[Feather]

Jamais, plus jamais, ne serait-ce l’affaire d’un instant.
Campé sur ses jambes fébriles, il traîne son corps malhabile sur le terreau de sa vie. Puis lorsque l’asphyxie se nomma morphine, il sombra dans un coma léthargique. Plus rien ne l’inspirait. Son être s’affaissait avec une extrême lucidité, mais au regard de son état, il souffrait de son incompréhensible opacité.
Espérant redonner sens à sa trajectoire factice, il s’accrochait à des espaces oniriques. Impuissant, il s’adonnait  à des croyances sur l’ensemble de son imagination grandissante, cherchant l’ultime satisfaction dans des lectures de science- fiction, il comprit tout l’abject de sa barbarie. Un jour, alors qu’il était couché sur son flanc à regarder le plafond étoilé de la voie lactée, il s’imagina grimper l’Annapurna, et ce fut à l’instar de cette idée qu’il opta pour l’irraisonnable. Le délire prenait la forme d'hallucinations visuelles, il voyait déjà grandir par sa force virile l’étendue de cette vision narcissique. Mais la noirceur qui s’extirpait de cette langueur, n’était que tromperie de son élancée passionnée.
Malgré cela, il s’inventa toutes sortes de fantaisies rocambolesques les unes que les autres, et en parfait aventurier, il s’acheta la dernière panoplie du Marsupilami. Sa queue se perdait dans des inextricables spirales telles des algorithmes d’idées aussi belles qu'une complaisance féerique.
Cette sensation des plus originales venait contrecarrer sa première impression sur son état d’agitation. Il menait d’ores et déjà son projet à exécution en balayant les incorrigibles erreurs de son talent d’orateur et en faisant de son passe-temps une transformation éclairée. Depuis ce jour, il fit de sa vie une enchanteresse facétie en déclamant sur le pourtour de celle-ci sa folie d’érudit.
L’ode se fit belle comme un chant de sirène avec cette insufflation spirituelle qui ne demandait qu’à élever cet homme pétrifié par l’évocation de la fin de sa félicité. Et c’est ainsi que son ascension prit naissance lorsque le sens de cette incroyable prédestination fit jaillir les mille et un produits de sa turpitude. Pur esprit, il s’élaborait selon son inspiration du moment, des simagrées interdites.
Sa perversion était telle qu’il trompait son entourage de discours pathétiques dont l’essence  foisonnait comme un parterre de tulipes, mais jamais, plus jamais il  ne se releva de sa torpeur et c’est par un état catatonique que l’angoisse s’éclaira comme un feu d’artifice. Il devint le divin de sa pensée poétique.
Et par des arabesques mentales il se targuait de prendre son mal en patience et par une métamorphose chimérique, il transformait son univers en beauté spirituelle pour laquelle le corps s’adonnait à une simple vulnérabilité.
Son hymne fut cette finalité qui n’en demeura pas moins une facilité.

[Dot Quote]

Eh bien, pour suivre un peu depuis tes récents débuts publiés
Je dois avouer qu'il y a de l'évolution dans cette affirmation
De toi que sont ces textes qui me touchent un peu particulièrement

Tu amènes ici plus de consistance à ton personnage, on se le visualise
Presque autant qu'on se l'imagine, quoique pas tant, mais tout-de-même
Je souligne encore une force que je n'arrive pas à cerner, ce rayonnement

De toi que je pense issu d'une accointance particulière avec l'imaginaire
La déliraison et d'autres termes lunaires ou de lagon, qui partent un peu
Partout dans l'atmosphère que tu sais mieux distiller dans ce dernier

Produit que tu nous offres, merci, c'est très intéressant cette approche
Que tu as d'accéder à l'universel tout en restant dans un strict personnel
Ne resterait bientôt plus que quelqu'un peu plus de guidage du lecteur

[Feather]

Bonjour Dot Quot,

Je suis ravie que ce texte ait trouvé un écho auprès de toi.
Depuis mes débuts, mon style s'est peut-être affiné, et j'apprécie vraiment les retours qui me sont très profitables.
Mais j'en comprends également les écueils et à l'avenir, j'ai pour projet de rentrer de façon plus approfondie dans la narration descriptive.
Autre chose, ces textes renvoient à des thématiques plus ou moins similaires d'où un lexique ressemblant.

[Chapart]

Salut,

D'abord les détails

Campé sur ses jambes fébriles, il traîne son corps malhabile sur le terreau de sa vie. Puis lorsque l’asphyxie se nomma morphine, il sombra dans un coma léthargique. Plus rien ne l’inspirait. Son être s’affaissait avec une extrême lucidité, mais au regard de son état, il souffrait de son incompréhensible opacité.

Le présent dans la première phrase, puis le passé : est-ce volontaire ?

Le délire prenait forme par des hallucinations visuelles,

j'ai trouvé la tournure un peu lourde. "Le délire prenait la forme d'hallucinations visuelles", peut-être ?

Mais la noirceur qui s’extirpait de cette langueur, n’était que tromperie de son élancée passionnée.

pas convaincu par la virgule, je crois. 

Malgré cela, il s’inventa toutes sortes de fantaisies les unes plus rocambolesques que les autres,

là aussi, je trouve "les unes plus rocambolesques que les autres" un peu lourd, ou alors si on veut éviter "plus rocambolesques les unes que les autres", je crois que je verrais bien une virgule avant "les unes". 

Sa queue se perdait dans des inextricables spirales telles des algorithmes d’idées aussi belles que la complexité d’une complaisance féerique.

d'inextricables ?

je verrais aussi bien une virgule avant "telles", je crois.

"complexité d'une complaisance" : c'est personnel, mais j'aime pas trop la sonorité "compl" à double, ici.

Depuis ce jour, il fit de sa vie une enchanteresse facétie en déclamant sur le pourtour de celle-ci sa folie d’érudit.

j'aime beaucoup beaucoup beaucoup cette phrase

(et ici, l'absence de virgule me gêne moins)

L’ode se fit belle comme un chant de sirène avec cette élévation spirituelle qui ne demandait qu’à élever cet homme pétrifié par l’évocation de la fin de sa félicité.

élévation / élever

là je trouve ça un poil trop alambiqué, je crois, surtout "l'évocation de la fin de sa félicité".

Pur esprit, il s’élaborait selon son inspiration du moment, des simagrées interdites.

pas convaincu par la localisation des virgules

(idem sur la fin)

Au global, j'apprécie le soin dans le déroulé des phrases, le choix très précis des mots. C'est plus "concret" que certains textes que j'ai pu lire de toi (c'est pas un jugement de valeur, juste un constat). Je crois que j'ai plus buté par endroits sur le rythme. Il y a certaines phrases où l'absence de virgule marche à mon avis très bien et ça crée un effet que je ne saurais décrire mais que j'aime beaucoup, une sorte de netteté, de flagrance dans la façon dont les choses sont dites ; en revanche il y a d'autres phrases où j'ai trouvé la ponctuation moins bien placée (ou manquante, ou trop abondante), et où du coup, soit j'ai l'impression d'avoir moins apprécié la substance des phrases, soit j'ai dû relire pour bien saisir (par exemple "Il devint, le divin de sa pensée poétique.", je ne sais pas dire si cette virgule est censée créer un effet que je n'ai pas compris, parce que s'il "devient le divin", alors pour moi elle est de trop).

Beau texte, en tous cas ! Merci du partage 
Chapart

[Feather]

Bonjour Chapart,
Il n'est pas toujours aisé de prendre le recul suffisant sur sa propre production, je te remercie beaucoup pour tes corrections très pertinentes lesquelles m'ont permis d'alléger et de modifier quelques erreurs de forme.