optimiste optimiste… mais grinçant, cynique, exubérant.

Extraits :

 « Remonter ce fleuve, c’était comme voyager en arrière vers les premiers commencements du monde, quand la végétation couvrait follement la terre et que les grands arbres étaient rois. […] C’était l’immobilité d’une force implacable appesantie sur une intention inscrutable »

« La grande muraille végétale, masse exubérante et enchevêtrée de troncs, de branches, de feuilles, de rameaux, de festons immobiles dans le clair de lune, était comme une invasion déchaînée de vie silencieuse, une vague roulante de végétation, dressée, ourlée, prête à déferler sur le marigot, à arracher tous les petits bonhommes que nous étions à leur petite existence. » 


et celle-ci par Marlon Brando dans le film de Copola : « L’horreur ! L’horreur ! »

film

B
Tout a déjà été raconté, alors recommençons.

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Hors ligne Beglous

  • Calliopéen
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Re : Mammouth n°13 - La racine dans notre imaginaire
« Réponse #2 le: 12 novembre 2023 à 19:01:24 »
Bonjour,

Je vais détourner un peu la consigne pour parler d'un spectacle, donc d'une écriture scénique, qui plus est une écriture sans texte.

Cela s'appelle " pendant que tu volais, je créais des racines "
et c'est très beau.

C'est un cercle dressé au centre de la scène. Dans ce cercle qui devient sphère pleine et creuse, demi-cercle, cercle rotatif, enfin point perdu parmi d'autres points, bref dans ce cercle évoluent deux êtres en relation, deux êtres qui font des pieds et des mains pour rester en lien, leur corps formant des ramifications qui s'étendent et croissent jusqu'à perdre nature humaine. Cette traversée fantasmagorique se dessine en succession de tableaux vivants où se perd et se retrouve ce lien, pris dans ce cercle de vie où tout ce qui monte, est voué à tomber et tout ce qui a chu, trouvera à s'élever.

J'apprends en sortant qu'ils ont œuvré des années en tant qu'artistes auprès d'une institution psychiatrique, et qu'ils ont apporté là-bas beaucoup, et de toute évidence emporté avec eux énormément de cette expérience.

Pour celles et ceux que cette création intéresse, c'est par la Cie Dos à Deux, mise en scène par les "comédiens-danseurs" brésiliens Andre Curti & Artur Luanda Ribeiro.

 


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