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Auteur Sujet: Narrer pour narrer  (Lu 13044 fois)

Hors ligne Alan Tréard

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Narrer pour narrer
« le: 03 mai 2018 à 16:11:22 »
Je prolonge en ce moment mes recherches sur ce qui fait la matière littéraire, sa consistance.

Et j'en viens à me poser une question à la fois banale et pourtant évidente.

Pourquoi narre-t-on ? À quoi bon faire un récit de telle ou telle situation ?

A-t-on vraiment besoin d'exposer un récit page après page ? À quoi bon mettre des personnages ou un narrateur dans un contexte avec des actions ou des discussions ?

Que vient faire la narration en littérature ? Pourquoi les livres en regorgent tant ?

Ne devrait-on pas se contenter de manger et de s'habiller ? Pourquoi peut-on trouver un tel intérêt à se pencher sur une histoire ?

Est-il envisageable qu'un homme avec deux bras et deux jambes se passe de narration toute sa vie ? La vie ne serait-elle pas plus simple si les auteurs se contentaient de catégoriser méthodiquement chaque vérité seule sans jamais avoir recours à aucune narration ?

La narration n'est-elle qu'un truc qu'on rencontre par hasard et qui n'existe pas vraiment ?
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Hors ligne Loïc

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Re : Narrer pour narrer
« Réponse #1 le: 03 mai 2018 à 17:18:34 »
Y a déjà 14 pages sur pourquoi écrire

(En plus t'es pas dans la bonne section)
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Re : Re : Narrer pour narrer
« Réponse #2 le: 03 mai 2018 à 18:15:54 »
Y a déjà 14 pages sur pourquoi écrire

(En plus t'es pas dans la bonne section)

 :o Écrire et narrer c'est pareil, à tes yeux ?

Donc, tout écrit littéraire serait de l'ordre de la narration, il n'y aurait pas de littérature sans narration ?

N'hésite pas à clarifier ton point de vue, ça m'aidera beaucoup.
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Re : Narrer pour narrer
« Réponse #3 le: 03 mai 2018 à 20:25:11 »
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Donc, tout écrit littéraire serait de l'ordre de la narration, il n'y aurait pas de littérature sans narration ?

Oui ?
(On peut parler des essais, certes. Je ne suis pas sûr que ça relève de la littérature ; au mieux autant que les écrits scientifiques).
D'autre part, tu remarqueras que dans le fil que j'ai cité, on parle bien surtout de raconter des histoires ;)
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Re : Narrer pour narrer
« Réponse #4 le: 03 mai 2018 à 20:30:49 »
@Alan

En effet ton fil a plus sa place dans la salle de débats, l'atelier étant pour parler de sujets précis, ici c'est plus une discussion générale à propos

Il se rapproche également pas mal du pourquoi écrire, mais précisé sur la narration alors je le laisse tel quel








SInon pour moi à partir du moment où t'as une mémoire, où tu fais les choses en fonction de ce que tu penses être ta personnalité etc, t'es déjà en train de te narrer ta vie, il faut bien, il parait, l'Histoire reste une histoire, la narration c'est juste la façon de le raconter et le narrateur juste la personne qui raconte



Après si ta question c'est pourquoi écrire des histoires plutôt que juste dire de façon brute ce que tu penses, j'ai pas le temps là tout de suite d'y répondre u_u
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Re : Narrer pour narrer
« Réponse #5 le: 03 mai 2018 à 20:57:11 »
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Oui ?
en fait non, la narration c'est quand il y a narrateur, une entité qui structure le récit. Le courant de conscience, avec Joyce ou Larbaud, démontre l'inverse, parce que c'est du monologue intérieur dans lequel il n'y a pas de narrateur pour filtrer. Donc parler de narration dans ces cas-là ce serait un abus de langage. Après le monologue intérieur n'est pas forcément synonyme de courant de conscience, il peut y avoir un narrateur pour faire des prolepses ou analepses entre le morceaux de monologue intérieur, comme c'est le cas dans Rosa Mystica.

L'absence de narrateur rend le texte difficile à suivre puisque ce sont des pensées mises bout à bout sans logique apparente, ça mime le déroulement de la pensée. Donc je dirais en premier lieu que la narration sert à faciliter la lecture en la structurant.

Hors ligne Alan Tréard

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Re : Narrer pour narrer
« Réponse #6 le: 03 mai 2018 à 21:19:52 »
Oki, j'apporte quelques précisions alors pour celles & ceux qui découvriraient le sujet, j'ai ouvert différents fils de discussion sur des termes accompagnant les discussions littéraires que voici :

Donc ce sont plutôt des termes techniques fond/forme qui ont vocation également à aider les commentateurs dans leur compréhension du regard d'autrui (j'entends ici que les auteurs n'ont pas toujours les mêmes notions techniques, ça dépend des courants culturels) ; et que cela nourrit le « Comment commenter ? », dans l'espoir de faciliter les retours.

Maintenant il y a eu une récente transformation des sections, donc si d'autres sections sont plus appropriées ailleurs, merci à l'avance de déplacer chacun de ces fils pour rester dans la continuité de la recherche (j'aimerais pouvoir offrir des outils pour tout un chacun même si ça prend du temps).


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Oui ?
en fait non, la narration c'est quand il y a narrateur, une entité qui structure le récit. Le courant de conscience, avec Joyce ou Larbaud, démontre l'inverse, parce que c'est du monologue intérieur dans lequel il n'y a pas de narrateur pour filtrer. Donc parler de narration dans ces cas-là ce serait un abus de langage. Après le monologue intérieur n'est pas forcément synonyme de courant de conscience, il peut y avoir un narrateur pour faire des prolepses ou analepses entre le morceaux de monologue intérieur, comme c'est le cas dans Rosa Mystica.

L'absence de narrateur rend le texte difficile à suivre puisque ce sont des pensées mises bout à bout sans logique apparente, ça mime le déroulement de la pensée. Donc je dirais en premier lieu que la narration sert à faciliter la lecture en la structurant.


Oui, si je pose la question du « peut-on écrire sans narrer ? », je pose également la question de la place de la narration dans la langue.

Pour donner un exemple des questionnements que je pourrais avoir, on pourrait envisager un prolongement de la pensée de cette façon :
Lettre { Mot { Phrase { Narration

Ou au contraire la narration peut-elle être une notion à part entière qui alimente les livres sans dépendre de la langue ; autrement dit il n'y aurait pas de continuité directe entre la langue et la narration, et celle-ci pourrait se faire, je ne sais pas moi, par une succession d'images comme au cinéma.

Après tout, on peut imaginer un film sans mot, pourtant on y trouverait une narration dans la succession d'images.

D'où ma question : Une narration pour faire quoi ?
« Modifié: 03 mai 2018 à 21:24:29 par Alan Tréard »
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Re : Narrer pour narrer
« Réponse #7 le: 03 mai 2018 à 21:25:56 »
@eveil

Ca reste un certain type de narration, la narration c'est juste la façon de raconter quelque chose (avoir un narrateur c'est plus classique, facile d'accès donc je te rejoint là-dessus) mais mettre des mots en flot de pensée pour reproduire le flot de pensée inconsciente, ca reste un choix de le dire de cette façon et donc de raconter ou dépeindre quelque chose via ce prisme, le retranscrire comme ça
Si tu prend un film expérimental où il n'y a apparemment pas d'histoire, tu vas finalement te rendre compte qu'il y a une forme de narration visuelle qui s'émancipe de la narration (j'ai envie de mettre un grand N) classique et romanesque du livre, pourtant ca reste une façon de dire et raconter quelque chose
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Re : Narrer pour narrer
« Réponse #8 le: 03 mai 2018 à 21:39:55 »
non mais la narration implique un narrateur, or s'il n'y a pas de narrateur, pas de narration. Tu parles de "façon de raconter" et j'ai aucun problème avec ça, juste, c'est pas une narration techniquement parlant.
« Modifié: 03 mai 2018 à 21:41:41 par Eveil »

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Re : Narrer pour narrer
« Réponse #9 le: 03 mai 2018 à 22:06:50 »
Hm, d'acc, j'avais pas ce fait
Pour moi quand tu fait un flot de pensées, ca reste de la narration puisque quand tu lis tu sais qu'il y a une personne qui raconte ce flot de pensée, le narrateur peut être l'auteur et c'est ça que je voulais dire aussi
Mais bon, je comprends, il faut un narrateur  :mrgreen:
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Re : Narrer pour narrer
« Réponse #10 le: 03 mai 2018 à 22:11:34 »
Je dirais, selon moi, que dans un film sans parole (exemple avec Les Triplettes de Belleville) tout comme dans la pantomime ou dans la danse, il y aurait quelque part une narration sans parole ; il y a ce qu'on pourrait appeler une scénarisation.

Quelque part, il y a un narrateur malgré l'absence de paroles (qui est celui ou celle qui crée la scénarisation).

La distinction entre la scénarisation et la narration, on pourrait envisager que c'est la langue.

Maintenant se pose encore la question du rôle que joue la narration dans la littérature ; on peut d'ailleurs envisager plusieurs narrateurs (un exemple simple : une première description d'un lieu par un premier narrateur ; un personnage entre en scène et s'exprime, ouvrez les guillemets : « second narrateur »).

Une autre question qui me vient également à l'esprit, c'est : Utilisons-nous toutes & tous les mêmes principes de narration ? Ou existe-t-il en réalité une grande diversité de principes de narration ?
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Eveil

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Re : Narrer pour narrer
« Réponse #11 le: 03 mai 2018 à 22:19:24 »
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ca reste de la narration puisque quand tu lis tu sais qu'il y a une personne qui raconte ce flot de pensée, le narrateur peut être l'auteur
oui mais attention dans ce cas-là c'est une autobiographie. Or je pense pas qu'Ulysse ou les textes de Larbaud, Woolf ou Schnitzler soient des autobio. Dans ces textes-là l'auteur use du courant de conscience par le biais d'un personnage. Donc ce sont deux choses différentes.  ;)



Hors ligne Loïc

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Re : Narrer pour narrer
« Réponse #12 le: 03 mai 2018 à 22:22:22 »
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en fait non, la narration c'est quand il y a narrateur, une entité qui structure le récit. Le courant de conscience, avec Joyce ou Larbaud, démontre l'inverse, parce que c'est du monologue intérieur dans lequel il n'y a pas de narrateur pour filtrer. Donc parler de narration dans ces cas-là ce serait un abus de langage. Après le monologue intérieur n'est pas forcément synonyme de courant de conscience, il peut y avoir un narrateur pour faire des prolepses ou analepses entre le morceaux de monologue intérieur, comme c'est le cas dans Rosa Mystica.

Je comprends pas ça.
En quoi un monologue intérieur suppose une absence de narrateur ; d'autant plus si on n'est pas en autobio ?
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Re : Narrer pour narrer
« Réponse #13 le: 03 mai 2018 à 22:29:36 »
ba c'est pas ce que j'ai dit.  :mrgreen:

le monologue intérieur peut se passer de narrateur, il n'implique pas obligatoirement son absence, je prenais Calaferte en exemple justement pour nuancer.
« Modifié: 03 mai 2018 à 22:34:45 par Eveil »

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Re : Narrer pour narrer
« Réponse #14 le: 03 mai 2018 à 23:32:43 »
Bon, j'aurais bien fait d'avoir cherché, je crois que je viens de trouver l'élément perturbateur de mon intitulé.

Ici la question est le lien entre la littérature et la narration, une hypothèse serait qu'il n'y a pas de littérature sans narration (c'est une hypothèse).

Ailleurs, la question se posait du lien entre la littérature et le style, l'hypothèse évoquée alors était qu'il n'y a pas de littérature sans style.

Si on essaie d'être logique dans ce qui précède :
  • Si la littérature, c'est le style
  • Et que la littérature, c'est la narration
  • Alors le style, c'est la narration

Sauf que je ne cherche pas nécessairement une logique entre toutes ces notions, c'est peut-être aussi ce qui peut provoquer un malentendu.

Dans l'hypothèse où le style et la narration pourraient se côtoyer dans un même espace sans pour autant relever des mêmes facteurs (on pourrait distinguer l'un et l'autre dans une juste considération) alors il n'y aurait probablement pas de possibilité d'y instaurer une logique. Si l'on sait prouver que style et narration sont deux notions distinctes, on peut vite avoir du mal à leur redonner un véritable lien (et, de cette façon, lien qui serait : la littérature, donc une notion trop large).

Par ailleurs, s'il devait y avoir un lien logique entre le style et la narration, ce lien serait sujet à tant de désaccords qu'on pourrait passer des heures à discuter les termes et les notions techniques sans jamais s'entendre.

Je me résous donc à tenter un autre cheminement de pensée.

Et je me propose ici une démarche d'abstraction.

Mon idée est de pouvoir identifier la narration, ses principes naturels, ce qu'elle évoque dans l'utilisation commune que nous en avons, comme s'il était envisageable qu'elle soit complètement indépendante du style.

Je ne prétends pas que les différentes notions que j'ai évoquées précédemment (cohérence, émotions, style, etc.) soient tout à fait indépendantes les unes des autres, mais j'essaie de les identifier par abstraction afin de faire de chacune d'entre elles un élément pratique à part entière. Ce qui me paraîtrait utile pour quelqu'un qui commente un texte, ou pour un auteur qui crée un dialogue avec un éditeur, c'est que les notions les plus incontournables puissent être évoquées à part, comme pour faire de ces notions techniques un élément de discussion sans avoir à instaurer une logique avec le reste du boulot d'écriture.

On aurait alors comme une sorte de grosse machine : le livre ; et l'on pourrait enlever les parties indépendamment du reste, même si cette machine en marche requiert toutes ses parties pour être en état de fonctionnement. On devrait pouvoir dire : la cohérence=ok ; le style=ok ; mais la narration=ne fonctionne pas, à revoir.

Ce qui me paraît être déjà un progrès, ce serait d'avoir la capacité de s'entendre sur une délimitation commune de ce en quoi le mot de narration prend son sens.

Il ne s'agit pas d'exclure le style des discussions, mais de faire ici de la narration une idée qui fait abstraction du reste.
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