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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)

Auteur Sujet: La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)  (Lu 4043 fois)

Hors ligne Loïc

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La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« le: 03 mai 2018 à 22:32:38 »
Texte écrit pour un Tic Tac (thème : "Crappy heroes").
J'ai une certaine affection pour ce texte dont j'aimerais bien faire quelque chose je pense. Commentaires, principalement généraux, bienvenus.
Je crois que j'ai un souci dans l'histoire. Dans la fin ptet aussi.
Bref, bonne lecture.



« Engagez-vous, qu’ils disaient. »
La réplique, lue un jour dans un obscur livre trouvé au fin fond d’une bouquinerie — une des dernières qui vendait encore des livres papier dans ce coin du monde — ne fit pas rire le sergent Pierrot. La pluie, qui tombait sans discontinuer depuis plusieurs jours, la douleur dans son dos à force d’avoir trop dormi à même le sol et le sentiment qui s’immisçait de plus en plus d’être dans une situation désespérée ne lui offraient pas ce loisir.
« Mais qu’est-ce que j’suis venu faire dans cette galère. »
Personne ne lui répondit, évidemment. Il parlait seul depuis une bonne semaine, à force de ne pouvoir se plaindre auprès d’un autre être vivant. Même les oiseaux l’évitaient, semblait-il. Il soupira, but une longue rasade d’une outre de mauvais vin volée sur le cadavre d’un soldat et essaya d’aller se mettre à l’abri des arbres. Il ne réussit qu’à s’enfoncer un peu plus dans la boue.
« Comprends pas qu’on fasse encore des trucs dégueu comme ça aujourd’hui », il dit après une seconde gorgée. C’était probablement un de ces machins synthétiques qui ne voyaient jamais le soleil. Au moins, il y avait de l’alcool.
Pierrot s’installa contre un arbre et rabattit sa capuche trempée sur sa tête. Il n’y voyait pas à dix mètres, pas la peine d’espérer continuer cet après-midi. Peut-être la lune serait-elle plus clémente.
Il s’endormit.

Il se retrouva sur le parcours du combattant, le matin des tests. Ça non plus n’avait pas changé depuis le 20e siècle. À croire que la conquête spatiale et les avancées militaires qu’elle avait engendrées n’avaient pas nécessité de changement majeur dans l’entrainement des troupes.
Ils étaient une centaine d’hommes, de femmes, et d’humanoïdes au genre indéterminé à s’être présentés. Pour dix places. Dix places pour sauver la nation, leur avait-on dit. Des conneries, évidemment ; et maintenant, tous les autres étaient morts.
Le sergent s’agita dans son sommeil. Il se réveilla quand il revit Nina empalée.

Il n’avait pas seulement rêvé la boue. Encore une fois, elle s’était infiltrée partout dans ses vêtements, plus sales et collants que jamais. Rien à y faire, de toute façon : il n’avait plus rien d’autre.
« Vous serez des héros, qu’ils disaient. Tu parles. De la chair à canon, comme toujours. »
Plus que la situation dans laquelle il se retrouvait, perdu loin de tout et sans espoir d’assistance, c’était de s’être ainsi laissé berner par quelques mots doux qui mettait le plus en colère Pierrot.
Il jeta un coup d’œil au ciel. La pluie avait arrêté de tomber et le temps s’était un peu éclairci — façon de parler, puisque la nuit avait remplacé les nuages. Peut-être pourrait-il avancer un peu. Au moins, ça le réchaufferait.
Pierrot tenta de se repérer grâce aux étoiles. À force d’errer, il commençait à s’y retrouver. On serait fier de lui, à la maison. S’il rentrait, bien entendu. Et pour l’instant, ça semblait plus qu’improbable. Il se mit néanmoins en marche, se lançant comme tous les jours dans une estimation toujours aussi illusoire de la distance qu’il avait pu parcourir depuis la bataille. Deux heures de marche la veille, sous le torrent de la pluie. Cinq l’avant-veille, malgré le froid mordant. Et cinq, et deux, et… il perdait le compte. Cela faisait-il une semaine ? Dix jours ? Quinze peut-être ? Deux-cent kilomètres de marche, on leur avait dit. L’affaire d’une semaine, pas plus, pour une troupe entrainée. Ensuite, tout serait du gâteau. Tout aurait dû être du gâteau. Mais dès le départ, rien n’avait fonctionné et Pierrot en avait assez de chercher des responsables. Tout le monde était mort, de toute façon.
Pierrot longea la lisière de la forêt en direction, pensait-il, du nord. Le terrain descendait doucement et il aperçut, à la lueur de la lune, un ruisseau qui se faufilait au milieu de ce qui avait dû être des champs, quelques dizaines d’années auparavant. Une guerre ou deux et surtout une pollution chronique avaient depuis rendu le tout infertile au point que le sergent hésita à aller boire malgré la soif qui le tenaillait.
Au point où il en était…
Il descendit précautionneusement jusqu’au ruisseau : qu’il n’ait pas rencontré âme qui vive depuis plusieurs jours ne signifiait pas qu’il n’y avait aucun danger ; la bataille l’avait assez prouvé. Il vérifia que son arme n’était pas enrayée et, enfin, fut à découvert. Pierrot but de longues gorgées, remplit son outre, puis se remit en marche, à la lisière de la forêt. Après de longues heures ponctuées de quelques chutes plus ou moins douloureuses, le ciel commença à rosir. L’aube approchait et le temps était clair.
Peut-être verrait-il enfin le soleil.

Pierrot dormit encore quelques heures avant la pleine journée dont il voulait profiter le plus possible ; pour avancer, se sécher, se laver et, peut-être, avoir un aperçu de là où il était.
« Rengagez-vous, qu’ils disaient. »
Ce n’était pas la première fois que Pierrot entrait dans l’armée. Tout jeune déjà, à dix-huit ans à peine, il s’était engagé. Il ne savait pas quoi faire de sa vie, se disait que ce serait toujours mieux que rien ; et les publicités mettaient en avant l’aventure humaine et l’apprentissage d’un métier que permettait l’entrée sous les drapeaux.
Il n’avait pas tenu six mois. Très tôt, le jeune homme s’était découvert insensible à l’autorité et intenable. Il avait démissionné après avoir frôlé plusieurs fois la prison.
Et voilà qu’il avait de nouveau signé, vingt ans plus tard. Son lui d’alors devait bien rire, en le regardant ; devait pleurer en le voyant continuer coute que coute, alors que tout était probablement perdu.
Mais il y avait le sourire de Nina, les yeux vides de Nina et la promesse qu’il lui avait faite. La tête pleine de souvenirs brumeux et le cœur lourd, il repartit.

Elle apparut d’abord comme une ombre au loin. Une tache de noir qui aurait pu être n’importe quoi d’autre ; Pierrot n’y prêta même pas attention. Puis, à mesure qu’il s’en approchait, le doute ne fut plus permis : elle était là, la tour qu’il pourchassait inlassablement depuis plusieurs semaines, celle pour laquelle tant d’innocents avaient perdu la vie. Pierrot sentit l’espoir revenir en lui et il accéléra le pas.
La joie ne dura pas longtemps : la tour était encore bien loin et la tache ne grossissait que très lentement. Il ne la distinguait toujours pas nettement quand la nuit le fit s’arrêter à contrecœur : il avait peur qu’elle ne soit plus là quand il reprendrait la route, que tout ça ne fût qu’une illusion créée par la fatigue, la rage et les doutes. Pierrot dormit mal. Agité, il tourna et se retourna sur le sol asséché par le soleil et se réveilla le corps tout endolori. Heureusement, la tour était encore là et il lui semblait même qu’elle était plus proche que la veille. Ragaillardi malgré la fatigue et tous ses muscles qui lui criaient leur existence, il reprit sa marche implacable.

Les jours se suivaient et se ressemblaient ; les rations de Pierrot s’amenuisaient et il dormait de plus en plus mal.
« T’auras l’air fin quand tu vas arriver là-bas, mon vieux. Ils vont te rire à la gueule. Pis ils cracheront sur ton cadavre. »
Un moment.
« Signe de folie numéro 1, parler tout seul ? »
Si c’était vrai, la folie le guettait depuis bien longtemps.
Un soir, malgré ses efforts, il n’y eut plus rien à manger. Pierrot s’endormit le cœur lourd. Le matin venu, réveillé par la faim, il fut d’abord étonné de l’absence de soleil sur sa peau malgré la chaleur. En ouvrant les yeux, il se retrouva nez à nez avec de la pierre noire. En se levant, il vit la tour qui s’élevait de toute sa hauteur devant lui.
« Mais… »
Un mirage ? Certainement un mirage. Pierrot s’approcha avec difficultés et posa sa main sur le bâtiment, s’attendant à passer à travers. Il manqua de se faire mal au poignet quand la tour résista sous lui.
« C’est quoi ce bordel. »
Il commençait à croire à ce qu’il lui arrivait, à défaut de pouvoir l’expliquer. Lentement, Pierrot marcha le long du mur, cherchant une entrée ou un indice sur le mystère de la nuit qu’il venait de passer. Il finit par arriver devant une double porte de fer, surmontée de deux gargouilles. Aucune poignée en vue.
« C’est pour quoi ? »
La voix le surprit et Pierrot regarda tout autour de lui.
« En haut, idiot. »
Il leva la tête. Une des gargouilles le regardait, un rictus figé sur sa bouche de pierre.
« Ah ! C’est vous. On vous attendait. »
Les portes s’ouvrirent.

Il resta devant comme un con pendant un moment. On l’attendait ? Comment ça on l’attendait ? La gargouille l’apostropha.
« Allez ! On n’a pas que ça à faire. C’est pas un moulin ici ! »
Pierrot s’avança malgré l’appréhension. Il arriva sur un sol de terre paillée ; au milieu de la pièce, un crâne de bœuf le regardait. Il resta planté là un moment, dans la vague lueur de la porte pas tout à fait refermée. Quand le fer frappa la pierre et qu’il se retrouva dans le noir, Pierrot ne distingua plus que l’os blanchi par le temps qui formait un squelette lugubre. Le crâne ouvrit la bouche et Pierrot put voir une langue rougeoyante lui pourlécher les babines. Il déglutit et serra les poings.
« Tu ne me fais pas peur ! TU NE ME FAIS PAS PEUR ! »
Ricanement.
« C’est comme ça hein ? Nous allons voir. »
Derrière le crâne, un escalier pâle apparut. Après quelques secondes d’hésitation, maitrisant avec peine ses tremblements, Pierrot s’avança, passa à côté de la tête de bœuf qui tourna sur elle-même pour le suivre des orbites, et monta.
« À plus tard », il entendit en arrivant à l’étage supérieur.
Il crut avoir changé d’univers. Ici, le sol était une moquette rougeâtre qui reposait ses pieds fatigués et des tapisseries pendaient aux murs. Au fond, la chaleur et le crépitement réconfortant d’un feu de cheminée l’attiraient irrémédiablement. Il s’avança et plus il s’approchait, plus la pièce lui rappelait quelque chose. Ça n’était pas tout à fait comme une impression de déjà-vu ; plutôt comme un souvenir lointain dont il n’arrivait pas à se saisir, au bord ou dans les tréfonds de sa mémoire. Des cadres apparaissaient et se précisaient ; une horloge se trouvait tout à coup au-dessus de la cheminée. Les trois aiguilles étaient arrêtées, mais Pierrot voyait — croyait voir — la plus grande frémir ; lutter contre l’immobilité, puis se figer, vaincue pour un moment.
« 15h23 », il lut à voix haute. 15h23. Pourquoi cet horaire lui semblait-il si familier ?
L’aiguille tenta de bouger une fois de plus et Pierrot se souvint. Il revit distinctement la montre brisée de sa mère baignant dans une mare de sang et ses cris déchirants dans l’après-midi ; les mouches qui accouraient déjà et ses tentatives désespérées de les repousser loin du cadavre.
Pierrot n’était plus un enfant. Il avait vu plus de sang qu’il ne lui en fallait et avait abandonné ses fantômes depuis longtemps.
« Tu ne m’auras pas comme ça ! » il cria, le poing levé, au sommet de la tour. Quoiqu’il s’y trouvât, il n’abandonnerait pas. Il le devait à Nina. Et il voulait faire ravaler aux propriétaires des lieux leurs images dégueulasses.
Le décor chaleureux et le feu brulant disparurent d’un coup, remplacés par le vide et le froid de la tour. L’escalier continuait vers le haut. Il se terminait à l’étage suivant. La lumière de l’extérieur passait à travers les immenses ouvertures sans fenêtres, de même que le vent. Pour la première fois depuis bien des jours, Pierrot eut froid.
Il n’y avait personne, toujours personne. Pierrot avança jusqu’au bord, contempla le paysage, la rivière, la forêt, tout le chemin qu’il avait parcouru pour arriver là. Il était certain de pouvoir, avec des jumelles, retrouver les squelettes de son régiment décimé.
« Sacré voyage, hein. »
Il se retourna, arme au poing, et manqua de tout lâcher.
« N… Nina ? »
Elle lui souriait, telle qu’il se souvenait d’elle, telle qu’il rêvait d’elle, son sac à ses pieds, une arme en bandoulière.
« Ça va, Sergent ? Tu as mis le temps.
— Qu… quoi ? Comment ? »
Elle désigna à Pierrot une table, deux sièges, une bouteille, deux verres… et Pierrot s’approcha. Nina servit et, dans un seul geste, ils levèrent leur verre. Pierrot huma le vin et il se retrouva chez eux, en bord de mer, sous le soleil, entre les vignes. Il répondit au sourire de Nina, approcha le verre de ses lèvres et le lui lança à la tête. Surprise, dégoulinante de vin, elle le regarda un moment et Pierrot crut s’être trompé, mais un rictus horrible vint bientôt se peindre sur la bouche de Nina.
« Ainsi, vraiment, tu ne veux pas d’une fin paisible.
— J’ai vu Nina mourir dans mes bras. Qui que tu sois, laisse son corps en paix et montre-toi vraiment.
— Tu as raison. Cessons ces enfantillages. »
Sous les yeux de Pierrot, la forme changea, rapetissa. Les cheveux s’allongèrent, blondirent, la peau s’éclaircit. Le pantalon devint robe verte et les deux yeux pâles d’une fillette finirent par observer Pierrot, moqueurs.
« Bienvenue chez moi, Sergent. Vous reprendrez bien un peu de vin. »
La petite fille ramassa le verre, le secoua pour en faire tomber les dernières gouttes, puis servit Pierrot. Devant l’absence de mouvement de ce dernier, elle soupira.
« Mais enfin ! Si nous devons nous affronter, autant que nous passions un bon moment avant. Au moins, celui qui mourra l’aura fait après avoir bu un bon coup. Vous avez peur que je l’aie empoisonné ? Tenez. »
Elle approcha ses lèvres du verre.
« Vous êtes sure… »
La fille avala une longue gorgée, ferma les yeux.
« Quelle merveille. Sure ? Que j’ai l’âge ? » Elle poussa un rire bref. « Buvez. »
Pierrot s’exécuta, sans quitter la fille des yeux. Il dut reconnaitre que le vin était très bon. Elle sourit de nouveau et, d’un claquement de doigts, fit apparaitre deux fauteuils. Elle s’assit et invita Pierrot à faire de même.
« Au fait, je m’appelle Alline. Savez-vous pourquoi vous êtes ici, Sergent ?
— Oui, c’est évident, c’est pour… »
Les mots se bloquèrent dans sa gorge sous le regard narquois d’Alline. Il ne se souvenait plus. Il avait beau chercher, fouiller, creuser dans sa mémoire, les bribes d’explications qu’on leur avait fournies ne revenaient pas.
« Alors Sergent, qu’est-ce qui vous a fait tenir tout seul pendant tout ce temps ? »
Pierrot ferma les yeux. Il ne voulait pas voir la fille se moquer de lui. Il sentit l’angoisse lui étreindre le cœur alors qu’il s’entêtait à retrouver la raison de sa présence dans la tour. Il convoqua l’image de Nina.
Nina.
Nina et son grand sourire ; Nina et son regard fier ; Nina l’air pensif pendant le repas ; le cadavre de Nina sur le sable brulant.
Et il ne savait même pas pourquoi.
Pierrot ouvrit les yeux pour couper court au cauchemar. La fille n’était plus là.
« Derrière vous ! »
Il se retourna et elle était là, assise dans les airs.
« Qu’est-ce que tu veux ? » il demanda dans un souffle.
« Ce que je veux ? Mais, Sergent, c’est toi qui es venu ici. »
Des images éparses vinrent à l’esprit de Pierrot. Il ne se souvenait plus. Il ne restait plus que cette tour, que cette pièce. Et Nina. Nina, Nina, Nina ; il s’accrochait à cette pensée, à ce nom comme si c’était le sien.
« Tsssss, Sergent. Tu vas te faire du mal. Bois encore un coup, oublie tout ça, tu verras, ça ira mieux. »
Sans comprendre, il se laissa faire. La fillette en lévitation s’approcha de lui, porta un gobelet à ses lèvres. Il but, incapable de résister. Un baiser retentit contre ses joues.
« Voilà, ça n’était pas si difficile. »
Ses jambes ne le portaient plus. Il manqua de tomber, réussit à s’assoir. Les contours de la pièce se faisaient flous, comme le sourire de la fille face à lui, ce sourire qui l’irritait tant, qu’il avait envie d’effacer. Sa main se referma sur son couteau. Ensommeillé, il sentit avec une acuité particulière les nervures de la prise et la douceur du tissu. Mais son bras était lourd, si lourd…
« Dors Sergent, dors. »
La voix était tout contre son oreille ; elle avait les accents de Nina. Ses paupières devenaient lourdes. Il n’arrivait pas lutter. Une dernière fois, il voulut frapper, forcer son bras à se soulever.
Il n’y parvint pas.
Il ferma les yeux.
Pierrot s’endormit.

Assise dans les airs, les jambes croisées, Alline regardait Pierrot qui ronflait sur le lit. Sirotant son vin, elle se demandait ce qu’elle allait bien pouvoir faire de lui. Elle ne pouvait pas le garder ici, c’était une certitude. Pas vivant, en tout cas. Mais elle répugnait à le tuer ; après tout, ça n’était pas de sa faute si on lui avait ordonné de venir à la tour. Le pauvre ne savait même plus pourquoi il était là, à la fin.
Elle alla à la fenêtre, sur la rambarde du balcon. Son domaine s’étendait sous ses yeux et le chemin parcouru par Pierrot lui apparaissait, doré dans la plaine. Problème : la mémoire finirait bien par lui revenir. Et il y avait cette Nina qu’il avait aimée, qui lui avait permis de lutter si longtemps contre ses pouvoirs.
Alline soupira, finit son verre d’une traite et le lâcha dans le vide. Il alla s’écraser contre le crâne de l’une des gargouilles de la porte. La créature n’esquissa pas un mouvement.
« Dommage que tu doives partir, ça faisait de l’animation. », elle murmura. Elle fit un appel mental et, quelques minutes plus tard, le bruissement d’ailes de pierres se fit entendre.
« Oui, maitresse ? demandèrent deux voix rocailleuse. Elle désigna le dormeur.
– Que l’un de vous le ramène à Jéshoum. »
Un signe de tête – les gargouilles ne parlaient jamais plus que nécessaire – et l’une des créatures alla attraper gauchement Pierrot.
« Doucement, recommanda la fille. Il faut qu’il arrive en vie. Déposez-le à un hôpital. »
Nouveau hochement de tête ; les ailes grises s’étirèrent et la gargouille ne fut plus là. La deuxième attendit, immobile, les ordres. La fille réfléchissait.
« À quoi bon faire semblant ? » elle dit finalement.

Pierrot se réveilla avec un sacré mal de crâne, digne de ses plus grandes cuites de jeune adulte. Il bougea dans le lit, pris dans un demi-sommeil, un marteau lui pilonnant la tête.
Quand il ouvrit enfin les yeux, le sergent découvrit une pièce et des draps blancs. L’unique fenêtre découvrait un jardin vert et pluvieux, bien loin du paysage de la tour. C’était plus petit, et moins rond, aussi.
De l’autre côté de la pièce, près de la porte, un autre lit. Pierrot n’eut aucun mal à reconnaitre la femme qui s’y trouvait.
« Nina ? »
Il avait parlé un peu trop fort, et le mal de tête vint le lui faire sentir en même temps que les souvenirs lui revenaient. Nina était morte et la fille de la tour avait pris son apparence. Pierrot se retint de pleurer : ça n’était pas le moment.
Elle se retourna, les yeux ouverts, et son visage s’éclaira d’un doux sourire.
« Ah, tu es réveillé. »
Elle se leva, chancela un moment dans sa chemise d’hôpital blanchâtre, et s’approcha du lit de Pierrot. Démarche militaire, assurance un peu cachée derrière les yeux riants, tout en elle criait qu’il s’agissait de Nina ; mais Pierrot se fermait comme il pouvait, décidé à ne pas se laisser abuser une nouvelle fois. Elle le ressentit probablement.
« Quelque chose ne va pas ? »
Question stupide, puisqu’ils étaient dans une chambre d’hôpital.
« Pourquoi m’avoir suivi jusqu’ici ? »
Ce fut comme un choc et la fille recula d’un pas.
« Comment ça, t’avoir suivi jusqu’ici ? »
Pierrot n’avait pas le courage de répondre. Il lui tourna le dos, fixa le mur et tenta de ne pas entendre tout ce qu’elle pourrait dire ensuite.
« Pierrot ? »
Sa voix presque suppliante serra le cœur du sergent. À quoi bon l’hébétude, le manque et la douleur des dernières semaines si c’était pour lui tourner le dos maintenant ? Il plongea son regard dans le sien, y cherchant la moquerie et la duplicité de la fille de la tour, mais il n’y vit qu’incompréhension.
Pierrot s’assit sur le lit, elle se laissa tomber à côté de lui et, ensemble, ils fixèrent le mur.
« Tu étais morte, il dit au bout d’un moment.
– Oui.
– Alors comment…
– Je ne sais pas. »
Encore le silence, encore le mur, encore cette distance entre eux, ces quelques centimètres qui séparaient leurs genoux serrés et leurs poings fermés. Pierrot ne doutait plus maintenant, mais la joie était encore hésitante, tant tout cela lui paraissait insensé. Finalement, il se décida à prendre la main de Nina dans la sienne et la serra. Elle posa sa tête sur son épaule.
« Et maintenant ?
– On verra. On a le temps. »
« Modifié: 08 mai 2020 à 11:30:45 par Loïc »
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Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #1 le: 04 mai 2018 à 08:42:37 »
Yo !

Citer
trop dormi à même le sol et le qui s’immisçait
manque un mot

Citer
Même les oiseaux l’évitaient,
:D
plus besoin de battre des ailes ;)

Citer
Des conneries, évidemment ; et maintenant, tous les autres étaient morts.
^^

Citer
puisque la nuit avait remplacé les nuages.
mouais, bof

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qu’il n’ai pas rencontré âme
coquille

Effectivement, c'est pas fini et pas hyper marrant, mais ça se lit vachement bien. J'espère que tu vas trouver l'inspiration pour le boucler :)

A+

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Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

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Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #2 le: 05 mai 2018 à 15:21:33 »
Bonjour Loïc,

Ça faisait longtemps, je crois, que je n'avais pas lu de texte de toi, et j'ai trouvé celui-ci plein d'humanité mais aussi fort de thèmes comme la guerre ou l'embrigadement que j'ai trouvé bien menés.

Une chose qui m'a peut-être manqué, ç'aurait été d'autres émotions, une grande partie du texte m'a semblé basée sur l'indignation ou le sentiment d'injustice, et je me demande si ton personnage n'aurait pas pu essayer de chercher des images qui le motivent comme pour lutter face à l'adversité. Cela m'aurait éventuellement permis de mieux saisir ce qui permet au personnage de garder la force de survivre malgré la terrible épreuve à laquelle il est confronté ; remarque, c'est ce que m'a évoqué la dernière phrase symbolique du texte sur l'apparition du soleil, cela me laisse penser que ton personnage n'a pas perdu sa force de vivre.

Quoiqu'il en soit, je suis impressionné par la qualité du texte, c'est un condensé d'humanité et d'émancipation.
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Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #3 le: 05 mai 2018 à 18:37:10 »
Rémi, merci pour ta lecture et tes remarques, je vais essayer de corriger au plus vite.

Citer
 
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  qu’il n’ai pas rencontré âme
coquille

C'est "n'ait" ?

(Pour le mot oublié, faut juste que je retrouve c'est quoi :mrgreen:)

Citer
Effectivement, c'est pas fini et pas hyper marrant, mais ça se lit vachement bien. J'espère que tu vas trouver l'inspiration pour le boucler :)

Ouais. Suffit d'avoir une idée d'où je veux aller avec.

@ Alan merci pour ton appréciation et ta remarque sur le manque d'images que tu as ressenti.
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Re : Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #4 le: 05 mai 2018 à 21:46:06 »
Citer
 
Citer
  qu’il n’ai pas rencontré âme
coquille

C'est "n'ait" ?

(Pour le mot oublié, faut juste que je retrouve c'est quoi :mrgreen:)

Oui, "n'ait" (subj passé)

et le mot oublié...  :D

J'te souhaite de trouver une idée marrante pour finaliser l'affaire :)
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Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #5 le: 08 mai 2018 à 23:15:43 »
J'ai corrigé les deux erreurs relevées par Rémi et ajouté un paragraphe. J'ai dans la tête de quoi finir, ptet même avec une touche amusante (mais c'est pas sûr) ; plus qu'à écrire.
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Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #6 le: 21 mai 2018 à 20:32:10 »
Yo !

relecture ;)

Citer
qui vendait encore des livres papiers dans ce coin du monde
pas de "s" à papier, je dirais

Citer
Il soupira, but une longue rasade d’une outre de mauvais vin rouge volée sur le cadavre
je virerais "rouge" pour alléger et limiter les adjectifs

Citer
il voulait en profiter le plus possible ; pour avancer, se sécher, se laver et, peut-être, même avoir un aperçu de là où il en était.
le "même" après la virgule me semble bizarre

Le nouveau paragraphe apporte quelque chose d'intéressant, t'as plus le choix, faut finir ce texte !
Parce que là, on se demande vraiment qui et Nina et comment va finir l'aventure.

A+
Rémi
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

Ashka

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Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #7 le: 21 mai 2018 à 23:02:24 »
Hello Loïc ;)
Ton texte m'avait plu et je voulais le commenter alors me voilà !!!
Citer
une des dernières qui vendait encore des livres papiers dans ce coin du monde
:\? papier à priori invariable quand on l'accole à un autre nom, donc sans "s"
Citer
« Comprend pas qu’on fasse encore des trucs dégueu comme ça aujourd’hui. » il dit après une seconde gorgée
comprend"s" et remplacer le point par une virgule après "aujourd'hui ?
Citer
Ça non plus n’avait pas changé depuis le 20e siècle. À croire que la conquête spatiale et les avancées militaires qu’elle avait engendrées n’avaient pas nécessité de changement majeur dans l’entrainement des troupes.
"changé" et "changement", peut-être trouver autre chose pour l'un des deux, ou pas ?
Citer
Il se réveilla quand il revit Nina empalée.
saisissant ... et  :(
Citer
Il n’avait pas seulement rêvé la boue. Encore une fois, elle s’était infiltrée partout dans ses vêtements, plus sales et collants que jamais. Rien à y faire, de toute façon : il n’avait plus rien d’autre.
« Vous serez des héros, qu’ils disaient. Tu parles. De la chair à canon, comme tous les soldats depuis la nuit des temps. »
Je trouve tous ce début très bon, on est avec le soldat dans cette situation difficile et ses pensées collent bien au contexte.
Citer
Plus que la situation dans laquelle il se retrouvait, perdu loin de tout et sans espoir d’assistance, c’était s’être ainsi laissé berner par quelques mots doux qui mettait le plus en colère Pierrot.
c'était "de" s'être ainsi, etc... ?
Citer
Et pour l’instant, l’un comme l’autre semblaient plus qu’improbables.

ha, il manque quelque chose peut-être ? "l'une ou l'autre possibilité" ? Ou autre chose ? Ou pas, ce n'est qu'une suggestion. "improbable" au singulier à priori.
Citer
Deux-cent kilomètres
Deux-cents (chti "s" à la fin de "cent")
Citer
L’affaire d’une semaine, pas plus, pour une troupe entrainée. Ensuite, tout serait du gâteau. Tout aurait dû être du gâteau. Mais dès le départ, rien n’avait fonctionné et Pierrot en avait assez de chercher les responsabilités. Tout le monde était mort, de toute façon.
Là encore, je suis ton personnage avec son désenchantement, son désespoir, ses incertitudes, j'aime beaucoup ça. :coeur: :coeur:
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un ruisseau qui se faufilait au milieu de ce qui avait dû être des champs,
:coeur:
Citer
Ce n’était pas la première fois que Pierrot entrait dans l’armée. Tout jeune déjà,  à dix-huit ans à peine, il s’était engagé. Il ne savait pas quoi faire de sa vie, se disait que ce serait toujours mieux que rien ; et les publicités mettaient en avant l’aventure humaine et l’apprentissage d’un métier que permettaient l’entrée sous les drapeaux.
'permettait', c'est l'entrée qui permet ?  Là encore, le déroulement des pensées de Pierrot est super bien rendu. Et puis quand on est jeune, on se laisse attirer comme ça, c'est bien vu ! :coeur:
Citer
Et voilà qu’il avait de nouveau signé, vingt ans plus tard. Son lui d’alors devait bien rire, en le regardant ; devait pleurer en le voyant continuer coute que coute, alors que tout était probablement perdu.
Mais il y avait le sourire de Nina, les yeux vides de Nina et la promesse qu’il lui avait faite.
J'ai bien envie de suivre ton Pierrot pour une suite, cette fin donne envie. ;)
Ton texte m'a touchée  je l'ai trouvé humain et il y a une atmosphère, c'est bien fait, je trouve.
Voilà !  :)

Léilwën

  • Invité
Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #8 le: 07 juillet 2018 à 17:52:51 »
Coucou Lolo !

Citer
et le sentiment qui s'imiscait de plus en plus d'être
=> je trouve que la subordonnée alourdit la phrase... "et le sentiment de plus en plus tenace d'être" ?
Citer
à force de ne pouvoir se plaindre auprès d'un autre être vivant
=> là aussi, je manque de fluidité "à force de n'avoir personne d'autre à qui se plaindre" ?
"but une longue rasade d'une outre de mauvais vin" => techniquement, tu ne peux pas boire une outre... "longue rasade à une outre" ?
Citer
Comprend pas
=> Comprends
Citer
Ça nous plus n'avait pas changé
=> "Ça non plus, ça n'avait"?
Citer
Rien à faire de toute façon : il n'avait plus rien d'autre
=> :coeur:
Citer
c'était s'être ainsi laissé
=> "de s'être ainsi"?
Citer
pour l'instant l'un comme l'autre
=> il manque un mot pour moi : l'un comme l'autre quoi ? "l'une ou l'autre de ces situations"?
Tu répètes "ruisseau"... "cours d'eau"?
Citer
la bataille l'avait assez prouvé pour le reste de son existence
=> pour moi, il manque un "pour qu'il reste marqué" avant "le reste de son existence"
Citer
et, enfin, fut à découvert
=> le verbe "être" me gêne parce que pour moi, il fait un mouvement pour arriver à découvert... "se mit à découvert" ?
Citer
et, peut-être, même
=> il faut déplacer la 2ème virgule après "même"
Citer
Tout jeune déjà,  à
=> espace surnuméraire
Citer
Son lui d’alors
=> je ne suis pas fan... "L'homme qu'il était alors" ? ou mieux...
Citer
coute que coute
=> coûte x2

Bon, j'avoue, j'ai fait ma superchieuse sur ton texte, mais en vrai, j'ai bien aimé l'ambiance !
« Modifié: 07 juillet 2018 à 18:58:12 par Léilwën »

Hors ligne Dieter

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Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #9 le: 07 juillet 2018 à 19:29:01 »
Hello Loïc  :)

Engagez-vous, qu’ils disaient. »
La réplique, lue un jour dans un obscur livre trouvé au fin fond d’une bouquinerie
En fait, pour la petite histoire, le slogan exact est : "Engagez-vous, rengagez-vous, vous verrez du pays", et date des campagnes de recrutement napoléoniennes pour les troupes coloniales.
Plus tard, ce fut repris et popularisé par Gosciny dans bon nombre d'albums Astérix dans la bouche de romains vaincus, et désabusés, avec la réplique culte : "Engagez-vous qu'ils disaient...".

Ce texte fait resurgir en moi de nombreux souvenirs (près de dix ans d'armée), ou la déception côtoyait la désillusion et l'amertume, suite aux nombreux contrordres débiles, qui suivaient eux-même des ordres aberrants. Le tout dans une ambiance délétère, où le simple fait de faire remarquer qu'une consigne était stupide vous conduisait aux arrêts pour atteinte au moral des troupes.
Tout ça pour dire que je trouve ce sergent très humain et très authentique.
Un seul point me trouble : tu situes l'action à une période postérieure au vingtième siècle, et pourtant tu parles d'une outre, ce qui me parait assez anachronique.

Voilà pour mon ressenti.
On n'a rien inventé de mieux que la bêtise pour se croire intelligent.
Amélie Nothomb

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Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #10 le: 16 août 2018 à 22:54:34 »
Désoléééééééééééé, je vous ai pas répondu depuis longtemps ><

Rémi : adopté, j'ai tout corrigé et viré le "même"

Léli (je suis tj pas fixé sur comment t'appeler u_u)

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=> je trouve que la subordonnée alourdit la phrase... "et le sentiment de plus en plus tenace d'être" ?

amen

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=> là aussi, je manque de fluidité "à force de n'avoir personne d'autre à qui se plaindre" ?
"but une longue rasade d'une outre de mauvais vin" => techniquement, tu ne peux pas boire une outre... "longue rasade à une outre" ?

Pour le premier oui, absolument
Pour le second, non, pour deux raisons. "D'une outre" peut pouvoir dire "depuis une outre" et d'autre part, c'est une métonymie (tu bois bien un verre ou une bouteille !)

Citer
=> "Ça non plus, ça n'avait"?

Pour le coup je préfère garder en l'état, la répétition du ça n'apporte rien, bien au contraire, à mon sens.

Citer
=> il manque un mot pour moi : l'un comme l'autre quoi ? "l'une ou l'autre de ces situations"?

Euh ouais. Effectivement. Plus qu'un mot qu'il manque. En fait je parlais de 1. rentrer et 2. ne pas finir en prison, mais c'est pas clair.
C'est devenu : ". Et pour l’instant, ça semblait plus qu’improbable"

Citer
Tu répètes "ruisseau"... "cours d'eau"?

Bien vu ; c'est devenu "y boire". à voir si c'est assez clair.

Citer
=> pour moi, il manque un "pour qu'il reste marqué" avant "le reste de son existence"

Pas d'accord, surtout que pour moi c'est pas tellement la question d'être marqué (dans le sens que je lui donne, en tout cas)

Citer
=> le verbe "être" me gêne parce que pour moi, il fait un mouvement pour arriver à découvert... "se mit à découvert" ?

Je suis d'accord en théorie, mais en pratique je pense que ça marche, comme ça. C'est son mouvement qui fait qu'il est à découvert au final, et ça marque le fait qu'il se retrouve à sortir des arbres quasi sans s'en rendre compte.

Citer
=> il faut déplacer la 2ème virgule après "même"

Du coup j'ai viré même suite à la remarque de Rémi

Citer
=> espace surnuméraire

Elle n'y est pas chez moi

Citer
=> je ne suis pas fan... "L'homme qu'il était alors" ? ou mieux...

Je crois que j'aime bien, son lui d'alors

Citer
=> coûte x2

Pas en orthographe réformée

Merci pour ta lecture précise et tous tes conseils !

Dieter

Citer
En fait, pour la petite histoire, le slogan exact est : "Engagez-vous, rengagez-vous, vous verrez du pays", et date des campagnes de recrutement napoléoniennes pour les troupes coloniales.
Plus tard, ce fut repris et popularisé par Gosciny dans bon nombre d'albums Astérix dans la bouche de romains vaincus, et désabusés, avec la réplique culte : "Engagez-vous qu'ils disaie

Merci pour le point d'histoire o/

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Ce texte fait resurgir en moi de nombreux souvenirs (près de dix ans d'armée), ou la déception côtoyait la désillusion et l'amertume, suite aux nombreux contrordres débiles, qui suivaient eux-même des ordres aberrants. Le tout dans une ambiance délétère, où le simple fait de faire remarquer qu'une consigne était stupide vous conduisait aux arrêts pour atteinte au moral des troupes.
Tout ça pour dire que je trouve ce sergent très humain et très authentique.

Et pourtant j'ai pas fait l'armée :mrgreen:
Content que ça fonctionne, en tout cas.

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Un seul point me trouble : tu situes l'action à une période postérieure au vingtième siècle, et pourtant tu parles d'une outre, ce qui me parait assez anachronique.

C'pas faux. À voir si je garde en tant que terme générique, si je mets gourde (moins poétique, je trouve) ou si je passe à quelque chose de totalement nouveau.

(J'ai ajouté la partie écrite pour l'été 18, signalée par une petite flèche rouge)

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Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #11 le: 16 avril 2019 à 20:42:47 »
Paraitrait que j'ai enfin fini ce texte (et qu'il pèse ses  mots, après avoir pas mal approché des 4000).
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Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #12 le: 17 avril 2019 à 00:23:08 »
Je t'avais pas lu et surtout commenté depuis... pfiou !
J'ai survolé un passage vers le milieu, honte à moi.  À part ça j'ai beaucoup aimé.
Désolé, j'ai pas grand chose à dire, mais voulais passer quand même  ^^

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Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #13 le: 19 avril 2019 à 18:31:50 »
Merci de ta lecture !
Y a quelque chose qui t'a fait survoler le milieu en particulier ? Si oui, quelles parties ?

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Re : La mission du Sergent Pierrot (Tic Tac du 3 mai 2018)
« Réponse #14 le: 19 avril 2019 à 19:06:33 »
Yosh !
Je te dis ça tout à l'heure, je suis sur téléphone et c'est galère.
À toute !

Édit : me revoilà !
Je ne sais pas ce qui m'a fait survoler le passage en question, et d'ailleurs l'ayant lu maintenant je ne lui trouve rien à redire. Le passage en question c'est quand Pierrot affronte les horloges. Va savoir ce qui m'avait bloqué.

J'ai bien aimé l'écriture, sobre, intéressante, maîtrisée. Je crois que j'ai repéré quelques lourdeurs, mais très peu. Ça se lit bien, ça me laisse un peu un impression de "chaque phrase apporte quelque chose de nouveau et fait avancer le récit".

J'ai cru comprendre que le premier jet finissait juste avant la première apparition de la tour ?
« Modifié: 19 avril 2019 à 23:14:14 par extasy »

 


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