L'autre jour maman me disait que les bonbons c'est pas bon!
Alors je lui répondais,
puisque c'est pas bon les bonbons, je n'en mangerai plus, ouais d'ac pas d'ac!
Aujourd'hui cette réplique me paralyse toujours autant. Et j'en pleurs des larmes amères, car bien que mon défi fut de ne plus en manger, il reste cependant une cruelle censure. Parfois, dans l'arrière rue de mon quartier qui mène à la charcuterie Favier, je salive devant la devanture de Georgette la bonbonnière... Tout est un artifice de couleurs et de saveurs acidulées. À chaque fois que ma tentation est grande, je sombre dans des agapes délictuellement sirupeuses.
Et ce, le vendredi de chaque mois. Tel un spectacle enrubané, les arômes diffusent leur nectar embaumant dans les abysses de mes narines en peine. Les rosaces rosées de mes joues gonflent sous l'effet de mon péché mignon dont la frénésie des tentations ne saurait me faire obtenir grâce !
Mes jambes titubent sous le poids de mon probable écoeurement lorsque les sucres d'une blancheur insoupçonnée viennent parsemer ma bouche de leur poudre douce.
Tout se délecte et s'apprivoise.
C'est une ronde de fanfares sur une somptueuse toile de sucres d'orge et d'anis diablement attirants qui m'aide à me consumer dans des remords interdits.
Sans aucune rémission, je me lèche amoureusement les babines rue Condor. Et le défendu devient sous une alchimie, une parfaite insomnie d'un temps ou jadis enfant je croulais sous le poids de l'indécente culpabilité.
Les bonbons, c'est bon, et le ronflement de leur odeur m'abandonne à la faveur d'un désir bien plus flateur que les permissifs dictons sauraient pardonner.
Depuis que je succombe à mon orgie indécemment délicieuse, je pense à cette Mère, autoritaire et sauvagement austère.