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Pour écrire un Tic-Tac, nul besoin de tactique, il faut juste avoir l'idée au bon moment.
Mais, quand le cerveau se refuse à prendre le départ, qu'il reste coincé sur les starting-blocks que faire ? Partir comme un fou pour un sprint désordonné ? Se dire qu'il vaut mieux garder des réserves pour un marathon ou attaquer le demi-fond ?
Une heure, que peut-on faire en une heure ? À part aligner des palabres sans consistance, des phrases qui se veulent convaincantes mais qui en fait ne sont que des lettres formant des mots mis bout à bout.
Alors voilà, ce soir j'ai décidé de commencer par une course de vitesse, puis d’entamer le demi-fond et de finir par un marathon.
Qu'il est doux de penser
Que les mots sont faciles
Qu'ils viennent se glisser
En des courbes graciles.
Les doigts sur le clavier dessinent des images,
En millier de déliés ne peuvent rester sages
Mais je dois résister, ils poussent le destin
Pour s'ouvrir et danser, tout au bout de mes mains.
Je suis douée pour la rime, c'est indéniable, mais ça me sert à quoi ?
De la rime sans raison, pour un texte sans passion. Croyez-vous que cela puisse plaire ?
J'ai tenté d'écrire de la poésie, mal m'en a pris, j'en suis sortie épuisée, vidée de ma substance, de toute mon énergie. J'ai pondu un recueil, une vraie course contre la montre. Je l'ai présenté à une maison d'édition, ils ont été enchantés... de m'envoyer sous les roses : Revenez dans dix ans ! Avec un peu plus de maturité et surtout un écrit moins pré-pubère. Et la poésie c'est dépassé ! "
Mes rêves de gloire et bien sûr la belle vie qui va avec, tout est en cendres. J'ai mûri, j'ai écrit des nouvelles, amusantes ou tristes, philosophiques ou fantaisistes. J'ai me suis même essayée à l'autobiographique. J'ai accusé le coup quand on m'a dit : "C'est du vu et revu, ça manque de matière, de corps et d'originalité." J'ai pourtant insisté, mais rien n'y fit.
Pour finir, j'ai foncé dans un roman, le marathon a commencé, de page en page, d'hésitation en hésitation j'ai noirci des centaines de pages. J'y suis encore et je cours toujours. Je m'essouffle même, je cherche à sortir du lot et je n'y arrive pas.
Je crois bien qu'il va me falloir changer de tactique, aller de l'avant, rompre la monotonie et sortir de mes limites, je vais participer au prochain Tic-Tac, qui sait ? Mes compères me diront peut-être que je suis sur la bonne voie !