A mon tour...
Un texte sans scène sexuelle, juste de l'érotisme et du fantasme, avec un ptit hommage à la chanson "c'est extra" de Léo Ferré (allez l'écouter si vous ne connaissez pas ; pour moi, c'est une petite pépite en matière d'érotisme !
)
J'espère que ça vous plaira.
MAJ 4/10/20 :
Seconde version ! J'ai essayé de rendre le début plus cohérent, plus facilement compréhensible visuellement, et j'ai rajouter des références à la chanson pour solidifier le lien. Ce références se perdent un peu sur les derniers couplets, mais je pense que Lily est alors assez dans sa bulle pour ne plus autant "jouer" avec la chanson...
Par contre, Queadam, je garde la toute fin (merci Arianne de m'avoir rassurée dessus : j'hésitais un peu, mais... ça fait parti du jeu !
).
Ecrit pour l'AT "érotisme" ; Ne lisez pas si vous n'êtes à l'aise avec ce thème.
Depuis les coulisse, Gaby l'interroge du regard, et l'artiste se mord la lèvre un instant, anxieuse et excitée. Une respiration, profonde ; elle hoche la tête, et Gaby lève le pouce en direction de la régie. Les lumières s'éteignent, et la rumeur des conversations s'étouffe rapidement derrière le rideau.
Lily est seule sur scène.
Elle est debout, dos au public ; les poignets croisés sur l’échancrure de sa robe noire. De ses pouces, elle caresse nerveusement la naissance de son cou où reposent ses mains. Elle passe une dernière fois la langue sur ses lèvres, puis se fige, attentive.
Les premières notes s'élèvent.
C'est extra, de Leo Ferré.
La carresse d'un frisson parcourt la nuque de la jeune femme, comme toujours quand la contrebasse lâche ses premières notes, et désormais le monde pourrait s'écrouler, plus rien n'existe en dehors de son corps, et de la musique. Les rideaux s'ouvrent. Une vague de chaleur se niche dans son dos quand la lumière d'un premier projecteur se pose sur elle. Les mots jaillissent des hauts-parleurs et la voix prend corps dans l’esprit de la danseuse. A la fin du premier vers, Lily tourne doucement la tête vers la droite pour dévoiler son sourire.
Quelques applaudissements résonnent dans la salle quand elle se retourne enfin. Pour Lily, ce sont des gouttes de pluie qui tombent sur le cuir de sa robe courte. Elle est partie, loin dans ce monde que la musique crée pour elle, et fait face au chanteur qu'elle imagine là, face à elle. Il est brun, il a les cheveux en désordre. Il a la voix chaude et vive pour chanter son corps, et des mots caressants, exquis.
Les mains de Lily se décrispent, abandonnent leur position protectrice et glissent le long de son cou, de son corps. Elle vacille un peu comme l'homme évoque son air anglais, et glisse d'un, de deux pas sur le coté, avant de s'ancrer au large drap de satin blanc que lui propose la chanson. Elle enroule ses bras dans le tissu, sourit en appréciant sa fluidité, puis sépare et fait onduler les deux rideaux en vagues de soie autour de ses jambes.
C'est extra, répète son poète, et Lily s'envole, accrochée aux tissus aériens qui la hissent en douceur au-dessus du monde. C’est extra ! La lumière qui effleure son corps se fait plus chaude, se fait un crépuscule doré qui tomberait sur ce soir pluvieux. C’est extra ! La jeune femme sent avec délice l'étoffe lui frôler les mollets, lui saisir les chevilles. C’est extra ! Elle laisse glisser ses mains sur le tissu ; les voiles s'écartent en deux cordes bien distinctes, et en grand écart au-dessus de la scène, Lily se met à tourner sur elle-même. Les pans de satin dessinent une double hélice en-dessous d'elle.
D'une impulsion, elle libère ses bras, et se laisse lascivement basculer en arrière, au ralenti. Le rideau de ses cheveux noirs vient se coller au satin blanc et ses jambes enlacées par le textile courent sur le ciel. Joueuse, elle ondule pour se cacher dans la soie, puis laisse reparaitre une jambe libérée, qu'elle débarrasse de sa résille. Un mouvement de tissu, et la deuxième jambe apparait et se dénude également. La tête de Lily lui tourne. Les deux jambes de nouveau bien ancrées dans le satin, elle fait danser les draperies autour d'elle comme des portées verticales où ses résilles formeraient deux envolées de notes. Elle envoie un clin d'œil à son chanteur, et défait d'un mouvement rapide le zip de sa robe oppressante ; le tissu aérien soupire quand le vêtement le frôle dans sa chute.
Les voiles de soie capturent les poignets de l'artiste, et de nouveau elle bascule avant de se rétablir un mètre plus bas, tout en douceur, le corps offert à la caresse du satin qui l'enlace. Le public applaudit ; Lily voit son chanteur se tourner vers eux un instant. C'est extra, dit-il, et Lily revient dans son rêve, se pelotonne dans ses draps qui en rougissent de plaisir, qui se pâment et s'enluminent furtivement quand la jeune femme se cambre, s'étire. Eux seuls pour le moment connaissent son corps nu, ses courbes et la douceur de ses mains qui jouent sur les couleurs comme sur une guitare. Ils sont ses protecteurs, ses doux complices. Lily danse dans les airs, aussi légère, aussi insaisissable qu’un filet de fumée sous le feu des projecteurs, et son amant prend le public à témoin.
C'est extra ! dit-il, et la lumière s'adoucit pour auréoler ce moment de délicatesse.
Ce qui est extra, c'est cette jambe nue qui s'étend, s'expose loin de la protection des draps, cette fesse qui parait de profil à la lisière du rideau. C'est cette gorge, ce sein qui se montre un instant de l'autre côté. C'est cette même jambe qui revient en arrière, qui saisit et entraîne le tissu en une cascade dansante, qui l'écarte de ce qu'il voudrait encore pudiquement masquer. Et la lumière qui explose de désir, qui dissout enfin les derniers mystères du corps de l'artiste.
Alors, les poignets de Lily lâchent le satin, et laissent enfin ses mains explorer les recoins de son corps offert. Tandis qu'elle ondule, qu'elle danse dans les airs, ses doigts soulignent l'arrondi de ses seins, la pointe de ses épaules et le creux de ses reins. Son majeur descends le long de l'aine, se perd entre les cuisses, se heurte à une dernière barrière de dentelle, puis remonte sur la jambe tendue à l'horizontale. Elle sent la morsure du satin sur ses chevilles ; elle imagine les mains de son amant sur l'arrondi de ses fesses, de ses cuisses, et puis cette langue agile qui couvre sa vulve de mots doux. Elle surprend la chaleur de son corps contre le sien, otage aussi du satin ; l'odeur musquée de leur étreinte. D'une main douce elle écarte, une fois de plus, les pans de tissus qui tentent de cacher son corps dans leur giron, se donne sans pudeur, sans limite. Son dos se cambre, sa nuque part en arrière, et l’archet de son doigt parcourt la gorge ainsi offerte, en tire une plainte enchantée. Le doigt se pose sur une lèvre, comme pour envoyer un baiser au chanteur en bas ; en dessine le contour, et la nuque se détend à nouveau, laissant la tête de l'artiste rouler sur le côté.
C'est extra ! applaudit le public, ou est-ce la pluie qui tombe dehors ? Le vent souffle, gronde, siffle même, mais les draps sont douillets et protecteurs, la musique si enveloppante...
Pour un instant encore, Lily est seule avec son chanteur qui lève les bras vers elle, s'approche. Et soudain, sous les pieds de la danseuse, une surface dure et froide. Les voiles de satin la déposent sur la scène, et la jeune fille reprend, surprise, son équilibre. La lumière n'est plus si chaude, plus si caressante tout à coup. La tempête s'est calmée... Non : c'est le public, charmé, qui n'ose même plus applaudir de peur que la magie finisse trop vite. Même la musique se fait moins intense, avant que le chanteur n'entame le dernier couplet.
Alors après un regard autour d'elle, la jeune femme se baisse, et ramasse sa robe d'un geste las. Elle hésite, tangue un peu, et puis fait quelques pas un peu dansants sur la scène. Elle cherche son amant, son chanteur ; mais ne trouve qu'un haut-parleur lorsque ses yeux se posent là d'où vient la voix. La magie s'envole, doucement : la réalité s'impose. Lily passe, à regret, une dernière caresse dans les cascades de satin, et puis elle quitte la scène à pas lents, sa silhouette sombre se découpant dans un cercle de lumière banche.
Comme elle descend les trois marches qui mènent aux coulisses, un sourire, d'abord discret, puis triomphant se dessine sur ses lèvres : l'ovation du public est assourdissante. Ses collègues l'embrassent, mais elle s'échappe vivement de leur étreinte ; en trois bonds elle remonte sur scène, et, vibrante de fierté, salut son public.
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Première version :
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