Réponse à un défi de Dewen : Le récit d'un voyage dans un monde imaginaire. Il doit y avoir deux combats et un peu de magie...
Correction entreprise suite aux commentaires de Loïc.
Quelques mois avaient passé. Je résidais à Bruxelles. Mon travail avançait bien. Je me sentais paisible.
7 novembre
— Il y a des zones dans l’inconscient qui suscitent des angoisses, M. Mythiris. Est-ce que vous éprouvez de l’angoisse ?
— Non, Dottore. Les forces obscures sont moins redoutables quand on les reconnaît. Un peu de lumière repousse beaucoup d’obscurités.
— Et bien, vous ne souffrez pas de l’étrange familiarité du monde. Cela facilite notre travail. À la semaine prochaine.
14 novembre
— Vous ferez une expérience où la réalité devient fantasme. Vous retrouverez une pensée primitive, animiste. Vous reconnaîtrez les inquiétudes de l’enfant. Vous irez regarder jusqu’où les limites vacillent dans le miroir du monde. Il faut tout voir pour vous humaniser. Tout voir et ne pas juger. L’inconscient refoulé est un élément traumatique. Des remparts de neuromédiateurs empêchent d’y accéder. Ils perturbent votre représentation du monde. Les forces de l’inconscient sont proprement magiques, elles ont une action décisive sur votre vie quotidienne. Vous les apprivoiserez, mais jamais ne les domestiquerez. Toutefois, je ne veux pas vous effrayer.
— Rassurez-vous, Dottore, vous me faites seulement rire.
31 novembre
J'ai plongé ces jours-ci dans un univers à la David Lynch. Aucune identité ne tient. Ce qui devait rester secret m’apparaît au grand jour. Je voyais le monde comme un psychotique. J'étais comme hors du temps, comme si j'étais quelqu'un d'autres que le prince Mythiris. Une vilaine me mit au défi de parvenir dans le monde de Lédission.
Aussitôt, je saluais les visiteurs stupéfaits, enfourchai mon fidèle Clavier et me mis en route.
Avertissement du copiste
Le lecteur trouvera dans ce conte, mêlées à la magie, de vaines disputes : qu’il les considère avec la même défiance qu’il a de sa propre opinion. Nous avons remédié aux incohérences tolérées par l’éditeur et supprimé les récits des combats fantastiques qui pouvaient heurter le sens commun. Le récit de cet escroc des lettres est émaillé de réflexions personnelles qui n’engagent que nous. Mythiris est le pseudonyme d’un personnage imaginaire. Son titre est usurpé. Le copiste ne peut être tenu pour responsable des dégâts causés dans les mondes traversés.
Hum. L’honnêteté et l’imprimeur m’obligent à reconnaitre que je n’ai de prince que le cœur. J’étais d’une classe destinée au travail, ainsi qu’aimait à répéter le baron de Meus, dont j’ai fui le château. Néanmoins, les réflexions du copiste entachaient mon honneur. Je le provoquai en duel. Je porte encore sur le cœur la marque du coup de plume que me décocha ce...
Avertissement de l’éditeur
Nous avons purgé le texte des grossièretés, délaissé des citations suffocantes. Des corrections et des ratures ont été supprimées ou amendées. Des blancs prévus entre les variantes pour d’éventuels remaniements subsistaient encore. Malgré tout ce travail, nous ne pouvons garantir l’authenticité des personnages et des scènes. Mythiris s’appelle en réalité Pinocchio.
Je ne vois pas pourquoi j’ai été affublé d’un nom pareil, qui me précède partout où je vais. Pourquoi ne pourrais-je pas en changer ? Las, mes plaintes ne seront pas entendues. J’erre seul, en direction de la forêt magique.
Avertissement de l’auteur
Le lecteur, à qui on ne la fait pas, sait que la forêt magique est aussi inaccessible qu’un village Schtroumf. Il s’agissait donc pour Pinocchio, alias le prince Mythiris de se perdre et d’attendre que quelqu’un veuille bien lui indiquer le chemin. Il chercha toute l’après-midi le fil conducteur ratatiné dans un coin du récit. Il dut choisir entre les manuscrits dont la plupart étaient des faux.
La première épreuve que j’eus à traverser fut de couper du bois pour une vieille dame. Il repoussait sans cesse. J’avais sympathisé avec les serviteurs, Ursaff et Falstaff. Un jour, je me levai avant l’aube. Ils m’aidèrent à m’enfuir. Je sautai sur mon fidèle Clavier. J’avançai par bonds entre le monde chimérique et le monde réel. Je croisai quelques fois des archétypes au coin du bois. Je ne dus la vie sauve qu’à mon courage et ...
Avertissement du narrateur
Monsieur Pinocchio avait consigné dans un cahier les épisodes de sa vie qu’il jugeait remarquables. Le cahier retrouvé m’a été présenté le mois dernier. J’ai pu l’étudier à loisir. Quand ses ragots semblaient trop invraisemblables, j’ai imposé ma version des faits.
J’errais depuis longtemps lorsque je parvins à sortir de la réalité. Mon fidèle Clavier renâclait. Le sabot du i avait été déféré devant la justice. Je tuai quelques dragons qui avaient ricané sur mon passage.
Avertissement du héros
Ce roman est une imposture et non pas le récit d’une imposture. Contre notre avis, dérogeant à la plus élémentaire honnêteté, l’auteur a opéré dans le texte des coupes franches. Il a renoncé à l’étude que nécessitait le sujet.
Par le présent, j’affirme avoir victorieusement combattu trois fois des monstres imaginaires et être sorti victorieux et indemne du monde de Lédission. Je déclare avoir eu recours à la magie en répondant au défi avant qu'il ne soit lancé.