Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

19 avril 2024 à 08:29:38
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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Et merde... [Contenu Explicite]

Auteur Sujet: Et merde... [Contenu Explicite]  (Lu 4577 fois)

Aahraz

  • Invité
Et merde... [Contenu Explicite]
« le: 08 mai 2014 à 22:06:09 »
Et merde...
Le bus

Les néons blafards dispensent égoïstement leur lumière bleutée sur les sièges gras. Tandis que la porte se ferme, je marmonne un "b'jour" terne au conducteur, clôturant l'entrée des quatre gamins qui me précèdent. Comme d'habitude, nous partageons cet ogre à roues qui engloutit, compresse et recrache les gens sur l'asphalte des rues endormies.

Ce matin, j'ai la tête dans le cul et une irrépressible envie de sang sur les murs.

J'habite une petite ville de campagne où l'on m'a placé suite à de nombreux déboires et autres dérapages en ville, pour me permettre de rebondir et de repartir du bon pied. J'y endosse le rôle de paria, habitant un des trois logements sociaux qui permettent à la municipalité de ne pas payer plein-pot les amendes propres aux villes désireuses de garder la précarité, la tripaille et la fripouille loin de ses artères embourgeoisées. Mon quotidien de citadin pur est devenu pénible : un aller retour pour aller bosser à quelques kilomètres de là qui me prend deux heures, correspondances comprises.
J'ai appris à m'enfermer dans ma capuche, elle-même élargie par ma casquette. Elles me permettent de ne pas fusiller les badauds d'un regard reflétant le seul rêve qu'il me reste, même quand je me perche la gueule au plus haut des cieux : tout cramer. Incendier les gens, leurs idées nauséabondes, la sueur dégueulasse. Brûler au cocktail molotov le profit, la peur, et l'immobilisme. La routine qu'on sent refouler de leurs vies passives, subies. Qui plus est, je suis en desh, et ça me rend toujours nerveux. Le manque laisse toujours beaucoup plus de place au démon qui a détruit mon adolescence, ma famille, ma vie, même, et avec qui je partage mon corps.

Au loin, l'horizon baille enfin, et l'on perçoit, tout au fond, une fine lueur orangée qui dévore la nuit de ses dents invisibles. Il est six heures trente, et je pose un cul sur mon siège, en bazardant mon sac d'un geste désinvolte. Les quatre gamins, comme à leur habitude, vont s'installer dans le fond et s'éparpillent dans des sujets de discussion aussi divers que vaseux. Parmi eux, deux gosses tiennent plus des coqs que de l'humain : ils caquètent et pavanent fièrement - et c'est un euphémisme.

J'en connais un, seize ans au mieux, que j'ai croisé le premier jour où j'ai pris ce foutu bus. J'ignore si ce sont les cicatrices qui me traversent la gueule depuis la préadolescence, le chien qui m'accompagne ou l'aura malveillante qui se dégage de mes nerfs quotidiennement, mais il a voulu me parler. Ses manières m'évoquaient un ballet amateur dont les danseuses se seraient vautrées comme des merdes au beau milieu de la scène sous les yeux d'un public médusé. Il a essayé de sympathiser, du moins, d'établir un contact. Mais je ne parle pas aux marionnettes.
Ta révolte, ta méchanceté sonnent faux, garçon. T'as beau cracher par terre entre tes deux dents de devant, t'as beau t'asseoir en mettant les pieds sur les sièges et parler de bédo et de meuge, mais t'es qu'un guignol, et tu devrais pas te laisser influencer par toutes ces petites merdes qu'on voit se la jouer à la télé avant de partir demander à leurs agents quelle sera la prochaine manœuvre people qui les rendra populaires – en passant par le bad buzz s'il le faut.

Une des gamines qui les accompagne, dix-huit ans tout au plus, m'a demandé une clope avant de monter dans le bus.
Tes parents ne manquent de rien, bien au contraire, alors t'évites de te la jouer rebelle, et justement, on sent poindre en toi ce petit sentiment de liberté qui consiste, simplement et à son apogée, à fumer un peu. Bien loin de ces coqs, autour de toi, qui s'évertuent à exhiber leurs redbull dès le matin, à faire genre de dealer des zedous, et à tchatcher à l'ensemble du bus plus qu'à toi-même, pour pavaner, ceintures de luxe exhibées et regards méchants adressés aux pauvres travailleurs qui n'ont jamais rien demandé – et qui baissent les yeux, en plus.

Et ce matin, ils sont bien en forme. Même la tête dans mon livre (qui ne manque pas de faire sourciller les quelques connards qui trouvent étonnant de voir un ravagé comme moi sortir un bouquin aussi tôt dans la journée), j'entends la putain de conversation. D'une voix nasillarde, qui se veut méchante et sèche, le pire d'entre eux, celui avec le jogging gris et la casquette tout juste vissée sur la tête pour préserver une coiffure ridicule, celui qui lance des pics à qui le veut et qui marche comme un funambule, s'y met :
« Ouais, gros, le reggea sun ska, va y avoir Shaggy, cette année ! Alors on va y aller, mon pote habite sur le nouveau site, on n'a même pas à payer. On pourra tout voir du balcon, et même descendre directement, on pourra passer de l'alcool en bouteille et bicrave du bédo pour se faire des lovés, t'as vu. »
Son suiveur, faible et à la voix encore plus nasillarde, répond :
« Ptin abusé, faut trop que je prenne mes places, j'ai jamais fait ce festival.
— Pff, t'es un bizut, mon gars, c'est complet, y'a plus de places dispos depuis longtemps !»

D'abord, et sans préciser à mon aimable lecteur que c'est parfaitement faux puisque j'ai moi-même acheté ma place la veille, il faut que je m'épanche ici sur ce festival. Un rassemblement sur trois jours qui s'est monté dans le Médoc, au beau milieu des vignes où il ne dérangeait personne : on y venait en camion, en train, pour voir de petits artistes -qui devinrent star au fil des années – et faire la fête dans la tolérance, la liberté - de défonce et de corps - et la joie. Tous auréolés de sourires qu'on ne croise guère plus dans nos quotidiens moroses de citadins opprimés. De fil en aiguille, le festival a gagné en popularité, s'attirant les groupes mainstream et les connards pollueurs, les petites stridentes habillées en Gucci, et un paquet de petit bâtards qui n'avaient rien à foutre là.
Face à l'engouement du public et aux dangers d'une telle installation sauvage, suite à l'intervention de la magnifique préfecture Bordelaise et du pôle culturel régional, le festival se passe maintenant à dix minutes de Bordeaux, entre des tours, le béton et la rocade qui permet aux flics de contrôler l'ensemble des véhicules et d'adapter le flux routier façon stade de France. Outre le fait qu'on ait complètement perdu l'esprit du concept et que les organisateurs aient tendu leurs culs à la préfecture en se faisant offrir une vaseline de luxe, c'est pas si grave : les blaireaux iront devant la scène pour hululer avec Tryo tandis que je me percherai, bien tranquille avec mes pairs, devant les 45KW de son qu'il reste de l'ancien festival, à fond de Dub.
Mais entendre un marmot de seize ans fantasmer sur de potentiels bénéfices malhonnêtes en squattant un festival mort et enterré, ça m'a déjà foutu en rage.
Si tu peux parler de plaquettes, de deal et de baston le plus fort possible, c'est encore mieux, hein ?

Je me suis replongé dans mon bouquin.

Une autre phrase assortie d'un rire forcé me sort la tête des mots, quelques minutes plus tard :
« Dans ma classe y'a une lesbienne. Elles sont carrément pires que nous, les brouteuses, en fait. Toute la journée elle se retourne sur des culs en les commentant. Au début c'était drôle, mais là, elle commence à nous prendre la tête. Alors, hier, avec mon srab, on lui a dit, comme ça : "hey, ferme ta gueule, bouffone, et retourne bouffer des schneks !" »
La petite danseuse de ballet qui l'accompagne explose de rire. Les deux autres gamines sourient, un peu comme pour dire qu'elles sont désolées, qu'elles s'en tapent mais qu'il faut bien réagir aux cocoricos de la bite esseulée qui essaye d'attirer leur attention. Il enfonce le clou, d'ailleurs :
« C'est comme l'autre pédé, là. Bon, il est dans notre classe, alors, obligé, on le tolère, mais putain, paye tes manières. Faut croire que les mecs ont une énorme tare génétique, qu'on les a fini à la pisse : y'en a pas un seul qui serait foutu de garder ses poils et un peu de testostérone pour se battre, vieux. C'est abusé, quoi, d'être entouré d'autant de petites putes. »

Un flottement. Mes dents se serrent.
Et merde, et merde, et merde.
Je me suis retourné et j'ai fixé ce petit con avec mes yeux gelés. Mon livre s'est rangé dans mon sac. Mes jambes se sont dépliées, et mon mètre quatre-vingt-treize est déjà debout. Et merde, et merde, et merde. Les poings serrés, mon corps s'avance vers le fond du bus, froidement. Nos yeux se croisent encore, et, cette fois, il me fixe. De pas en pas, les secondes s'écoulent lentement, comme si tout devenait slow-motion, décuplant les capacités d'analyse et de réflexion. Deux tiers de haine, un autre d'adrénaline, c'est un cocktail de sniper oculaire.
Il a essayé de soutenir mon regard, mais, comme un petit ballon de baudruche qui crève après avoir tenté en vain de rebondir, il a perdu ce jeu du duel qu'ils chérissent tant avec les quadragénaires et les mamies du coin. Son regard s'est rabattu sur sa petite danseuse, en face, pour repartir dans une conversation.
Bien qu'un léger malaise se soit installé dans l'ensemble du bus -les gens eux-mêmes semblaient outrés par de tels propos-, il croit encore que je vais me présenter devant la porte afin de descendre.
Avec un peu d'intelligence, gamin, t'aurais vu que j'ai pas demandé l'arrêt. T'aurais vu que je te fixais droit, et que, merde, merde, merde, mon but était de m'asseoir à côté de toi en dégageant tes putains de pied du siège où des gens poseront à leur tour un cul quand tu seras descendu.

C'est quand je me suis assis qu'on a retrouvé le silence. La gamine taxeuse de clope me regarde, médusée. La danseuse se pose pas mal de questions. L'autre garde le silence.
Et le petit homophobe criard tasse ses épaules et on sent un flottement, léger, comme le calme avant la tempête.
C'est un moment légèrement surréaliste qui mériterait d'être gardé en photo, ne serait-ce que pour une conférence sur "Quand les apparences s'effondrent devant l'implacable réalité".

Mon bras s'est élancé et entoure maintenant le cou de la prétendue racaille qui pavanait quelques instants auparavant.
 « Alors, homophobe-boy, on se trémousse en exhibant sa connerie à voix haute à l'ensemble du bus? J'ai jamais aimé l'homophobie... »
Sur un ton légèrement angoissé, il essaye de garder un semblant d'aplomb :
« Quoi ? T'as que ça à branler d'écouter ce que les gens disent dans le bus entre eux ? Qu'est-ce que ça peut te foutre, hein ? Tu veux pas retourner lire tes mots?
— C'est pas entre vous, ta putain de discussion. C'est quoi, le but ? De faire croire aux gens que t'es un déglingo, en balançant des insanités dignes du moyen-âge dans un foutu lieu public ?
— Waaah, qu'il répond en rigolant avec sa danseuse. Ca y est, j'suis tombé sur Zorro, avec sa veste défoncée et sa capuche noire, le justicier camé, le défenseur des opprimés et des petits pédés.
— T'y es pas encore tout à fait, espèce de petite enflure à deux balles. Je suis pansexuel. »

Toute sa contenance s'effondre. On sent, pour une fois, deux ou trois connexions neuronales qui vont plus loin que d'habitude. Un flottement, plus lourd cette fois, une sorte de réflexion sur les clichés, sur l'oppression sociale, l'échelle de Kinsley. Sur l'image, la pansexualité, les stéréotypes, la télévision. Tout ça se confronte tout à coup, pour aboutir sur un semblant de conclusion :
« Je... Ehu... Je... C'est pas ce que je voulais dire, m'sieur. Enfin, c'est pas comme ça que je voulais le dire, je me suis mal....»
Ah putain, en plus t'assumes même pas. Des homophobes, des petits racistes, de vieux capitalistes décomplexés, j'en ai croisé un paquet. La plupart, même devant les énormes failles de leurs raisonnements, tiennent front. Ils essayent d'avoir des couilles. Toi, c'est encore pire : tu te dégonfles.

Dans un dernier "et merde", mon bras s'est serré autour de son petit cou maigre et l'a empoigné vers mon épaule. Le reste est flou. Deux trois patates en fixant sa tête d'une empoigne forte, pour éviter le recul. Arcade, joue et tempe.
La petite danseuse est figée. Guignol est bloqué, et marmonne, sans même se débattre, sous mon aisselle. La troisième gamine semble légèrement choquée.
C'est la taxeuse de clopes qui réagit : « Hey ! Putain mais t'es malade, lâche-le ! »
T'es trop gentille, gamine. Vu ta gueule quelques secondes auparavant, t'es aussi consciente que moi de la leçon qu'il faut à ce pauvre gosse sans cervelle. T'es trop gentille, ou conne, souvent ça va de pair.

Le bus, lui, semble inerte. Bien sûr, les gens se sont retournés, bien sûr, mais personne ne bouge. Certains semblent même me soutenir, ou du moins apprécier l'instant. La plupart, en voyant le peu de sang qui coule de l'arcade du petit pisseux, s'intéresse soudainement à l'architecture urbaine et à la disposition régulière des lampadaires sur les trottoirs.
« Arrachez-vous d'ici. On prend le même bus tous les matins. Demain, rien ne se sera passé, vous fermerez vos gueules ou vous parlerez du beau temps. La prochaine fois que je te vois l'ouvrir et parler comme un paysan du moyen-âge, je t'arrache les yeux, les bras et les jambes sans hésiter une seconde, avec mon petit corps de pédé et le peu de testos qui viennent de t'ouvrir l'arcade. Arrachez-vous d'ici, marchez jusqu'à votre tram, ça va vous faire réfléchir. »

La danseuse s'est levée en première. La gamine silencieuse d'à côté la suit, puis c'est le tour du guignol légèrement ensanglanté. La seule qui - passez moi l'expression - semble avoir des couilles, c'est la plus aimable, celle qui m'a taxé une clope en disant "Monsieur s'il vous plait". Elle, elle me regarde vite fait et me dit, à raison, que je suis un gros taré. L'arrêt suivant vient enfin, et le joyeux petit groupe descend sans demander son reste.

Un flottement, encore. On entend le moteur qui ronronne, puis qui s'emballe. Dans le rétro de l'allée du bus, je vois le conducteur, aux cheveux longs, et au bras tatoué. Il semble avoir un sourire en coin. Au dessus trône la caméra de surveillance, vicieuse et sournoise. Tant pis : si flics ou sécurité il y a, je leur expliquerais. Au pire, je prendrai un autre avertissement et j'en parlerai à mon assistante sociale, où lors d'une de mes visites forcées au Centre-Médico-Psychologique. Je suis le fou vengeur. Je suis celui qui refuse d'être confronté à l'intolérance, à la bêtise, à la fierté et à la frime.

Puis, au beau milieu du bus, un mec se lève sans demander l'arrêt. Il vient s'asseoir à côté de moi en me fixant tout au long de sa démarche. Son bras se pose autour de mon cou, et, froidement, depuis son corps massif et ses mains énormes : 
« Alors, psycho-boy, on décharge sa rage sur de pauvres gamins ? J'ai jamais aimé la violence, mais j'en connais un rayon... »
Et merde, et merde, et merde...
« Modifié: 21 décembre 2015 à 16:04:07 par Psykokwak »

Donaldo75

  • Invité
Re : [Contenu Explicite]Et merde...
« Réponse #1 le: 09 mai 2014 à 15:14:10 »
Excellent ! Le climat, le personnage principal, la chute tout y est.
J'ai beaucoup aimé la critique sociale, à travers ce marginal qui a une conscience et de l'intelligence.
Le style est très réussi et l'affrontement est bien amené, progressivement.
Pas de morale inutile.
C'est super, mon cher Aahraz,
Bravo.
Donald

Hors ligne Malo_o

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Re : [Contenu Explicite]Et merde...
« Réponse #2 le: 09 mai 2014 à 19:48:36 »
Même avis que Donaldo. Très bon texte, avec cette ambiance glauque et froide qui rend super bien.
Citer
J'ai beaucoup aimé la critique sociale, à travers ce marginal qui a une conscience et de l'intelligence.
De la conscience, de l'intelligence, c'est bien, et j'ai approuvé le personnage principal jusqu'a ce qu'il se mette à défoncer la tête du gamin. Ce type est pas juste un mec avec un peu de couilles, c'est vraiment un taré. Et c'est ça, avec la chute, qui donne l'originalité qu'il manquait peut-être au début de ton texte, et qui ôte ce défaut principal qui commençais à se démarquer. La chute est excellente, un brin comique même, et ça contraste bien avec l'ambiance glauque et figée du reste du texte.

P.S : au fait, Aahraz, "il le va son mètre quatre-vingt-treize", c'est pas toi qui répète ça à longueur de journée sur la convo Skype ? XD
« Modifié: 09 mai 2014 à 19:50:07 par Malo_o »
That's when you know you've found somebody really special: you can just shut the fuck up for a minute and comfortably share silence.
— Pulp Fiction

Aahraz

  • Invité
Re : [Contenu Explicite]Et merde...
« Réponse #3 le: 10 mai 2014 à 20:35:25 »
Yo, merci Donaldo pour ton retour, c'est cool ;)

Yop, malo_o, merci aussi ! Oui, au bout d'un moment, je me doute qu'on se retrouve un peu sur un "pathos", du fait que c'est un gros sociopathe qui parle. D'où la chute, oui, pour rappeler clairement la réalité et le rapport à la force, la violence.

Citer
P.S : au fait, Aahraz, "il le va son mètre quatre-vingt-treize", c'est pas toi qui répète ça à longueur de journée sur la convo Skype ? XD
Non, tu as du lire la phrase quand j'ai demandé des avis pour remplacer un ignoble "je levais mes 1m93, ou 1,93m", fin, j'ai demandé une fois, quoi, et une proposition parfaite est arrivée dans la foulée .

Fin merci encore à vous deux !
« Modifié: 11 mai 2014 à 02:55:52 par Aahraz »

Hors ligne Milla

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Re : [Contenu Explicite]Et merde...
« Réponse #4 le: 19 mai 2014 à 13:52:20 »
Salut Aahraz !

d'abord au fil du texte :

Citer
Bruler au cocktail molotov le profit, la peur, et l'immobilisme
brûler

Citer
La routine qu'on sent refouler de leurs vies passives, subies, même protégé par du Subu.
je capte pas le sens de cette phrase, c'est le lecteur qui est protégé par du subutex ? et ça le protège de quoi ?

Citer
Le manque laisse toujours beaucoup plus de place au démon qui a détruit mon adolescence, ma famille, ma vie, même, et avec qui je partage mon corps.
l'image est très réussie

Citer
Au loin, l'horizon baille enfin, et l'on perçoit, tout au fond, une fine lueur orangée qui dévore la nuit de ses dents invisibles.
:coeur: :coeur:

Citer
Les quatre gamins, comme à leur habitude, vont s'installer dans le fond et s'éparpilllent dans des sujets de discussion aussi vaseux que diverses.
divers + ton éparpillent a trois "l"

Citer
Ses manières m'évoquaient une mauvaise symphonie, comme un ballet amateur dont les danseuses se seraient vautrées comme des merdes au beau milieu de la scène sous les yeux d'un public médusé.
:mrgreen: ,  toutefois il me semble qu'il faut choisir entre la symphonie ou le ballet, ce n'est pas la même image je crois

Citer
D'une voix nasillarde, qui se veut méchante et sèche, le pire d'entre eux, celui avec le jogging gris et la casquette tout juste visée sur la tête
vissée ? sinon je vois pas trop

Citer
Elle, elle me regarde vite fait et me dit, à raison, que je suis un gros taré.
:mrgreen: j'aime cette conscience de sa propre folie  :mrgreen:

Citer
Son bras se pose autour de mon cou, et, froidement, depuis son corps massif et ses bras énormes : 
« Alors, psycho-boy, on décharge sa violence sur de pauvres gamins ? J'ai jamais aimé la violence, mais j'en connais un rayon... »
Et merde, et merde, et merde...
excellent !!!!!  :mrgreen: :coeur:


Pfff ! Aahraz t'es un tueur !! Comme d'hab le style est impeccable, fluide, prenant, imagé, avec suffisamment de touche perso pour sortir du lot...
Le scénar est rythmé, blindé de réflexions pertinentes. Perso crédibles, dialogues excellents dans le ton comme dans le vocabulaire...
Primo tu donnes l'occasion à une lectrice comme moi de cogner sur un discours répugnant, alors que je déteste la violence et l'exécrerait en dehors de la fiction. Secondo, tu remets en cause le principe de violence dans une chute du tonnerre...

bref,  :coeur: :coeur:

@ + !

Milla

alexis17

  • Invité
Re : [Contenu Explicite]Et merde...
« Réponse #5 le: 20 mai 2014 à 09:47:50 »
Salut,
J'adore ton texte. On retrouve bien le sentiment de rage qui monte progressivement et les passages en italiques sont vraiment savoureux. Je n'ai pas grand-chose à dire de plus parce que ton texte est très bien mené, il ne se jette pas dans une morale bidon et ne retombe pas sur une fin bateau mais se contente de laisser aller, de faire comme il faut.
Je ne suis peut-être pas clair mais, en tout cas, j'ai adoré ce rythme béton et soutenu qui convient parfaitement avec le ton.

Aahraz

  • Invité
Re : [Contenu Explicite]Et merde...
« Réponse #6 le: 21 mai 2014 à 18:47:01 »
Bon, bah euh  :-[

J'ai corrigé selon tes remarques, milla, merci beaucoup et content que ça te plaise,

De même pour Alexis17, merci pour avoir laissé une trace de ton passage !

J'ai écris ça sur un gros coup de tête défouloir, y'aurait peut-être un paquet de trucs à reprendre,
je ferais surement une V2 plus étoffée ce soir (genre le festival et d'autres trucs sonnent creux une semaine plus tard... Je devrais vraiment écouter ernya et laisser vieillir mes textes quelques semaines pour mieux les reprendre...).

Fin merci pour votre gentillesse !

Hors ligne Rémi

  • ex RémiDeLille
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Re : [Contenu Explicite]Et merde...
« Réponse #7 le: 27 août 2014 à 00:56:59 »
Excellent ça ! ça décape bien !
C'est super vivant, j'adore les pensées en italique, ça fait bien monter la sauce.
La fin m'a surpris, même si à la réflexion elle est classique. Mais ça l'a bien fait.
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

Je n'ai rien relevé à la lecture qui choque, pas de coquille.

L'ambiance est vraiment prenante et les persos palpables. J'aime bien aussi ton choix de narration et la progression du scénar.

Heu, sinon...
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


C'était un bon moment, merci,
Rémi
Le paysage de mes jours semble se composer, comme les régions de montagne, de matériaux divers entassés pêle-mêle. J'y rencontre ma nature, déjà composite, formée en parties égales d'instinct et de culture. Çà et là, affleurent les granits de l'inévitable ; partout les éboulements du hasard. M.Your.

Aahraz

  • Invité
Re : Et merde... [Contenu Explicite]
« Réponse #8 le: 27 août 2014 à 11:07:35 »
Merci pour ton assiduité, RdL, c'est cool ;) J'ai retouché quelques maladresses et lourdeurs, mais en fait, je ne peux pas trop cuter l'histoire du festival : c'est ce qui montre bien la différence de "milieu" et de "valeurs" entre le narrateur (qui parait agressif mais qui ne cherche qu'à fuir une sorte d'oppression sociale) et le personnage secondaire (qui cherche à grimper et à paraitre le plus possible, en profitant des opportunités et des apparences, donc qui se voit agressif sans être capable de l'être réellement).

Il m'est arrivé une autre histoire de ce genre (rassurez-vous, hein, ce n'est pas ma réalité, j'amplifie pas mal de choses et j'en fais des traits grossis : quand j'étais petit j'étais un peu mytho, maintenant j'écris  :mrgreen: ) que certains ont pu certainement voir un peu en spoil sur le défouloir, et je suis en train de faire un second volet à ce texte, avec, cette fois-ci, le même genre de pseudo-racaille.
Sauf que celle-là parlait plus facilement de couteau et s'approchait plus de mon âge. Le truc encore pire.

Bref, siyousoun par là ;)

Quichette

  • Invité
Re : Et merde... [Contenu Explicite]
« Réponse #9 le: 27 août 2014 à 18:40:52 »
Bonsoir !

Je suis fraichement débarquée sur ce forum et, bien que j'ai lu plusieurs textes déjà, j'ai franchement envie d'apporter mon modeste commentaire sur celui-ci.

Il est juste excellent  :mrgreen:

Vraiment, j'adore. Tant au niveau du contenu que de l'écriture, c'est perfect. Le passage qui m'a fait grandement fait sourire, pour visualiser des évènements liés à mon propore vécu, c'est celui-là ;

et que les organisateurs aient tendu leurs culs à la préfecture en se faisant offrir une vaseline de luxe

Enfin voilà voilà, rien de bien constructif à t'apporter, simplement un petit compliment ^^

Hors ligne Champdefaye

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    • Le Journal des Coutheillas
Re : Et merde... [Contenu Explicite]
« Réponse #10 le: 28 août 2014 à 16:09:31 »
Superbe texte, méchant style et style méchant, magnifiquement furieux.
Je ne regrette qu'une chose: la fin qui ajoute une touche morale qui affaiblit un peu la force du texte. J'ai cherché, mais je n'ai pas trouvé d'autre fin. Elle s'imposait sans doute irréfutablement.

Hors ligne Poupi

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  • Messages: 87
Re : Et merde... [Contenu Explicite]
« Réponse #11 le: 28 août 2014 à 16:49:04 »
Salut,
j'accomplis mon devoir d'être civilisé par-delà de mon égoïsme monstrueux.

Je trouve que ton style est très réussi, à l'exception des dialogues, qui essayent de faire oral sans y arriver (paradoxalement, la narration réussi mieux à faire oral que les dialogues !).
Genre, "homophobe-boy", ça m'a fait tiquer. De même que "insanités dignes du moyen-âge".

Par ailleurs, en dépit du style qui est très bon, je n'ai finalement pas accroché au personnage. J'aurais pu, mais c'est justement son combat de "Zorro" qui m'en a empêché. Tout simplement parce qu'une grande puissance de révolte au service d'une cause aussi entendue, aussi consensuelle que la lutte contre l'intolérance, je trouve que ça fait ploutch.
Comprends moi bien : c'est bien de lutter contre l'intolérance. Et je ne dis pas que le personnage n'est pas crédible (il y a vraiment des gens très révoltés qui se consacrent à ces causes "consensuelles), je ne dis que sa cause ne dérange pas, que le lecteur est obligé de la reconnaître comme juste. Cela contraste beaucoup avec le style qui est potentiellement beaucoup plus dérangeant ; mais cette subversion reste potentielle parce qu'elle n'est pas assez servie par le fond.

Ta musique me fournit un bon exemple de comparaison : dans "Fight Club", non seulement le style du film est abrupt, dérangeant, mais la cause poursuivie par Tyler Gordon est carrément loin d'être consensuelle, le spectateur n'est pas a priori obligé de la trouver juste. Du coup le personnage est aussi dérangeant que le style, est le film en tire beaucoup de puissance. C'est cette puissance qu'on trouve à l'état potentiel mais à mon sens pas accompli dans ton texte.

J'ajoute qu'étant quelqu'un de très désagréable, je fais des tartines sur les défauts que je trouve à ton texte, mais que cela n'efface en rien ses indéniables qualités stylistiques que d'autres ont relevées. :)


Poupi
« Modifié: 28 août 2014 à 17:13:52 par Poupi »
Hypocrite lecteur -mon semblable -mon frère !

Aahraz

  • Invité
Re : Et merde... [Contenu Explicite]
« Réponse #12 le: 29 août 2014 à 11:49:42 »
Citer
Salut,
j'accomplis mon devoir d'être civilisé par-delà de mon égoïsme monstrueux.
Yo, c'est tout à ton honneur ;) J'attends ton texte pour te filer mon feedback.

Citer
Je trouve que ton style est très réussi, à l'exception des dialogues, qui essayent de faire oral sans y arriver (paradoxalement, la narration réussi mieux à faire oral que les dialogues !).
Merci, oui, clairement, le dialogue entre les deux marmots est raté, j'essaye de lui donner une sorte de "lecture littéraire" possible en gardant le ton et les termes de ces deux gugusses, et en effet, c'est la verrue du texte. Ca passe pas, et j'ai pas trop de moyen de le présenter autrement : c'est cette forme orale qui me rend fou, du coup c'est nécessaire pour la montée de pression du narrateur. Ou faut que je le déguise mieux. On verra.

 
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Genre, "homophobe-boy", ça m'a fait tiquer. De même que "insanités dignes du moyen-âge".
Homophobe-boy, c'est justement un clin d'oeil à Fight Club (le bouquin, hein), où tyler interpelle de nombreuses fois le narrateur sous cette formule : "alors, psycho-boy", que je remets à la fin d'ailleurs. Pour les "insanités" digne du moyen-âge, en effet, ça rentre pas trop dans le parlé du narrateur qui est lui même plutôt vulgaire. C'est surtout le fond, en fait, qu'il critique avant la forme. Je vais retoucher ces passages selon tes retours, clairement.

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Par ailleurs, en dépit du style qui est très bon, je n'ai finalement pas accroché au personnage. J'aurais pu, mais c'est justement son combat de "Zorro" qui m'en a empêché. Tout simplement parce qu'une grande puissance de révolte au service d'une cause aussi entendue, aussi consensuelle que la lutte contre l'intolérance, je trouve que ça fait ploutch.
Comprends moi bien : c'est bien de lutter contre l'intolérance. Et je ne dis pas que le personnage n'est pas crédible (il y a vraiment des gens très révoltés qui se consacrent à ces causes "consensuelles), je ne dis que sa cause ne dérange pas, que le lecteur est obligé de la reconnaître comme juste. Cela contraste beaucoup avec le style qui est potentiellement beaucoup plus dérangeant ; mais cette subversion reste potentielle parce qu'elle n'est pas assez servie par le fond.

Ta musique me fournit un bon exemple de comparaison : dans "Fight Club", non seulement le style du film est abrupt, dérangeant, mais la cause poursuivie par Tyler Gordon est carrément loin d'être consensuelle, le spectateur n'est pas a priori obligé de la trouver juste. Du coup le personnage est aussi dérangeant que le style, est le film en tire beaucoup de puissance. C'est cette puissance qu'on trouve à l'état potentiel mais à mon sens pas accompli dans ton texte.
Alors, par contre, si je comprends tout à fait que ça ne soit pas un ressort qui t'intéresse, disons que "la cause" n'est pas choisie, mais qu'elle a provoquée le texte. En gros, je ne cherche pas à faire du "subversif" pour déranger et pour que la cause soit "juste" ou non. C'est justement, au quotidien, à force de me retrouver à être regardé de travers, à voir les vieilles s'accrocher à leurs sacs, que j'ai développé cette forme de "philosophie" qui me pousse à lever ma casquette avec un énorme sourire malgré ma gueule balafrée et mon style très "urbain", façon chapeau du 19ème, pour saluer avec la voix qui chante les gens qui me cataloguent directement, pour casser les conventions.

Ici, on s'inscrit dans la même procédé, en fait, c'est à dire le déviant à moitié camé qui intervient, au beau milieu des gens "bien insérés" pour casser des propos scandaleux que personne, autrement, n'aurait condamné, et qui serait passé comme normaux, ou du moins audible.

Du coup je ne m'inscris pas dans une recherche de subversion ni même dans une démarche "underground" où dérangeante : au contraire, le but de se texte est de normaliser (ça se dit ?) un déviant pour le placer, moralement, au-dessus des gens qui, d'apparence, se classeraient eux-mêmes comme "plus citoyen que cette capuche-casquette" lascarde.

Justement, c'est l'aboutissement d'une philisophie de Durden, qui pousse à se désocialiser complètement et à fuir les valeurs de l'époque dans laquelle nous vivons. Elle entraine les regards et les jugements erronés, sans pour autant que le "déviant" ait au final perdu ses valeurs personnelles (qui n'ont plus trop cours dans le monde que nous connaissons) : du coup c'est une manière de dire que les punks que vous croisez, les mecs bourrins, ceux qui ont des capuches, des gueules patibulaires, des oreilles coupées, des balafres, sont parfois plus vertueux et plus impliqués que le "commun des citoyens". C'est pas une philosophie très développée, mais dans le quotidien qui est le mien, et suite à certains aléas, ce texte a été écrit en une soirée en mode défouloir et c'est la seule portée que je lui cherche, plus que de créer une cause fight clubienne ou une quelconque "subversion". Je comprends néanmoins ta remarque de manque de "puissance" car la cause, en effet, parait quelque peu consensuelle.

Je joue également, et c'est un  autre levier, sur les clichés et les idées reçues inhérentes à l'homosexualité, à la féminisation des comportements masculins et à la "normalisation" de ça dans la tête des gens : ce n'est qu'une partie criarde de l'iceberg. La simplification des moeurs sexuelles selon des codes basiques : ephéminé : homo, viril : naaaan, quand même. C'est bête quand on le dit, et tout un chacun répondra "baaaah c'est évident hein", sauf qu'à chaque fois, on a les mêmes stéréotypes qui ressortent, genre "Quoi, toi ? Nannnn, on dirait pas mon gars !" Je rejoins donc les grecs où les spartiates je crois, qui eux pratiquaient l'homosexualité entre soldats, pour la cohésion de groupe, et parce que c'était un sexe fort, rude, d'homme, alors qu'une femme "assouplissait" et "faisait perdre de la force" (je schématise). On sort énormement de ce genre de réalité dans notre société, et j'ai voulu surprendre un peu en montrant un type violent, drogué, bourrin, qui révèle en plein milieu du texte sa pansexualité.

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J'ajoute qu'étant quelqu'un de très désagréable, je fais des tartines sur les défauts que je trouve à ton texte, mais que cela n'efface en rien ses indéniables qualités stylistiques que d'autres ont relevées. :)
Malgré les efforts que tu fais pour le faire passer et pour devenir quelqu'un de désagréable, navré, mais tu m'es apparu plutôt sympathique en peu de temps. Ca doit être mon côté subversif ? ;p Merci pour le temps accordé et ton passage ici.
« Modifié: 29 août 2014 à 11:51:38 par Aahraz »

Hors ligne Poupi

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Re : Et merde... [Contenu Explicite]
« Réponse #13 le: 29 août 2014 à 14:30:10 »
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J'attends ton texte pour te filer mon feedback.
Mais je l'ai posté, je l'ai posté ! Et j'attends du feedback, j'attends du feedback !

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disons que "la cause" n'est pas choisie, mais qu'elle a provoquée le texte
Je comprends, mais ça n'est pas la question. Les effets du texte sur le lecteur existent indépendamment de sa genèse sous la plume de l'auteur. Je considère que cette cause dessert la puissance du texte, quand bien même elle en serait à l'origine.
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En gros, je ne cherche pas à faire du "subversif" pour déranger et pour que la cause soit "juste" ou non.
C'est bien ce que je te reproche. Ton style installe une puissance subversive que tu ne mènes pas à son terme parce que tu t'intéresses à d'autres choses.
Je n'hésiterais pas à transformer cela en reproche littéraire : la littérature avant tout, bordel. Il m'est déjà arrivé d'écrire des textes un peu "engagés" et d'en changer la cause qui les avait motivés justement parce que j'estimais qu'une autre cause pouvait porter plus loin le potentiel littéraire de ce que j'avais commencé à écrire. Toi, tu empêches ton texte d'atteindre son firmament en le chevillant à tes petits trémolos personnels ! (tu verras que tu finiras par me haïr)
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Ici, on s'inscrit dans la même procédé, en fait, c'est à dire le déviant à moitié camé qui intervient, au beau milieu des gens "bien insérés" pour casser des propos scandaleux que personne, autrement, n'aurait condamné, et qui serait passé comme normaux, ou du moins audible.
Comment peux-tu toi-même résumer ainsi ton texte sans reconnaître la puissance subversive qu'il pourrait potentiellement dégager ?
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au contraire, le but de se texte est de normaliser (ça se dit ?) un déviant pour le placer, moralement, au-dessus des gens qui, d'apparence, se classeraient eux-mêmes comme "plus citoyen que cette capuche-casquette" lascarde.
Tu emprisonnes la littérature dans ton carcan petit-bourgeois. Tu es un fat.
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c'est une manière de dire que les punks que vous croisez, les mecs bourrins, ceux qui ont des capuches, des gueules patibulaires, des oreilles coupées, des balafres, sont parfois plus vertueux et plus impliqués que le "commun des citoyens".
Mais c'est super consensuel, ça, comme message ! Attention, je ne dis pas que c'est un message qui a entièrement triomphé, que c'est un combat/travail qui est terminé dans notre société, mais il n'y a personne pour s'y opposer !
Je vais te dire, non seulement tes choix dans ce texte n'apportent rien à la littérature, mais ils n'apportent rien à ta cause non plus ; parce que le boulot qu'il reste à ta cause, ce n'est pas la "bataille culturelle", c'est l'avancée sociologique sur le terrain. La bataille culturelle est déjà gagnée. Tout le monde est d'accord, en théorie mais pas en pratique, pour dire que les capuches-casquettes sont nos amis et qu'ils ont une âme aussi. Donc, pour faire avancer ce message, il faut le faire avancer dans la pratique, pas dans la théorie dela bataille culturelle.
Tu es non seulement un fat, mais tu es un social-traître embourgeoisé.

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Je joue également, et c'est un  autre levier, sur les clichés et les idées reçues inhérentes à l'homosexualité, à la féminisation des comportements masculins et à la "normalisation" de ça dans la tête des gens : ce n'est qu'une partie criarde de l'iceberg. La simplification des moeurs sexuelles selon des codes basiques : ephéminé : homo, viril : naaaan, quand même. C'est bête quand on le dit, et tout un chacun répondra "baaaah c'est évident hein", sauf qu'à chaque fois, on a les mêmes stéréotypes qui ressortent, genre "Quoi, toi ? Nannnn, on dirait pas mon gars !" Je rejoins donc les grecs où les spartiates je crois, qui eux pratiquaient l'homosexualité entre soldats, pour la cohésion de groupe, et parce que c'était un sexe fort, rude, d'homme, alors qu'une femme "assouplissait" et "faisait perdre de la force" (je schématise). On sort énormement de ce genre de réalité dans notre société, et j'ai voulu surprendre un peu en montrant un type violent, drogué, bourrin, qui révèle en plein milieu du texte sa pansexualité.
Oh arrête, même dans une série familiale comme Doctor Who on a droit au pansexuel viril et aux lesbiennes badass et délicates à la fois.
Là encore, la bataille culturelle est gagnée depuis des lustres, c'est pas là-dessus qu'il reste du travail.

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Malgré les efforts que tu fais pour le faire passer et pour devenir quelqu'un de désagréable, navré, mais tu m'es apparu plutôt sympathique en peu de temps.
Non ! Je suis méchant ! Grr !
Hypocrite lecteur -mon semblable -mon frère !

Aahraz

  • Invité
Re : Et merde... [Contenu Explicite]
« Réponse #14 le: 29 août 2014 à 14:50:35 »
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C'est bien ce que je te reproche. Ton style installe une puissance subversive que tu ne mènes pas à son terme parce que tu t'intéresses à d'autres choses.
Je n'hésiterais pas à transformer cela en reproche littéraire : la littérature avant tout, bordel. Il m'est déjà arrivé d'écrire des textes un peu "engagés" et d'en changer la cause qui les avait motivés justement parce que j'estimais qu'une autre cause pouvait porter plus loin le potentiel littéraire de ce que j'avais commencé à écrire. Toi, tu empêches ton texte d'atteindre son firmament en le chevillant à tes petits trémolos personnels ! (tu verras que tu finiras par me haïr)
En fait, je ne te suis pas très bien. Quelque part, une partie de moi se demande où viser pour atteindre (si cela devait être un but, ce qui ne me semble pas le cas) le firmament dont tu parles. Faire du subversif pour faire du subversif, où salir des choses en travaillant le style et même, dépeindre un caractère purement subversif n'est pas absolument pas une fin en soi. J'ai plus l'habitude, d'ailleurs, d'essayer de sublimer ces lieux noires et craints pour en sortir de l'humain, des sentiments, des comportements valeureux. D'y faire briller une petite étincelle, quelque part. Ici, donc, et je recoupe avec les "lesbiennes" dont tu parles, je trouve justement que l'homosexualité dans la culture et sa "vitrine sociétale" devient, certes, plus grande et tolérée, mais qu'on axe beaucoup sur les lesbiennes "masculines" et les homos "ephéminés", ce qui est réducteur, contraignant et même parfois blessant. Donc, sur ce point-là, je ne suis pas d'accord avec toi, et je ne vois pas trop, donc, quelle "apogée" subversive mon texte devrait atteindre.

Ce qui nous ramène à
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Comment peux-tu toi-même résumer ainsi ton texte sans reconnaître la puissance subversive qu'il pourrait potentiellement dégager ?
Nous avons donc : un mec terne qui explique être un paria et avoir eu des déboires, au verbe affuté, toxico, qui rentre dans un bus et qui pète les plombs parce qu'un jeune, comédien et parfaitement ancré dans le jeu d'apparence hiérarchique qu'on apprend dès les cours d'école, tient des propos absolument affreux. Une violence froide, qu'on pourrait croire expliquée et même excusée (glorifiée ?), censée faire buter le lecteur un peu. Ensuite, révélation du pôle "pansexuel", affrontement, et le lecteur se retrouve (enfin, j'essaye) face à un petit dilemme : c'était violent, mais c'était censé. Putain, c'est violent, mais c'est pour une bonne cause. J'en pens... et là un mec se lève, et, horrifié par la violence froide, tient exactement le même discours que le narrateur a tenu auparavant aux jeunes.

C'est une boucle à la franquin, également. En plus d'être un défouloir noirâtre, j'essaye de rattraper un peu à la fin et de ne pas faire l'apologie de la violence, parce que, contrairement à ce que tu as l'air de croire, je suis quelqu'un d'assez bienpensant sur le plan des rapports humains, de la violence, dans ma tête. Dans mon corps c'est un peu autre chose. Mais bref. Je ne défends pas, même si j'apprécie, la même cause que "le mec de l'underground", je ne fais pas du gore pour du gore et je vois, encore une fois, mal vers quel horizon autre que ceux qui m'ont poussé à écrire ce texte j'aurais dû m'orienter.

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Non ! Je suis méchant ! Grr !
Le caméléon ne parle pas. ;)
J'avais pas vu ton texte, je m'y colle soon²
« Modifié: 29 août 2014 à 14:54:13 par Aahraz »

 


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