Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

18 avril 2024 à 03:05:53
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Masques

Auteur Sujet: Masques  (Lu 546 fois)

Hors ligne D.B

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Masques
« le: 23 mars 2020 à 23:23:11 »
Un nouveau stagiaire venait de faire son entrer dans notre cabinet et comme d'habitude les commérages allaient bon train ! Entre ces femmes célibataires qui s'imaginaient déjà une vie de famille , et de ces hommes jaloux de l'attention qu'il portait : C'est ma tranquillité que je risquais...

« Oh qu'il est beau Ludivine ! Tu as vu son sourire . Je suis sûr que c'est un homme respectable comme on en fait plus. Personne ne peut être si élégant tout en étant insolent, il me rappelle cet acteur qui... »

Ne voulant pas en entendre davantage, j'ai préférée claquer la porte. Tant de bêtise me donnait mal à la tête et je devais finir mon rapport au plus tôt. Je me demandais tout de même comment faisait-elle pour se faire une idée si précise de cet homme. Bien que son physique ne soit pas à envier, il n'en restait pas moins un inconnu. Elle devrait pourtant savoir que l'on a tous une sorte de masque à préserver. Notamment au travail. Il pourrait alors être un pédophile, qu'elle ne s'en douterait même pas, jeune crédule qu'elle est!

Soupirant devant tant de sottises je repris mon travail essayant de faire fi des bruits alentour. L'affaire que je menais était assez complexe en soi il me fallait donc toute ma concentration. Une jeune fille de treize ans se faisait harceler au collège sans que celui-ci ne réagisse. Les parents ont donc porté plainte proclamant que c'était inadmissible qu'un collège catholique aussi réputé soit aussi laxiste avec leurs propres étudiants.

Piqué au vif, l'établissement en question leur a expliqué que c'était un sacrilège pour eux, qu'une jeune fille de cet âge soit enceinte dans leur établissement. Cela allait à l'encontre de tous les principes qu'ils inculquaient aux enfants, et qu'il était donc compréhensible que ses camarades de classe réagissent de la sorte...
Devant ce discours pour le moins inquiétant et craignant pour leur fille, les parents l'ont bien entendue de suite retirer de l'école. Mais les faits étaient là : Personne n'avait réagi envers
cette petite. De plus d'après une récente visite chez un psychologue, on a pu déterminer l'ampleur des dégâts psychologiques infligés. En un mot elle était brisée. Brisée par tant de violence, tant de « salopes » crié à son encontre au détour d'un couloir. Par tant de coup infligé, par tant de haine qu'elle n'avait pas demandée...Ni méritée.

Le plus malheureux dans cette histoire, c'est que ses camarades, eux, ne savaient rien de l'ampleur de cette affaire. En effet cette jeune fille n'était pas une «  traînée » comme ils se plaisaient à le chanter. Mais juste la victime d'un acte que l'ont ne souhaite à personne. Le pire d'entre tous, celui d'un viol...

C'est lors de notre première rencontre, quand j'ai vu tous ces morceaux de ciels sur son corps. Toutes ces taches rouges sur son cou, que je ne put m'empêcher de me sentir mal pour elle. Pour cette jeune fille incomprise et persécutée par les autres, les ignorants... Cependant ces marques perverses étaient à l'antithèse même de ce sourire qu'elle m'a donné. Personne n'aurait pu deviner que sous ce sourire bien que factice, se cachait une jeune fille mise à terre par la vie...

De tout temps les masques souriants sont les plus dures à porter. Cependant de nos jours c'est celui qui est le plus conservé.

Perdu dans mes sombres pensées, c'est tardivement que je remarquais qu'il était déjà vingt heures passées. Ne voulant pas rater mon train je pressais alors mon pas vers la gare. Il y avait tellement de monde que ce fut compliqué d'y accéder sans me faire bousculer ou encore piétiner par des passants qui étaient évidemment tous plus aimables les uns que les autres...
C'est donc avec un certain soulagement que je m'assis sur un siège libre de la station. Un fait bien rare d'en trouver un en banlieue parisienne ! Par ailleurs beaucoup de gens étaient debout alors que les sièges à mes côtés étaient libres. Une attitude bien étrange pour des Parisiens quand on sait qu'ils sont capables de laisser une vieille dame debout au profit de leur confort... Cependant je surpris plusieurs regards à la dérober vers ma droite. Alors curieuse,malgré moi, je me retournai cherchant ainsi la cause de leur soudaine fuite. Et je l'ai vue, cette cause.

Mon voisin devait faire au moins un mètre quatre vingt, brun, assez robuste et carré d'épaule de ce que je peux distinguer sous son uniforme. Tout semblait dans les normes de la société si on exceptait son visage partiellement brûlé...
Je me retins alors une fois encore de soupirer devant tant d’imbécillité. De quoi avez-vous peur exactement ? Qu'il vous morde ? Ridicule. Cet homme à sans doute risquer sa vie au profit de la votre et c'est par vôtre mépris qu'il est remercié pour ses services...

De tout temps les masques impossibles à retirer sont les plus effrayants. Cependant de nos jours, c'est celui qui  cache les plus vaillants.


Vingt et une heures, le train arrive en gare. Je me lève d'un bond , pressé de rentrer chez moi et attend que les portes s'ouvrent. Une fois fait, je m'accroche à une barre et regarde autour de moi cherchant par réflexe un quelconque moyen de distraction.

« - Mathieu fait attention ! Reste accroché à moi et ne t'éloigne pas de maman ! Sous aucun prétexte !
- Maman, j'ai quatorze ans plus cinq, ne t'inquiète pas...
- On ne sait jamais ce qui peut arriver, je ne veux pas qu'il t'arrive malheur ! Allez maintenant tiens moi la main s'il te plaît ! »

Je me retournais vers la source de cette dispute, et comme beaucoup de passagers je ne pus m'empêcher de compatir pour ce petit homme. Les mauvaises langues diront que cette femme en fait trop. Mais peut-on en faire trop lorsqu'il s'agit de nos enfants ? Peut-être que les parents de cette même femme n'ont jamais été prévenants avec elle. N'ont jamais été affectueux ni même sensible à son bien-être. Ils ne lui ont sans doute jamais dit « je t'aime ».

De tout temps les masques peuvent servir à nous protéger du passée. Cependant de nos jours ils sont surtout là pour cacher nos plaies.

Vingt deux heures : arrivé en gare du train. Je descends avec d'autres passagers. La plupart ont le regard vide et je suppose que je renvoie ce même regard. Morne et plat. On ne souhaite qu'une seule chose, rentrez chez nous...

«Alors chérie, ta journée ? Elle s'est bien passée ?»

Je me retourne vers mon fiancé en train de préparer à manger. Que lui dire franchement ? Que je suis fatiguée et désespérée de la nature humaine ? Que je pense sincèrement être en train de tombée en dépression car j'ai l'impression que Paris devient mon seul point d'horizon ? Impossible...
Je soupire donc et reprit mon sourire aimable.

« Très bien et toi ? »

Nous portons tous un masque...


« Modifié: 23 mars 2020 à 23:26:25 par D.B »
Petite on m'a dit que la Terre était ronde. Aujourd'hui je peux affirmer qu'elle est mourante...

Hors ligne Olga Riderna

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  • LaPtiteSourie.. qui écrit au stylo plume.
Re : Masques
« Réponse #1 le: 24 mars 2020 à 10:20:00 »
Bonjour à toi D.B,

J'ai bien apprécié cette lecture.  Ton texte fait réfléchir, les sujets sont intéressants et bien abordés les uns après les autres, sa construction me paraît correcte. Les affirmations en italiques sont bien pensées.

Par conséquent, je vais plutôt me concentrer sur la forme que sur le fond !


Pour commencer, j'ai remarqué un sacré mélange des temps dans ton récit ; tu utilises à la fois du passé simple, du passé composé et de l'imparfait. Je ne suis pas sûre que ce soit volontaire de ta part. On dit souvent que, dans un récit au passé, l'emploie de l'imparfait sert à la description, met en place le contexte, etc... et que pour l'action, le passé simple est préférable.
Bon, pour faire plus simple, dans ton second paragraphe, par exemple :
Ne voulant pas en entendre davantage, j'ai préférée claquer la porte. Tant de bêtise me donnait mal à la tête et je devais finir mon rapport au plus tôt. Je me demandais tout de même comment faisait-elle pour se faire une idée si précise de cet homme.
Là, l'utilisation du passé composé ne me paraît pas nécessaire.. Pourquoi ne pas mettre "je préférai" ? À toi de voir !
Complètement autre chose : concernant la deuxième phrase, je me demande si "comment elle faisait" ne semblerait pas plus logique étant donné que la question que se pose ton personnage est déformée pour devenir un constat, une affirmation...
Je ne sais pas si ma pensée est très claire (j'en suis désolée !), et je ne suis pas non plus sûre de moi sur ce coup là !

ces morceaux de ciels sur son corps
J'aime beaucoup cette métaphore. Elle est très originale.

Je ne put m'empêcher de me sentir mal pour elle
Je n'ai pas pu m'empêcher de la remarquer ; je parierais sur une erreur d'inattention !

De tout temps les masques impossibles à retirer sont les plus effrayants. Cependant de nos jours, c'est celui qui  cache les plus vaillants.


Vingt et une heures, le train arrive en gare. Je me lève d'un bond , pressé de rentrer chez moi et attend que les portes s'ouvrent. Une fois fait, je m'accroche à une barre et regarde autour de moi cherchant par réflexe un quelconque moyen de distraction.

Est-ce volontaire le fait que les phrases (que j'ai mises en gras) soient en italiques ?


Dernier point conjugaison :
Je me retourne vers mon fiancé en train de préparer à manger. Que lui dire franchement ? Que je suis fatiguée et désespérée de la nature humaine ? Que je pense sincèrement être en train de tombée en dépression car j'ai l'impression que Paris devient mon seul point d'horizon ? Impossible...
Je soupire donc et reprit mon sourire aimable.
Ici, le mélange du présent et du passé simple est étrange ; si tu choisis d'écrire ton dernier paragraphe au présent, il te faudrait peut-être remplacer "repris" par "reprends".   Ou alors, tout mettre au passé simple..   Enfin, bref !

Il y a d'autres petites choses mais je préfère m'arrêter là, je voudrais voir l'avis des autres !

Merci pour cette intéressante lecture, en espérant avoir été un peu utile.

À la prochaine !
« Mon cœur est fait comme celui de tout le monde. De quoi le vôtre s'avise-t-il de n'être fait comme celui de personne ?

Je vous dis que, si elle osait, elle m'appellerait une originale. »              Marivaux

Hors ligne D.B

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Re : Masques
« Réponse #2 le: 24 mars 2020 à 11:37:12 »
Merci pour votre avis, oui j'ai tendance à mélanger ces deux temps ce n'est pas forcément volontaire, j'écris juste comme je pense c'est-à-dire au fil de l'eau.
Pour les phrases en italiques, ce n'est pas volontaire je ne suis juste pas très douée pour la mise en page sur ce site !
Merci encore pour votre avis, j'en prend note et j'espère que le fond moins que la forme vous a marqué ou du moins j'espère que vous avez apprécié la lecture.
Merci encore  :noange:
Petite on m'a dit que la Terre était ronde. Aujourd'hui je peux affirmer qu'elle est mourante...

Hors ligne seraphinpoudrier

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Re : Masques
« Réponse #3 le: 30 mars 2020 à 18:53:54 »
Bonjour D.B!

Félicitations pour ce beau texte! Il fait déjà quelques jours qu’il est affiché, mais je vois qu’il n’y a pas trop de commentaires, donc je m’y mets.
J’ai beaucoup aimé ton style d'écriture – elle est élégante et variée, mais claire et lisible. Le thème des masques est très intéressant et bien présenté, et j’ai apprécié les portions en italiques.

Tu as très bien représenté les reactions de la narratrice face à la cruauté des gens. Par contre, je n’ai pas pu me former une impression de sa personnalité. Je pense que si elle était un peu plus développée en tant que personne, il serait plus facile de s’identifier à elle et partager ses émotions. Présentement, je vois que ses propos sont valides, mais j’apprécie le texte surtout de façon intellectuelle. Je ne pense pas qu'une exploration détaillée de son caractère serait nécessaire pour ton histoire - parfois il suffit d’ajouter quelques détails ordinaires mais spécifiques au personnage pour lui rendre un peu d’individualité. (Elle écoute des podcasts pour mieux se concentrer, elle prend son café très sucré, etc.)

Finalement, j'avais quelques commentaires sur la section suivante:

Citer
C'est lors de notre première rencontre, quand j'ai vu tous ces morceaux de ciels sur son corps. Toutes ces taches rouges sur son cou, que je ne put m'empêcher de me sentir mal pour elle. Pour cette jeune fille incomprise et persécutée par les autres, les ignorants... Cependant ces marques perverses étaient à l'antithèse même de ce sourire qu'elle m'a donné. Personne n'aurait pu deviner que sous ce sourire bien que factice, se cachait une jeune fille mise à terre par la vie...

J'aime beaucoup le début, surtout l'image des 'morceaux de ciels'. Par contre, tu pourrais trouver une façon plus concrète pour décrire le chagrin de la narratrice. D'ailleurs, les deux dernières phrases pourraient être simplifiées pour éviter de tout expliquer au lecteur. Par exemple:

"Lors de notre première rencontre, quand j'ai vu tous ces morceaux de ciels sur son corps, toutes ces taches rouges sur son cou, mon coeur se serra pour elle. Pour cette jeune fille incomprise et persécutée. Mais elle me fit un joli sourire, l'antithèse même de ces marques perverses sur son corps. Elle me sourit et me raconta qu'elle allait très bien maintenant, merci..."

(Ceci est juste un exemple pour démontrer l'effet des changements, mais je ne veux pas suggérer que cette formulation spécifique est "idéale".)

Merci encore une fois d'avoir partagé ton texte! J'espère que mes commentaires pourront t'aider. N'hésite pas à poser des questions s'il y a des aspects qui ne sont pas clairs.  :)

 


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