Le Monde de L'Écriture

Salon littéraire => Salle de débats et réflexions sur l'écriture => Discussion démarrée par: Alan Tréard le 31 décembre 2018 à 13:44:41

Titre: Favoriser un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 31 décembre 2018 à 13:44:41
Edit (19/01/22) : L'ancien titre du sujet était « Cibler un lectorat » qui est devenu « Favoriser un lectorat ».



Bonjour tout le monde,

Je me demandais si vous pensiez qu'il était nécessaire de cibler un lectorat pour écrire.

Bon, savoir adresser un courrier à quelqu'un, ma chère X, mon cher Y, c'est la base, on apprend ça à l'école pendant qu'on apprend à écrire, désigner au moins un.e destinataire.

Pour autant, il peut arriver qu'on cible un lectorat plus large, une catégorie de la population, des intéressés en particulier, voire – pourquoi pas ? – une part des abonnés de je ne sais quel magazine.

Enfin bref, pensez-vous qu'il faille nécessairement cibler des destinataires pour écrire ? Comment fait-on ce choix s'il est inévitable ? Qu'est-ce qui motive les orientations vers un lectorat ?
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Loïc le 31 décembre 2018 à 14:18:58
Bah ça dépend ce que tu écris et pourquoi tu écris. Ça n'a pas de sens une question posée de façon si générale.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 31 décembre 2018 à 14:34:10
 :P Pas de sens, gnagnagna...

En fait, moi, en ce moment, j'essaie de me tourner vers la jeunesse dans mes travaux en cours.

Et par la même occasion, je me demande si tout le monde fait comme moi ici. Enfin, je ne veux pas dire écrire pour la jeunesse, non, ça n'a pas de sens. Non, je me demandais si vous pensiez qu'on puisse n'écrire que pour soi-même, ou s'il fallait cibler des lecteurs en particuliers (exemple : les fanfictions s'adressent en particulier aux fans d'une même fiction).
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Loïc le 31 décembre 2018 à 15:08:27
Bah justement, dire ça c'est dire qu'elles ont vocation à être oubliées, à être lues par quelqu'un d'autre que l'auteur-e, ce qui à mon avis ne va pas de soi.
Et même quand on pense publier, la question du public ne se pose pas forcément tout de suite je trouve. Réussir à écrire une histoire publiable est déjà assez dur comme ça.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Dieter le 31 décembre 2018 à 15:14:39
Perso, je suis assez d'accord avec Loïc. Je t'explique mon point de vue : en arrivant ici, j'avais envie (comme tout le monde je pense) d'être lu par un maximum de personnes. Sauf que je n'avais pas intégré le fait que même sur un forum comme celui-ci, les lecteurs se tournent d'abord vers les écrits qui touchent leur sensibilité première.
Qu'à cela ne tienne, mon style d'écriture est typiquement tourné vers le suspense, et en particulier le roman pour ados/jeunes adultes. Je n'allais pas me mettre à écrire des nouvelles ou de la poésie pour gagner des lecteurs. Ça n'aurait pas eu de sens. Je me suis donc dit : les jeunes me suffiront.
Sauf que ! Parce qu'il y a évidemment un "sauf"... Les jeunes que je touche ne sont pas les jeunes d'aujourd'hui, beaucoup plus tournés vers le S3F, mais les jeunes d'hier. Tout simplement parce que mes lectures de jeunesse remontent à... hier. C'est-à-dire à l'époque où j'étais moi-même (plus) jeune.
Encore une fois, pour écrire, ce n'est pas un problème en soi, puisque j'écris pour le plaisir. Mais si j'avais l'ambition de me faire éditer, ça ne serait pas la même chose. Je contacterais donc les éditeurs en leur expliquant que je cherche à toucher les nostalgiques, et qu'il faut établir un plan de com' de la même manière qu'on vend de chips "à l'ancienne"  ou qu'on aménage le cadre d'un restaurant de la chaîne "La Pataterie".
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 31 décembre 2018 à 15:18:20
Je commence à comprendre que je ne suis pas le seul à avoir des difficultés pour bien désigner les destinataires de mes écrits.

Pour la poésie, en fait, c'était assez simple !! J'écrivais pour les passionnés, comme moi, donc que j'écrive pour moi-même ou pour d'autres, je m'adressais en priorité aux gens qui me ressemblent.

Maintenant, des enfants, c'est pas pareil... Ils n'ont pas les mêmes préoccupations que moi, les plus jeunes, ça m'oblige à faire un geste en avant, comme de me lancer dans l'inconnu, mais avec quelque chose que je connaissais quand j'étais petit.
Titre: Re : Re : Cibler un lectorat
Posté par: Dieter le 31 décembre 2018 à 16:06:12
avec quelque chose que je connaissais quand j'étais petit.
Absolument pas Alain, c'est là que tu fais erreur, comme je le disais plus haut : ce que tu connaissais quand tu était "petit" est totalement obsolète pour les petits d'aujourd'hui.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 31 décembre 2018 à 16:10:20
 :-[ Oh la la, la transmission, c'est pas facile, décidément.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: MoonAngel le 01 janvier 2019 à 16:45:31
Ça ne dépend pas déjà de si l'on veut se faire éditer ou non ?
C'est effectivement un élément auquel je réfléchis assez peu. J'écris avant tout pour me faire plaisir. Je trouve que commencer un texte en partant du principe qu'il s'adresse à un public précis, c'est un peu s'empêcher de prendre certaines libertés :???:
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 01 janvier 2019 à 16:48:20
 :\? Bah ! Oui, mais non, je vois pas exactement les choses comme ça, moi.

Ça dépend des expériences de chacune & chacun, j'ai l'impression.

Par exemple, si j'écris un poème d'amour à une femme que j'aime, je peux très bien raconter pour de faux que je ne l'écris que pour moi, mais en fait, c'est un mensonge, parce que c'est pour elle que je l'écris, non ?
Titre: Re : Re : Cibler un lectorat
Posté par: MoonAngel le 01 janvier 2019 à 21:11:53
Par exemple, si j'écris un poème d'amour à une femme que j'aime, je peux très bien raconter pour de faux que je ne l'écris que pour moi, mais en fait, c'est un mensonge, parce que c'est pour elle que je l'écris, non ?

Ah, pour des cas comme ça, oui alors :mrgreen:
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Aléa le 01 janvier 2019 à 21:26:58
Dépend si tu veux lui faire lire
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 01 janvier 2019 à 21:52:32
Ah ! Oui, si ça dépend de si tu veux faire lire une lettre d'amour, il faut oser, c'est un peu olé, olé... :huhu:

En fait, ma question tourne autour du/des destinataire/s (au-delà du terme « lectorat » qui fait très, très sérieux) ; je me demande quelle est la différence entre écrire pour soi ou écrire pour être lu (y compris une correspondance, tout simplement, je m'intéresse de plus en plus aux correspondances lettrées).

Écrire pour soi-même, n'est-ce pas déjà se faire destinataire de quelque chose ? Comme agir pour soi-même ?

Bon, je vois que la tournure de mes questions est un peu tirée par les cheveux, mais il y a un quelque chose que je cherche à creuser.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Aléa le 02 janvier 2019 à 00:54:22
Je ne sais pas que tu parles de lettres d'amour haha, tu n'as pas précisé la chose à quoi tu pensais précisément (ça aurait pu être des poèmes qui parlent de l'être aimé sans lui être destiné à lire )

Mais du coup, si tu as un destinataire direct à qui tu t'adresses, (et être son propre destinataire est très juste aussi) la réponse est toute faite, tu t'adresses à cette personne et elle seule

Quand tu parles de correspondances, tu as peut être une vision à posterioi, dans le sens où les publications de correspondances se font après, elles n'ont jamais été destinées à être lues par des lecteurs autres que la personne à qui elles sont adressées (ou la demarche pour la 'posterite' me semble assez impersonnelle et donc, relativement biaisée)
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 02 janvier 2019 à 12:41:54
Alors, attends, attends, tu vas trop vite pour moi...

Si je comprends bien, il y aurait une différence entre écrire pour soi, écrire pour une personne, écrire pour un lectorat, écrire pour la postérité.

Écrire pour la postérité, ça peut être tout simplement du journalisme : journalistes, historiennes & historiens, et même curieux de toutes natures écrivent pour inscrire des faits historiques dans le temps, laisser une trace de ce qui s'est passé, de ce qui est arrivé ici ou ailleurs.

En tout cas, écrire pour les lecteurs de dans 100 ans, bah, ça me paraît sain, notamment lorsqu'on veut se souvenir de quelque chose d'important. Heum, je ne crois pas que ce soit tellement arrogant, c'est plutôt humain de vouloir se souvenir de quelque chose, on a des photos de famille, des souvenirs, des écrits pour la postérité.

La postérité ne serait plus un lectorat précis, ce serait encore un autre destinataire à part.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Loïc le 02 janvier 2019 à 12:55:10
J'ai l'impression que le sujet du fil a changé trois fois depuis avant-hier...

Citer
En fait, ma question tourne autour du/des destinataire/s (au-delà du terme « lectorat » qui fait très, très sérieux) ; je me demande quelle est la différence entre écrire pour soi ou écrire pour être lu (y compris une correspondance, tout simplement, je m'intéresse de plus en plus aux correspondances lettrées).

Me semblait que le début parlait pourtant de la jeunesse  ::)

Citer
Écrire pour la postérité, ça peut être tout simplement du journalisme : journalistes, historiennes & historiens, et même curieux de toutes natures écrivent pour inscrire des faits historiques dans le temps, laisser une trace de ce qui s'est passé, de ce qui est arrivé ici ou ailleurs.

Non, les journalistes et historien-nes (comme les romancier-es d'ailleurs) écrivent pour leurs contemporain-es.
Le souci est que tu mélanges tout, comme si écrire une lettre était le même acte qu'écrire un livre utilitaire ou écrire un roman.
Or ça n'a rien à voir. Quand j'écris pour le boulot, quand je te réponds là maintenant sur un forum et quand j'écris une nouvelle, je ne fais pas du tout la même chose.

Définis donc mieux ta question et cesse de changer 40 fois de question.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 02 janvier 2019 à 13:05:20
 :huhu: Ne nous énervons pas, mon cher Loïc, j'essaie de comprendre à partir de quand on cible un lectorat.

Maintenant, cela demande de répondre à la question « qu'est-ce qu'un destinataire ? » et quel sens ça prend quand on écrit.

Bien sûr, le débat est ouvert, donc le sujet se construit progressivement.

Le souci est que tu mélanges tout, comme si écrire une lettre était le même acte qu'écrire un livre utilitaire ou écrire un roman.

Là, tu touches un point auquel je n'avais pas pensé.

Un livre utilitaire, genre « entretenir son potager » va cibler un lectorat qui a un jardin et veut en faire quelque chose. Donc, ça se rapproche effectivement des questions que je me pose.

On peut aussi imaginer écrire un livre simple d'accès (qui s'adresse à la famille, jeunesse et parents) pour celles & ceux qui auraient un petit potager.

Bref, je me pose la question de ce que signifie cibler un lectorat, à partir de quels éléments se base-t-on ?
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: vinzWallbreaker le 02 janvier 2019 à 14:35:18
Honnêtement, c'est bien la seule question que je ne pose jamais... J'écris (ou fais de la musique) pour le partage... Lis/écoute qui veut. Le reste, c'est du marketing....
Même si je comprends le questionnement s'il on veut absolument écrire pour un public particulier...
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 02 janvier 2019 à 14:48:50
Ah ! Oui, moi je veux écrire pour les enfants, aujourd'hui, c'est bien mon objectif.

M'enfin, je me dis qu'un sujet aussi important ne doit pourtant pas être aux mains seules du marketing, quand même !?

Je suis surpris que tu penses que de s'adresser aux personnes concernées ait pour seul motif l'argent, Vinz, c'est comme si tu disais qu'il n'existe pas d'aspiration littéraire, ça me semble réducteur.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: vinzWallbreaker le 02 janvier 2019 à 15:00:03
J'ai dis que de penser à cibler son lectorat : c'est du marketing. Sinon, pourquoi cibler ? Dire je ne vais m'adresser qu'à tel type de gens, c'est un peu...  bizarre  :\?.

Dernièrement j'ai lu une histoire de Roald Dalh : et bien, ça a beau être "pour enfants", j'ai pris plaisir à le lire, je ne suis pas la cible et pourtant ça m'a beaucoup plus.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 02 janvier 2019 à 15:17:10
Excuse-moi, Vinz, mais de la part de quelqu'un qui se dit « militant », je suis un peu troublé que tu réduises un sujet littéraire à des questions d'argent.

On peut écrire pour les femmes, les ouvriers, les étudiants, transmettre des valeurs, apporter de nouvelles perspectives de vie.

D'ailleurs, on peut tout à fait vouloir s'adresser à des gens qui ont les mêmes passions que nous sans aucune question d'argent, simplement pour créer du lien, sans ambition politique.
Titre: Re : Re : Cibler un lectorat
Posté par: Rémi le 02 janvier 2019 à 17:22:44
On peut écrire pour les femmes, les ouvriers, les étudiants, transmettre des valeurs, apporter de nouvelles perspectives de vie.
Si tu parles de fiction, je vois pas trop le sens d'écrire pour les femmes, les ouvriers ou les étudiants.

Si tu parles d'autres types d'écritures, notamment des guides par exemple (gestes et postures pour ne pas se niquer le dos à destination des ouvriers... comment choisir une filière pour les étudiants....), la question de "cibler" n'a pas trop de sens.

Pour ce qui est de l'écriture pour les enfants, là c'est sûr que l'auteur doit prendre en compte certaines problématiques spécifiques : sujet et intrigue intéressants, lecture assimilable (mais sans tomber dans l'absence de vocabulaire), compréhension générale, longueur maxi (pour les plus jeunes), gérer ce qui pourrait choquer...

Titre: Re : Re : Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 02 janvier 2019 à 17:55:42
On peut écrire pour les femmes, les ouvriers, les étudiants, transmettre des valeurs, apporter de nouvelles perspectives de vie.
Si tu parles de fiction, je vois pas trop le sens d'écrire pour les femmes, les ouvriers ou les étudiants.

Oh ! Tu sais, à une époque, une littérature qui ne s'adresse qu'aux femmes aurait été mal vue. Je trouve important que l'on puisse cibler un genre si on le souhaite, et des femmes qui écrivent pour les femmes, ce n'est pas rare, et heureusement, ce n'est plus interdit.

L'une des victoires de l'époque, par exemple, c'est la littérature LGBT qui s'adresse à un lectorat averti, et je trouve cela important qu'on ait le droit d'écrire pour un lectorat ciblé de cette façon, c'est une forme de liberté dont on a besoin.

Si tu parles d'autres types d'écritures, notamment des guides par exemple (gestes et postures pour ne pas se niquer le dos à destination des ouvriers... comment choisir une filière pour les étudiants....), la question de "cibler" n'a pas trop de sens.

Un exemple : une littérature populaire, tout simplement, qui véhicule des valeurs éthiques et qui est accessible à tout public, quelque chose d'utile pour comprendre l'économie ou ce genre de chose (dans le sens vulgarisé).

Pour ce qui est de l'écriture pour les enfants, là c'est sûr que l'auteur doit prendre en compte certaines problématiques spécifiques : sujet et intrigue intéressants, lecture assimilable (mais sans tomber dans l'absence de vocabulaire), compréhension générale, longueur maxi (pour les plus jeunes), gérer ce qui pourrait choquer...

Oui, je suis d'accord, mais tu penses que c'est du marketing toi aussi ?

Moi, je ne crois pas que l'éducation soit une simple question de marketing, je trouve cela mensonger de prétendre que l'éducation est une simple histoire de marketing.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: vinzWallbreaker le 03 janvier 2019 à 15:55:08
J'ai bien dit que pour le lectorat "jeune" la démarche n'est pas tout à fait la même. Puis qu'il y a un certains nombre de notions qui peuvent ne pas être comprises.
Pour le reste, je ne vois pas en quoi une histoire s'adresse plus à un type de public qu'un autre. C'est réducteur et stéréotypé. Je peux très bien lire une histoire LGBT sans pour autant être "directement" concerné... Dois-je donc ne pas lire ce types d'écrits sous prétexte que je n'en suis pas la cible ? Vais-je ne pas comprendre ? Cibler son lectorat en ce sens me paraît pédant. Genre j'écris pour tel type de gens, les autres j'm'en fous ou alors "sont trop bête pour comprendre"...
J'écris du fantastique et de la fantasy (principalement) je ne me dis pas "tiens, je vais écrire pour les gens qui en lise". J'écris, point. La preuve, j'ai un lecteur sur une histoire d'Heroic Fantasy qui n'est pas du tout branché par ce genre à la base...

Je lis du polar, des essais, de la SFFF, suis-je pour autant la cible de tous les auteurs de ces genres ?? N'ai-je pas le droit de lire de la romance sous prétexte que je ne suis pas le stéréotype cible ?
Heureusement non...


Cibler c'est une démarche commerciale :
Je cible mes partenaires commerciaux, je cible mes clients potentiels, je cible les réseaux utiles à la diffusion...


Maintenant on peut effectivement viser un public particulier, mais je le répète, je trouve cette démarche très fermée, comme si on excluait le reste du genre : non je ne veux pas écrire pour les autres que ceux que je veux viser.  :\?
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 03 janvier 2019 à 16:09:28
Oki, Vinz, je te remercie sincèrement pour ces clarifications, cela me permet de mieux cerner ton regard. J'espère que tu comprends que je n'aimerais pas que l'on stigmatise des auteurs qui ciblent un lectorat LGBT ou autre simplement parce que : « cibler un lectorat serait cupide, vénal, etc. »

Bon, bien sûr, c'est toujours la difficulté de faire la part entre l'opinion, le droit et les goûts et les couleurs, je comprends très bien le difficile équilibre entre les avis des uns ou des autres, et la différence des opinions. Et puis, en ne pensant pas la même chose, on n'écrit pas les mêmes livres, c'est très bien.

En ce qui me concerne, je crois que le fait de désigner ses lecteurs peut faire perdre beaucoup d'argent, je pense donc que les éditeurs pourraient voir plus d'intérêt à travailler avec des gens comme toi qui parlent à tout le monde plutôt qu'à d'autres auteurs qui rétrécissent leurs exigences. Je n'aimerais pas non plus que quelqu'un qui fait le choix de rétrécir son lectorat soit assimilé à une perte d'argent.

Pour autant, j'ai sur ce sujet l'opinion qu'en étant modeste, on s'adresse à un lectorat moins large ; pour moi, « parler à tous » me semble plus proche d'une démarche commerciale, et encore.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: vinzWallbreaker le 03 janvier 2019 à 16:25:29
Attention ! Ne pas cibler, ce n'est pas rétrécir ses propres exigences. Je veux une histoire qui tienne la route et qui fasse "vibrer"...
Et cela peut fonctionner sur un quadra informaticien, une boulangère de soixante ans ou un étudiant en biologie... Quand bien même j'aurai voulu cibler mon lectorat... D'ailleurs...
Je raconte une histoire, libre à chacun de la lire ou pas. Des fans d'heroic fantasy peuvent lui reprocher mille choses et des amateurs de biographies y trouver leur compte... De toute façon, à partir du moment où tu publies, tu n'es plus maître de la destinée de ton écrit.

Tous les gens qui ont lu un certain livre titré Mon combat en allemand ne sont pas tous nazis... D'ailleurs ce livre était-il adressé qu'aux seuls fachos ? Je ne pense pas. Prêcher les convaincus n'a jamais rien apporté.
Donc à part certains types de littérature (jeunesse, manuels) ce serait prétentieux vouloir cibler son lectorat.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 03 janvier 2019 à 16:32:00
Prétentieux, prétentieux, du moins selon une échelle de valeurs qui serait la tienne...

Moi, quand j'écris pour les gens qui sont de la même opinion que moi, c'est pour connaître leur propre position, bien souvent nuancée, voire contradictoire (alors que nous avons à la base les mêmes idées !! :o ).

Donc je m'adresse à un lectorat qui m'est proche parce que celui-ci a des contre-arguments à m'opposer, j'y vois la lecture comme une immense discussion, en toute humilité, bien entendu.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: vinzWallbreaker le 03 janvier 2019 à 16:47:17
En effet tu peux vouloir t'adresser à tels gens, mais rien n'empêche d'autres d'avoir accès à tes propos. Et tout dépend aussi de ton but. Publier avec une démarche pareille, t'auras du mal à trouver un éditeur. Des centaines milliers d'ouvrages son refusés chaque année par les éditeurs justement car trop "ciblés" et n’intéressant potentionnellement que trop peu de monde. Donc, pas rentable du tout.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 03 janvier 2019 à 16:57:48
 ::) Eh bien, c'est la vie. Peut-être qu'un jour les éditeurs se raisonneront et élargiront leur seuil de tolérance à des œuvres plus marquées ou mieux diversifiées, je l'espère.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Dot Quote le 03 janvier 2019 à 19:49:08
Citation de: Loïc
J'ai l'impression que le sujet du fil a changé trois fois depuis avant-hier...
tiens tiens x)

en même temps vu la vaste étendue de la question pourtant fermée et impérative...

on se sentirait presque perdu dans la liberté...

y'a des vraies questions ici ou c'est le monde de l'écriture ?

après réflexion :
il faut cibler un lectorat si on veut être le centre de l'intérêt d'un lectorat...
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 03 janvier 2019 à 20:55:45
Citation de: Loïc
J'ai l'impression que le sujet du fil a changé trois fois depuis avant-hier...
tiens tiens x)

en même temps vu la vaste étendue de la question pourtant fermée et impérative...

on se sentirait presque perdu dans la liberté...

y'a des vraies questions ici ou c'est le monde de l'écriture ?

 :D Merci à toi pour ces paroles de sagesse, la conversation a dérivé sur l'argent, toujours l'argent.

après réflexion :
il faut cibler un lectorat si on veut être le centre de l'intérêt d'un lectorat...

 :\? Ahem, ahem... Écrire pour un lectorat serait vouloir en être le centre d'attention.

Autrement dit, cela signifierait que si l'on s'adresse à des lecteurs aux mêmes sensibilités, ce serait comme pour les amener à nous écouter (=à nous lire).

Là, j'ai vraiment l'impression qu'on reste dans les thématiques relatives à l'argent/l'intérêt ; je me demande s'il n'y a pas aussi une part d'opinion à vouloir cibler un lectorat (on peut par exemple vouloir convaincre que la peine de mort est une mauvaise chose sans vraiment vouloir attirer l'attention sur soi). Quelqu'un qui est anonyme ne peut-il pas cibler un lectorat pour autant ?

Bref, toutes des questions auxquelles je me sensibilise, avec une certaine part d'imprécision malgré tout.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Rémi le 03 janvier 2019 à 21:53:16
Si tu ciblais le type d'écrit, ça aiderait à un échange plus précis. Fiction, essais, manuels... ?
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 03 janvier 2019 à 22:30:31
C'est vrai que le débat finit par être très large.

Alors, retrouvons le fil sans nous emmêler... En ce qui concerne le principe de cibler un lectorat qui serait la jeunesse, je m'interroge sur ce sujet depuis un peu plus d'un an.

Je pense les choses effectivement selon l'angle de l'accessibilité et l'éducation. Autrement dit, cibler un lectorat jeunesse, ce serait trouver des mots simples qui encouragent l'enfant à comprendre le monde par lui-même. Si je me lance dans cette démarche, c'est que j'y trouve un sens dans mon propre parcours d'écriture.

Pour l'instant, ce sont principalement les membres qui ne sentent pas concernés par le sujet qui sont intervenus, si certains membres ont pu avoir ce genre de démarche dans leurs écrits (cibler un lectorat d'enfants, ou autre), n'hésitez pas à décrire simplement votre expérience.

Et pour celles & ceux qui penseraient que c'est arrogant, dites-vous que votre opinion n'est peut-être pas partagée par tout le monde, que ce n'est pas grave, que c'est la diversité.
Titre: Re : Re : Cibler un lectorat
Posté par: Aléa le 03 janvier 2019 à 22:52:47
Citation de: Loïc
J'ai l'impression que le sujet du fil a changé trois fois depuis avant-hier...
tiens tiens x)

en même temps vu la vaste étendue de la question pourtant fermée et impérative...

on se sentirait presque perdu dans la liberté...

y'a des vraies questions ici ou c'est le monde de l'écriture ?

après réflexion :
il faut cibler un lectorat si on veut être le centre de l'intérêt d'un lectorat...


Sauf que Alan veut précisément parler du lectorat jeunesse, tout en gardant un débat général sur s'il faut cibler un lectorat, du coup ca crée un débat caduque et il est pas si débile que ca de le soulever, Dot. (parce que du coup on aura beau dire plein de choses pertinente, ca n'aidera pas Alan qui n'a pas précisé ce qu'il voulait dès le début) Mébon.
Parce que du coup en effet, pour parler à des enfants, c'est pas mon domaine et je ne peux pas aider.



Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 03 janvier 2019 à 23:22:50
Pas de soucis, je précise que je pose un sujet qui n'a pas beaucoup été discuté auparavant ici, ce qui explique une éventuelle confusion de ma part.

Pour moi, c'est en ciblant un lectorat jeunesse que j'apprends à me remettre en question dans mes choix d'écriture. Je n'ai plus les moyens de m'exprimer comme je m'exprimerais ici : léger, un peu intellectuel, assez libre, majoritairement passionné ; non ! Il me faut un autre rythme, un rythme qui soit accessible à des petits bouts de choux.

Alors, c'est pareil quand on écrit des propos un peu choquants, on peut se dire que, bah ! en public, ça ne passera pas forcément. À ce moment, on intègre que ce qu'on écrit sera lu, et on peut faire en sorte que cela s'adresse en priorité aux gens qui pensent comme nous, ou au contraire essayer d'aller chercher de nouvelles opinions, d'autres modes de pensée.

Une littérature très, très libre, bah ! ça ne va pas forcément coller avec des lecteurs qui n'y sont pas habitués (comme pour la jeunesse) ; comment on fait pour être mieux accessible, et accessible à qui ?

Je me demande un peu si les termes utilisés dans une fiction n'ont pas vocation à toucher plutôt tel ou tel type de lectorat. On peut utiliser un vocabulaire soutenu pour toucher plutôt des lecteurs cultivés, ou au contraire employer des mots de tous les jours, voire des expressions de jeunes, d'une époque ou d'une autre, tout cela dans une même fiction.

Choisir son vocabulaire, n'est-ce pas déjà cibler un lectorat ?
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Dot Quote le 04 janvier 2019 à 10:18:45
j'suis pas aussi clair que j'aurais voulu, zut

Pour faire des parallèles synonymiques foireux, une 'cible', c'comme un 'objectif' : on y retrouve la notion de mouvement et de lieu, par la destination à atteindre et ce qui l'atteint. On atteint une cible (en marketing, oui, mais aussi au tir à l'arc, etc...), on vise un 'objectif'... qui suivent nos motivations (intérêt).

D'où que je me répète, Alan, en dehors du débat d'ailleurs : craindre le terme galvaudé de capitalisme, 'intérêt', ça mène à nier le fait qu'on cible ou qu'on ait des objectifs, des projets ; puisque tout ceci est motorisé par le gain émotionnel qu'on y trouve (argent, renommée, écoute, savoir, etc...), et ça s'appelle l'intérêt.

Faut arrêter le sacrifice moralement désimpliqué quand ça va trop loin :

Pourquoi chercher absolument à faire tout sans intérêt ? Vous voulez vraiment écrire sans que ça gagne d'argent ? Sans renommée ? Sans être lu ? Sans être compris ?

Ouais, c'est bien de questionner l'égo de nos modalités humaines en disant qu'on ne poursuit rien de valorisant (intérêt)... mais par déduction, il m'apparait évident que faut pas le faire pour se sentir meilleur... c'est égoïste et du coup un peu paradoxal.

Donc toutes les questions sous jacentes qui veulent nous faire penser qu'on doit s'affirmer en prônant l'absence de nos motivations, j'trouve ça hypocrites et je comprends même pas qu'on puisse les envisager...
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 04 janvier 2019 à 12:48:02
Mais enfin, si ton objectif est d'être lu pour gagner de l'argent, ce n'est pas interdit, les intérêts sont diversifiés et nombreux.

Je suis d'accord aussi pour dire qu'on doit pouvoir envisager de se faire éditer sans que ce soit « honteux ».

En revanche, le terme de « cibler » me semble en vérité une mode actuelle pour désigner tout simplement l'adresse. J'envoie quelque chose à quelqu'un, « je le cible », en gros, c'est une utilisation fashion de la langue (à la mode).

S'adresser à un lectorat, c'est tout de suite moins classe, et ça n'est pas qu'une question d'argent (de nombreux magazines et journaux associatifs s'adressent à un lectorat spécialisé sans que ce soit assimilé à des projets lucratifs/l'association est ainsi typiquement un projet à but non-lucratif).

Donc pour moi, pas de soucis que vous assimiliez le lectorat à des consommateurs ou des acheteurs, mais j'essaie pour autant de valoriser d'autres perceptions de l'écriture, un autre regard sur : « À qui adresse-t-on un écrit et pourquoi ? »

Moi, ce sujet me plaît, j'ai envie d'en parler, même si ça suscite des questionnements.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: JVialleton le 23 janvier 2019 à 13:11:41
C'est une excellente question qui mérite, d'après moi, 836 réponses (pas de panique, je ne vais en donner que deux  ;D)

Faut-il cibler un lectorat? Mon avis est de dire...

Oui, quand il s'agit d'un écrit pratique, pédagogique ou informatif. Quelque soit le domaine, on ne s'adresse pas à un novice de la même façon qu'à un expert. C'est évident. Le deuxième voudra plus de détails, plus de profondeur que le premier. Lorsqu'on écrit dans un blog ou un magazine, on s'adresse à une catégorie de personne qu'il vaut mieux connaître si on veut être lu. C'est un cliché (voire même une caricature), mais une femme de classe sociale "moyenne" ne s'intéresse pas aux mêmes choses qu'un homme qui vit de minima sociaux et vice-versa.

Non, quand il s'agit de fiction. D'après moi, écrire une œuvre littéraire en pensant à un public précis est la porte ouverte à l'auto-censure, au consensuel et, au final, à un travail sans goût ni relief qui ne convient à personne. Il vaut mieux se concentrer sur son histoire.

La question d'écrire pour la jeunesse est peut-être la seule exception, et encore. Quand j'ai écris pour la jeunesse (9-12 ans), je faisais surtout attention à la forme: à ne pas utiliser des mots trop techniques, à ne pas faire de phrases trop longues ou des références trop éloignées d'eux dans le temps, etc. Au final, on m'a félicité pour avoir écrit un livre jeunesse riche en vocabulaire, et les parents s'éclatent à le lire par nostalgie de leur propre enfance... alors va comprendre!   :???:

Je pense que la vision de l'auteur doit s'affranchir des considérations marketing dans un premier temps. Les mettre dans la balance ensuite (au moment de la correction) peut-être, mais avec beaucoup de parcimonie. Il vaut mieux écrire le livre et se poser la question "A qui pourrait-il plaire?" après pour orienter sa communication et sa distribution.
Titre: Re : Re : Re : Cibler un lectorat
Posté par: Kailiana le 23 janvier 2019 à 16:24:50
et pour la confusion sur le marketing, ca vient tout simplemet du fait que le terme "cibler" EST un jargon profondément marketing, cibler un public est même la base fondamentale du marketing -oui, tu en fais sans le savoir.-, sinon on peut poser la question de comment s'adresser à des enfants, plus simplement ;) Mais bref, c'est du détail, peut-être.

Ben G a mis ça en spoiler mais ça me semble être la contribution la plus importante de la discussion  ::)

Cibler un lectorat, ça fait effectivement beaucoup penser au marketing, et je n'aime pas trop. Ca fait penser "il faut que le texte donne envie d'acheter/plaise précisément à ce groupe de lecteur".  Avec les possibilités d'être trop conventionnel, de chercher à plaire sans remettre en question ce qui existe, de limiter les libertés...
Personnellement, je n'aime pas trop.

Par contre, trouver comment s'adresser à un lectorat, c'est intéressant, et pas que pour un public jeunesse. Je pense à la science-fiction, car j'en lis pas mal (et je fais parfois lire certains des textes que j'ai aimé à ma mère, qui elle ne lit que ce que je lui conseille), j'en écris, et je vois selon les personnes (et ce qu'elles ont l'habitude d'aimer, et ce qu'elles ont comme connaissances du sujet) que ce qu'elles retiennent du texte, ce qui les gêne, leur plaie... peut être très différent.

Du coup, je pense que si, c'est important d'avoir conscience que les lecteurs sont multiples, et que certains textes ne plairont sans doute pas à certains (genre, la hard SF, ça plait clairement pas à tout le monde), et que c'est pourtant parfois possible, en identifiant le fond du texte, et en recevant le retour de pas mal de lecteurs, de comprendre ce qui peut coincer pour tenter de le rendre accessible à plus grand monde. Et ça veut pas dire simplifier le texte : juste le rendre plus compréhensible, plus "coulant", je sais pas comment dire ça autrement.

Pour ce qui est des textes s'adressant à la jeunesse, oui c'est un public particulier, mais faut pas non plus simplifier à outrance...

Je pense que la grande question c'est vraiment de savoir comment s'adresser à un public (sans les prendre pour des idiots... ) et ensuite de voir ce qu'il est possible de faire avec le texte sans le dénaturer. Et je pense que c'est beaucoup plus facile à faire durant les phases de correction, parce que c'est trop complexe de bien le faire durant le premier jet (on peut bien sûr avoir une idée de à qui on s'adresse en écrivant la première version du texte, surtout si on a écrit d'autres trucs avant, mais c'est pas obligatoire que le texte s'y soumette si bien que ça, ou alors on risque de se restreindre sur ce qu'on souhaite faire)

Citer
Je pense que la vision de l'auteur doit s'affranchir des considérations marketing dans un premier temps. Les mettre dans la balance ensuite (au moment de la correction) peut-être, mais avec beaucoup de parcimonie. Il vaut mieux écrire le livre et se poser la question "A qui pourrait-il plaire?" après pour orienter sa communication et sa distribution.
J'avais lu en diagonale ton message et du coup j'ai un peu répété ce que tu disais là en fait  :D
Après, d'un point de vue purement "auteur qui veut faire des ventes" (parce que, accessoirement, un auteur qui veut faire de ça sa vie doit gagner de l'argent...  ::)), c'est parfaitement possible d'écrire un texte qui cible un public. C'est comme pour les séries TV et les films d'ailleurs. En connaissant assez le marché, on comprend ce qu'aime les acheteurs, et on le leur donne. Et ça se vend (souvent assez bien). C'est juste pas une superbe oeuvre, la plupart du temps.
D'ailleurs je suppose que les Harlequins peuvent rentrer dans cette catégorie  :\? mais c'est vrai de beaucoup d'autres livres, et... ça reste des livres grâce auxquels leurs auteurs ont gagné de l'argent. Toute la question c'est de savoir dans quel but on écrit, je pense.
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: Meilhac le 23 janvier 2019 à 17:13:54
"J’écris pour moi, rien à foutre des autres"

(Sarah Kane)
Titre: Re : Cibler un lectorat
Posté par: erine le 03 février 2019 à 18:26:28
Bonsoir. Personnellement je ne me suis jamais posé la question. Je pense que ce sont les lecteurs qui te choisissent et pas le contraire.
Parfois on veut cibler et on se trompe. A la sortie de mon roman je pensais que mon lectorat serait uniquement des femmes...
Le fait de ne pas cibler permet d avoir u  panel plus large de lecteurs.
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 19 janvier 2022 à 11:49:44
Bonjour à vous,


J'avais ouvert ce sujet pour poser la question des lectrices & lecteurs auxquels on projette de faire lire quelque chose, de la façon de les désigner spécifiquement pour quelque raison que ce soit.

Le « public cible », qui était à l'époque le mot à la mode pour désigner ce type de procédé (2019), était pour certains un terme à connotation lucrative même lorsqu'il s'agissait d'adresser ses écrits à des minorités (minorités ne représentant en vérité qu'un profit très faible, étant pourtant les premières à être concernées par le sujet des spécificités).


Toute idée faisant son chemin, et après mûre réflexion, j'opte aujourd'hui pour le terme « lectorat favorisé », un synonyme de « public ciblé » dont la connotation est légèrement différente.

La question que je me pose aujourd'hui, c'est celle de la nécessité de favoriser certaines lectrices ou lecteurs plutôt que d'autres ; que ce soit : la nécessité d'écrire à l'adresse de quelqu'un en particulier ; l'hommage, l'apologie, la parabole, la satire tournés vers celles & ceux qui sont d'accord ou pas d'accord avant tout ; ou plus largement la nécessité de formuler l'écrit de façon à ce que les gens concernés par lui y aient accès directement (questions d'accessibilité, de vulgarisation).

En écrivant un texte à l'attention d'un lectorat en particulier, le favorisant ainsi spécifiquement, comment inspirons-nous ce choix ? Comment le motive-t-on, ce choix ?

Certains parlent de « jargon » qui est une façon de dire que le vocabulaire d'un livre serait choisi exprès pour favoriser les destinataires issus d'un certain milieu. De mon côté, ma question s'élargit plus naturellement au fait d'écrire à des personnes qui ne sont pas de mon propre milieu, mais auxquelles j'aimerais m'adresser pour des raisons diversifiées et des nécessités multiples.

Faut-il nécessairement favoriser certains lecteurs pour écrire ? Est-on au contraire capable d'écrire pour tout le monde de façon universelle sans distinction aucune ?

Je vais même jusqu'à me demander s'il n'y aurait pas une forme de « faveur inconsciente » tournée vers quelques destinataires auxquels nous dédicaçons secrètement nos offices...


Soit, si cette piste de réflexion vous parle aujourd'hui, la présente discussion est encore ouverte à l'heure qu'il est. :)

Sinon, le débat se terminera ici sur mes élucubrations solitaires. ^^
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: RomainD le 19 janvier 2022 à 13:53:42
Salut Alan Tréard,

Je me pose aussi la question par moment et je pense qu'en réalité elle est une fausse question.

Soit on souhaite écrire uniquement pour soi-même et dès lors c'est l'empire de la liberté totale sans prendre en considération l'intelligibilité pour autrui.
 
Sinon, si l'on a le souhait d'être lu par autrui alors on prend naturellement en considération ce fait de communicabilité dans notre écriture.

Donc je pense que la question se résout d'elle-même dès que l'on sait pourquoi on écrit.
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 19 janvier 2022 à 14:15:48
Bonjour RomainD,


Merci pour ta réponse à mes réflexions suscitées, et heureux de voir que tu ouvres ici un nouveau champ d'idées ou de pespectives pour l'écriture.


Si jamais tu en as le temps, et que tu es disposé à répondre :

Citer
Donc je pense que la question se résout d'elle-même dès que l'on sait pourquoi on écrit.

À ce moment-là, et partant de ce principe :
- soit tu te poses aussi cette question car tu ne sais pas pourquoi tu écris ;
- soit tu ne te poses plus cette question car tu sais pourquoi tu écris ;
- et si oui, écris-tu donc tous les jours pour la même raison ? Laquelle ?


Soit, voici un florilège de réactions qui me sont venues à la suite de ton intervention, que je remarque malheureusement un peu confuses. :huhu:
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: RomainD le 19 janvier 2022 à 15:04:57
En fait je pense qu'il y a plusieurs choses que l'on recherche lorsqu'on écrit et elles ne sont pas toujours simultanées. Chaque texte répond à des besoins différents, à chaud je pense en dénombrer trois :

- le plaisir d'écrire
- le défi technique ou la volonté d'amélioration, d'exploration
- le souhait de partager

Le Saint-Graal du texte serait donc d'écrire un texte qui "cocherait" ces trois critères : c'est-à-dire un texte que l'on a eu plaisir à écrire, qui nous a mis à l'épreuve par quelque manière que ce soit et enfin qui est communicable / lisible par autrui.

Bien entendu tous les textes ne sont pas comme ça et moi-même lorsque j'écris j'ai une conscience plus ou moins aigüe de quels critères "remplit" le texte que je suis en train d'écrire. Là où je suis malheureux c'est quand justement j'écris un texte sans réellement connaître sa "justification". Dans ce genre de cas je pense qu'il est bon de faire une pause et de revenir à l'écriture quand l'on est de nouveau habité par un ou plusieurs des critères mentionnés ci-dessus.

Si cet exposé semble abstrait je peux prendre des exemples concrets de mon cas  :
- Récemment j'ai écrit des textes "bizarres" avec une forme très jusqu'au-boutiste dont je ne sais pas s'ils sont compréhensibles ou plaisants pour autrui. Cependant j'ai pris plaisir à les écrire (plaisir) et ils font partie d'une exploration stylistique (défi technique), ces textes cochent donc deux critères et je suis content de les avoir écrits pour ces deux raisons.
- En ce moment je travaille sur un projet de roman court que j'ai eu très plaisir à écrire, qui représente pour moi un défi technique par rapport à mes capacités actuelles, et qui enfin à pour but à terme (je l'espère) d'être publié, donc d'être partagé avec autrui : ce texte est probablement un de ceux dont je suis le plus fier parce que je sais exactement pourquoi je l'ai écrit et qu'il correspond à mes attentes, il sera dans mon référentiel un texte "complet" ou d'une grande "satisfaction" car il aura remplit tous mes critères (si jamais il vient à être publié).

Donc je pense que pour être heureux en écriture il faut savoir pourquoi on écrit et ce que l'on attend d'un texte.
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 19 janvier 2022 à 16:12:31
Ça me semble être un principe constructif, en effet. ^^

Je dois avouer que je vais me contenter de cette réponse pour rechercher mes propres critères d'écriture, du pourquoi j'écris et à qui, quitte à me tourner vers de nouvelles personnes curieuses de ce que j'écris. Merci à toi pour ces pistes de réflexion inventives, RomainD, elles sont un excellent écho à mes questionnements. :)
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: Basic le 19 janvier 2022 à 16:29:16
Bonjour à tous,

je partirais bien du postulat que l'on écrit pour "le lecteur en nous même".
Pas pour soi, ce qui serait une posture quasi thérapeutique, mais pour le lecteur en nous, le petit garçon, l'homme mûr, le lecteur inventé qui  nous ressemble. Ecrire pour un lectorat correspondrait effectivement à une stratégie dans le sens où l'on pourrait y appliquer des règles particulières inspirés de la psychologie, tel rythme, telle rebondissement à tel endroit.
Ensuite, on peut croire que lorsque on s'inscrit dans un genre on répond à des critères et que l'intérêt est de jouer avec les critères.
Peut être, ferais je une parenthèse ou une exception pour la littérature jeunesse quoique. S'adresser à un public d'enfants et peut être différent, bien que pour avoir travailler sur le Peter Pan de Barrie, ce monument de la littérature jeunesse atteint parfois des degrés de cruauté assez élevés et tellement de lectures possibles justement qu'il peut toucher tous les lectorats.
B
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 19 janvier 2022 à 18:25:45
Bonjour Basic,


Je comprends tes éloges de la grande, la belle, et l'universelle littérature qui toucherait tous les gens du monde tellement elle est partout à la fois.


Pourtant, à chaque livre que tu cites, je pourrais te trouver des lecteurs qui ne l'aiment pas pour telle ou telle raison...

Il me semble que c'est une grosse erreur de ta part de citer quelques livres jeunesses (ici Peter Pan) car je connais des tas d'adultes qui s'ennuient devant ces « facéties pour enfants ». :/

Ce qui n'empêche que, moi, personnellement, ce sont les lectures que j'aime le mieux. :)


Enfin, pour en revenir à l'idée de n'écrire que pour le « lecteur qui est en moi », cela me limiterait grandement, car je ne m'adresserais plus qu'aux personnes de mon entourage, ce qui ne correspond nullement à ma vision de la littérature qui franchit les frontières et permet de nouer des liens avec celles & ceux qui ne me ressemblent pas.

Je suis heureux aujourd'hui d'écrire pour des gens différents de moi, c'est ce qui m'inspire le mieux. Penser aux autres, quand j'écris, ça me permet de m'épanouir, remarquablement. Pourtant cela ne m'empêche pas de me questionner sur le fait de ce que cela signifie et pour moi-même et pour les autres.

Pourquoi écris-je pour autrui ? À quoi bon favoriser certaines lectrices & lecteurs et selon quels critères ? Quelle influence cette adresse au lecteur joue-t-elle sur les mots que j'emploie ?


Parfois je me demande même si les gens qui disent n'écrire que pour eux-mêmes n'auraient pas au fond d'eux-mêmes quelques secrètes adresses à l'attention d'autrui, comme une question qui resterait en suspens. ^^

Voici pour ce qui me vient à la lecture de ton intervention, qui stimule donc une heureuse introspection. Merci bien. :)
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: Basic le 21 janvier 2022 à 17:23:22
Bonsoir Alain,

je n'ai pas tout compris de ta réponse Alain.
Je n'ai pas parler d'une grande et belle littérature qui toucherait... mais de ma façon d'écrire et de mon adressage. Je pense que quand j'écris j'essaie de satisfaire le lecteur qui est en moi, parfois nostalgique, parfois misanthrope etc . Parfois on croit parler pour quelqu'un et on se trompe, exemple au regard d'une discussion que nous avions eu il y a quelque temps ( le point de départ était plutôt la traduction d'une œuvre) : on se tromperait grandement à vouloir écrire traduire un texte qui ne correspondrait pas à notre expérience ( en l'occurrence : impossibilité qu'un vieux bourgeois blanc traduise une jeune activiste noire... en caricaturant). Bon, c'est au moins un bon sujet de discussion.
Je ne comprends pas non plus tes phrases sur les textes jeunesse. Je parlais de Peter Pan, qui à mon avis, est une œuvre qui transcende les genres littéraire ainsi que les limites d'âge. Un monument d'universalité.
Penser aux autres... peux tu préciser ?
Lorsque l'on écrit ( même si au fin du fin on ne parle que de soi) c'est bien sûr pour parler aux autres, pour entrer dans la fraternité, faire le pont entre le monde des morts et celui des vivants, entre l'informulé et le formulé. On cherche bien entendu à sortir du cercle, à atteindre ailleurs. Peux tu m'expliquer quels sont tes projets, en quoi ils atteignent ces fameuses personnes qui ne te ressemblent pas.

Merci Alain.

B
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 21 janvier 2022 à 18:11:35
Bonsoir Basic,

Tu peux m'appeler Alan sans le i si tu le désires. :)


Malheureusement je risque de grandement te décevoir ! J'aimerais être comme toi, parfois nostalgique, parfois misanthrope, me foutre éperdument du lecteur, voire aller plus loin encore en le maltraitant à mon aise.

Dans une telle peau, j'oserais explorer tous les extrêmes en réglant chaque problème par la réponse : « chacun ses problèmes », réponse qui inviterait les autres à rester à leur modeste place et à ne plus venir m'emmerder.

Et puis, dès lors, je fabriquerais un monde à mon image ; plaise ou déplaise, je n'en aurais cure. N'aurais alors ni besoin de connaître l'avis des autres ni besoin d'ouvrir ce genre de débats ni même besoin d'y participer.

Malheureusement, je n'ai pas cette autonomie, cette belle souveraineté sur ma vie, ce « besoin de rien » car je ne sais pas tout ce que j'aurais à savoir pour être enfin satisfait.


Alors je penche plutôt pour la littérature traduite, qu'elle soit africaine, eurasienne, océanique ou américaine. Je penche pour la curiosité pour autrui avec l'envie d'écrire aussi aux gens qui ne me ressemblent pas. Je cherche à savoir ce que les autres pensent de moi et pose des questions à qui me le permet.

Plus récemment, c'est en me tournant vers les jeunes que j'ai éprouvé au mieux cette perspective. Vois-tu, Basic, les jeunes n'ont pas les mêmes goûts que moi, pas les mêmes espoirs, pas les mêmes idéaux, pas les mêmes opinions. Alors, pour me tourner vers eux pour de vrai, je tente d'inclure leur parole et leurs préoccupations dans mes écrits en n'écrivant plus seulement ce qui me plaît d'écrire mais aussi ce qui leur plaît de lire.

Je suis donc cet être incompréhensible qui cherche à parler aux autres plutôt que de me parler avec moi-même, j'aime me confier à ces gens qui ont des opinions différentes des miennes, des expériences distinctes, comme si cela pouvait être attendu d'eux, étrange marotte !


Puisses-tu ne jamais me comprendre, je n'en chercherais qu'à mieux m'exprimer. :)

Et de temps en temps quelqu'un me dit : « ça y est, je t'ai compris », dès lors je deviens enfin le plus heureux des hommes. ^^


Pourquoi ? Je ne sais pas, c'est l'objectif de ce fil, poser la question du pourquoi, chercher quelque part quelqu'un qui éprouverait cette même aspiration à trouver un équilibre entre soi et les autres.

Qui sait ? Peut-être trouverai-je un jour la réponse en me cultivant, en lisant les livres d'autres autrices & auteurs qui partageraient alors ce même sentiment.
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: Basic le 21 janvier 2022 à 18:32:21
Merci Alan pour cette réponse et mes excuses pour le i. Pas la peine de mettre le point sur cette lettre.
C'est un beau projet.
Je me contente d'écrire des histoires. Parfois elle me dépasse et touche... alors c'est bien.
B
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: Claire Rapha le 23 janvier 2022 à 16:05:17
Bonjour,

J'ai moi-même tenté d'écrire pour la jeunesse. Je me suis rendue compte que les éditeurs avaient des attentes très précises : un narrateur de l'âge des lecteurs, un récit très dynamique voire surprenant.
J'avais moi-même uniquement anticipé le souci d'écrire clair et simple une histoire ayant un sens et une pédagogie. Cela n'a pas suffit.

La question du lectorat se pose essentiellement quand on veut publier. Sinon, on écrit ce qu'on veut en s'adressant pourquoi pas à un lecteur idéal fictif. Et publier suppose de se conformer aux attentes des éditeurs qui sont en position de force du fait du grand nombre de manuscrits qu'ils reçoivent.

Une fois qu'on a publié, on est parfois étonné par la structure sociologique de son lectorat. J'en ai fait l'expérience en publiant des romans noirs et en voyant lors de salons littéraires que mon lectorat était essentiellement constitué de femmes âgées.
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: Alan Tréard le 23 janvier 2022 à 18:19:14
Bonsoir Claire Rapha,


Merci pour ce partage d'expérience qui me fait sortir un peu de mes habitudes. :)

À ce propos, j'ai discuté avec l'une des rédactrices de la Revue des Livres pour Enfants en décembre dernier, et celle-ci m'évoquait la difficulté de faire la différence entre les attentes des bibliothécaires et celles des enfants.

En effet, les critiques littéraires, en critiquant un livre, tentent de s'adresser aux parents en leur proposant le meilleur pour les enfants... mais parfois les jeunes ont des goûts différents de ces critiques littéraires, ce qui les amène bien entendu à remettre en question leurs propres choix de livres et de coups de cœur.


Et nous, quand nous écrivons nos textes, sommes-nous vraiment neutres face à cette réalité ?

Ou alors cherchons nous à anticiper des attentes de lecteurs orientées ? Comment choisir qui nous favorisons en particulier ? :\?
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: frenchwine le 24 janvier 2022 à 00:03:39
bon ^^ j'ai lu le sujet, un peu en travers les quelques commentaires...
question prostitution ^^ je peux écrire une histoire ^^ mais ce n'est pas le sujet, quelques souvenirs

l'intégrité de ce que l'on écrit, rien à dire de plus, ça plait, ça ne plait pas  ^^ que chacun garde son âme ^^ Seth saura vous juger.
Titre: Re : Re : Favoriser un lectorat
Posté par: Meilhac le 24 janvier 2022 à 21:53:44


l'intégrité de ce que l'on écrit, rien à dire de plus, ça plait, ça ne plait pas  ^^ que chacun garde son âme ^^ Seth saura vous juger.

ouais

c'est pas con, et en + c'est comme ça que, au moins, on se fait plaiz'

plaire à personne mais plaire à soi, somme toute c'est chouette

plaire à personne et ne pas se plaire à soi, là c'est fâcheux
Titre: Re : Favoriser un lectorat
Posté par: Opercule le 24 janvier 2022 à 22:37:40
Sans vouloir blesser mais si l’auteur n’a aucun égard pour les lecteurs… pourquoi le lecteur le lirait 😬
Titre: Re : Re : Re : Favoriser un lectorat
Posté par: frenchwine le 25 janvier 2022 à 17:08:20


l'intégrité de ce que l'on écrit, rien à dire de plus, ça plait, ça ne plait pas  ^^ que chacun garde son âme ^^ Seth saura vous juger.

ouais

c'est pas con, et en + c'est comme ça que, au moins, on se fait plaiz'

plaire à personne mais plaire à soi, somme toute c'est chouette

plaire à personne et ne pas se plaire à soi, là c'est fâcheux

^^ le plaisir de soi effectivement, mais il y aura toujours quelqu'un pour partager tes rêves de scribe, ne pas s 'aimer, ne pas aimer les autres, donc ne pas plaire ^^ là on devrait parler de traitement, quoique l'écriture, peut être une thérapie, cela dit ^^ il y a des limites à la lisibilité.
Titre: Re : Re : Favoriser un lectorat
Posté par: Meilhac le 25 janvier 2022 à 17:26:55
Sans vouloir blesser mais si l’auteur n’a aucun égard pour les lecteurs… pourquoi le lecteur le lirait 😬

ouais y a un moment où faut un peu se mettre à la place du lecteur

mais à mon avis ça vient dans un second temps. la priorité c'est de cultiver sa singularité - ne serait ce que pour avoir quelque chose à apporter (dire aux gens ce qu'ils savent déjà, c'est pas hyper intéressant :--))

bon après c'est un débat vieux comme l'histoire de l'art : si tu fais des choses convenues, les gens comprennent mais tu ne leur apportes pas grand chose ; si tu fais des choses ultra singulières

mais quand même : écrire pour quelqu'un, bonjour la pression : il est indispensable de prendre du plaisir et d'être fidèle à soi - ne serait-ce que pour pouvoir dire même si personne n'aime ce qu'on fait, qu'au moins on s'est fait plaiz'.

(jean-sébastien bach dit ça à un moment dans sa correspondance : en gros "si jamais ça plait à personne, tant pis, moi en tout cas je m'éclate"  :))