Junji Îto est le créateur que je porte dans mon cœur, aux côtés d'Eric Chahi et de Michel Ancel pour des styles différents.
Junji est un mangaka d'horreur Japonais âgé en ce jour de 53 ans. A l'instar de Taniguchi, je révère son univers et ses thèmes.
Il faut savoir que son oeuvre la plus célèbre, Tomié, a été massacrée dans les adaptations cinématographiques.
Au lieu d'apprendre de leurs erreurs, elles se sont enfoncées dedans, façon Hellraiser.
Junji Îto travaille sur l'horreur des corps grotesques et déformés, des matières malléables comme la chair, le pus, la sueur.
Il cite Kazuo Umezu (Considéré comme le créateur du genre du manga d'horreur, c'est un peu comme s'il avait inventé
les horror comics) et Lovecraft comme ses influences principales, en soulignant toutefois que de ce dernier, il préfère
le côté indicible de son horreur au mythe qu'il a bâti d'un attachement presque scientifique.
Les mangas d'Îto ne laissent jamais indifférents. Que ce soit par leur caractère changeants, les visions terribles, la cruauté
de ses contextes ou parfois la subtilité de ses méthodes, il inscrit la peur dans le regard du lecteur et il y grave ses symboles.
Îto va jouer sur les horreurs les plus quotidiennes, les siphons de douche ou les pièces exiguës entre les murs d'une maison,
comme sur les horreurs cosmiques et déraisonnables, avec ses histoires de dimensions parallèles et d'espace-temps organique.
Je vous conseille de lire ses mangas en ligne, vous les trouverez facilement mais je ne pense pas qu'ils seront en français.
Comme je vous suis sympathique et que le présenter sans montrer sa folie créatrice est un blasphème, voici le premier
de ses mangas que j'ai eu l'honneur de lire et qui fut la pierre fondatrice d'une longue liste de lectures.
Amigara's Fault, sans pour autant verser dans l'extraordinaire ni dans le glauque, maîtrise une approche viscérale et
vous communique l'une des peurs que nos ancêtres les plus lointains, entre deux lits de roche, loin sous la terre,
partageaient déjà : l'antique et étouffante claustrophobie.
Ici, c'est moins l'horreur que le mystère qui domine, mais Îto réussira sans doute à vous prendre là où peu
de créateurs vous ont pris : par les tripes, sinon, il saura toujours intéresser les imperméables. Bonne lecture.
(Cliquez sur les planches pour les agrandir)
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De rien, j'espère qu'il assouvira en effet ta soif d'épouvante.
Je te conseille Earthbound et The window next door. Et surtout Long Dream, excellente celle-là.
En effet, il passe assez vite dessus mais il présente derrière une peur plus psychologique, celle des individus
qui choisissent leur mort mais pourraient et devraient l'éviter. Un peu comme quand on se tient à quelques
mètres du vide et qu'on ressent pourtant l'envie angoissante d'y tomber. (Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé)
Il n'y a pas d'antagoniste dans ce manga-ci, rien que des protagonistes qui se détruisent eux-mêmes, rongés
par leur curiosité et le désir de se blesser.