Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

08 février 2025 à 03:52:58
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » On l'appelle Trinité

Auteur Sujet: On l'appelle Trinité  (Lu 727 fois)

Hors ligne jonathan

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On l'appelle Trinité
« le: 23 mai 2024 à 11:14:00 »
Bonjour. Il y a les défis Tic-Tac, là, il s'agit d'un défi Mic-Mic. Après Noël, Pâques, voici la Trinité. Bon le style Chroniques de l'Ouest, Américain, pas Breton, c'est pas trop mon style. Alors...

   Ils sont arrivés un beau matin du mois de mai, le 26 très exactement, avec, entre leurs mains, le butin de leur dernier forfait commis à la Shanty Bank de EdenGulch. J’ai même pas eu besoin de consulter mon classeur Interwest pour reconnaître les trois outlaws les plus recherchés de l’Ouest.
   Leurs sales tronches tapissaient,  à 50 miles à la ronde, les bureaux de tous les shérifs qui ne rêvaient que de les voir se balancer au bout d’une corde mais jusqu’à présent, ils étaient insaisissables, jalonnant leur parcours des cadavres de chasseurs de primes trop optimistes.
   Aujourd’hui, ils étaient là, devant moi. Ils avançaient tranquillement dans la rue principale de ParadiseCity, ma ville. Ils m’avaient bien sûr tout de suite repéré, assis dans mon rocking-chair en dessous de la pancarte précisant « SHÉRIF – JAIL HOUSE ».
   La vue de ma Win 30-30, négligemment appuyée contre le bras en bois du siège ne leur arracha même pas un mouvement de recul ni ne déclencha aucun geste en direction du six-coups qui pendait à leur ceinture. Ils me narguaient. Trois contre un, l’issue ne semblait faire aucun doute.
   La rue s’était vidée de ses occupants. Seuls quelques buissons d’épineux, apportés par le vent sablonneux du désert, roulaient mollement entre les bâtisses en bois.
   Je me levais doucement. Ils s’étaient arrêtés face à mon bureau et me fixaient, un mauvais sourire zébrant leurs faces de gibier de potence. Le plus âgé, barbe et cheveux gris, descendit de sa monture et s’éloigna vers le milieu de la rue, bientôt rejoint, par le second, cheveux et barbe châtain. C’était le plus jeune et le plus dangereux des trois. Il savait déjà tirer avant même de savoir marcher. Les gens se jetaient à genoux rien qu’en entendant prononcer son nom et ils priaient pour leur salut. Il alla se placer à côté du premier.
   Le dernier resta en selle. Il tira sur les rênes. Son cheval, un superbe Appaloosa, fit volte-face et se mit en retrait, légèrement sur la gauche des deux autres desperados.   
   Je m’avançais calmement. Je ne m’étais encore jamais trouvé dans une telle situation d’infériorité. Le soleil matinal se refléta soudain dans la vitre d’une fenêtre qui semblait s’ouvrir au premier étage du saloon de Pink Betty. Je savais qui logeait dans la chambre mais si les vapeurs de sa cuite nocturne et journalière n’étaient pas encore dissipées, j’ignorais quel secours il pourrait bien m’apporter.
   Je le sus dans les secondes qui suivirent. Le colt de Doc Mick Peaks aboya trois fois. Je relevais le canon de ma Winchester et le levier d’armement eut à peine le temps de remonter après mon premier tir que les trois malfaisants gisaient dans la poussière, les bras en croix.
   La fenêtre se referma et le Doc, mon sauveur, alla finir de cuver son whisky. Je le remercierai plus tard devant un cruchon de Buffalo Trace. Les corps furent balancés dans la charrette du croque-mort par les quelques habitants ressortis, encore tremblants mais visiblement soulagés et le petit groupe prit  la direction de Boot Hill.
   Trois fosses creusées profondes dans la terre ocre. Trois corps enveloppés dans un drap. Trois trous rebouchés à la hâte. Trois planches de bois. Trois noms peints avec de la peinture noire, les trois mêmes qui figuraient sur les avis devenus inutiles : El Padre, El Hijo et El Santo Spiritu. Au moins, on se souviendrait d’eux encore longtemps. Je me rendis ensuite au bureau du télégraphe pour transmettre la nouvelle.
   
Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur... [Pierre Augustin Caron de Beaumarchais]
Le silence est l'expression la plus parfaite du mépris... [G.B. Shaw]
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Les aventures de Phil Dard : https://keulchprod.eklablog.fr/

Hors ligne True Duc

  • Calliopéen
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Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #1 le: 23 mai 2024 à 12:33:41 »
Bonjour Jonathan,

Lecture très agréable. Imagée, toutes les références du genre distillées.
Je ne vois pas quoi dire. Pas d'erreurs ou d'incompréhension relevées.
Peut-être ajouter un "s" à Châtain et donner à un personnage le détail d'un chiqueur-cracheur de glaviot ;)
« Tu veux t'asseoir sur le trône ? Faudra t'asseoir sur mes genoux.»(Elie Yaffa)

Hors ligne Delnatja

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Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #2 le: 23 mai 2024 à 13:01:08 »
Bonjour jonathan, texte déjà lu sur ton blogue, mais relecture agréable.
Citer
Trois planches de bois.
Il faut davantage que trois planches pour faire un cercueil.
Petite suggestion...
Trois couvercles de bois, pour trois cercueils
Je sais, je pinaille.
OK, je sors.
Michèle

Hors ligne jonathan

  • Calame Supersonique
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Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #3 le: 23 mai 2024 à 13:12:47 »
Bonjour. @True Duc merci pour ta lecture. Alors :
Citer
Peut-être ajouter un "s" à Châtain et donner à un personnage le détail d'un chiqueur-cracheur de glaviot ;)
Pour châtain, je me suis effectivement posé la question et j'ai opté pour sans "s" dans l'optique de "couleur châtain" mais bon, si quelqu'un peut apporter des précisions je suis preneur. Pour les glaviots, bof, c'est le Far West, pas une rue de Paris  :D
Coucou Mimi, il s'agit de planches fichées dans le sol qui remplacent des croix. Consulte quelques westerns, ça se faisait pour les mécréants. Je vais ajouter une petite vignette explicative. Et pis tu pinailles pas, tu n'es pas rompue aux sépultures dans l'Ouest...  :D
Sans la liberté de blâmer, il n'est point d'éloge flatteur... [Pierre Augustin Caron de Beaumarchais]
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Hors ligne Mic Ester

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Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #4 le: 23 mai 2024 à 13:17:58 »
Bravo Jo, je vois que tu as tenu parole, après Noël et Pâques voici donc La Trinité.
J’aime bien l’ambiance Western, plus vraie que nature.
je crois entendre Clint Eastwood parlant à Tuco « Tu vois, le monde se divise en deux catégories, ceux qui ont un pistolet chargé et ceux qui creusent. Toi, tu creuses. »
Y a des trucs que j’ai pas compris, Appaloosa, Buffalo Trace, El Padre, El Hijo et El Santo Spiritu, …
Mais bon ça fait bien dans le décor et je vois que tu as pris des infos.
Bref un bon petit texte rafraichissant, décalé, illustré en plus.
A+
Mic

Hors ligne jonathan

  • Calame Supersonique
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Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #5 le: 23 mai 2024 à 14:07:41 »
Salut Mic. T'as vu, j'ai tenu parole ! Oui, je me souviens de la réplique dans le Bon, la Brute et le Truand à la recherche des sacs d'or. Alors, j'aurais dû sous-titrer : Appaloosa est une race de cheval, Jolly Jumper en est un. Buffalo Trace, c'est un bourbon pur maïs et les trois gugusses, eh ben, c'est le père le fils et le saint esprit, la trinité, quoi.  :D
J'en profite pour éclairer la lanterne de Michèle, y faut dire que dans sa cambrousse, elle voit rarement le soleil  :D
« Modifié: 24 mai 2024 à 08:45:52 par jonathan »
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Hors ligne Cendres

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Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #6 le: 23 mai 2024 à 15:24:29 »
Merci pour ton texte.
J'ai bien aimé le lire et découvrir tes effets de style d'écriture comme :
"Trois fosses creusées profondes dans la terre ocre. Trois corps enveloppés dans un drap. Trois trous rebouchés à la hâte. Trois planches de bois. Trois noms peints avec de la peinture noire(...)"

Il y a un côté western dans l'ambiance et j'imaginais bien une ambiance de cow-boys en le lisant.

Hors ligne Choumi

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Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #7 le: 23 mai 2024 à 18:44:47 »
Bonsoir
J’arrive après la bagarre. Pas dans les coups de flingues mais pour faire mon commentaire
Ça se laisse lire et m’a donné l’impression que le recitateur de l’action surjoue son  rôle.
Il joue les durs que rien n’effraie , comme Yul Brynner dans les sept mercenaires, mais peut être avait il la tremblote. l’alcoolique de service lui n’a pas hésité.
Bref! Vl’a un western de nos campagnes à en faire pâlir les Dalton
Ça change de lecture et casse les codes des écrits habituels
Y aura-t - il une suite pour la Toussaint ?
Amicalement
Michel

Hors ligne jonathan

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Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #8 le: 24 mai 2024 à 11:23:14 »
Bon j'ai rétréci la planche.
@Cendres Merci pour ta lecture et tes commentaires. Y'a plus qu'une ambiance Western, c'est une chronique de l'Ouest telle que l'on se la représente à travers les films et les BD. Mais bon, aux alentours de 1870 nous n'étions pas nés et l'écriture d'un texte intemporel n'est pas si simple finalement si on veut éviter le plagiat. À +
@Choumi J'avais pas trop Les Sept Mercenaires en tête mais plutôt Rio Bravo et OK Corral, dont le panneau est illisible... D'ailleurs j'ai parlé du Doc et si on traduit le nom en Français, surprise ! En ce qui concerne la Toussaint, pourquoi pas. Si je trouve l'ouverture, évidemment  ;) Pour l'instant j'ai des idées pour Phil, donc je vais m'y remettre. Merci pour ta visite. À +
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Hors ligne Béatrice M

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Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #9 le: 24 mai 2024 à 13:20:08 »
Bonjour Jonathan
Je crois que tout à été dit
Enfin moi j'ai adoré, c'est bien imagé, comme une bande dessinée de l'ouest américain.
Bravo, douce journée bisous l'ami

Hors ligne jonathan

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Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #10 le: 25 mai 2024 à 13:00:06 »
Salut Béa et merci pour ta lecture. Voui, c'est l'Ouest Américain tel que l'on peut se l'imaginer à travers films et BD. Sous Pompidou, nous avions droit à un western hebdomadaire, heureuse époque hélas révolue. À + Biz  :oxo:
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Hors ligne Joachès

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Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #11 le: 27 mai 2024 à 18:14:39 »
Comme d’habitude c’est un plaisir de te lire Jonathan. C’est bien construit et drôle. Ta plume sort rarement de son encrier mais elle fait mouche à chaque fois.

Merci d’avoir ressuscité le western le temps d’un moment. Personnellement j’y ai pas seulement senti du Clint Eastwood, mais un peu de Lucky Luke et Trinita. Et rien que ça, un clin d’œil à Bud Spencer et Terence Hill, de nos jours je dis bravo. Tu pourrais d’ailleurs ajouter le titre d’un de leur film en guise de réplique, elle irait bien je pense « Dieu pardonne, moi pas ».

Hors ligne jonathan

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Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #12 le: 28 mai 2024 à 09:39:37 »
Salut Jo et merci pour ta visite. Effectivement, ma plume ne sort que rarement de l'encrier. Je ne suis pas un stakhanoviste de l'écriture, estimant que quantité n'est pas forcément synonyme de qualité, les exemples sont fréquents  ;) Là, il s'agissait d'une sorte de défi lancé par Mic et Choumi en ajoute une couche en parlant de la Toussaint. Ça va j'ai le temps. J'ai tenté d'éviter tous les poncifs du western, bof, pas évident. Effectivement Trinité m'a fait penser tout de suite à Trinita et Térence Hill. J'avais testé le texte sur mon blog quelques jours avant et ça a bien fonctionné. À + lors d'une prochaine inspiration littéraire...
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Hors ligne Joachès

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Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #13 le: 28 mai 2024 à 16:18:43 »
Ça m’es venu comme ça mais si tu aimes le cinéma pour la Toussaint je vois bien un hommage au cinéma français à travers les yeux d’un vieil acteur qui regrette ses chers disparus à la façon d’Alain Delon qui vit dans le souvenir de Gabin, Girardot, Belmondo et de ses femmes, Romy, Nathalie et Mireille.

Hors ligne jonathan

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    • jonathan25
Re : On l'appelle Trinité
« Réponse #14 le: 29 mai 2024 à 07:18:24 »
Salut Jo et merci pour tes idées. J'ai effectivement pensé à parodier du visuel mais pas ciné plutôt TV. J'ai le temps de creuser d'ici le 1er novembre et pis les hommages, c'est pas trop mon truc, je préfère le satirique. Pour l'instant je prépare une vignette sur l'anniversaire du Débarquement... À +
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