Un jour où la solitude avait désorbité mon coeur - mon coeur noir comme un boulet de charbon - la mélodie, d'abord faible et lointaine, a voyagé, voyagé... voyagé jusqu'à mes oreilles. Elle était bien timide.
Mais j'ai senti repousser mes ailes. J'ai respiré. Je me suis envolé. Je me suis évadé de la prison des nerfs.
Archet bouleversant sur les cordes de Cassiopée.
La mélodie était belle comme du lierre au jardin des étoiles.
Chaude comme la fourrure de Vénus.
C'était aussi le tic-tac rassurant de l'horloge.
Le doux giron de la femme.
Le ronron de l'amante.
Une braise dans la nuit polaire...
La musique avait fait éclater le boulet noir. Un feu d'artifice lançait ses fleurs jusqu'au zénith. Ma peau rosissait. Le sang ressuscitait.
Automne roux de ma vie. Porte des libres effusions. La musique me frôle. Lyre de lumière flottant vers le rivage des baisers perdus et des tendresses englouties. Mélodie secrète, je t'abrite !