Le Monde de L'Écriture
Salon littéraire => Salle de débats et réflexions sur l'écriture => Discussion démarrée par: Papillon le 18 février 2019 à 23:04:01
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Bonsoir à tous,
Je suis sur la rédaction de ce que j'espère être un manuscrit, et je dois décrire des lieux, maisons, église, village, campagne environnante, etc.
Je galère toujours un peu à ce que le récit reste fluide pour le lecteur, quant à ces descriptions. Même si "galérer un peu" est un doux euphémisme...
Je jongle, en essayant de ne pas perdre de vue les sensations que je souhaite faire passer, entre ma mémoire visuelle et représentative, les images google (merci internet), l'imagination plus ou moins débordante dont je peux faire preuve (même si sur l'instant, c'est souvent moins que plus...), d'éventuelles photos personnelles, etc.
Les questions de ce sujet étant :
Quelles sont vos pratiques en matière de description ?
Comment vous y prenez-vous, qu'est-ce qui vous inspire, où quels lieux, y passez-vous des heures à vous torturer ou au contraire, est-ce facile ?
Prenez-vous le temps de respirer ? (parce que moi parfois, non... :relou:)
J'ai pu remarquer que ce forum est une mine d'or d'échanges de bonnes pratiques des uns et des autres, alors... j'attends de vous lire impatiemment ! ;)
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Tu vas rire, mais comme je suis légèrement myope, je me contente de décrire vaguement les choses (comme je les voie en vrai). Cela dit, on peut être précis en restant flou...
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Pour moi les principaux pièges d'une description seraient de perdre le lecteur (il lit la description et ensuite ne sait plus de quoi le livre était en train de parler) ou de ne pas lui permettre de se représenter ce qui est décrit (parfois, devant une description on peine à imaginer ce qui est représenté).
Pour éviter cela, personnellement j'ai deux astuces. D'abord éviter au maximum de faire du recopiage. Lorsque je veux décrire quelque chose j'essais de m'en faire une représentation mentale. Parfois dessiner ou m'inspirer de photo de lieux m'aide à rendre cette représentation mentale plus détaillée, plus cohérente ou plus vivante. Mais j'ai remarqué que, par exemple, si j'avais une photo devant moi au moment d'écrire, et que je rédigeais ma description recopiant mon modèle (la photo), le rendu était moins bon. J'ai obtenu les meilleurs résultats lorsque mon modèle était cette construction mentale. Lorsque j'avais en tête le lieu à décrire, son atmosphère, qu'il était vivant dans ma tête, à ce moment là j'avais les meilleurs description.
Ensuite, pour éviter de perdre le fil du récit, l'astuce que j'emplois est de placer des descriptions sur des moments de pause dans le récit. Par exemple, imaginons que je doive décrire un personnage qui entre dans une ville et se rend au palais royal. Ce trajet va lui prendre un certain temps, et il va probablement être arrêté devant le porte le temps qu'on décide si mon personnage à le droit d'entrer ou non. Les descriptions me permettent de symboliser ce temps. Si mon personnage met 4 pages à arrivé jusqu'au palais, parce qu'il a du traversé les rues encombré d'un marché et je quartier des tanneurs toujours très animé, qu'il s'est arrêté boire un verre dans une taverne parce qu'il avait croisé des personnes qu'il connaissait, ce n'est plus seulement du temps symbolique : le trajet prend du temps pour le lecteur aussi. Alors la description fait partie intégrante du récit, de son rythme et de sa narration.
Une autre astuce : pour moi une bonne description doit être à la fois concise et évocatrice. Visé ces deux aspect est paradoxale car le meilleur moyen d'avoir une description évocatrice est qu'elle soit développé (et donc tout sauf concise). Mais d'un autre coté une description concise à énormément d'avantage : elle ne ralenti pas le récit, ne risque pas de faire perdre le fil, ni d'ennuyé le lecteur. Mais d'un autre coté si une description n'évoque rien elle est inutile. Il faut viser le meilleur rapport qualité / prix ou plutôt ici concision/évocation : un pavé vivant sera toujours plus appréciable dans un récit, qu'un bref paragraphe inerte. L'idéal étant un bref paragraphe vivant.
La solution pour moi est de créer un univers vivant, dans sa tête. Si l'univers existe dans la tête de l'auteur et qu'il y est vivant, alors la vie de cette univers transparaîtra à chaque ligne, à travers de petites touches, et les grandes descriptions ne seront pas nécessaire ou alors prendront place naturellement dans le récit.
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La solution pour moi est de créer un univers vivant, dans sa tête. Si l'univers existe dans la tête de l'auteur et qu'il y est vivant, alors la vie de cette univers transparaîtra à chaque ligne, à travers de petites touches, et les grandes descriptions ne seront pas nécessaire ou alors prendront place naturellement dans le récit.
Toutafé
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Pour reprendre ce que dit Milé : se projeter dans l'univers comme si tu y étais présent, se faire d'abord une image mentale de l'atmosphère générale, puis commencer à écrire les premiers détails qui te viennent à l'esprit. Tu peux te mettre dans la peau de ton personnage et egrainer ses sensations directement, ou t'y prendre comme un cinéaste et décrire ses interactions avec l'environnement. En plus de l'équilibre concision/évocation t'as aussi celui métaphorique/fonctionnel, si les images sont trop abstraites c'est dur de s'y retrouver, si c'est trop précis ça peut juste faire listing architectural et c'est chiant aussi.
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Merci d'avoir pris le temps de rédiger ces réponses !
Je vous rejoins complètement sur le fait qu'une description doit être brève et vivante pour éviter de perdre la lecture, le lecteur, voire soi-même au beau milieu de la rédaction :D, et aussi sur le fait qu'une description peut être floue tout en ayant un résultat clair pour le lecteur tout en restant fidèle à ce que l'auteur souhaite faire passer comme image, sensation, etc.
D'ailleurs, en phase de relecture après avoir pris le temps nécessaire pour faire reposer le "bébé" et le sortir de ma tête, je supprime tout un tas de choses inutiles pour le récit, et je concise deux phrases en une, par exemple. Je fais en sorte que mon récit soit de forme active également, et j'évite, ou j'essaie, de me perdre dans des mots inutiles.
Le "problème" auquel je suis confrontée est plutôt le suivant.
Je sais quelle atmosphère je veux donner à un lieu, par exemple, j'ai une image en tête (si je n'en n'ai pas, j'en cherche sur le net ou ailleurs pour m'inspirer - j'ai une mémoire visuelle). Je sais quelles sont les choses importantes que je souhaite mettre en avant mais quand je suis en phase d'écriture, c'est le bordelazar. Tout se bouscule : les images, les sensations, les mots, les émotions et ça devient vite le b... sur le papier aussi (ou sur l'écran). Parfois, j'arrête même de respirer quand je suis confrontée à ce déferlement d'informations à traiter et à mettre en ordre :o
Jusqu'à aujourd'hui, je n'ai pas trouvé d'autres façons d'écrire ces passages que de tout écrire en vrac, au kilomètre, et faire du tri seulement ensuite, et mettre en forme pour terminer, tout en me demandant bien sûr si c'est utile ou non à mon histoire suivant l'atmosphère.
Je me demandais donc comment vous vous débrouillez face à cet exercice et si j'étais la seule à risquer la syncope à chaque fois. :D
Cet état d'inspiration est grisant, je l'accorde volontiers à qui veut, seulement... je crains toujours que quelque chose ne m'échappe parce que je n'ai pas su gérer l'instant.
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Grosso modo je fais pareille :huhu:
Pour la phase de relecture j'adopte presque plus une posture de linguiste, et j'utilise la méthode du commentaire (merci la fac) pour vérifier si j'ai bien réussi à faire ce que je voulais faire à la base (en terme d'effet de style et de narration).
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Bonne idée la révision sous Word ! Je le fais toujours pour les autres mais jamais pour moi... je devrais !
C'est bien ce dont tu parles, au moins, je ne suis pas allée en fac :D Si non, je suis >> ... (et je reviens après pour que tu me racontes tout ;))
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Bonsoir, je ne vais pas rajouter grand chose à ce qu'à dit Miléna, je rejoins son avis.
Par contre, il m'est arrivé de lire un livre et de trouver la description tellement lourde que j'ai zappé le passage pour retourner au vif du sujet. Phrases trop longues, description qui n'en finit plus, trop d'images vues et revues. Une description de lieu, de site, doit surprendre, pour ne pas lasser le lecteur.
voili, voilou, bon courage ;) ;) ;)
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C'est vrai que j'utilise word mais je ne parlais pas de ça.
Je parlais de la méthode du commentaire, on apprend ça au lycée pour le bac de français (avec la méthode de la dissertation) et on perfectionne à la fac. Le principe du commentaire est d'analysé les procédés de l'auteur, comment il a construit son texte, par quel moyen linguistique il a fait naître l'émotion. C'est difficile d'expliquer en quoi ça consiste si tu ne l'as jamais étudié :/
Je ne sais pas très bien comment développer.
En gros, j'ai en tête ce que j'ai voulu faire, j'utilise cette méthode pour vérifier si je l'ai vraiment fait.
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Bonsoir, je ne vais pas rajouter grand chose à ce qu'à dit Miléna, je rejoins son avis.
Par contre, il m'est arrivé de lire un livre et de trouver la description tellement lourde que j'ai zappé le passage pour retourner au vif du sujet. Phrases trop longues, description qui n'en finit plus, trop d'images vues et revues. Une description de lieu, de site, doit surprendre, pour ne pas lasser le lecteur.
voili, voilou, bon courage ;) ;) ;)
Exact ! Ça m'arrive aussi de le faire. Me relire en pensant à ça peut sûrement aider aussi !
C'est vrai que j'utilise word mais je ne parlais pas de ça.
Je parlais de la méthode du commentaire, on apprend ça au lycée pour le bac de français (avec la méthode de la dissertation) et on perfectionne à la fac. Le principe du commentaire est d'analysé les procédés de l'auteur, comment il a construit son texte, par quel moyen linguistique il a fait naître l'émotion. C'est difficile d'expliquer en quoi ça consiste si tu ne l'as jamais étudié :/
Je ne sais pas très bien comment développer.
En gros, j'ai en tête ce que j'ai voulu faire, j'utilise cette méthode pour vérifier si je l'ai vraiment fait.
Alors, je n'ai pas non plus fait de bac de français (mais si si, je suis allée à l'école :mrgreen:) et je l'ai peut-être étudié en bac quand même mais ça date :o
Cela dit, je comprends très bien le concept. Et c'est en partie ce que je dois travailler : un minimum de structure avant l'écriture.
Je savais bien qu'il ressortirait des choses intéressantes à mes questions du soir ! :) Merci à tous pour vos avis.
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Je savais bien qu'il ressortirait des choses intéressantes à mes questions du soir ! :) Merci à tous pour vos avis.
Moi aussi, j'ai appris plein de choses... Merci. :)
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Il est toujours possible de partager vos pratiques, ceci dit...
Les tiennes, Alan ? RAS ? :)
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Alors, je n'ai pas non plus fait de bac de français (mais si si, je suis allée à l'école :mrgreen:) et je l'ai peut-être étudié en bac quand même mais ça date :o
Cela dit, je comprends très bien le concept. Et c'est en partie ce que je dois travailler : un minimum de structure avant l'écriture.
Après j'ai une méthode personnelle bien rodée je suis du genre à beaucoup construire, ça ne convient pas à tout le monde.
Mais pour préciser, dans mon dernier commentaire je ne parlais pas du tout de méthode avant, mais après. Je construit beaucoup avant d'écrire mais l'objectif c'est que une fois que je passe à la rédaction, je sois seule devant ma feuille. Un peu comme l'acteur, je travail mon texte, mon personnage, je me documente, je fais des tentative, mais une fois qu'il faut se jeter à l'eau, je fais confiance au travail que j'ai fais en amont. Le but est que je sois libre quand j'écris.
Après la phase de rédaction en revanche, je relis mon texte avec rigueur, parfois en analysant des passage comme un prof de français ferait un commentaire d'un texte d'auteur. J'essai de mesurer si le texte que j'ai produit remplis mes attentes ou si je suis partie en vrille pendant la phase de rédaction. C'est à ce moment là aussi que je vais vérifier si mon texte est fluide, cohérent, ce genre de chose dont je ne me soucis pas durant la phase d'écriture.
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C'est l'émotion plutôt que les études, qui m'a poussée à écrire. Alors, de fait, il me manque des bases que j'apprends sur le tas depuis que j'écris. Étant plutôt adepte de l'émotion, la poésie est ce qui s'y prête le plus. C'est court, concis, les mots choisis vont droit au but. C'est "cash" et cela me ressemble... et ça a ses avantages mais aussi ses inconvénients.
Depuis quelques temps, je me surprends à écrire des textes, plus ou moins courts, et je me suis d'abord heurtée au manque de fil dans mes idées. Je les structure bien mieux maintenant, mais cela n'empêche que je ne prends pas le temps de le faire. Je suis vive, à écrire ce qui me vient, et considérer ensuite ce que ça donne. Il y a de la structure puisque j'ai du fil dans les idées concernant le texte sur lequel je suis actuellement, et que pour raconter une histoire, elle doit être un minimum construite. Cela dit, je ne fais pas de schéma précédemment. Donc, de fait, la conclusion à laquelle je viens d'arriver en te lisant, est que je ne peux donc pas avoir de méthode pour la relecture si je ne prends même pas la peine d'en faire avant. Tant qu'à faire de faire les choses, autant les faire en ordre et avec méthode, effectivement. L'organisation est le secret de tout "travail" bien fait... à mon sens.
A te lire, j'ai l'impression que tu te dédoubles carrément en phase de relecture ! Vous êtes combien dans ta tête ? ;)
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N'ayant pas trop ce problème sur les descriptions (j'arrive à peu près à le faire avec parcimonie), je me permet de foncer tête baissée avec un très vague fil d'Ariane... Que mes personnages ne suivent généralement pas. En fait de rester vague permet cette spontanéité et puis cela laisse aussi beaucoup de place pour l'imaginaire du lecteur. Si tu veux éviter les description trop méticuleuses, tu peux aussi faire carrément référence à des choses connues et n'y apporter que quelques petites modif. Il existe en ce monde de nombreux lieux insolites source d'inspiration. Pourquoi ne pas les utiliser comme références ? Et de là, se passer d'un longue description fastidieuse et plombante.
Si je te dis ils traversèrent une étendue marécageuse morne et sinistre... J'ai pas besoin d'en mettre plus. Si je veux j'ajoute des sensation olfactives ou j'en profite pour dire que c'est particulièrement grouillant de formes de vie exécrables... Ou que c'est planté de troncs vermoulus et pourris, vestiges d'une ancienne forêt de chênes...
Ils traversèrent une étendue marécageuse morne et sinistre où pullulaient vermine et insectes néfastes. Accompagnés d'une flagrance de forte décomposition, ils cherchèrent leur chemin parmi les restes pourris d'une ancienne forêt. Au loin, le brouillard délayait la lumière dans des tons bistres et maladifs.
C'est pas la description du siècle, mais je crois que le décors est mis avec assez peu de détails. Et c'est mêlé d'action de mes personnages (verbes soulignés).
Et ça peut se faire dans le vif, à partir du moment où, comme le disent Miléna et WEG, tu es bien dans ton monde, que tu le vis.