Mais l'idée qu'on peut avoir un espèce de don céleste de l'écriture, la destinée des grands hommes, pouah, qu'est-ce que je m'en fous, secondaire et conséquences, tellement éloigné du coeur de l'écriture
C'est ça !!! ;D :D
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peut-on avoir un don en littératute
En littérature comme ailleurs, le don (c'est à dire "ce qui a été donné", comme le rappelle Dot Quote) suppose deux choses :
1) Que ce don soit reconnu comme tel. Il faut un public et un marché qui accrédite qu'Untel(le) a "du talent". Je voudrais rappeler que dans l'Antiquité, le talent est une monnaie et qu'avec le christianisme s'installe à propos du talent la notion de "richesse morale" en tant que don de Dieu fait à ceux qui respectent ses préceptes. Le talent est donc encore et toujours une monnaie, un salaire que l'on reçoit pour la bonne observance de préceptes (chrétiens à l'origine de notre civilisation). Talent et Don serait donc synonyme en tant que récompense pour bonne conduite ? Je suis bien content de n'avoir aucun talent...
Les artistes ont longtemps vécu de leur talent en tant que possibilité d'être payés pour leurs oeuvres par les Princes et autres gouvernants. "Le public", au sens où on l'entend désormais dans une société de consommation et présumé faiseur de célébrité (perso, je pense que ce sont plutôt les médias, mais bon), n'est apparu réellement qu'au XIXème siècle avec la bancarisation de l'économie. Et là, une nuance très importante est apparue : le talent allait devenir reconnu par des dénicheurs de talent (les médias et autres critiques artistiques) et ce talent allait devenir promotionnable (publicité / rumeurs organisées). L'oeuvre allait être "passée au crible d'experts" qui allaient nous dire ce qui est "bien" et ce qui ne l'est pas. Donc derrière la reconnaissance d'un talent il y a beaucoup plus le respect d'un cadre moral qu'une quelconque originalité de pensée. "Les Misérables", pour reprendre ton exemple, a fait l'objet d'une campagne de publicité. le seul nom de Victor Hugo, manifestement ne suffisait pas, malgré sa célébrité.
Et parler de talent lorsque la création artistique (littéraire par exemple) s'immisce dans une économie de marché est très compliqué. Qu'une série au kilomètre soit vue par des millions de téléspectateurs signifie-t-il que son auteur a du talent ?
Et le succès et le talent sont-ils synonymes ? Je fais plus qu'en douter. Edgar A. POE est mort alors qu'on commençait à peine a le connaitre et Emily Dickinson n'a eu de célébrité que posthume. Et que dire de certains peintres ! (Je pense à Van Gogh, exemple presque caricatural, mais il y en a d'autres).
Tout le monde a un talent. Mais tout talent est-il monnayable en célébrité ? Là, je n'en suis pas sûr.
Donc à la question "Peut-on avoir un don ?", je répondrais "Oui, et cela ne change rien à rien : soit on éprouve de Désir d'écrire auquel cas il ne faut pas se priver et tout va bien, soit on ne l'éprouve pas et il faut s'arrêter tout de suite.
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2) Qu'il y ait quelqu'un(e) qui donne quelque chose, comme le souligne Dot Quote. Un Dieu, un Grand Manitou ou un Générateur Quantique à Induction Positronique, peu importe : il y aurait une instance supérieure (au sens "supra-humaine"), à l'origine de l'ordre du monde et gestionnaire de son fonctionnement, et qui décernerait des bons points par anticipation. Au delà de la religiosité que cela suppose (et avec laquelle je serais en délicatesse), il faudra aussi admettre que ce Dieu Suprême est un excellent responsable marketing puisqu'il saura avant tout le monde ce qui va plaire au public. Ca me paraît assez difficile à tenir comme raisonnement.
Mais si religion il y a, le raisonnement s'efface et la croyance s'installe.
Sauf que si je n'ai pas de talent alors que j'aimerais tellement en avoir, à supposer que Dieu existe j'espère qu'il a une bonne excuse.
;)
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Je crois (mais là je suis en mode opinion personnelle) que la question de savoir si j'ai du talent me renverrais à un doute quant à ma légitimité à écrire en général et à revendiquer le "statut" d'écrivain en particulier. Bref, puis-je me comparer à Hemingway, Villon, Asimov ou Stephen King ou ne suis-je qu'un vulgum pecus incapable de sortir du lot, me leurrant sur mes aptitudes réelles et condamné à écrire sans public réel ?
:mrgreen:
Ben me concernant, la réponse à cette question m'indiffère prodigieusement.
Ecrire n'a de sens que si cela procure du plaisir. J'inclus dans le plaisir les affres du cerveau qui se bloque, la page blanche qui vous saute à la gorge, la connexion limbique qui refuse de se faire sur fond d'error 404 apparaissant sur l'écran rétinien, le texte que finalement j'abandonne parce que je n'y arrive pas, les méditations pas du tout transcendentales sur le poids des mots quand ils se glissent entre les idées sans que je puisse les attraper et autres gesticulations psychiques finissant par m'interroger sur le sens de l'avis.
Il me semble qu'il y a dans l'écriture une sorte de paradoxe : c'est un plaisir solitaire qu'on aime bien partager avec d'autres. Et pour la grande majorité de ceux et celles qui écrivent, le talent est une rumeur et toute ressemblance avec les grands de l'histoire de la littérature est au mieux une vue de l'esprit et au pire une vanité. Ce qui n'exclut ni la possibilité d'être publié(e) ni une réelle capacité à écrire de belles choses. D'ailleurs, n'est-ce pas avoir du talent, un don, que de vendre beaucoup de livres lorsqu'on n'a pas de talent pour écrire ?
:)
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