Les personnages de la légende
Ils sont déterminés par leur rapport au pouvoir « il y a les tyrans – le Mal-, et ceux qui s’aliènent à la tyrannie, en pâtissent tragiquement ou la combattent courageusement. » Millet, p101-2
Le personnage n’est pas le lieu d’une tension dramatique : il réalise le programme de son rôle non les choix d’une conscience déchirée.
Claude Millet, p 95 :
« groupes paradigmatiques de personnages »… rôles « directement moralisés » :
- les rois (dieux, tyrans, etc.)
- les chevaliers (les géants, les lions, les montagnes)
- les voleurs (les aventuriers)
- les génies
Et trois groupes biologiques :
- les enfants
- les femmes
- les vieillards
« ces sept groupes se partagent la quasi-totalité du réseau actanciel (du moins anthropomorphe) »
96 « Les rôles fonctionnent comme des thèmes récurrents aux prédicats stables (ainsi les rois sont toujours voleurs, buveurs, mangeurs, abjects, corrompus, violents, sadiques, impitoyables, injustes, traîtres, mégalomanes). » « l’Histoire est la projection de ces paradigmes de personnages-rôles sur le syntagme du progrès. »
Comment sortir du « cercle des tyrans » ? Millet p 98 « La PS répond à cette question, qui est celle d’une histoire humaniste, en faisant du progrès l’œuvre d’individus programmatiques » Jésus, Mahomet, OLIVIER ? Roland, Aymerillot- ou vieillards qui sont le passé : Eviradnus… le Satyre ? (renaissance du paganisme ?)
Dieu, Satan et les autres
Par ordre d'importance et dans l'ordre sur l'écran (voir Index de l'éd. de poche), La Légende annonce :
1) Dieu (of course) avec 105 + 8...apparitions
2) Satan (ouh ouh) avec 18 + 4
3) Charlemagne & Ratbert Avec 14 citations, ex-aequo
4) César et ...Océan (????)Avec 13 citations, ex-aequo
5) Eviradnus, Roland & Jésus (mais si on compte ce dernier avec "Christ", on est à 17 citations) Avec 10 citations, ex-aequo
6) Jupiter : 9 citations
7) Nuno (roi de Galice) & Vénus (on les marie ?) Avec 8 citations, ex-aequo
Christ : 7 citations (voir Jésus en 5)
Satan et ses avatars
Iblis, faiseur de sauterelles, dans « Puissance égale bonté », p 69…
« Et l’infirme effrayant, l’être ailé mais boiteux » v63, p71
« L’avortement étant l’habitude de l’ombre » p 71 v65
Surtout, Satan se voit à travers ceux qu’il habite, ainsi Dieu Dit à Mourad, p299,v268…
Déjà Satan était visible en toi ; déjà,
Sans t’en douter, promis aux tourbillons funèbres
Des spectres sous la voûte infâme des ténèbres ,
Tu portais sur ton dos les ailes de la nuit ; (etc.)
P 339,v770…
Ces hommes ? En voyant ces convives affreux,
On doute si l’aspect humain est véritable ;
V778
Il semble qu’on pourrait à peine distinguer
De ces hommes les loups, les chiennes de ces femmes ;
790
Si l’on voit des vivants ou des larves manger ;
997
Ils sont venus, j’ai dit : « Entrez » ; c’étaient des loups !
1018
O Dieu ! de quel démon est cet homme échappé ?
« Ratbert, l’homme de nuit » ainsi est-il nommé à la fin de cette petite épopée (p354,v1113)
Philippe Deux était le mal tenant le glaive. P399, v109
L’ongle
est souvent satanique : p 98, v79
p255, v 980 :
Laissant sous l’ongle noir se débattre vos âmes
P 197, v 403-406
Ses poignets sont crispés d’avance du plaisir Pacheco
D’atteindre le fuyard et de le ressaisir
Et de sentir trembler sous l’ongle inexorable
Toute la pauvre chair de l’enfant misérable
P351
Avoir mis son doigt noir…
P381, v480
Le monstre à l’aile onglée, aux sept gueules de flamme ;
Philippe Deux : « son doigt » p401 « Semble, ébauchant un geste obscur que nul ne voit, / Donner un ordre à l’ombre et vaguement l’écrire. »
P404, v 212
Ne fait-il pas mouvoir avec son petit doigt
Tous ces dragons ailés et noirs, essaim sans nombre ?
N’est-il pas lui, le roi ? n’est-il pas l’homme sombre
A qui ce tourbillon de monstres obéit ?
P502, 533 :
Les guerres, s’arrachant avec leur griffe immonde/ les frontières
Satan, dieu des envers
P255, v663…
Hommes qui m’écoutez, il est un pacte sombre
Dont tout l’univers parle et que vous connaissez ;
Le voici : « Moi, Satan, dieu des cieux éclipsés,
Roi des jours ténébreux, prince des vents contraires,
Je contracte alliance avec mes deux bons frères,
L’empereur Sigismond et le roi Ladislas ;
Sans jamais m’absenter ni dire : Je suis las,
Je les protégerai dans toute conjoncture (…) »
L’Islam, p 107-108
Ceux qui ne sont ni bons ni mauvais resteront
Sur le mur qui sépare Eden d’avec l’abîme,
Etant trop noirs pour Dieu, mais trop blancs pour le crime ;
P 245, v 776…
Oui, nous avons un maître
Qui nous donne cela par-dessus le marché.
- Quel est son nom ?- Pour nous Satan, pour vous Pêché ;
( sexualisation du mal ?)
p247, v828 :
L’ami de dessous terre est sûr et tient parole
Les oubliettes, XV, p 252
V904-5
S’il sortait de ce puits une lueur de soufre
On dirait une bouche obscure de l’enfer.
V914-15
Cuve du meurtre, est plein de larves se traînant,
D’ombres tâtant le mur et de spectres reptiles.
Il y aurait à parler de la bouche infernale : abîme, vampire…( à faire)
1070
Sont-ce des hommes ? Non. Rien qu’à voir la façon
Dont votre lèvre touche aux vierges endormies,
Princes, on sent en vous des goules, des lamies
D’affreux êtres sortis des cercueils soulevés.
Je vous rends à la nuit. Tout ce que vous avez
De la face de l’homme est un mensonge infâme ;
…
Vous êtes des damnés en rupture de ban ;
… à la tombe, vampires !
Chiens du tombeau, voici le sépulcre. Rentrez. 1081
Abîmes, p350, 1031
Quelle mamelle d’ombre et d’horreur et de nuit, p351, v1042
P373,v 290
Les vieux enfers éteints des dieux évanouis.
P473
Le précipice est là, sourd, obscur, morne, horrible ;
L’épreuve à l’autre bord nous attend ; nous allons,
Nous ne regardons pas derrière nos talons ;
Pâles, nous atteignons l’escarpement sublime ;
Et nous poussons du pied la planche dans l’abîme.
Abîme encore dans les premiers vers de XIV, 1 Pleine mer :
L’abîme ; on ne sait quoi de terrible qui gronde ;
Le vent ; l’obscurité vaste comme le monde ;
Partout les flots ; partout où l’œil peut s’enfoncer,
La rafale qu’on voit aller, venir, passer ;
L’onde, linceul ; le ciel, ouverture de tombe ;
Les ténèbres sans l’arche et l’eau sans la colombe ;
Les nuages ayant l’aspect d’une forêt.
Un esprit qui viendrait planer là, ne pourrait
Dire, entre l’eau sans fond et l’espace sans borne,
Lequel est le plus sombre, et si cette horreur morne,
Faite de cécité, de stupeur et de bruit,
Vient de l’immense mer ou de l’immense nuit. 12
L’œil distingue, au milieu du gouffre où l’air sanglote,
Quelque chose d’informe et de hideux qui flotte.
Dieu ombreux
P250-51
Enfer (…)
Mets à mes ordres l’ombre et les vers du tombeau ! 878
V900
; un abîme
S’ouvre ; il en sort de l’ombre ayant l’odeur du crime
P275
Et nul ne pourrait dire à quelle profondeur
Ni dans quel sombre puits, ce pharaon sévère
Flotte(…)
P277, v217…
Les satrapes s’en vont dans l’ombre, ils s’en vont tous ;
L’ombre n’a pas besoin de clefs ni de verrous,
L’ombre est forte. La mort est la grande geôlière ;
Et, v221 : les rois sont ses noirs prisonniers ;
P283
Dans un trou formidable où l’on ne voit plus rien.
Où qui le sait ? Les puits sont noirs, la terre est creuse.
L’homme est devenu spectre. A travers l’ombre affreuse,
Et Mourad, p299 est dit, par Dieu : « évadé de l’ombre »
Et, v final des trônes d’Orient : « et vois blanchir tes ailes noires ».
P325,v 456-
L’ancien peuple a gardé sa mémoire,
Mais le nouveau la perd dans l’ombre, Et Cl. Millet note : l’oubli est l’obscurité des consciences.
P331, v573
Un corbeau qui passait fit de l’ombre dessus.
« Les oiseaux noirs guidaient Judas cherchant Jésus ;
Sire, vois ce corbeau » dit une sentinelle
Et v606-7 ;
P342, vers introducteur (837) de XI, toutes les faims satisfaites :
C’est que les noirs oiseaux de l’ombre ont eu raison
L’homme : p383 « l’ombre aux animaux le mêle », descente vers l’animalité- il faut alors rebondir, grâce à l’homme chèvre, au satyre…
P392,v721
Un roi c’est de la guerre, un dieu c’est de la nuit.
Et p 443 !, v481-488
Mais retournement lors du jugement dernier quand
Oh ! la Nuit réveillant la Mort, sa sœur jumelle ! p517
519
Des porches de l’abîme, antres hideux, cavernes
Que nous nommons enfers, puits, gehennams, avernes,
Bouches d’obscurité qui ne prononcent rien,
Du vide où ne flottait nul souffle aérien ;
Dieu souriant
P268 Zizimi, v18
Il rit du livre austère et du texte divin
p277, v202-204
Les rois vainqueurs sont morts plus que les rois vaincus ;
Car la mort rit, et fait, quand sur l’homme elle monte,
Plus de nuit sur la gloire, hélas ! que sur la honte.
Pendant ce temps, la statue de Satan…p 315v 246-49 (fin de l’épisode)
Quelques seigneurs, ainsi qu’ils en ont l’habitude,
Regardant derrière eux d’un regard inquiet,
Virent que le Satan de pierre souriait.
Le triomphe de Satan
P 338-342 : X, suite de la Joie
C’est la joie effrayante du mal 745
753…
Le triomphe de l’ombre, obscène, effronté, cru ;
Le souper de Satan dans un rêve apparu.
Et 761-2
Le drapeau de l’empire, arboré sur ce bruit,
Gonfle son aile immense au souffle de la nuit
763…
Tout un cortège étrange est là ; femmes et prêtres ;
Prélats parmi les ducs, moines parmi les reîtres ;
Les crosses et les croix d’évêques, au milieu
Des piques et des dards , mêlent aux meurtres Dieu,
770…
Ces hommes ? En voyant ces convives affreux,
On doute si l’aspect humain est véritable ;
P340, v771
Un sein charmant se dresse au-dessus de la table,
On redoute au-dessous quelque corps tortueux
C’est un de ces banquets du monde monstrueux
…
Le luth lascif s’accouple aux féroces cymbales ;
Le cynique baiser cherche à se prodiguer ;
Il semble qu’on pourrait à peine distinguer
De ces hommes les loups, les chiennes de ces femmes ;
A travers l’ombre, on voit toutes les soifs infâmes,
Le désir l’instinct vil, l’ivresse aux cris hagards,
Flamboyer dans l’étoile horrible des regards. V 782
V 787…
Est-ce une vaste noce ? est-ce un deuil morne et triste ?
On ne sait pas à quel dénoûment on assiste,
Si c’est quelque affreux monde à la terre étranger ;
Si l’on voit des vivants ou des larves manger ;
Et si ce qui dans l’ombre indistincte surnage
Est la fin d’un festin ou la fin d’un carnage.
V795
Ce tumulte rugit, chante, boit, mange, râle.
Ayant dans le gala les langueurs de l’alcôve,
Près du maître sourit Matha, la blonde fauve ; 804
Et sous la table, heureux, du genou la pressant,
Le roi cherche son pied dans les mares de sang.
Le forgeron – Héphaïstos
Héphaïstos, seul immortel hideux- et boiteux. Apprécié dans l’Olympe comme « ouvrier » des Immortels : armurier et forgeron. Affable, amoureux de la paix, populaire dans les cieux et sur terre.
Négatif, p 113 : « sur la rouge lueur des forgerons d’Erèbe » penser aussi à Tubalcaïn (I,2) et Iblis/ Vulcain (I,3)
Positif
P206, v578-9
Ayant ce vil ramas de bandits pour enclume
Durandal pour marteau, Roland pour forgeron ?
P 211
Il dit au forgeron ( il= Eviradmus)
P380, Vulcain semble prendre le relai du satyre, comme lui il est dit « boiteux » :
Et Vulcain, s’approchant d’Hercule, dit : « Antée. »
Hercule repoussa du coude ce boiteux.
le Monstre
Le monstre est lié à l’hydre- et au dragon- comme le révèle le parallèle entre les vers v 27 & 31 p. 120, où Kanut (est celui qui tue l’hydre et le dragon ), celui qui met le pied sur la couvée ( s’apparentant là aux chevaliers errants) et le vers 52 de la p175 : De quel monstre il avait écrasé la couvée.
p 98 v 81
les hommes rugissaient quand ils croyaient parler
P 99, v96 (vers final)
Pensif, tu secouas ta crinière sur Rome,
Et, l’homme étant le monstre, ô lion, tu fus l’homme.
P175, v49-52 ( il fallait demander aux quatre vents)
S’il avait triomphé du maure, ou du chenil
Des peuples monstrueux qui hurlent près du Nil ;
Quelle ville son bras avait prise ou sauvée
De quel monstre il avait écrasé la couvée.
P183, v90
Cette collection de monstres se concerte
Le référent étant : les 10 frères royaux, oncles du Petit roi de Galice (et « Caïns »)
Roland parle, p199, v438…
Il m’a semblé parfois que je quittais la terre
Et l’homme, et que le dos monstrueux des griffons
M’emportait au milieu des nuages profonds ;
P 200, Rostabat le Géant : v461
L’infant, monstre de cœur, est monstre de stature
Le rocher de Roland lui vient à la ceinture ;
Les sens 4 et 6 du Littré sont ici appelés :
6° Fig. Par analogie et par transition du physique au moral, personne cruelle, dénaturée, ou remarquable par quelque vice poussé à l'excès. T'ai-je peint ces tristes Tisiphones [les femmes qui haïssent leurs enfants], Ces monstres pleins d'un fiel que n'ont point les lionnes ? BOILEAU Sat. X. Caligula, Néron, Monstres dont à regret je cite ici le nom, RAC. Bérén. II, 2. Monstre qu'a trop longtemps épargné le tonnerre, ID. Phèdre, IV, 2. On passe pour un monstre quand on manque de reconnaissance, FÉN. Tél. XVIII. Ah ! je suis un monstre à vos yeux, GENLIS, Théât. d'éduc. les Faux amis, II, 11. Quels monstres le hasard rassemble sous nos yeux ! Tibère et Néron se regardent, STAËL, Corinne, XIII, 4.
Littré : 4° Par exagération, les animaux d'une grandeur extraordinaire.
Il s’écroule, la « bête brute » et
La bruyère écrasée est remplie v 481-2
De cette monstrueuse et vaste panoplie
( ventre horrible… hideuses mamelles
on voit, p 244 :
Tout un fourmillement de monstres, s’ébaucher
Dans la brume qui sort des fentes du plancher
257, v1014
Sigismond est un monstre et Ladislas un gueux !
P340, v771
Un sein charmant se dresse au-dessus de la table,
On redoute au-dessous quelque corps tortueux
C’est un de ces banquets du monde monstrueux
…
Le luth lascif s’accouple aux féroces cymbales ;
Le cynique baiser cherche à se prodiguer ;
Il semble qu’on pourrait à peine distinguer
De ces hommes les loups, les chiennes de ces femmes ;
A travers l’ombre, on voit toutes les soifs infâmes,
Le désir l’instinct vil, l’ivresse aux cris hagards,
Flamboyer dans l’étoile horrible des regards. V 782
Le Satyre a chanté la terre « monstrueuse »…
P381, v480
Le monstre à l’aile onglée, aux sept gueules de flamme ;
P404, v 212
Ne fait-il pas mouvoir avec son petit doigt
Tous ces dragons ailés et noirs, essaim sans nombre ?
N’est-il pas lui, le roi ? n’est-il pas l’homme sombre
A qui ce tourbillon de monstres obéit ?
Penser aussi à l’aigle à deux têtes du régiment du baron Madruce…
P438
Portant sur leur front morne et dans leur œil fatal
La domesticité monstrueuse du mal ?
Le Léviathan de pleine mer : « un monstre », p480 ; les « rouleaux de cordage/ Monstrueux », p483
P506, v 652
On voit la fin du monstre et la fin du héros,
Ouverture de XV, 1, p513
Je vis dans la nuée un clairon monstrueux.
Le monstrueux prend alors (retournement) une valeur positive, monstruosité divine ! voir p 518
l’hydre
Qui parle d’hydre appelle le monstre et se place dans la logique d’un pacte avec les forces noires, nocturnes, profondes, celles des cieux inversés- de Satan.
L’hydre, sans doute, est parente de la sauterelle en elle « la boue et l’or »(p96, v18).
p 56 21-22
Les mers où l’hydre aimait l’alcyon , et les plaines
Où les ours et les daims confondaient leurs haleines,
Soit : l’hydre est à l’alcyon ce que l’ours est au daim en un apaisement édénique des contraires.
P 71 V54
« Quelle hydre fait-il donc ? » demandaient les étoiles.
Le il est Iblis, le diable coranique. Quant à l’hydre [ qui, selon Littré, est aussi constellations] elle se pose en antithèse des étoiles, en un jeu opposant le lumineux divin et la noirceur infernale.
Hydre est repris par « colosse » au vers 56
P98, v 69-72 (Lion d’ANDROCLES)
Au lieu d’Eve et d’Adam, si beaux, si purs tous deux,
Une hydre se traînait dans l’univers hideux ;
L’homme était une tête et la femme était l’autre.
Rome était la truie énorme qui se vautre.
La monstruosité de l’hydre s’oppose ici au couple édénique, la belle dualité à la confusion du monstre et Rome « hydreuse » se vautre dans cette fange de la confusion sexuelle.
P 120, v27
L’hydre morte, il mettait le pied sur sa portée.
Ce il là est Kanut avant que l’œil/ goutte de sang ne pourchasse le parricide. L’hydre met bas. C’est une information pour les tératologistes.
P 128
Description de la targe d’Olivier , Bacchus :
Son casque est enfoui sous les ailes d’une hydre ;
Amis de la tératologie : les hydres sont ailées, c’est confirmé.
Lutter le rocher hydre et le torrent reptile , p182
La nature reptile du torrent peut sembler redondante ; mais l’hydre et le rocher… comment se marient-ils ? S’unissent-ils en s’opposant ? Sur quelles bases le mariage est-il contracté ? L’hydre est écailleuse comme le reptile (substantif ) ; et le torrent use le rocher, certes…
P203, v516
Lutte énorme ! combat de l’Hydre et de Michel !
Rythme… (cet énorme est dur à dire…). L’hydre est l’Hydre. Devenue Hydre, elle est aussi dragon, (v.547 : comme les gonflements d’un dragon épineux) permettant la confusion Hercule/ Michel .
225, v 318-324
(ils renvoie à l’empereur d’Allemagne et au roi de Pologne)
Ils sont les deux bandits du grand chemin royal
O les noirs conquérants ! Et quelle œuvre éphémère !
L’ambition, branlant ses têtes de chimère,
Sous leur crâne brumeux, fétide et sans clarté,
Nourrit la pourriture et la stérilité ;
Ce qu’ils font est néant et cendre ; une hydre allaite,
Dans leur âme nocturne et profonde, un squelette.
Ces brigands royaux ont partie liée avec Satan (p255), « Dieu des cieux éclipsés ». De fait, ils sont associés au « noir » nocturne et profond, à la « chimère », relèvent du « brumeux, fétide et sans clarté »,; leurs actions sont « néant et cendre ». Cette production vaine, cette « œuvre éphémère » c’est « une hydre [qui] allaite »… « un squelette ». Allaitement détourné, et, dans la béance de la nuit, le lait de l’hydresse « nourrit la pourriture et la stérilité ».
P233, 496-98
L’armure du cheval sous l’armure de l’homme
Vit d’une vie horrible , et guerrier et coursier
Ne font qu’une seule hydre aux écailles d’acier.
L’hydre (écailleuse, donc) est ici la monstrueuse fusion non du chevalier et de son destrier en un centaure, mais, loin du vivant, de ce qui « vit d’une vie horrible», de ce qui ressortit du satanique.
P257, v 1014-1017
Sigismond est un monstre et Ladislas un gueux !
O dégradation du sceptre et de l’épée !
Noire main de justice aux cloaques trempée !
Devant l’hydre, le seuil du temple ouvre ses gonds.
Et le trône est un siège aux croupes des dragons !
L’hydre, semble-t-il, renvoie, par delà Sigismond et Ladislas, au mal. Et, comme dans l’occurrence romaine, ce mal est aussi perversion sexuelle : v1070 : « Sont-ce des hommes ? Non. Rien qu’à voir la façon/ Dont votre lèvre touche aux vierges endormies » et ce « seuil du temple » ouvrant ses gonds peut évoquer le viol des dragons .
L’arbre superbe , p374, v321…
Fouille le globe avec une hydre sous ses pieds ;
La racine effrayante aux longs cous repliés
Aux mille becs béants dans la profondeur noire
Descend, plonge, atteint l’ombre et tâche de la boire
« hydre d’airain », v 608, p 386
p443, v489-
En attendant la Suisse a dit au monde : Espère.
Elle a de la vieille hydre effrayé le repaire ;
Le monstrueux Léviathan de Pleine mer, qui « crachait sa bave infâme » est « mû par une hydre de flamme », p484, v170
«l’ hydre de flamme est ver de terre », p490
p 496, la bise
Peut tordre des hydres obscures v412
Le dragon
Cité page 217, horrible énumération du vers 139.
P 507, v657
On voit l’agneau sortir du dragon fabuleux,
La larve
P77, v 82-84
De la ville et du peuple il ne restait qu’un rêve,
Et, pour loger le tigre et nicher les vautours,
Quelques larves de murs sous des spectres de tours.
P 156 v 18-19
La larve qui n’est plus ou qui n’est pas encore
Ressemble à ce vieillard, spectre aux funèbres yeux
Ce vieillard : mendiant espagnol – un type- et un « simple ».
Et, p 158, v 70 « fantôme chenille »
P174, v30
Quelques uns[ les chevaliers errants] ressemblaient à des larves d’enfer
Appelés fantômes deux vers plus loin, ils ont, v34 :
Ceux qui punissent, ceux qui jugent, ceux qui vont.
P192, v 275-76
Vivre casqué, suer l’été, geler l’hiver,
Etre le ver affreux d’une larve de fer c’est Pacheco qui parle et s’oppose à l’avorton, au fœtus.
p231, v 463-…
Sont-ce des larves ? Non ; et sont-ce des statues ?
Non. C’est de la chimère et de l’horreur, vêtues
D’airain, et, des bas-fonds de ce monde puni,
Faisant une menace obscure à l’infini ;
P 252 V914-15
Cuve du meurtre, est plein de larves se traînant,
D’ombres tâtant le mur et de spectres reptiles.
P378 « larve auguste et solitaire »
P387 « larve d’un dieu »
507 : larve à la prunelle ternie ( le jour)
516
O lever en sursaut des larves pêle-mêle !
Le porc
P97, v51
Le porc Vitellius roulait aux gémonies
V 72
Rome était la truie énorme qui se vautre.
S’oppose à ces porcs-là le pourceau de Mourad…
P438 oh ! quelle auge de porcs, quelle cuve de fange
Le corbeau
P331, v573
Un corbeau qui passait fit de l’ombre dessus.
« Les oiseaux noirs guidaient Judas cherchant Jésus ;
Sire, vois ce corbeau » dit une sentinelle
Les Olympiens
Dans Le satyre : les figures de la tyrannie. Les Olympiens sont les tyrans du BLEU (et non du rouge comme les autres tyrans). Le Satyre annexera le Bleu
Les rois maudits
« Tous les tyrans n’étant qu’un seul despote au fond »
P392,v721
Un roi c’est de la guerre, un dieu c’est de la nuit.
P404, v 220-21 (la rose de l’Infante)
Tous les tyrans n’étant qu’un seul despote au fond,
Ce que dit ce sultan jadis, ce roi le pense.
P 443, v481-82
Les fléaux disparus, faux dieu, faux roi, faux prêtre,
Laisseront le front blanc de la paix apparaître ;
Caïn, Kanut…les 10 infants,
Caïn : la conscience II, I trouve écho en IV, I Kanut, le parricide
Avec le meurtre d’Abel par Caïn, l’histoire s‘ouvre par un fratricide et se fonde sur la conscience que le criminel prend de son acte. Le « cycle héroïque chrétien » autour de la figure de Kanut se fonde doublement sur le crime et sur l’OUBLI du crime : Kanut ou la non-conscience ! Caïn fermait sa porte à Dieu, la porte de l’infini se ferme devant Kanut.
Caïn : p 344, 873
Et, que le ciel soit noir ou que le ciel soit bleu,
Caïn tuant Abel est la stupeur de Dieu.
Kanut unit deux figures : il est le roi vainqueur, [celui qui tue l’hydre et le dragon (p. 120, v 27 & 31)] et le parricide.
A l’œil de Dieu répond la goutte de sang . Une et une et puis :
P124, v123 : « une autre, une autre, une autre, une autre, ô cieux funèbres ! » La répétition remplace la permanence- les deux, pareillement, sont implacables. « Le linceul était rouge »[v142]/ « l’œil était dans la tombe » et Kanut fuit « devant l’aurore » v143.
« ce roi sombre est resté dans la nuit »- ce jeu sur l’opposition lumière- noirceur occupe les derniers vers.
l’allemand & le polonais
En antonomase, p 181, v43, pour désigner les 10 frères royaux, oncles du Petit roi de Galice.
Ces Caïns pour lien ont la perte d’autrui
P223, les deux voisins
Toute la différence entre ce sombre roi
Et ce sombre empereur, sans foi, sans Dieu, sans loi,
C’est que l’un est la griffe et que l’autre est la serre ;
Tous deux vont à la messe et disent leur rosaire ;
P 257, en écho à Caïn, les deux voisins , v 990…
Oui, je vous regardais. Vous ne vous doutiez point
Que vous aviez sur vous l’œil fixe de la peine ;
P 257 : « Sous »(la dignité royale) anaphoriques introduisant une accumulation (v1009-1013) : un monstre et un gueux ! 1014
Les orientaux
Zim-ZiZimi
« Zim-ZiZimi » (4 vers d’apposition) et :
« Songe ». p267, v1-5
v22
Mais Zim est à la fois ivrogne et malfaisant.
24-25
Il règne (…)
Il règne par le sang, la guerre et l’échafaud ;
Des spécificités orientales : l’ennui et la fesse
Zim-Zizimi et Mourad : poèmes du rassasiement !
L’ennui et la fesse (morne, hélas, la chair est triste), voilà sans doute une nouveauté dans l’approche du despote par rapport aux (néo)classiques, à R. Garnier, aux latins… Cruels, ces Orientaux, mais cette cruauté ne les amuse plus / les flancs sont ténébreux , et trop mortels les culs. De plus : et l’ennui et la fesse, implacables nous mènent / à la mort édentée qui nous sourit sereine.
La mort, en une invite érotique, clôt le passage consacré à Zim :
La Nuit lui prit la main dans l’ombre, et lui dit : Viens !
L’autre spécificité, hugolienne celle-là, ressortit du traitement de ces (pseudo)mahométans et, ce, selon deux espèces : le rapport à la lumière et à la nuit ; l’anéantissement par l’oubli ( qui n’est pas sans faire songer à L’Inde, hindouiste ou bouddhiste, à l’extinction dans la multitude ). Multiplications des cas et répétitions vont en ce sens, répétitions ce cas analogues par plusieurs sphinx, accumulations de noms illustres (et/ ou inventés ) oubliés… répétitions stricto sensu (p279) pour le dixième Sphinx, dont le propos, très bref, se veut récapitulatif : au bout la mort. La multiplication des ON dans ce passage relève de la même volonté.
Le roi Sennachérib fait ceci qu’il est mort.
Que fait Gad ? Il est mort. Que fait Sardanapale ?
Il est mort.
Par ailleurs un « à quoi bon » parcourt ces trônes d’Orient…
Et la mort semble pire tourment pour le roi : v297-98
Tout homme, quel qu’il soit, meurt tremblant ; mais le roi
Du haut de plus d’orgueil tombe dans plus d’effroi ;
Cet esprit plus noir trouve un juge plus farouche ;
La fesse :
p 270, v56
Où luit la nudité des fières amazones
73
il vient d’épuiser les plaisirs
(…, v76)
Des femmes ont dansé devant lui toutes nues ;
Le cas de la reine Nitocris, p273, se prête à une double et scabreuse lecture…
« elle songe » (tient, elle aussi !)
A tous ces rois(…)
Durs, sanglants, et sortis de son flanc ténébreux ;
Au milieu de l’azur son sépulcre est farouche ;
Les oiseaux tombent mort quand leur aile le touche ;
Dans la même logique , la mort :
p277, v203-204
Car la mort rit, et fait, quand sur l’homme elle monte,
Plus de nuit sur la gloire, hélas ! que sur la honte.
Cléopâtre, v230-260
L’ennui
Partout présent, il est nommément appelé au vers 68 : « Cependant, il s’ennuie. », au vers 5 « il songe » (dans le sens de s’abandonner à ses rêveries ?). p292, Mourad :
Il vivait dans l’encens, dans l’orgueil, dans les joies,
Avec l’immense ennui du méchant adoré.
Le cas Mourad : le porc salvateur
Les sonorités de son nom : Mourad/ d’Amour… Mouras/ Mourir… « un seul instant d’amour rouvre l’Eden fermé ».
Sur les parallélismes : Kanut/ Mourad : deux parricides…
P292, « il vit »… « un porc fétide »
121-122 le début du parallèle
l’un torturé, mourant, maudit, infect, immonde ;
l’autre, empereur, puissant, vainqueur, maître du monde
Les vers 200-216 sont un appel ( universel, ou quasi) à la condamnation du despote auquel répond, brièvement le vers 224
Et le porc murmura « Grâce, il m’a secouru. »
Le pourceau misérable et Dieu se regardèrent. ( 2° // entre Dieu et le porc, le premier établi via les mouches v133-179… mouche ? animal satanique par excellence ).
p 296
On vit, dans le brouillard où rien n’a plus de forme,
Vaguement apparaître une balance énorme ;
Et la chute, vers isolé :
Du côté du pourceau la balance pencha.
P299 ; v283
Un seul instant d’amour rouvre l’Eden fermé (satanvisible) ;
Un pourceau secouru pèse un monde opprimé ;
… « évadé de l’ombre »
On rapprochera de Mourad: l'âne et l'enfant du "crapaud":
Bonté de l'idiot! diamant du charbon! p 183 du fichier.
On opposera à Mourad Ratbert, cf. p351, v1044 :
Un tel homme suffit pour qu’un siècle pourrisse.
Ratbert et ses sbires
( in VII, L’Italie- Ratbert)
« Ratbert, l’homme de nuit » ainsi est-il nommé à la fin de cette petite épopée (p354,v1113)
66 vers énumèrent ses barons, ses sicaires… ( prétérition au v57 : « Je passe ») et s’achèvent –ironiquement :
Je nomme seulement les monstres remarquables
( à la ligne et
Derrière eux, sur la pierre auguste d’un portail
Est sculpté Satan, roi, forçat, épouvantail,
L’effrayant ramasseur des haillons de l’abîme,
Ayant sa hotte au dos, pleine d’âmes, son crime
Sur son aile qui ploie, et son croc noir qui luit
Dans son poing formidable, et, dans ses yeux, la nuit.
Ensuite, un telle mère, tel fils – [critique aussi du droit du sang « Pour qui voudrait peser les droits que donne au maître/ La pureté du sang dont le ciel l’a fait naître »…: mauvais karma ?] Ratbert est fils d’Agnès, v76-77
Or c’est la même gloire et c’est le même honneur
D’être enfanté d’Agnès que né de Messaline.
X, suite de la joie ( le banquet, l’orgie, le mal…)
Sa tête sera coupée, comme celle d’un dragon. Jeu de miroirs : la tête de Fabrice qui vient d’être tranchée ; les têtes de dragon que Michel et ses doubles tranchent allègrement… Tête d’hydre « avec l’autre coupée » ? L’opposition se poursuivra, « des deux têtes on vit l’une »…v1110… L’une fuit sous terre, « Et l’autre s’envoler avec des ailes d’aigle ». Enfin, un bon abbé(v1120…) verra ce soir-là : (vers final, 1124 : « Un archange essuyer son épée aux nuées »).
P353, v1098
La tête de Ratbert sur le pavé roula,
Hideuse, comme si le même coup d’épée,
Frappant deux fois, l’avait avec l’autre coupée.
Philippe Deux
Et son tragique ennui n’a plus d’autre lueur, p399, v104
Iblis dans le Koran et Caïn dans la Bible
Sont à peine aussi noirs qu’en son Escurial
Ce royal spectre, fils du spectre impérial.
Philippe Deux était le mal tenant le glaive.
Il avait pour soutien la force de la nuit ;
L’ombre était le cheval de sa statue équestre.
Toujours vêtu de noir,
(…)
C’était Satan régnant au nom de Jésus-Christ
Apparenté au serpent : et au hibou
V 140-1
Les choses qui sortaient de son nocturne esprit
Semblaient un glissement sinistre de vipères.
Et v154
… sentant sur eux ces deux yeux fixes luire.
Philippe est le hibou.
Voir l’ongle !
Les bêtes
Araignée
P 73
Et Dieu prit l’araignée et la mit au milieu
…
Car Dieu, de l’araignée, avait fait le soleil.
P201
Un noir grappin qui semble une araignée horrible
P494 : la toile d’araignée humaine
520
la toile d’araignée, horrible de Satan.
Les lions
P 73-79 : les 4 lions de IV, les Lions
P 78 111-113
Mais le puissant lion qui fait de larges pas,
Parfois lève sa griffe et ne la baisse pas,
Etant le grand rêveur solitaire de l’ombre.
P 99, v96 (vers final)
Pensif, tu secouas ta crinière sur Rome,
Et, l’homme étant le monstre, ô lion, tu fus l’homme.
P217
Les lions de pierre des remparts
Mordent la brume, l’air et l’onde,…
P285 (chanson, octosyllabes)
« suivi d’un lion familier »v 4
«Le lion qui me suit, c’est Dieu » vers final, 16
p286, triste régression léonine : v3
Dans son sérail veillaient les lions accroupis
Et : chevalierlion
Fabrice : la tête de lion qu’il avait dans le dos, p324,v413
Enterrés… p332 « L’homme avec son lion, la femme avec son chien »
P 340, V795, le rugissement renvoie à une réalité malsaine et satanique, à la confusion monstrueuse.
Ce tumulte rugit, chante, boit, mange, râle.
Quant à Matha, la blonde fauve, elle semble une lionne lubrique…
Lion positif- et portugais : p402
P 434
Qu’un peuple s’affranchir, c’est à dire se crée,
Par la révolte sainte et l’émeute sacrée
Qu’ il faut rompre ses fers, vaincre, et que le lion
Superbe, pour crinière a la rébellion ;
P473
Nous sommes les petits de ces grands lions-là.
L’aigle
P268, v31
L’aigle en l’apercevant crie et fuit dans les roches ;
Des actions du tyran, l’aigle nous dit : c’est moche !
P 338
Tous les tristes oiseaux mangeurs de chair humaine,
Fils de ces vieux vautours, nés de l’aigle romaine,
…
Et se disent entre eux : Un empereur est là.
Seuls les charognards peuvent reconnaître en Ratbert un empereur.
« L’aigle à deux tête, l’aigle à la griffe rapace,
l’aigle d’Autriche dit : » p 424 et suivantes, aigle à deux têtes, donc aigle monstrueux.
P 429 « l’aigle orageux de l’espace »…430…
« l’aigle à deux becs », p444
les peuples sont introduits : (p509, v716)
Dans la communion des aigles.
Fauve
amuse-toi, ami lecteur à en chercher les occurrences, dans cette page et dans le texte intégral! voilà une piste chaude- et fétide (même si: "Les titans, les lutteurs aux gigantesques tailles,
Les fauves promeneurs rôdant dans les batailles! " le mot désigne parfois les "bons" –ici les pères des enfants de la révolution... (Maintenant IV)
Les faibles
Le petit roi de Galice, la larve et la féminité
P183, v104
Ce faible enfant, leur roi // p195 v 356 « un marmot roi ! »
P191
L’avorton, v264 ( avorton, larves, etc.)
266…
Cela vous a la peau plus blanche qu’une femme !
Mes frères, n’est-ce pas ? c’est mou, c’est grelottant ;
On ignore s’il voit, on ne sait s’il entend ;
Un roi, ça ! rien qu’à voir ce petit, on s’ennuie.
Pacheco se décrit en opposition comme ayant « le cuir robuste et ferme » v272 ; Etre un homme, un vrai : (275…)
Vivre casqué, suer l’été, geler l’hiver,
Etre le ver affreux d’une larve de fer
etc. jusqu’au vers 284 ; trivial : « Manger des oignons crus »
Le fœtus (285) s’oppose ensuite aux « poils de mon bras « qui « font peur aux bêtes fauves » ( !) 289 ;
290
Ce nain vivra tondu parmi les vieillards chauves ;
P 197, v 403-406
Ses poignets sont crispés d’avance du plaisir Pacheco
D’atteindre le fuyard et de le ressaisir
Et de sentir trembler sous l’ongle inexorable
Toute la pauvre chair de l’enfant misérable
Intéressant, n’est-il pas ? un plaisir (malsain ? compulsionnel) anime et agite – ce sont les poignets qu’il crispe, ce plaisir- Pacheco. La victime de ce plaisir sadien c’est la « pauvre chair de l’enfant misérable » : quelle résistance attendre de cette entité démunie : pauvre, misérable, relevant de l’enfance, c’est la chair qui est visée, cette chair plus blanche que celle d’une femme, ( et la chair de Mahaud, grelotte-t-elle ? est-ce excitant, ce grelot-là ?) et qui grelotte…
Oui, où va-t-on sur ces pas ? Heureusement, Roland…
La même ( quoique moins frappée d’interdits, la femme en est l’objet) trouble sexualité suinte des propos de l’Allemand et du Polonais.
1070
Sont-ce des hommes ? Non. Rien qu’à voir la façon
Dont votre lèvre touche aux vierges endormies,
Princes, on sent en vous des goules, des lamies
D’affreux êtres sortis des cercueils soulevés.
Je vous rends à la nuit. Tout ce que vous avez
De la face de l’homme est un mensonge infâme ;
Isora, petite reine de Final
Dans l’ombre bienveillante de Fabrice, la petite, orpheline, a pourtant noué des liens avec la nuit : P328
La ruine et l’enfance ont de secrets accords
Car le temps sombre y met ce qui reste des morts.
Là, en VIII, (p334-)c’est sa toilette… v 648 : Son œil bleu rêve avec des lueurs ingénues…. Et, 650 :
Et le sein de l’enfant, demi-nu, laisse voir
Ce bouton rose, germe auguste des mamelles ;
Et ses beaux petits bras ont des mouvements d’ailes
Les positifs
P506, v 652
On voit la fin du monstre et la fin du héros,
Ils sont (ils étaient) donc indissolublement liés.
HEROS
Songer que LE héros de la LDS c’est l’Homme, l’humanité… personnage principal (entouré des arbres et des bêtes) ; le genre humain passe de personnages principaux en personnages principaux ( de héros ou héraut en héros ou héraut), elle obéit à l’ordre donné par le Satyre à l’humanité : « transfigure-toi ! ». ( L’Homme serait-il le résultat d’un effort, il s’arracherait à la condition tyrannique –ou tyrannisée- pour se transfigurer ? C’est bien hégélien, tout ça !).
Cf. PH. Hamon : texte et idéologie, chapitre : Héros, héraut, hiérarchies a) personnage principal ; b) personnage ; c) héraut cad porteur des valeurs de son époque- ou de celles de l’époque son auteur, ou de celle de son auteur contre son époque.
Trois traits : courage, grandeur , force agissante.
Le héros hugolien est volontiers doué d’une force surhumaine (Roland, Olivier/ mais les méchants aussi ! Rostabat, l’un des Infants est un méchant- et un géant bien plus grand qu’Olivier !) sa grandeur physique est parallèle à sa grandeur morale, rien de bas en lui… Eviradnus… Courage ? propre au héros épique, don de nature… Force agissante : décision éthique ! Aymerillot prend Narbonne malgré : jeunesse, fatigue, défense de la ville ; Eviradnus sauve Mahaut malgré sa vieillesse, etc.
Historicisation critique de l’héroïsme et crise du héros propre au XIX°. (Flaubert : « Pas de monstres, et pas de héros ! »)
HEROS INTEMPESTIFS
Le héros épique est par excellence héraut, porte-drapeau (Achille), il vit, selon l’analyse de Hegel dans un rapport d’immédiateté avec sa communauté. Or, précisément, le héros hugolien de la LDS est un héros critique, en décalage avec les valeurs de son temps : chevaliers « dépassés » ou à contre-temps de leur époque !
Sauf… Plein Ciel, le XX° siècle, où l’homme devient une force qui dit OUI, qui va sur la route du progrès…
Soupçons hugoliens sur le héros et son statut
H s’interroge sur les limites de l’efficacité de l’héroïsme dans l’histoire –et sur l’attribution du statut de héros.
Penser aussi au rapport aux pères : N.III est démodé, il était historiquement impossible qu’il fût beau ; de même, V.H., fils d’un HEROS de l’épopée napoléonienne est héros métaphysique : le domaine des exploits s’est déplacé !
- le tyran à la place du héros : despotisme oriental ; l’épopée y est instrument de la domination.
- Héroïsme des chevaliers du Moyen-Age : leur grandeur est aussi terreur et s’ils protègent le peuple, ils ne le sortent pas de sa peur. (et demeurent étrangers au peuple). L’adjectif altier (= qui a de la hauteur) qualifie tyrans et chevaliers[ et le peuple : dans l’épreuve[ hommes du début du XIX°] : Peuple, homme, esprit humain, avance à pas altiers! Se souvenir aussi que les héros se fatiguent : ex. devant narbonne « Si bien, qu’étant parti vautour, on revient poule »… Et dans l’Italie- Ratbert : (la défiance d’Onfroy ; la confiance du Marquis Fabrice) les héros ne sont plus des forces agissantes qu’au passé !
La Renaissance n’a plus le chevalier comme personnage principal( mais le Satyre)… L’héroïsme renvoie au désastre… (face positive de la même pièce).
THESE : oui, le héros est grand, mais cette grandeur est proportionnelle à la bassesse de son extraction : ex. « les pauvres gens ». Ou mieux, cf. Plein Ciel : c’est l’homme en tant peuple (les peuples ces marcheurs lourds) qui devient le héros commun…
Un nouvel héroïsme : de la commisération (Mourad/ Jeannie dans les pauvres gens/ le père de « après la bataille » ; l’âne du poème le crapaud ; et Jésus- « il pleura »…)
Le chevalier
Section V : les chevaliers errants : si les chevaliers sont le personnage du poème, toutefois, le véritable acteur, passif apparemment, actif en tant que voyant et sentant, c’est ON ! « on votait », « on a peur », « on ne savait » , « on sentait » etc.
« La terre a vu jadis errer des paladins » (noter l’indéfini…)
Combien sont-ils ? une forêt ! un nombre inépuisable… ils ont d’ailleurs partie liée avec la forêt d’où ils émergent « leur tête entrevue au fond du bois nocturne »…
Ils ne craignent pas non plus le « nombre » Roland aux dis Infants : « Fils, cent maravédis valent-ils une piastre ? » et « Combien de poux faut-il pour manger un lion ? »
Millet, p84 « Face aux flagorneurs qui fondent les usurpations traîtres et assassines sur un discours du progrès et de la modernité, les héros de la Légende, géants et surtout chevaliers, font « cas des vieux temps », sont des hommes du passé, des vieux, exilés dans le présent « hors de ce siècle vil » (VII, 3, 2, 715). Ce sont des mémoires du passé, des hommes du souvenir, qui font de l’Histoire comme processus une dégénérescence et de l’Histoire comme discours la condamnation morale du présent au nom du souvenir des anciens temps. »
P 442, v447
Ces monts sont des héros et des religieux
Soit : des avatars des chevaliers errants…
Chevalier errant, d’abord : Roland, Olivier, Eviradmus… P 213 !
Onfroy peut ( ?) leur être apparenté, quoique sédentaire. Il est le Juste (et le puissant) qui parle au Roi (injuste). Il s’apparente aux lions, v352 « Dans elles [nos filles] les agneaux et dans nous les lions. » CL. Millet note : les grands chevaliers du Moyen Age sont les avatars des lions de l’Antiquité. [ Lions de Daniel : Mais le puissant lion, qui fait de larges pas,/ Parfois lève sa griffe et ne la baisse pas, ]
Onfroy meurt, évidemment, empoisonné par Afranus… « Onfroy, ce héros d’un autre âge » v321
Fabrice
A la défiance d’Onfroy(VII, II) répond la confiance du Marquis Fabrice(VII,III). Les deux sont des héros (vieillissant ou vieillard) passéistes. C’est la fin d’un monde.
fin d’un monde
« il est hors de ce siècle vil » v449
Méfiant ou confiant, en ce « siècle vil » qu’importe… le mal triomphe.
Fabrice « fut bon » (p323,v393), « Gênes le fit abbé du peuple » (# Afranus)
La tête de lion qu’il avait dans le dos v 413
Et v 417
Les princes pâlissaient de l’entendre gronder
Opposé à l’Eglise, v423-27, dont :
Et souvent de Saint Pierre il a tordu la clé
Dans la vieille serrure horrible de l’Eglise.
Surtout, héros « républicain » ! v 430…
Son bras se roidissait chaque fois qu’un félon
Déformait quelque état populaire en royaume ;
Lion encore, Fabrice, lion paternel et blessé, p349, v998
Tant c’était la douleur d’un lion et d’un père,
Le deuil, l’horreur, et tant ce sanglot rugissait !
Dégradation du héros, p 427 (le régiment du baron Madruce)
Quand on veut des héros, il faut les bien payer.
Le satyre
Penser à un // avec le crapaud (ts deux objets du rire).
Ou sylvain v 13, 306, 390
V30
Pour ce songeur velu, fait de fange et d’azur,
…
De la forêt profonde il était l’amant fauve ;
P362,v69
Son caprice, à la fois divin et bestial,
Montait jusqu’au rocher sacré de l’idéal,
Car partout où l’oiseau vole, la chèvre y grimpe ;
Il est donc celui qui relie le trivial à l’idéal- peut-être même celui qui, sur cette terre, habite en poète….
P365, v127
Il boitait, tout gêné de sa fange première ;
Il fera follement rire tout l’Olympe- à tel point « qu’un géant enchaîné » (Prométhée ?) « Le va la tête et dit : « Quel crime font ils donc ? » » v213
Jupiter s’adresse au « faune », au « gueux »
v256 : «Gueux, tu vas nous chanter ton chant de bête fauve ».
« Mercure lui prêta sa flûte en souriant »,(262) condescendance de la part du dieu de la communication.
Enfin, il chante.
V267
L’aigle, qui, seul, n’avait pas ri, dressa la tête.
et vers 275-763 : « Le haut des arbres, cèdre, ormeau, pins qui murmurent, / Et les sinistres fronts des grands chênes s’émurent. »
v 277 : « Le faune énigmatique »… porteur d’un mystère, être du mi-chemin, et artiste. « aux Grâces odieux », le satyre est romantique, note Claude Millet.
Que chante-t-il ? « la terre monstrueuse »
V356, artiste peintre :
Il peignit l’arbre vu du côté des racines,
Le combat souterrain des plantes assassines,
Il délaisse la flûte, la jette…. Et poursuit : « Salut Chaos !gloire à la Terre » v396
Le chaos, « C’est lui qui »…v 403 : appuya doucement
La gueule de la nuit aux lèvres de l’aurore.
Le faune chante donc la médiation, du chaos cette fois.
L’Ame « sort du chaos », v425
Car, v429
L’Etre est d’abord moitié brute et moitié forêt ;
Et le satyre « cria », v438-
Ô dieux, l’arbre est sacré, l’animal est sacré,
l’homme est sacré ; respect à la terre profonde !
Enfin, dans les derniers vers s’opère le retournement du jugement des dieux
« il est beau » murmura Vénus épouvantée. 459
Et Vulcain semble prendre le relai du satyre, comme lui il est dit « boiteux » :
Et Vulcain, s’approchant d’Hercule, dit : « Antée. »
Hercule repoussa du coude ce boiteux.
III, le sombre
V463
Il chanta l’Homme, il dit cette aventure sombre.
V 475-
Il dit tous les forfaits et toutes les misères,
Depuis les rois peu bons jusqu’aux dieux peu sincères.
Cet épisode s’achève par l’appel à la rébellion, homme, débarrasse-toi de des « pieds du faune » p 388
IV L’étoilé
Passage visionnaire, « je vois », p 389, v600 ; « je suis l’œil fixe des cavernes ».
Héroïsme de la résistance aux valeurs dominantes
Dans le même sac : les Chevaliers, Jésus, Daniel et les lions, le lion d’Androclès, Mahomet, le mendiant du pont de Crassus, l’aigle helvète, le volcan Momotombo, l’âne, Jeannie et son mari, le « nous » de l’épreuve.
Mon père et les pauvres gens
Démocratisation de l’épopée qui devient souvenir intime ; héroïsme des humbles et courage dans l’usage de l’amour, non de la force.