(ou aussi "The Highland Witch" ou aussi "Un bûcher sous la neige")
C'est Corrag. Cor-rag. Nul autre nom que celui-là. Ma mère se nommait Cora, Monsieur. Mais le plus souvent on l'appelait hag, gueuse, alors elle a réuni les deux comme des brindilles dans la flamme pour faire mon nom à moi. Elle était comme ça. Narquoise.
Corrag, c'est le monologue d'une jeune femme anglaise accusée de sorcellerie qui attend le bûcher dans les Highlands. Elle raconte son histoire à un révérend venu enquêter sur les massacres en Écosse, auxquels elle a assisté.
Je m'autocite :
Grosse surprise : il gisait sur mes étagères depuis quatre ans, je l'avais récupéré quand une amie vidait sa bibliothèque mais son titre français ("un bûcher sous la neige", bleurgh) me rebutait. C'est le type de livre qui a tous les ingrédients pour être mauvais au premier abord et qui, au final, se révèle un bijou. Une histoire d'amour et d'indépendance sur fond de chasse aux sorcières, le tout dans les Highlands écossais. Miracle.
Une ode à la beauté de la nature, à l'indépendance (je pourrais être cheasy jusqu'au bout et écrire "à la libertay") féminine, et puis bien écrit et bien traduit, merde, que demander de plus. Moi j'ai kiffé.
Est-ce que je n'ai pas eu la chance de vivre au grand vent ? Mon coeur me parlait et je l'entendais. Je le laissais chanter sa chanson, je me fiais à moi-même et j'avais foi dans le monde, car pourquoi n'aurions-nous pas foi en lui ? Puisqu'une petite graine peut devenir un arbre avec le temps, et que les oiseaux se rappellent où sont leurs vieux nids, et qu'une jument comprend nord-ouest et va, et que la lune fait monter et descendre les flots argentés de la mer, est-ce que çà ne mérite pas notre foi ?
Peu à peu, les bruits de l'eau sont revenus, le ruisseau qui tombait en cascade dans mon vallon s'est fait entendre, il coulait fort. J'ai bu dedans, pas à genoux ni dans le creux de mes mains, mais aggrippée à un rocher, penchée jusqu'à lui la bouche ouverte. Je souriais tout en buvant. Je sentais le goût du vieil hiver. Je buvais le nouveau printemps.
J'étais plus riche que jamais, assise jambes croisées parmi les dernières digitales, à regarder une grosse abeille vivre sa vie. Elle s'enfonçait dans une fleur, il n'y avait plus que son derrière qui dépassait, elle s'arrêtait de bourdonner, puis elle ressortait lentement avec un bourdonnement plus fort et des ailes poudrées. Elle allait de fleur en fleur. Et moi qui l'observais pendant des heures, je pensais être plus riche grâce à elle que si on m'avait couverte d'or. Pauvre ? Non. Solitaire ? Un peu, au fond de moi.
OUI C'EST CULCUL BON ARRÊTEZ