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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Colo ou La science diffuse [Théâtre]

Auteur Sujet: Colo ou La science diffuse [Théâtre]  (Lu 22346 fois)

Hors ligne Aléa

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Colo ou La science diffuse [Théâtre]
« le: 26 avril 2013 à 16:18:39 »
J'ai un peu hésité à la poster ici, c'est la version corrigée de ce qui était dans les 'textes courts', mais comme je taff un peu dessus et qu'elle fait tout de meme plus de 9000 mots, je la mets la pour etre stable et plus à vue, meme si ca fait plutôt court à coté des autres textes, désolé...  :-[
Bref j'avais écrit juste une scène à la base (la deuxième), comme un petit exercice de style, pour améliorer mes dialogues que je trouvais nazes, et puis plein de trucs sont venus se greffer autour, pour en faire une vrai pièce (bien qu'injouable), en deux tableaux et huit scènes. (oui oui, comme le théatre de Guignol).[/i]

Pour ceux qui avaient déjà lu, voilà ce qui à vraiment changé:
- Fred s'appelle désormais Tristan
- La première scène, toute réarrangée.
- Le monologue de la scène 4
- Toute la scène 5
- Des petites modifications un peu partout, corrections du texte quoi, mais rien de bien gros (Exemple: La référence au 'précurseur' qui s'est enfin glissée dans la dernière scène, les références sont moins marquées maintenant)

Trêve de blabla, bonne lecture.






Premier Tableau



    Scène 1 :


Une salle d’attente, un guichet à droite avec deux personnes qui attendent, des chaises à gauche avec plusieurs personnes assises.

Une femme – Ahhhhhh, ouhhhhh !!!
Tout le monde se retourne, les gémissements viennent d’en dehors, du couloir, personne ne peut voir la personne.
Une femme – Hannnnn, hannnlala, c’est trop je ahhhhhh.
Infirmière – Madame, vous ne voulez pas vous assoir ?
Une femme – (Essoufflée) Non je ne peux pahhhhh, c’est trop, oh oui, oh oui, ça me prend ohhhhhh, je veux pas, je peux pas…
Dans la salle tout le monde sourit, gêné. Les hommes s’échangent des regards amusés, on ne lit plus vraiment son magazine. Sauf peut-être une femme, habillée en noir, qui fixe d’un œil agacé l’homme le plus à gauche de la salle, qui se trouve dos au public.
Infirmière – Je vous assure que vous serez mieux, allez asseyez-vous.
Une femme – Je sais pas si haaaaaaan mon dieuuu !!! Oh oui d’accohhhh, j’essaye, oh oui, hannnn… Oh, (Gros soupirs)  oh ça fait du bien…
Infirmière – Ah ! Vous voyez !
Une femme – Han, oui c’est vrai. On est mieux là. …J’espère quand même qu’ils ont rien entendus à coté, parce que ça pouvait prêter  à confusion, vous comprenez...
Infirmière – Mais non ne vous inquiétez pas ha ha ha !
La salle se marre gentiment.
Petit temps d’attente. On appelle un nom.


Un homme entre alors et va directement au guichet. Il a les cheveux longs et un barbe.
Le barbu – Bonjour, je suis Jésus Christ.
Secrétaire – Bien, veuillez patienter s’il vous plait Monsieur.
Le barbu – Je viens de vous dire que j’étais Jésus Christ, tout de même !
Secrétaire – Oui, oui, je suis à vous dans une seconde.
Le barbu – Bien… (Il patiente.)
Secrétaire – Voilà. De quoi souffrez-vous Monsieur ?
Le barbu – Je souffre de tous les maux des hommes, mais parmi eux l’amour l’emporte. Je vous apporte le pardon, n’ayez crainte.
Secrétaire – Hum, je vois, vous êtes donc venu pour une consultation… ?
Le barbu – On m’a effectivement conseillé cet endroit comme le plus approprié pour faire passer la bonne parole. Vous avez une grande écoute mon enfant, on m’a bien conseillé.
Secrétaire – Bien, bien, je ne comprends tout de même pas… Que puis-je pour vous ?
Le barbu – Et bien ! Je suis Jésus Christ !
Secrétaire – Oui, oui mais ça j’ai bien noté votre nom, vous êtes enregistré pas d’inquiétude.
Le barbu – Vous n’avez pas l’air de comprendre en effet. Jésus Christ ! Le Christ rédempteur ! Le sauveur des Hommes ! (Pas de réaction.) Le fils de Dieu !
Secrétaire – Le fils de dieu ? Haha haha, ha elle est pas mal celle-là !
Un homme dans la salle parle tout bas à son voisin.
- Un homme – T’as entendu ça, y’en a un qui se dit le fils de dieu ! -
Et la rumeur va de bouche à oreille, si bien que toute la salle ricane.

Le barbu – Mais qu’est-ce qu’il y a de si drôle à la fin ??
Secrétaire – C’est que Monsieur, je ne vois pas comment on pourrait être le fils de dieu. Dieu c’est un mythe, une sorte de créature abstraite sur laquelle on peut mettre des choses sur le dos. Une expression quoi, nom de dieu ! On apprend ça tout petit, avec les histoires de fantômes et de vampires.
Le barbu – Vous vous méprenez, Dieu peut tout ! Je suis son fils à nouveau envoyé sur Terre pour vous laver de vos péchés, votre dernière chance devant l’immensité de votre corruption !
Secrétaire – (Hilare) Bon sang mais d’où vous sortez tout ça ?!
Le barbu – De la Sainte Bible voyons ! Tout n’est pas perdu, il peut encore y avoir de la lumière en vous !
Secrétaire – Et c’est qui ça, la Sainte Bible, votre oncle ?!
Le barbu – Mais non, c’est le livre de Dieu ! Le livre parmi les livres !
D’un coup la salle ne rit plus, les gens semblent crispés, presque effrayés, un silence de mort se fait. La secrétaire se munit silencieusement de son téléphone. Lui se tourne vers l’assemblée.
Le barbu – Laissez-moi vous éclairer !
Secrétaire – Brigade des Policinfirmiers, ici l’accueil du centre. Nous avons une catégorie HK-144 doublé de folie. Faites vite.
Le barbu – Je suis ressuscité pour que vous entendiez la parole divine ! Pour que la raison lutte contre l’ignominie et la luxure, qu’elle atteigne vos cœurs tachés et qu’ils soient lavés d’amour nouveau !
Deux hommes en blanc entrent en courant et se saisissent du barbu.
Le barbu - Vous n’avez pas le droit ! Je suis le Christ ! Le fils de Dieu ! Où m’emmenez-vous ?! Ah si vite martyre ! Vous tous ici êtes témoins ! Transmettez la parole de Dieuuuuuu !
Il est trainé en dehors de la salle, les portes se referment. La salle reste silencieuse, encore un peu tendue.
Secrétaire – Alors celui-là, c’était un sacré numéro ! Elle explose de rire.
La salle se détend d’un coup et rigole aussi. (Sauf toujours la femme en noir qui fixe l’homme de gauche.)
Un homme – Le fils de dieu !
Une femme – T’as compris un mot de ce qu’il racontait toi ?!
Une autre – Faut vraiment avoir un grain quand même !
La femme – On aurait dit qu’il sortait d’une autre époque !
On chuchote encore un peu.

Deux pompiers entrent alors lentement en poussant un brancard. La personne dessus semble très âgée. La salle fait alors un silence profond, on ne parle plus, on ne rigole plus, chacun baisse la tête sur ses affaires, détourne les yeux. On appelle un nom.
Un vieil homme vient à la suite s’assoir un peu à l’écart, il porte un complet marron et un chapeau. Un rayon de lumière reste sur lui. Après avoir passé les plis de son costume, il croise les mains et semble faire la sieste, tout en tenant sa canne.

Secrétaire – Monsieur Colo !
L’homme à gauche se lève en faisant grincer sa chaise.





   Scène 2 :


Un cabinet de médecin, plusieurs ustensiles sur une commode en fouillis, de la paperasse étalée sur le bureau où un homme en blouse blanche est assis face à un ordinateur. Il semble occupé. Fenêtre sur la droite, sinon pièce vide, aseptiquement blanche, juste une affiche ophtalmique sur le mur de gauche. On toque, la porte s’ouvre.

Dr Nogarou – Je ne vous ai pas dit d’entrer !
Colo – Excusez-moi, j’ai toujours été un peu en avance sur mon temps.
Dr Nogarou – Au point que monsieur en oublie les civilités ?
Colo – J’ai donné la poignée de main à la porte en entrant et dis bonjour aux murs dans le couloir, en arrivant… Voilà ma carte.
Dr Nogarou – Prend la carte et la jette nonchalamment sur la pile de paperasses de son bureau.
Vous tombez mal.
Colo – Oh ce n’est pas une mauvaise chute qui m’amène chez vous …
Dr Nogarou – Ecoutez, je n’ai pas de temps à perdre avec des devinettes, je n’avais même pas prévu de vous recevoir, considérez ce rendez-vous comme une faveur !
Colo – Une faveur ?! Deux mois d’attente pour un rendez-vous, une faveur ?! Un rendez-vous avec plus de quatre heures d’attente !!!
Dr Nogarou – Holà du clame, vous, hein !
Colo – Se rassoit.
Dr Nogarou – Un imprévu. De dernière minute en plus. J’aurais dû vous décommander…
Colo – Rien de grave j’espère ?
Dr Nogarou – Si. Dramatique. Deux jours de boulot bloqués, peut être foutus, tout bêtement en plus…  Un dix lettres voyez-vous ! Un dix lettres bloque ma grille !!! Tend haut un cahier de mots croisés.
Colo – Montrez-moi, je peux surement vous aider…
Dr Nogarou – Ho ho ho, non je ne pense pas, vous savez, il faut des années d’études pour s’y connaitre et …
Colo – Donnez-moi au moins la définition !
Dr Nogarou – Soupire. Va de l’avant en diagonale, il est voué à l’échec.
Colo – Hm, pas facile… Fou ça ne va pas…On serait tenté de dire « politicien » !
Dr Nogarou – Ca ne colle pas avec les autres mots, j’y ai pensé avant vous tout de même ! Vous voyez vous ne pouvez pas m’aider…
Colo – Hahahaha, ma carte, vous ne l’avez pas regardée hein…
Dr Nogarou – Et bien qu’est-ce qu’elle a votre carte ? Et puis quel rapport d’abord ?
Colo – Elles sont généralement très utiles ces petites cartes, vous devriez y jeter un coup d’œil… Sur votre pile de rapports.
Dr Nogarou – De sudoku.
Remet ses lunettes. Oui et bien ? Elle a quoi votre carte ? D’accord vous êtes… OHH ! NOM DE DIEU !
Colo – Ah.
Dr Nogarou – Vous êtes magicien c’est ça hein ? Caméra cachée ?
Colo – Je suis précurseur, vous venez de le lire, j’ai toujours un train d’avance…
Dr Nogarou – Incroyable, précurseur !  Dix lettres, ça rentre ! C’est ça !!! Prodigieux ! Oh je vous en dois une vieux !
Colo – Ça tombe bien je viens justement pour vous demander un service…
Dr Nogarou – J’ai dit que je vous en devais une, je n’ai pas dit quand non plus hein…
Colo – J’en ai vraiment besoin docteur…
Dr Nogarou – Bon, admettons, je vous dois bien ça, allongez-vous.
Colo s’allonge sur la table.
Parlez-moi de vos problèmes.
Colo – Voilà, je ne dors plus, j’ai toujours l’esprit ailleurs, incapable de me concentrer, j’ai peur pour mon boulot, et puis même pour moi, ça me travaille, je souffre Docteur c’est incessant, il me faudrait une piqure…
Dr Nogarou – Ca sera tout? S’empresse d’aller fouiller dans ses tiroirs. Ça se guérit sans aucun soucis vous savez !
Colo – Je sais bien, le problème c’est que ma sécurité sociale ne veut plus prendre en charge les piqures…
Dr Nogarou – Ah… Il cherche beaucoup moins hâtivement.
Colo –  Se lève. Mais j’ai de l’argent vous savez ! Je peux vous la payer ça ne changera rien pour vous ! Et puis vous m’en devez bien une…
Dr Nogarou – Saloperie de sécurité sociale, vous voyez, j’ai étudié des années, tous les jours je bosse comme un acharné, et voilà que maintenant ma spécialité, mon gagne-pain, se retrouve en danger ! Saleté de réforme,  comme si moi je faisais de la médecine ‘superficielle’, j’ai des clients qui souffrent moi ! Mais non, je vais me retrouver à faire des piqures non déclarées à des drogués comme un trafiquant de ruelles sombres, et être la risée de tous les chirurgiens esthétiques !
Colo – Alors c’est oui ?
Dr Nogarou – Soupire. Et bien oui… Tend la main pour prendre les billets. Maintenant que vous êtes là… Compte. Mais que je ne vous vois pas revenir avant un mois, et légalement cette fois !
Colo - hoche la tête.
Dr Nogarou - Rallongez-vous sur la table.

Il pousse un peu la paperasse et s’allonge.
Colo – Puisque je vous dis que normalement, j’ai le droit à deux piqures, mais alors avec la reforme toute récente… Plus qu’un ! Je m’y ferai, je n’ai pas le choix, mais pas ce mois-ci… Vous savez c’est très dur en ce moment le boulot et…
Dr Nogarou – Oui oui, bien. Vous voyez bien que ce n’est pas un fauteuil de psy non plus.
Colo – Pardon c’est vrai.
Dr Nogarou – Alors, alors, qu’allons-nous pouvoir vous mettre, La peste ?
Colo – Déjà eu.
Dr Nogarou – Hm, je vois, qu’on vous a déjà fait Camus. Un peu de Sartre alors, c’est le dernier qui me reste en plus.
Colo – J’ai déjà eu La putain respectueuse par contre…
Dr Nogarou – Pas grave, ça fera un rappel. Les mains sales, met des gants, Huis clos, La nausée, L’existentialisme, tapote sur la seringue, et enfin une Mort sans sépulture.
Colo – On dirait un horoscope.
Le docteur le pique.
Dr Nogarou – je fais plutôt la page d’avant, les mots croisés. Voilà c’est bon, simplement pour ce soir, écoutez un peu de jazz dans votre sofa, fumez même, reposez-vous. Je vous  donne une adresse : les disquaires se font de plus en plus rares… Voilà l’ordonnance, et quelques heures après vous serez frai comme un gardon !
Colo – Merci Docteur.
Dr Nogarou – Et si vous avez un problème n’hésitez pas à venir me voir.
Colo – Au revoir.





   Scène 3 :


Un appartement, lumière tamisée, porte d’entrée à gauche, on voit tout l’appartement en une pièce, un petit bureau, un fauteuil sur la droite qui fait dos au public en face d’une télé, on devine une salle de bain tout à droite parce que la porte est entrouverte. On entend le bruit d’un jeu télé. La porte d’entrée s’ouvre.
C’est Colo cochant des noms sur une liste, avec un sac de courses accroché à son poignet.


Colo – Alors, Nogarou c’est fait, Steiner ça a été fait, hm, Durand c’était hier, ah voilà Spender pour demain !
Chérie t’es là ?
Pas de réponse.
Chérie ?
Il accroche son manteau dans l’entrée. Toujours pas de réponse.
Chérie ?! Ah mais t’es là ! Bah… Qu’est-ce que tu fais devant la télé ?!
Silence.
On avait dit stop avec ces âneries. Même pour passer le temps, y’a rien de bien. Et puis il vaut mieux couper les ponts d’avec ce genre de choses, tu sais bien…
Je pensais même qu’on pourrait s’en débarrasser ! T’en pense quoi ? Discrètement bien sûr, ça serait bête d’attirer l’attention sur nous juste pour ça…
Regarde j’ai apporté du jazz !
Pas de mouvement.
… Dis, t’as été faire ta piqure aujourd’hui ?

Il se penche.
Oui ? Hm bizarre, ça t’as mis dans un sale état… Tu devais rentrer bien avant moi pourtant. Et le docteur t’as donné aucune ordonnance je parie ?! C’est bien ce qui me semblait. Saloperie. Encore un qui refile ces saletés de génériques !
Bon reposes toi, mais arrêtes d’écouter ces bêtises !
Il éteint la télé et met le vinyle de jazz sur un petit tourne-disque.
Dieu que c’est bon comme musique ! Pas que je crois en dieu mais bon…Enfin laisse tomber.
Je vais réchauffer un peu de bouffe. Je t’en laisse sur la table, au cas où tu ais faim… Il le fait, et mange un peu tout en parlant.
C’était quel médecin que t’as été voir déjà ?... Ah oui Goldman ! Tiens avec un nom pareil fallait s’en douter… Bon je le raye, on ne retournera pas là-bas. Par contre le Docteur Nogarou, un très bon médecin, il m’a même dis que je pouvais venir le voir si j’avais un problème ! C’est bon à savoir !
Il pose le plat et va dans la salle de bain.
Mais quand même, lui aussi il a évoqué ce truc, à propos de l’addiction et des piqures, tout ça… J’espère qu’on ne se fait pas de mal hein… Mais s’il pouvait y avait un autre moyen d’acquérir du savoir ! Ça serait formidable, hein chérie ?
Enfin bon on n’est pas à plaindre, ce n’est pas comme si on ne savait pas ce que l’on fait, on a un but nous, on n’a pas encore les yeux hagards et le geste morne comme tous ces vrais drogués qu’on voit dans le métro…hein chérie…
Il revient.

En parlant de métro, demain j’irai voir Tristan après la piqure, on voulait aller boire un verre ensemble, pour discuter… Enfin je risque de rentrer tard du coup.
Pfiouuu ce jazz ! Ahhh Je me sens inspiré là, il faut que j’écrive !!!
Il se jette sur le petit bureau.
Tu sais chérie, je me questionne beaucoup sur ce qu’il y a de non-être dans l’être, y-a-t-il du néant dans nos être ou faut-il les dissocier ? Je sens qu’une fois que j’aurais réglé cette question je pourrais étoffer plus solidement les bases d’une réflexion plus grande, et structurer un peu plus nos rêves.
Il commence à taper sur sa machine à écrire frénétiquement, s’arrête une fois pour claquer un moustique en l‘air, reprend, et s’arrête finalement en hésitant longuement sur un mot.
Oh et pis zut, ce Sartre machin m’est monté à la tête. Qu’est-ce que je fais ?! Ses produits tapent trop sur le crâne, je continuerai demain. Il hésite. Peut-être.
Il éteint la lampe de bureau.
Bonne nuit chérie. M’attends pas dans le lit, je vais dormir là. Je préfère garder la tête dans les travaux, les réflexions, histoire d’être en avance pour pouvoir attaquer directement les exercices d’écriture, demain matin. Je t’aime.






    Scène 4 :



Le décor d’une rame de métro, des gens à l’allure plutôt marginale à droite, des workingmen à gauche, au centre la porte s’ouvre après qu’une station ait été annoncée.
Colo rentre en titubant et braillant comme un ivrogne.


Colo – Ohlalala, ma vieille ligne quatre, quelle vie…
Il se jette sur un siège à côté d’une femme et d’un homme en costards.
Je sais pas pourquoi, je me sens toujours comme ça après mes piqures. Tout bizarre.
Les deux personnes se lèvent et vont s’assoir plus à gauche.
Eh, oh ! Partez pas comme ça !
Vous savez… J’aurais bien besoin de discuter un peu…
Un businessman – Et voilà qu’il recommence !
Une businesswoman – Tout les jours à la même heure, c’est la même chose..!
La voix annonce une station, les portes s’ouvre, un clown, un jongleur, un accordéoniste, un cracheur de flammes et un chanteur rentrent en même temps et commencent leurs numéros.
Colo – Tout les jours à la même heure c’est comme ça…
Et bah moi ça m’emmerde ces spectacles d’artistes en CDI !
Une businesswoman – Oh tais-toi ! On aimerait regarder le spectacle tranquille.
Colo – Ils m’empêchent de me concentrer. Et de vous parler aussi !
Un spectacle c’est un grand mot… Des gars avec du talent payés comme des putains par l’Etat pour faire de la propagande ! Quel monde…
Un businessman – Si on les paye, c’est justement pour ne pas entendre les conneries de personnes comme vous !
Colo – Comme vous qui ?! Qui a dit ça ?!
La voix annonce une station. Les portes s’ouvrent.
Un businessman – Vous, la ligne quatre, la ligne des drogués.

Et il descend en même temps que les artistes.
Colo – (Il s’emporte) Eh, oh, non mais n’importe quoi !!! Et puis qui croit ça ici… Moi je suis pas comme eux, là-bas !
Moi je suis pas un drogué ! Il se rassoit.
Bien que je les comprends un peu. Ils ont simplement perdu leur but, leur cap, dans un tourment de la vie, voilà tout.
Mais moi, je suis quelqu'un comme VOUS !
Moi vous savez, je sais où je vais. Vous savez moi j’ai un rêve qui me fais…

-Une mégère – Et il recommence ! –

…avancer et je suis jeune, je projette d’acquérir des rangs aussi élevés que les vôtres, vraiment, j’y travaille et j’étudie pour ça. Vous savez, moi j’ai un but. J’ai des vues sur les choses et…
Un businessman – Mais tu vas te taire !
Colo – Me taire ! Comme vous ! Le silence des agneaux avec comme berger un métro automatique ! Non je ne me tairai pas ! Il se lève. Je ne me tairai pas parce que je ne suis pas une télé qu’on éteint comme on veut. Héhé j’échappe à votre contrôle, ( Dans ce passage il va de long en large de la rame, parle aux oreilles des gens, fait des voltes faces, saute sur les sièges.) alors que vous vous n’échappez pas au contrôle de la monotonie. Non mais regardez-moi ça ! Ces faces  ternes qui ont besoin d’une télé pour ne pas se sentir seuls… Alors que vous êtes entourez en ce moment même ! Mais personne n’ose se regarder, à croire que la vue est belle dans les tunnels. Dans ces salles d’attentes d’esprits en pause, moi je vous le dis, je me fais chier ! Et ce n’est pas les chanteurs vantant les mérites de pommades pour les cors aux pieds qui rendent tout ça plaisant…
Un businessman – C’est peut-être pas génial, mais ça occupe ! Au moins ce n’est pas désagréable comme t’entendre beugler toi !
Une businesswoman – T’as même pas de carte d’autorisation, et pas de talent ! J’espère que les contrôleurs vont bientôt te tomber dessus, salaud !
Colo – Pas de talent ! Vous voulez que je crache du feu ? Passez-moi un briquet, allez ! Non ? Je peux jongler alors, tenez je vais jongler avec quelques idées ! C’est sûr ce n’est pas du grand spectacle, vous n’êtes pas habitués à ça, il faut que ça pète avec vous ! Faut que les loisirs soient époustouflants, faut que vous en ayez votre dose pour pallier avec le reste! Moi je suis pas un drogué, comme les autres, et puis même comme vous, et toc ! Vous vous croyez libres, des images pleins les yeux, avec quelques heures de loisirs ! Alors qu’en fait ils ne sont qu’autorisés, contrôlés et orientés, préparez par des gens tout aussi ennuyés. Au nom du confortionisme et de la marche du progrès, on rafistole notre monde à coup de promesses et d’amusements, parce que c’est l’évolution et qu’on n’arrête pas l’évolution ! Et puis on travaille. Des petits robots ! On sait même plus pourquoi on travaille. Et puis entre le moment où on travaille, sur des écrans, et le moment où on se détend, en regardant des écrans, on est surveillés, par des écrans ! Moi je vous le dis, on a qu’à tous devenir des robots, ça évitera tout ce rafistolage qui nous oblige à faire la gueule ici même. On se posera moins de questions. Et puis on fera l’amour connecté ! Ça sera chouette ça, on se marrera ! « Bonjour madame, si vous êtes pas prise on peut se brancher ? » Et puis plein d’autres dans le genre ! Je sens que ça vous plait ça ! Bah oui vu que plus personne sait où on va, même les hauts fonctionnaires comprenne plus rien à comment toute notre sophistication fonctionne, alors autant tout recommencer depuis le début ! Hop, exit l’humanité ! Qui peut vraiment faire ça? Le système ? Non même pas, c’est nous qui décidons. Que doit-on jeter en premier ? Le système sans pilote qui nous en veut sans même le voir? Ou ce qui fait que je peux encore vous parlez librement ?
Vous comprenez un peu mon rêve ? Mon but ? On mérite mieux. On mérite au moins un sens. Que quelqu'un sache pourquoi on va de telle station à telle autre. On mérite qu’il y ait quelque chose au-delà des vitres sales de cette rame. Je ne suis pas comme un de ces drogués perdus, je ne serai pas un de plus parmi tant d’autres, je cherche un sens et je travaille pour le donner au monde !
Un businessman – Alors si tu n’es pas comme eux, tu n’es qu’un fou ! Va-t’en.
Colo – Si j’ai bien une folie, c’est de croire en quelque chose dans ce monde.
On annonce une station. Un homme à droite se lève et applaudit.
Colo sort décidé.











Deuxième tableau


    Scène 5 :


Une terrasse de café.

Colo – Alors garçon elles viennent ces bières !
Serveur – Pardon mais, je n’ai pas encore pris votre commande !
Colo – Allons, allons, faut vivre avec son temps ! Tout va plus vite de nos jours. Dans votre poche.
Serveur – Mais comment… quoi ? Il fouille dans sa poche et en sort un petit papier.
Colo – Je suis précurseur.
Serveur – D’accord, et bien… Hum, je vous apporte ça tout de suite ! Il dit cela en lisant le papier.
Tristan – Haha t’abuses, je ne savais pas que tu la faisais encore cette vieille blague !
Colo – Depuis la fac de Lettres, toujours !
Tristan – Fais gaffes quand même, depuis que la formation de précurseur a été fermée, tu sais bien que c’est mal vu.
Colo – Merci de l’info, les quelques derniers boulots que je pourrais avoir, c’est dans la mode. Rien de plus enmerdant.
Serveur – Vos deux pintes !
Colo – Merci.
Tristan – Est-ce qu’on pourrait avoir des cacahuètes avec s’il vous plait ?
Serveur – Euh, je ne sais pas si on a encore ça…
Tristan – Vous comprenez, j’ai besoin de solide quand je bois,  sinon j’ai comme un peu l’impression de me noyer…
Serveur – Je vais voir, je vous amène ça.
Il repart.
Tristan – Depuis que ça a changé de proprio, pouf plus de cacahuètes. Et puis j’ai appris que celui qui a racheté le bar couchait avec la femme de l’ex-patron. Je l’aimais bien ce gars. Alors du coup à  chaque fois que je viens, je me dis que je vais les faire enrager un peu !
Colo – Toujours à te mêler de tout toi haha ! Déformation professionnelle ?
Tristan – Exactement !
Mais pour en revenir à toi, tu ne devrais pas non plus te balader avec du papier sur toi, encore moins en passer comme ça. Il suffit qu’une patrouille passe dans le coin et puis manque de bol…
Colo – Arrêtes toi aussi t’en as du papier, t’as toujours aimé ça !
Tristan – Bah bien sûr ! Mais moi c’est dans le cadre professionnel que j’ai le droit d’en avoir… Pour les gens le papier c’est pour la haute ou le PQ haha !
Serveur – Excusez-moi mais… On n’a pas de cacahuètes…
Tristan – Allons donc ! Pas de cacahuètes ! Dans un bar ! Elle est forte celle-là ! Vous n’auriez pas des chips où quelque chose dans le genre ?!
Serveur – C’est que, on ne fait pas ça chez nous…
Tristan – Ecoutez mon petit père, je ne peux pas boire sans manger, j’ai une ordonnance médicale pour ça ! Il cherche dans ses poches un papier. Je souffre de gloudystrophritie.
Serveur – Je vous crois Monsieur, je vais tout de suite voir avec le patron.
Colo –Tiens, ça existe ça ? Et depuis quand t’es malade toi ?
Tristan – Jamais ! Je me suis fait une fausse ordonnance, les avantages du métier… Par contre prépares toi à courir : si le patron à quelques connaissances en médecine on est mal…

- Serveur – (On l’entend au loin) Patron, vous auriez un pas un paquet de chips chez vous pour l’autre emmerdeur de la six ? -
Colo – Ah ces journalistes…
Tristan – Le bout de papier… Je suppose que tu t’entraines encore pour le concours…
Colo - …Oui. Figures toi que je m’améliore en écriture !
Tristan – Il est trop exigeant ce concours… On l’a déjà raté deux fois ensemble !
Colo – J’y arriverai.
Tristan – Et si t’y arrives pas ?! Tu vas faire comment financièrement ? Je me souviens c’est déjà un gouffre à faire toutes ces piqures !
Colo – On se débrouille.
Tristan – On ?
Colo – Bah oui. Avec Coco.
Tristan – Ah c’est vrai, je l’avais oublié celle-là…

Le serveur revient, il dépose une coupole de chips et l’addition sur la table. Personne ne se regarde.
Colo – Mais bon sang, avant que tu laisses tout tomber t’étais d’accord avec ce plan, avec ce rêve !
Tristan – Je ne laisse pas tout tomber ! Je prends simplement un chemin un peu différent…
Colo – Un peu différent ! Tu sais bien qu’il y a qu’en passant ce concours, en devenant haut fonctionnaire qu’on peut changer un tant soit peu de choses à cette société ! Ce n’est pas un petit journaliste qui pourra faire quoique ce soit…
Tristan – Mais le retard est trop grand Colo ! Sur ces gens de la haute, avant même de passer le concours ils ont déjà été formés, piqués depuis des années à la science infuse, comment tu peux rivaliser, le petit précurseur ?! J’essaye simplement de faire en fonction de mes capacités. En restant discret. Tiens, je vais peut-être avoir ma mutation aux affichages d’infos dans les lieux publics, de là, je pourrais surement faire quelque chose…
Colo – Pff dérisoire ! Il faudrait des centaines d’années à ce rythme !
Tristan – Bon stop, elle ne mène jamais nulle part cette discussion. J’aime pas parler boulot avec toi.
Colo – Et tu me dis ça à moi, parler boulot !
Tristan – Qu’est-ce que tu veux mon vieux, t’es peut-être pas né à la bonne époque comme on dit…
Colo – C’est peut être bien ça…
Mon plus gros doute en ce moment, c’est de savoir si je suis en avance sur mon temps, ou en retard…
Tristan – Sois pas si pessimiste non plus !
Colo – Non c’est vrai, il faut avoir le moral en ce moment. Coco n’allait pas fort par exemple aujourd’hui…
Tristan – Emh, oui.
Colo – Les piqures… Elle se donne autant à fond que moi dans le projet, pour qu’on y arrive ensemble.
Tristan – Ah, bah, oui, oui…
Colo – Faut dire que si on mangeait un peu plus, on n’aurait pas des petits pépins comme ça… Mais bon, sans elle je ne sais pas si j’y arriverais…
Tristan –
Colo – Bah pourquoi tu fais cette tête-là ?!
Tristan – Rien, rien… C’est cette Coco dont tu parles tout le temps…
Colo – Ah non ! Tu vas pas me refaire le coup de l’autre fois !
Tristan – Coco, Coco ! T’as que ce nom à la bouche ! Tu me dis que ça fait six mois que vous êtes ensemble : je ne l’ai JAMAIS vu !
Colo – Mais qu’est-ce que tu veux que je te dise ?! La faute à pas de chance !
Tristan – A chaque fois qu’on devait se voir ‘tous les trois’, paf, annulé !
Colo – C’est toi qui annulais des fois…
Tristan – Même en allant chez toi je ne l’ai pas vu !!!
Colo – La fois où t’es resté dormir ? Je t’ai déjà expliqué qu’elle avait pris ses affaires pour passer une semaine chez sa mère malade !
Tristan – Montre-moi rien qu’une photo alors.
Colo – J’en… j’en n’ai pas… Elle n’aime pas les photos !
Tristan – Et voilà ! Tu vois Colo, t’as aucune preuve rien que pour me montrer qu’elle existe ! C’est quand même grave bordel, je m’inquiète pour toi mon gars !
Colo – Arrête ça, c’est débile… Je sais encore ce que je fais, ce que je vois, ce que je vis, merde à la fin ! Je suis pas fou non plus!
Tristan - … (Pas de réponse.)
Colo – Quoi ? Tu veux me dire quoi là ? Tu me prends vraiment pour un taré c’est ça ?
Tristan – Mais pas du tout !!! Imagine juste deux secondes que je dise vrai ! Je m’inquiète juste, et…
Colo – Tu veux que je te dise ? Je crois que t’es jaloux !
Tristan – Jaloux ??
Colo – T’es jaloux que je réussisse en amour mieux que toi. Que je sois heureux en couple.
Tristan – Mais n’importe quoi, arrête ça Colo…
Colo – Ça te fais mal d’être seul et pas moi hein ?! Comme pour cette fille à la fac !
Tristan – Quoi ?! Cette vieille histoire ! Me dis pas que tu m’en veux encore.... Mais tu sais vraiment plus quoi dire ! On en a déjà parlé en plus de tout !
Colo – Il se lève. Tu me saoule.
Tristan – Oh tu vas où comme ça?!
Colo – Je me casse, j’en ai marre.
Tristan – Et l’addition ?!
Colo – Démerde-toi !






    Scène 6 :



Retour à la rame de métro. Elle est pratiquement vide cette fois, avec seulement deux hommes allongés à droite, et Colo à la même place que la scène précédente, l’air abattu.
Un homme se lève à droite.


Aimé – Alors, vous causez pas ce soir ?!
Colo – (Il marmonne.) J’ai pas envie de causer.
Aimé – Comment ?
Colo – J’ai pas envie. Et pis causer à qui, y’a personne.
Aimé – A c’t’heure-là c’est vrai y’a pas foule, mais nous on est là ! Enfin moi en tout cas…
Colo – J’ai pas la tête à ça ce soir.
Aimé  – Oh… Il va pour se rasseoir, penaud.
Colo – Juste… Tu ne serais pas le gars qui a applaudit tout à l’heure ?
Aimé – Oh oui c’est moi, vous avez remarqué alors !
Colo – Oui… Et ce n’est pas la première fois…
Aimé – Ah ça me fais plaisir que vous dites ça ! Dites, est-ce que vous serez là demain ?
Colo – J’en sais rien… Je sais même pas ce que je fous ici maintenant…
Aimé – J’ai hésité à vous le dire mais, c’est vrai que vous avez loupé votre station y’a quinze minutes déjà…
Colo – Bien vu ! Et je m’en fous !
Aimé – Vous mentez.
Colo – Non !
Aimé – Vous mentez mal…

Pas de réponse.
Colo – … Comment tu t’appelles ?
Aimé – Il s’assoit à coté de Colo. Aimé !
Colo – Tes parents devaient tenir à toi…
Aimé – J’ai jamais eu de parents.
Colo – Pourquoi ce prénom alors ?
Aimé – J’en sais rien… Par cruauté peut être ? J’suis pupille de la nation qu’ils disaient ! Et voilà où je suis maintenant…
Colo – Pupille de la nation ?? Mais alors t’as été formé, passé les concours, écrire, vaccin de savoir, enfin tout pour être dans la très haute quoi ! Bordel, qu’est ce qui t’es arrivé ?!
Aimé – On me formait au Haut Fonctionnariat dans la Pub. Parait que c’est là que j’avais le plus de talent… Moi je détestais ça. Ca a toujours été mon problème ça, les paradoxes, personne ne m’a jamais aimé non plus… Enfin bon, c’était du 'marche ou crève', j’étais pas d’accord, ils m’ont laissés crever. Enfin c’est tout comme pour eux.
Et vous, pourquoi vous aussi vous arrêtez de descendre à votre station ?
Colo – Je me suis perdu, j’ai peut être toujours été perdu… J’ai peur de rentrer, je crains d’être seul, d’être seul et perdu. Alors je reste là, là où rien n’est encore certain. La certitude de l’incertitude ha ha ha… Il rit jaune, comme pour lui-même.
Aimé – Vous voyez c’est ça que j’aime bien chez vous, vous parlez toujours bien.
Colo – Arrêtez tous avec ça… C’est des conneries, je ne suis pas vraiment moi-même dans ces moments, je raconte n’importe quoi…

Pas de réponse.
Colo – Et puis arrêtes de me vouvoyer… C’est pas comme si je me sentais supérieur comme tous ces autres businessmen et fonctionnaires de la semaine…
Aimé – Comme si je les vouvoyais ces salopards, nan c’est simplement parce que…c’est vous quoi !
Colo – Je pige rien à ce que tu me racontes, et je crois pas avoir envie de comprendre quoique ce soit ce soir, enfin cette nuit, il commence à être tard…
Nouveau silence. Pour la première fois on entend clairement l'annonce d'une station.
Colo – Dis… Pourquoi tu m’as demandé si j’allais venir demain, tout à l’heure ?
Aimé – Et bien, j’ai parlé à un ami de vous, et je voulais l’amener vous voir demain…
Colo – QUOI ?!
Aimé - Mais oui mais vous savez c’est pas le seul !
Colo – COMMENT ?
Aimé – Et bien oui, à vrai dire il y a même pas mal de gens qui vient vous écouter tous les jours, on parle un peu de vous ! Vous savez, parfois je vois même quelques businessmen qui semblent touchés par ce que vous dites… Et puis, la ligne 4, tout le monde ne l’appelle pas la ‘ligne des drogués’, regardez-moi est-ce que je suis réellement un camé en fin d’compte…
Il y a plutôt d’autres noms qui circulent, comme…
Colo – Mais arrêtez ça !!! Stop, c’est…totalement absurde !
Aimé – Mais non justement, vous verrez !
Colo – mais…

Les portes du métro s’ouvrent à une station. Deux hommes, qui semblent être des policiers, entrent.
Policinfirmier 1 – Vous êtes bien Monsieur Colo ?
Colo – Euh, oui, m’enfin oui ?
Aimé s’éloigne.
Policinfirmier 2 – Monsieur Colo vous êtes en état d’internement. Vous avez le droit de garder le silence. Tout ce que vous pouvez dire sera retenu dans votre dossier médical.
Colo – Et mon avocat ?
Policinfirmier 1 – Hahahahahaha !
Colo – Non mais attendez, on peut discuter ! …Et puis comment vous avez fait pour me trouver d’abord ?!
Policinfirmier 2 – Les caméras de surveillance.
Colo – Emh… Oui bon, d’accord… … Houlà, houlà, deux petites secondes ! Quels sont mes chefs d’accusation Messieurs ?!
Policinfirmier 2 – Alors, alors : Troubles à l’ordre public, prises de drogue répétés dans le cadre public, crises paranoïdes, références répétées à une personne imaginaire, ‘Coco’, et l’on pourrait presque ajouter à cela : ‘conspiration contre l’état’, avec vos groupes là.
Aimé – Houlà mais moi j’ai rien fais, me regardez pas comme ça !
Colo – Mais attendez un peu, y’a malentendu ! C’est à cause des piqures ça, et, et Coco EXISTE !
Policinfirmier 1 – Oui, oui, bien sûr…
Colo – Mais enfin Aimé dites leur ! Vous avez dû voir une femme, jeune, blonde, aujourd’hui, elle devait prendre le métro pour aller chez le docteur !
Aimé – Hum, monsieur Colo enfin, j’veux bien mais… Je n’ai vu personne comme ça aujourd’hui… Pourtant avec toutes les descriptions que vous en avez fait je l’aurais reconnu, ça oui…
On entend l’annonce d’une station.
Colo – Mais enfin non, c’est une erreur !
Aimé – Je leur dirais à tous ce qu’ils vous ont fait, on vous laissera pas tomber Colo ! On ne laissera jamais tomber votre cause !
Colo – Mais enfiiiiiin !!!!!
Les portes se referment. Aimé retourne s’allonger dans son coin habituel.






    Scène 7 :




Une salle, simple, avec un divan de psy et un bureau, comme une salle d’hôpital.

Colo – Et là qu’est-ce qu’on attend ?
Policinfirmier 1 – Le docteur. Tu vas arrêter de nous demander ça toutes les cinq minutes ?!
Policinfirmier 2 – Laisse le, celui-là il est bon pour le nid de toute façon.
La porte s’ouvre. Le docteur rentre.
Dr Nogarou – Bon alors qu’est-ce qu’on a ici pour me tirer du lit aussi tard ? Il dit cela en mettant ses lunettes pour lire le dossier.
Colo – Docteur Nogarou !!! Voilà, lui il va vous dire ! Coco existe, elle devait venir chez lui aujourd’hui. Mais dites-leur !
Policinfirmier 2 – Docteur vous connaissez cet énergumène ?
Dr Nogarou – Mais enfin… hum, non, je ne l’ai jamais vu, il…
Colo – Mais docteur rappelez-vous, je suis venu consulter chez vous hier !
Policinfirmier 2 – C’est vrai ?
Dr Nogarou – Et bien hum, euh… Oui, si… C’est que, je me souviens maintenant de ça. C’est donc mon patient, messieurs s’il vous plait veuillez sortir.
Policinfirmier 2 – Hum, Docteur, il nous est interdit de laisser le patient seul.
Dr Nogarou – Je ne fais qu’appliquer la procédure à suivre.
Policinfirmier 1 – (Bas à l’autre.) Tu la connais toi la procédure dans ces cas là ?...
Policinfirmier 2 – (Aussi bas.) Merde non. Mais je le sens pas ce coup…
Ce n’est pas comme ça que ça se passe pourtant d’habitude…
Dr Nogarou – Bon qui pose le tampon sur le dossier à la fin ?! Déjà qu’on m’abrège mes nuits, que je dois m’occuper de cas à rendre fou un robot, on ne va pas en plus me dire comment je dois travailler. Alors maintenant vous sortez ! J’ai à m’entretenir avec le patient.
Policinfirmier 1 – Bien, bien, on sort… Mais faites vite on a d’autres chats à fouetter.

Le premier policinfirmier insiste auprès de l’autre, ils sortent.

Dr Nogarou - Et bien. Le deuxième avait la tête dure, c’était un inspecteur de la santé publique, deux seringues à la blouse, ça rigole pas. (Il fait le geste.) Toi mon garçon, t’as du de mettre dans un sacré merdier pour qu’ils t’amènent ici.
Colo – Dites docteur… Vous n’avez pas vu une femme aujourd’hui ? Jeune, Coco qu’elle s’appelle…
Dr Nogarou – Non, je n’ai vu personne de ce genre passer au cabinet.
Colo se tait, le docteur l’attache au fauteuil.
Colo – Pourquoi vous m’avez attaché ?
Dr Nogarou – C’est les consignes de sécurité d’usage, ici.
Colo – Mais vous docteur, qu’est-ce que vous faites ici ?!
Dr Nogarou – Des heures sup’ ! Pour arrondir les fins de mois j’ai dû prendre ce job de nuit, ICI, à l’Institut Consultatif d’Internement, bref les fous bons pour la prison, c’est pas jojo mais les piqures de savoir, ça marche pas fort… Tu sais maintenant, pour calmer leurs petites insomnies ou questions existentielles, les gens vont plutôt voir des hypnotiseurs ou autres je ne sais quoi… Médecine moderne qu’ils appellent ça, mon cul ! Enfin bon, on n’est pas là pour parler de moi, mais plutôt de toi.
Parle-moi de Coco.
Colo – Je… on vit ensemble, elle est magnifique et intelligente et, drôle, et…
Dr Nogarou – Tout droit sortie de te rêves ?
Colo – Oui.
Dr Nogarou – Connais-tu quelqu'un qui pourrait affirmer l’avoir déjà vu ?
Colo – C'est-à-dire que… pas personnellement, elle n’a pas de famille et…
Dr Nogarou – Aucun de tes amis ne l’a jamais rencontrée ?
Colo – Non…
Dr Nogarou – As-seulement des amis ?
Colo – Plus tellement, c’est compliqué à vrai dire, je crois tout de même que si…
Dr Nogarou – Vous vous perdez de vue ?
Colo – Disputés plutôt.
Dr Nogarou – A quoi attribues-tu cette perte ?
Colo – A une divergence d’idée.
Dr Nogarou – Sûr ?
Colo – Emh… C’était sur Coco… Mais, je pense que c’était simplement un prétexte ! Dans le fond le vrai problème ca doit être mon projet. Il me prend trop de temps et, ça a dû échauffer l’esprit de mes, enfin de mon ami… Il n’aime pas l’échec et ça doit trop lui rappeler…
Dr Nogarou – Hm, je vois… Et ce projet, tu le mènes seul ?
Colo – Non, avec Coco…
Dr Nogarou – Hm, hm, Coco… Il s’arrête pour prendre une note.
Coco ressemble étrangement à ton nom, Colo, n’est-ce pas ?
Colo – Comment, quoi ? Mais que…
Dr Nogarou – Et ces activités dans le métro dont tu dis ignorer les faits, comment peux-tu les expliquer ? Il y a des témoins cette fois ! Tu dis ne plus te contrôler dans ces moments-là ?
Colo – Qu’est-ce que vous essayez de me dire là ? Vous essayez de me rendre fou c’est ça ?!
Dr Nogarou – Du calme, j’essaye simplement d’exposer les choses à nos yeux de façon claire…
Colo – Vous me croyez fou docteur ?...
Dr Nogarou – Tout ce que je crois, c’est que je n’aimerai pas que les bonhommes dehors découvrent la petite faveur que je t’ai faite l’autre jour. Et toi, tu te crois fou ?
Colo – J’en sais rien… Vous voyez, y’a de ces soirs où on est plus sûr de rien, ces soirs sombres où le doute s’installe un peu partout. Ce soir je me suis perdu et me voilà ici. Moi qui ne sais plus rien, je n’ai même plus envie de croire en quoique ce soit, ou peut-être n’en ai-je plus la force… Toujours est-il qu’une seule peur de l’incertitude me prend tandis que mes croyances vacillent, là maintenant, attaché à ce fauteuil. Tout se mélange et cette obscurité qui m’aspire, cette nuit qui reste plantée là, sans bouger, peut être que c’est Coco : c’est une grande insomniaque après tout. Et là, alors que les lumières s’éteignent, le jour lui ne semble pas prêt à se lever pour autant ; pourtant je suis là quand même, sans aucune certitude. Vous voyez je ne sais plus, je doute, et je ne crois pas, vous savez, que c’était la bonne soirée pour me demander si je suis fou.
Dr Nogarou – C’est surement la réponse la plus sensée qu’un fou ne m’ait jamais faite. Il faut quand même que tu me dises, qu’est ce qui t’as poussé à vouloir acquérir du savoir ?
Colo – Je... Je crois que c’est pour changer les choses. Avec ce savoir et ma volonté, je pourrais être ancré dans notre monde actuel, ne pas le perdre, et pouvoir agir dans sa structure même, pour changer les choses. S’il vous plaît docteur détachez moi, ça m’oppresse tous ces liens.
Dr Nogarou – Et ce que tu à fais dans le métro, c’est selon les mêmes idées ?
Colo – Arrêtez, je vous en prie, j’en peux plus de ces questions, je peux plus…
Dr Nogarou – Hm… Il semblerait tout de même que tu ne sois pas totalement foutu, il y a quelque chose qui te raccroche, peut être que… Il semble réfléchir longuement.
Après un silence.
Colo – Docteur… Pourquoi vous m’avez aidé ? L’autre jour et puis tout à l’heure aussi avec les deux policinfirmiers ?
Dr Nogarou - (Soupire.) Et bien je ne sais pas trop… Cette jeunesse, et puis cette fougue peut être. Cette petite lueur de rêve au milieu d’un désespoir, ce besoin de savoir que j’ai vu chez toi l’autre jour…  Dans un sens ça m’a un peu fait penser à moi plus jeune. Tiens, voilà comment j’ai fini haha ! Enfin c’était surtout parce que tu me proposais pas mal d’argent hein !
Colo – Vous savez, je me demande si ce n’est pas justement ce savoir qui me rend fou… Ou accro à quelque chose d’insaisissable…
Dr Nogarou – Ridicule. Ce n’est pas le savoir qui te rend ‘accro’, c’est l’idée que tu t’en fais.
Tous ceux qui viennent me voir pour ‘avoir leur dose’, qui se rendent malades s’ils ne l’ont pas : ce ne sont que des gens qui n’arrivent pas à surmonter une peur, la peur de se retrouver un instant seul avec eux-mêmes, dans l’incompréhension d’eux-mêmes. Tu n’es pas comme ça Colo. En tout cas on ne devient pas accro à une idée, au savoir en l’occurrence, de la même façon. Les piqures que j’administre ne sont pas assez fortes pour ça de toute façon. Le savoir c’est bien autre chose, on ne l’attrape pas avec des placebos et des calmants. Il se transmet. Enfin ça peut te paraitre bizarre ce que je te dis, tu es un peu jeune pour avoir connu autre chose… Tu vois le savoir passes par la compréhension, c’est humain seulement. Je sais de quoi je parle, c’est mon métier. Tiens comme ces gens dans le métro… Je suis sûr que tu leur à transmis quelque chose…
Bah… Laisses tomber, tu cours après un savoir que tu ne peux pas comprendre pour l’instant… Comme beaucoup d’ailleurs. Faut voir à quel point ça a rendu le progrès absurde…
Silence.
Je parle, je parle, mais il faut que tu rentres chez toi.

Colo – Quoi, vraiment ? Vous allez me laisser partir ?! Et les gardes ?
Dr Nogarou – Oui vraiment. Je m’en chargerai sans problèmes.
Colo - … Docteur j’ai peur de rentrer chez moi. De ce qu’il m’y attend... Vous imaginez ?! Finalement j’aurais peut-être préféré être fou directement ici…
Dr Nogarou – Il le détache. Je n’ai jamais dit que ce serait facile.
Colo – Mon dieu… Finalement j’aurais peut-être préféré être fou directement ici…
Dr Nogarou - Rentre chez toi et réfléchis à tout ça.
Colo – Et Coco…
Dr Nogarou – Il faut que tu suives tes idées coûte que coûte, ne les lâches pas. Surtout face à des illusions…
Colo – Mais si elle existe vraiment ?
Dr Nogarou – Alors tu n’es peut être pas si fou que tu en a l’air ha ha ! Tu es pâle, rentre chez toi à pied sans trainer.
Colo - … Merci docteur…
Dr Nogarou – Au revoir et courage, Colo.
Ce dernier sort d’un pas hésitant.





    Scène 8 :



Retour à l’appartement de Colo.
Il rentre abattu, laisse tomber son manteau dans l’entrée. Il se tient aux murs.


Colo – Chérie ?
Chérie t’es là ?
Et merde bon sang de nom de… Va falloir que j’ouvre les yeux.
Ok chérie je vais ouvrir les yeux, pas de mauvaises blagues hein, t’es là.
Il ouvre les yeux et tombe à genoux.
Ahhh, non non non non putain !!! Ok, ok, bon, pas grave, c’est pas grave !
Il se relève et tourne en rond dans l’appartement.
Bon elle n’est pas là, il faut que je réfléchisse. Peut-être qu’elle est partie faire un tour ? Non, on ne va pas faire un tour à cinq heures du mat’. Ok, ok, il faut que je réfléchisse. Peut-être qu’elle n’existe vraiment pas finalement. Ça pourrait expliquer beaucoup de choses, peut être que tout m’est un peu monté à la tête ces derniers mois et… Admettons… Admettons, mais enfin maintenant, qu’est-ce qu’il me reste ?
Il s’arrête et voit de la lumière sous la porte de la salle de bain.
Et merde…
Merde de merde de merde, c’est pas possible, lâchez moi !!!
Ok, ok, ok, il y a de la lumière, donc il y a quelqu'un… ou il n’y a personne justement ? J’hallucine ? Je divague ? Je débloque ? De la lumière putain ! Qu’est-ce que ça veut dire ?... Il faut que je réfléchisse raaaaaah !
Bon ok, je vais ouvrir c’te sale porte d’un coup et on en parlera plus. Il s’approche.
Et si elle n’était pas là ? Elle est là logiquement, puisqu’il y a de la lumière.
Oui mais si elle n’était pas là ?!
Si j’avais juste oublié d’éteindre hein… Ah oui merde. J’aurais qu’à éteindre la lumière. Attends, pour être dans le noir ? Qu’est-ce qu’il me reste bon sang ? Le projet ? Sans elle c’est compliqué de continuer aussi... Des idées ? Des idées, un projet… Que disait le docteur aussi ?
Il met la main sur la poignée.
Et pourquoi il y a de la lumière ? Hallucinations, j’ai oublié de l’éteindre, il y a quelqu'un…
Et s’il y avait quelqu'un ? Pourquoi je me mets dans ces états, qu’est-ce qu’il m’arrive ? Je ne crois plus en rien, même pas en ce que je dis… Mais s’il y a quelqu'un…
… Chérie ?
Chérie t’es là ! Réponds ! Réponds j’te dis !!! Allez…Ca changerait tout, allez chérie…
Putain d’espoir à la con… Bordel j’ai chaud, c’est pas possible j’ai trop chaud là !!!
Il court vers la fenêtre et l’ouvre en grand.
Ahhhhhhhh !  Ah… L’air de la nuit. Pfiouuu, saloperie de nuit, il faut que je me calme, que je réfléchisse. Il me faut de la lumière, une grande lumière, pas ces putains de rayons qui dépassent de sous la porte, il faut que je retrouve quelque chose qui éclaire, pas cette obscurité pleine de vide, pleine d’incertitude aveugle, il me faut le jour. Ouaip voilà, il me faut demain. Cette nuit est trop longue, alors que demain, je pourrais voir le docteur, oui j’irais, et puis, je pourrais revoir Aimé en chemin peut être, et puis encore, je pourrais me réconcilier avec Tristan, c’est sûr même! Voilà c’est ça, demain je ne suis pas seul ! C’est ça… Enfin je crois. Est-ce qu’un précurseur doit l’être ?? …Je suis si seul… Non, il doit bien être entouré à un moment pour réaliser son œuvre. Alors est-ce que je suis vraiment seul ? Ahhh, mais putain demain, demain c’est loin, mais maintenant ?! Maintenant ! Trop incertain… Est-ce que je suis seul… Coco… Coco tes bras, tes seins, tes cheveux sentaient si bon, je m’en souviens. COCO !!!!!

Il se précipite vers la porte avec l’intention de la défoncer, puis, s’arrête collé à la porte, collé à la poignée il tombe à genoux.
Chérie… Je ne sais pas si je te parle vraiment ou si je parle qu’à une saloperie de porte, mais tu vois chérie, c’était pas le soir. Je n’ai pas la force d’ouvrir, je n’ai pas la force de savoir. On m’a dit des choses aujourd’hui sur le savoir… Tu vois, moi qui ai toujours eu du mal à comprendre les gens, et bien je me trompais, je m’en foutais faut dire, je t’avais toi… Hier encore je pouvais me dire, si tu n’existes pas, comment je pourrais exister ! Mais tu vois maintenant, je peux plus rester uniquement avec toi, enfermé dans une lubie, c’est ça je crois, je vois qu’il y a d’autres choses, et que ces choses doivent renforcer ce qu’on avait commencé ensemble, il y a des gens dans le métro qui me prennent pour un genre de chef tu vois. Oh mais si tu pouvais sortir maintenant, si seulement on pouvait faire encore l’amour cette nuit, si demain tu pouvais encore me tenir la main et que nos projets soient grandioses !
Coco, ce sont peut-être les derniers mots que je t’adresse, illusion de mon cœur ne m’attends pas dormir tu ne pourras plus me retenir, je vais me coucher alors que mes doutes se lèvent doucement, je sais où je vais.
Il va se coucher, le lit est installé de telle façon que Colo est allongé sur son flanc, face au public. Grand silence.
Après un court temps, la porte de la salle de bain s’ouvre sur l’obscurité. Une jeune femme en sort, en peignoir et en dansant un baladeur à la main. On voit Colo ouvrir les yeux en grand, sans bouger. Il ne dort pas.

Coco – Ah bah tu es rentré chéri !
Elle retire les écouteurs qu’elle avait.
Et déjà couché… Quoique, cinq heures passées quand même, t’as du rester boire toute la nuit avec Tristan ! La douche avant le lever du soleil, avant de dormir, tu devrais essayer c’est génial !
Elle range des affaires.
Tristan… Ça me dérange de l’avoir jamais rencontré depuis tout ce temps, c’est vrai qu’on est tous souvent occupés, la fin des études, l’entrée dans la ‘vie active’, mais on aurait pu se forcer à trouver une date quand même, j’aimerais connaitre ton meilleur ami… Demain on ira le voir tous les deux à la sortie de son boulot, je suis sûr que ça te fera plaisir !
Elle va s’allonger derrière Colo, en l’enlaçant, il a l’air terrifié et elle ne peut pas le voir.
Mais avant il va falloir qu’on parle.
Elle l’embrasse dans le cou et puis se lève.
Demain, demain…
…Tu sais… Enfin non si tu savais, l’état dans lequel j’étais hier m’a fait beaucoup réfléchir, sur toutes ces piqures… Aujourd’hui je n’y suis pas allée. Ces derniers temps elles me mettent toujours dans un état bizarre, génériques ou non, ça ne me fait plus de bien. Tout ce savoir… J’ai l’impression de ne plus être moi-même, de perdre ce qui m’est le plus cher ou de me perdre dans des complexifications superficielles, de ne plus coller aux choses, de m’en détacher, me remplir de mots et d’idées compliquées, abstraites, toutes ces choses que je sais maintenant mais qui ne font pas vraiment dans le fond ce que je suis. C’est abjecte tu vois, comme si ça brouillait quelque chose, que je n’arrive pas à comprendre, voilà c’est ça, tout ce savoir je ne le comprends pas vraiment dans le fond, personne de nos jours ne le peut, sans prendre un peu de temps mais qui l’a? Tout ce surplus de bourrage de synapses ce n’est pas de l’intelligence, ce savoir ne comprend rien aux choses de la vie, et moi j’ai compris que c’est toi qu’il me fallait.
Et voilà, comme toujours quand je dis de belles choses, faut qu’il n’y ait aucun témoin! Ça me donne envie d’écrire tient, j’ai une insomnie à combler et toi un nuit à finir.
Elle retourne enlacer Colo dans le lit.

Colo mon chéri, une seule petite et magnifique idée. Imagines seulement de laisser tomber ce projet. Rêve juste un peu cette nuit de nous deux, on pourrait plaquer tout ça et se contenter de notre petite vie, on pourrait partir vers des pays exotiques ou simplement chérir notre petit cocon ici, en vivant nous deux et rien d’autre. A jamais. C’est ce qu’il faut qu’on fasse, regarde comme l’on se perd et s’abime à prendre autant de savoir d’un coup ! Des petites doses suffiraient à satisfaire notre soif, pourquoi faire tout cela ? Se retrouver dans des sphères qui ne nous correspondent pas ? Deux petits humains communs ne peuvent pas rebâtir l’Humanité… Tu t’en rends bien compte, depuis tous ces mois à s’acharner. Vivons à l’écart de cette folie sérieuse, en parallèle avec ce monde corrosif, qui émiette et fatigue petit à petit. Gardons la seule base qui est sûre: toi et moi. Je t’aime Colo, je ne te quitterai jamais.
Elle l’embrasse, il tourne la tête et se regardent.
Ce regard… Elle s’éloigne. Désolée, je t’ai réveillé… Rendors-toi, t’en as besoin je crois…
Ça me fait penser à cette idée que j’ai eue hier, que je voulais écrire, elle va s’assoir au bureau, sur cet assemblage de sentiments et de réflexion qui fait l’Homme Homme et puis, il dérive et glisse lentement, il perd sa place dans sa société, doucement les choses s’étirent, s’écartèlent, il ne sait plus s’il doit être seul ou entouré, lentement il perd pied avec la tête sur ses épaules, il ne sait plus bien à quel temps il appartient, lentement il se retrouve aux portes entrouvertes de la folie.
Elle écrit, un temps, le jour se lève, le rideau tombe.

« Modifié: 26 septembre 2013 à 20:34:59 par Ben.G »
Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
- Alain Damasio

Hors ligne Sixte

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Re : La science diffuse
« Réponse #1 le: 28 avril 2013 à 22:44:52 »
Yo !

Déjà, j'aime ton titre  :mrgreen:

Citer
Fenêtre sur la droite qui laisse apparaitre les branches d’un arbre, après midi, pièce aseptiquement blanche,
Je sais pas si c'est vraiment pertinent de commenter les didascalies parce que bon, c'est pas comme si on les voyait, mais voilà, je me suis demandé pourquoi tu précisais pour les branches de l'arbre, et je n'aime pas l'expression "aseptiquement blanche".

Citer
Dr Nogarou– Je ne vous ai pas dit d’entrer !
Une phrase, et il m'est déjà antipathique.

Citer
Colo – Excusez moi, j’ai toujours été un peu en avance sur mon temps.
Une phrase, et il m'est déjà sympathique.  :mrgreen:

Citer
Colo – Hm, pas facile… Fou ça ne va pas…On serait tenté de dire « politicien » !
:D

Citer
comme un mafieux de basse classe
J'aime pas cette expression (je l'entends prononcée avec un accent du midi, et un air méprisant, c'est plus fort que moi  ><)
Citer
Colo pousse un peu la paperasse en s'allongeant.
Colo – Puisque je vous dis, que normalement j’ai le droit à deux piqûres, et qu’avec la reforme toute récente plus qu’une, je m’y ferai, mais pas ce mois ci… Vous savez c’est très dur en ce moment au bureau et…
Dr Nogarou – Oui oui bien. Vous voyez bien que ce n’est pas un fauteuil de psy non plus.
Colo – Pardon c’est vrai.
Dr Nogarou – Alors alors, qu’allons nous pouvoir vous mettre, La peste ?
Colo – Déjà eu.
Dr – Nogarou – Hm, je vois, qu’on vous a déjà fait Camus. Un peu de Sartre alors, c’est le dernier qui me reste en plus.
Colo – J’ai déjà eu la putain respectueuse par contre…
Dr Nogarou – Pas grave ça fera un rappel. Les mains sales, met des gants, huis clos, la nausée, l’existentialisme, tapote sur la seringue, et enfin une mort sans sépulture.
Colo – On dirait un horoscope.
Je ne m'attendais pas du tout à ça, mais j'aime bien !


Alors alors alors. Déjà, j'ai trouvé ça très agréable à lire (j'aime bien lire du théâtre). Colo a l'air un peu perdu, un peu rêveur, il est cool. Le docteur est bien désagréable  :mrgreen:
L'idée des piqures de savoir n'est pas super originale, mais je la trouve bien traitée. Je trouve que tu gères assez bien l'absurde (je sais pas si on peut vraiment appeler ça de l'absurde, disons plutôt, de l'inhabituel  :mrgreen:), parce que c'est à petites doses, et ça ne parait pas gratuit.
Sinon, je trouve ça pas mal, comme scène d'introduction, il me semble que ça ferait un bon début.
Voilà, merci pour ton texte, je lirais bien la suite  ^^
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Hors ligne Aléa

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Re : La science diffuse
« Réponse #2 le: 29 avril 2013 à 02:02:16 »
Ah, deja, merci pour ton passage Sixte ca fait plaisir  :)

Pour le debut, c'est vrai que le coup des branches euh, j'ai peut etre trop precisé l'idée que j'avais en tete, et c'est assez inutile...

Tiens je pensais pas l'avoir fait si désagréable le docteur  :mrgreen: je le voyais plus comme un gros vieux bonhomme grincheux, hm, interressant c'est peut etre pas plus mal

J'ai une autre scene d'intro en tete héhé, elle arrivera, euh bientot disons!

Content que ca t'ai plut en tout cas!  :) La suite arrivera aussi (en cours) , mais merci pour tes commentaires, c'est important parce que l'histoire est en evolution constante dans ma tete, c'est encore bien maléable  et changeant :huhu:
Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
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Re : La science diffuse
« Réponse #3 le: 02 mai 2013 à 13:31:54 »
Salut
J'ai lu et je me suis bien marré
Globalement l'univers me plait bien
Je suis pas très convaincu par la scène d'intro mais le dialogue entre colo et le docteur est très chouette
Juste un petit retour vite fait
Je repasserai plus tard pour éditer et surtout lire la suite si tu la poste

Au plaisir

EDIT : Relu, ça me plait toujours autant, j'attends un peu la suite pour dire des trucs
Par contre je suis pas convaincu que ce soit très jouable
Alors attention ça ne veux rien dire. Musset et Becket ( deux de mes dramaturge favoris) non jamais voulu être joué et écrivaient pour ne pas l'être manque de bol, tout ça tout ça. C'est absolument pas une critique
Mais quand tu dis
Citer
Voilà je me met au théâtre!
Me semble-t-il l'écrit en question ne sera pas simple pour un acteur
Mais peut être que tu t'en fous...
« Modifié: 02 mai 2013 à 23:28:58 par Baptiste »

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Re : La science diffuse
« Réponse #4 le: 03 mai 2013 à 04:11:09 »
Hey!

Citer
Je suis pas très convaincu par la scène d'intro
Ah bah mince, je l'aimais bien cette petite scène.. (faite je le precise a base de dialogues 100% observés) enfin peut etre quelle pourra trouver un semblant de sens plus tard...-euh vraiment peut etre-

Citer
Par contre je suis pas convaincu que ce soit très jouable
Non non mais je m'en rends bien compte t'inquietes! Meme au niveau de la mise en scène peut y avoir des problemes... Donc oui c'est sur pas simple du tout, mais d'un coté je pense que ca peut ne pas rester totalement injoubale... Enfin ma prèmiere préoccupation n'est pas de la faire jouer c'est vrai, je vois pas comment ni ouje pourrait la faire jouer d'ailleurs  :mrgreen: Donc je continue le truc en faisant comme si, et advienne que pourra

Ca me va deja si ça plait, à la lecture, merci de ton passage   ;D
La suite, elle va arriver, en fait je suis en train de l'écrire (Mais je sais pas ce que j'ai fais de mes 10 doigts, ca c'est goupillé de facon a ce que j'ecrive les deux prochaines scènes simultanement, allez savoir pourquoi...)



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Re : La science diffuse
« Réponse #5 le: 03 mai 2013 à 08:58:42 »
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Ah bah mince, je l'aimais bien cette petite scène.. (faite je le precise a base de dialogues 100% observés)
En fait c'est peut être pour ça. Elle est sans doute trop réaliste pour le reste du texte plus absurde

Je viens de me rends compte que j'ai dit une énorme bêtise à propos de Beckett, bien sur que si, il voulait faire jouer ces textes, je comprends pas d'où ça m'est venu

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Re : La science diffuse
« Réponse #6 le: 04 mai 2013 à 05:15:46 »
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En fait c'est peut être pour ça. Elle est sans doute trop réaliste pour le reste du texte plus absurde
Ah bah tiens! Marrant ca, c'est pourtant pas des scènes totalement banales, enfin peut etre si dans le fond.. surement ca qui les rend interressantes, en dehors de la pièce jveux dire, ca on verra

Tu pouvais me dire ce que tu voulais, je ne connais pas bien beckett  ::)



Bon voilà la quatrième (Baptiste tu vas rire sur ce que je t'ai dis de 'pas totalement injouable'  :mrgreen:), et après on attaque le deuxième tableau (oui on va faire ça en deux tableau, comme le théatre de guignol  :-¬? )

« Modifié: 22 août 2013 à 17:28:50 par Ben.G »
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Re : La science diffuse
« Réponse #7 le: 04 mai 2013 à 12:08:00 »
Citer
La voix annonce une station, les portes s’ouvre, un clown, un jongleur, un accordéoniste, un cracheur de flammes et un chanteur rentrent en même temps et commencent leurs numéros.
:D :D :D (ça dans le genre injouable...)
Citer
Colo – Ils m’empêchent de me concentrer. Et de vous parler aussi !
Des gars avec du talent payés comme des putains par l’Etat pour faire de la propagande ! Quel monde…
Un businessman – Si on les paye, c’est justement pour ne pas entendre les conneries de personnes comme vous !
Je comprends bien l'analogie mais il me semble que cela serait plus clair si on avait un bout de la chanson, de quoi ça parle tout ça
Citer
Colo – (il s’emporte) Eh oh non mais n’importe quoi !! Et puis qui croit ça ici… Moi je suis pas comme eux, là-bas !
Moi je suis pas un drogué ! Il se rassoit.
Bien que je les comprends un peu. Ils ont simplement perdu leur but, leur cap, dans un tourment de la vie, voilà tout.
Mais moi, je suis quelqu'un comme VOUS !
Moi vous savez, je sais où je vais. Vous savez moi j’ai un rêve qui me fais
-Une mégère – Et il recommence ! –
Avancer et je suis jeune, je projette d’acquérir des rangs aussi élevés que les vôtres, vraiment, j’y travaille et j’étudie pour ça. Vous savez, moi j’ai un but. J’ai des vues sur les choses et…
Un businessman – Mais tu vas te taire !
Colo – Non, je ne me tairais pas ! Parce que si j’ai ces but et ces rêves, ce n’est pas uniquement pour moi, mais pour vous tous aussi ! Parce que pour trouver un sens, il faut en donner un soi même aux choses qui veulent en avoir un, aux Hommes ! Et nous méritons quelque chose de plus juste, qui corresponde simplement à ce que l’on est !
Oh je ne suis pas un drogué, si je suis dans cet état là, que je fais cela, c’est uniquement pouvoir réunir les choses et en construire de nouvelles ! Je suis un précurseur Mesdames et Messieurs !
Je pense que tu peux aller plus loin, ça me semble un peu "plat"
Citer
Parce que si j’ai ces but et ces rêves, ce n’est pas uniquement pour moi, mais pour vous tous aussi ! Parce que pour trouver un sens, il faut en donner un soi même aux choses qui veulent en avoir un, aux Hommes ! Et nous méritons quelque chose de plus juste, qui corresponde simplement à ce que l’on est !
Citer
si je suis dans cet état là, que je fais cela, c’est uniquement pouvoir réunir les choses et en construire de nouvelles !
notamment, ces phrases là, je sais pas, c'est un peu facile, non? enfin pas facile, mais ça manque de puissance, je trouve...
j'aime bien sa dernière réplique, à Colo (d'ailleurs ce nom est très étrange)
Citer
Si j’ai bien une folie, c’est de croire en quelque chose dans ce monde.
Mais pour qu'un type se lève et applaudisse, tu dois pouvoir rendre ça plus intense avant

Petit détail de forme, essaye de mettre tes noms de personnages, en majuscule, en souligné ou en gras enfin quelque chose pour les démarquer du texte, je trouve que ça rends la lecture assez ardu ( ça m'avais pas choqué précédemment, mais vu que là il y a plus de perso, forcément)

Bon, ben j'aime toujours autant, je ne vois pas du tout, mais alors pas du tout où tu nous emmène, et c'est pas désagréable

Citer
Citer

    En fait c'est peut être pour ça. Elle est sans doute trop réaliste pour le reste du texte plus absurde

Ah bah tiens! Marrant ca, c'est pourtant pas des scènes totalement banales, enfin peut etre si dans le fond.. surement ca qui les rend interressantes, en dehors de la pièce jveux dire, ca on verra
Effectivement elle sont intérrésantes, mais elle n'ont pas le coté absurde du reste.
En soit, comme scène, j'aime bien
Mais pour l'intro de cette univers absurde, ben je suis moins convaincu
Voilà, au plaisir

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Re : La science diffuse
« Réponse #8 le: 05 mai 2013 à 06:15:02 »
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Je comprends bien l'analogie mais il me semble que cela serait plus clair si on avait un bout de la chanson, de quoi ça parle tout ça
Hm.. il faudrait que j'invente deux trois bout de chanson... Ou trouve une chanson qui peut coller a quelque chose... Ou remplacer le tout par 'spectacle'? -la solution de facilité...x)-

Citer
notamment, ces phrases là, je sais pas, c'est un peu facile, non? enfin pas facile, mais ça manque de puissance, je trouve...
Non non mais t'as tout à fait raison, je me suis laissé aller à la facilité -pas bon ce coup si-, jsuis passé à coté, j'ai édité un petit truc, j'espère que c'est mieux...

Fait pour les noms  ^^

Citer
Bon, ben j'aime toujours autant, je ne vois pas du tout, mais alors pas du tout où tu nous emmène, et c'est pas désagréable
Aha c'est ce qui faut alors!  :) J'apporte les deux prochaines scènes la prochaine fois

Merci encore pour ta lecture!!
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Re : La science diffuse
« Réponse #9 le: 06 mai 2013 à 17:34:37 »
Citer
(d'ailleurs ce nom est très étrange)
Oups j'avais pas vu ca! Et bien oui, il fallait un nom qui colle au monde absurde, et ca me faisait un peu penser à Colin de l'ecume des jours ( Maintenant si tu veux la réelle explication c'est ici ---->
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.


« Modifié: 22 août 2013 à 17:29:04 par Ben.G »
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Re : La science diffuse
« Réponse #10 le: 06 mai 2013 à 23:58:20 »
Je viens de faire un commentaire trop bien, même que j'avais pas fait trop de fautes d'orthographes et ma connexion à bugger
On respire et on recommence (du coup, désolé, je détaille moins... :-¬?)

Citer
Colo – Bah c'est-à-dire que… Tu sais le concours…
Fred – Oh me dis pas que t’es toujours sur cette histoire de concours…
Colo – C’est du sérieux ! Je m’améliore en écriture, bientôt je pourrais m’y présenter. Et puis ça a un petit coté retro classe le papier avoues aha !
Fred – C’est surtout très perturbant pour les gens tu sais. Le papier c’est que pour la haute ou le PQ ! Ahaha ! Bon ok j’admets, mais par contre de truc de concours tu ne devrais pas…
Colo – Arrêtes ton char, y’a pas longtemps on voulait le passer ensemble
J'ai eu du mal avec cette histoire de concours. J'ai cru au début, qu'il s'agissait d'un jeu, mais en fait c'est comme un concours de la fonction publique? Enfin je le comprends comme ça. Mais je pense que ça pourrais être plus clair (enfin, il y a peut être que moi...)
Ah et
Citer
ar contre de truc de concours tu ne devrais pas…
Ce truc de concours, le truc de concours??? enfin y a un blème
Citer
En fait mon plus gros doute, c’est de savoir si je suis en avance sur mon  temps, ou en retard…
:) Pas mal
Mais je pense que tu peux trouver une formulation plus choc
Genre mais en mieux dit " je ne sais pas si je suis en avance sur le temps présent ou sur celui d'avant" enfin tu vois l'idée?
Citer
Colo – Ferme la !!! Tu me traites de barge c’est ça ?!
Fred – Mais non, mec…
Colo – Et bah vas te faire foutre. J’ai pas besoin de toi.
Fred – Tu le regretteras…
Colo – Ta gueule.
Fred – Ouaip bah c’est ça, casses toi ! Casses toi sale obstiné !
Et Colo part.
Je trouve ça un peu dommage, la violence verbale. Pas que ça me choque mais ça rompt un peu avec le reste. Je veux dire, l'idée de la dispute très bien, mais les Casse toi, Va te faire foutre, ça casse un peu

Globalement sur la 5
J'aime pas trop Fred.je pense que tu peux développer un peu leur relation. Si je comprends bien, c'est son meilleur pote de la vie qu'est en train de le laisser tomber. Alors un " ça me fais plaisir de te voir" c'est un peu "banal"
C'est dommage ça me laisse une impression encore de "flou" sur l'univers, alors que quand même c'est la cinquième scène, tu pourrais nous donner un peu les règles du jeu

La 6
Citer
Colo – Bien vu ! Et je m'en fous !
Aimé – Vous mentez.
Colo – Non !
Aimé – Vous mentez mal…
:) répliques cools

Citer
Aimé – J’en sais rien… Par cruauté peut être ? J’suis pupille de la nation qu’ils disaient ! Et voilà où je suis maintenant…
:) :)Idem. Il commence à me plaire, le Aimé
Citer
Colo – Pupille de la nation ?? Mais alors t’as été formé, passé les concours, écrire, vaccin de savoir, enfin tout pour être dans la très haute quoi !! Bordel, qu’est ce qui t’es arrivé ?
Aimé – On me formait au Haut Fonctionnariat dans la Pub. Parait que c’est là que j’avais le plus de talent… Moi je détestais ça. Ca a toujours été mon problème ça, les paradoxes, personne ne m’a jamais aimé non plus
Ok, je commence à mieux comprendre

Citer
Il y a d’autres noms qui circulent comme…
Deuxième fois qu'on ne nous donne pas l'autre nom de cette ligne :\?
Y aurait t'il quelque chose d'étrange la dessus?

( Parenthèse qui n'a rien à voir : Je suis personnellement convaincu que la 13 et pire que la 4, mais nombreux de parisiens que je rencontre me soutiennent le contraire, un jour je testerai en long et en large cette ligne pour le plaisir du comparatif)

Citer
Policinfirmier 1 –
Toi tu es allé lire les délires verbaux de Viviane
Citer
Aimé – Oula mais moi j’ai rien fais, me regardez pas comme ça !
Et là pof, je l'aime moins

Bon, ça va un peu contredire ce que j'ai dit précédemment mais pour le coup je trouve ça trop "explicite". D'accord, ceux qui ont le pouvoir et le fric, c'est des salauds, mais là c'est dit trop clairement et du coup ça manque de subtilité, de délire d'absurde
En fait je trouve que globalement, ça manque de cohérence au niveau du style. Je sais pas comment tu bosses je suppose que tu écrit les choses au fur et à mesure, et ça se sent parce que t'es pas dans le même état et du coup, ben ça fait un peu dispersé
Après avoir tout fini, t'aura qu'a tout relire, et sans doute que tu comprendra ce que je veux dire

Cela dit j'aime toujours beaucoup
Et je lirai la suite avec plaisir

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Re : Re : La science diffuse
« Réponse #11 le: 08 mai 2013 à 14:09:42 »

Colo – Mais attendez un peu, y’a malentendu ! C’est a cause des piqures ça, et, et Coco EXISTE !
Policinfirmier 1 - Oui oui, bien sur…
Colo – Mais enfin Aimé dites leur ! Vous avez du voir une femme, jeune, blonde, aujourd’hui, elle devait prendre le métro pour aller chez le docteur !
Aimé – Hum, monsieur Colo enfin, j’veux bien mais… Je n’ai vu personne comme ça aujourd’hui… Pourtant avec toutes les descriptions que vous en avez fait je l’aurais reconnu, ça oui…
:D  ça m'a fait rire ( tout le reste est nul)
Non, pas trop le temps de décortiquer, mais j'aime beaucoup et de plus en plus.
Les non dits attisent ma curiosité.
Le nom de Colo me fait penser à tout un tas d examens...
Je trouve qu il y a de la poésie dans cette 6 ème scène, c'est celle que je préfère,je ne toucherai à rien dans celle la.
Pour la première scène dans le métro, je dirais aussi que le discours manquait de " cœur" pour qu'une personne se lève et applaudisse mais ça viendra à la relecture.
Sinon globalement je trouve ça très bon, vivement la suite!

« Modifié: 08 mai 2013 à 21:14:35 par Thérébentine »
"Faites des bêtises, mais faites les avec enthousiasme" Colette

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Re : La science diffuse
« Réponse #12 le: 08 mai 2013 à 17:32:38 »
y'a du potentiel, c'est sûr.
mais le texte se cherche, il mange à tous les rateliers et sort parfois du pur théâtre. je trouve que ça se disperse un peu trop.

pour la rame de métro, je suis désolé, ça rentre pas dans le budget.


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Re : La science diffuse
« Réponse #13 le: 08 mai 2013 à 19:47:27 »

@baptiste
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mais en fait c'est comme un concours de la fonction publique?
Oui oui c'est ça

Pour la scène 5, merci il va falloir que j'y change des choses, j'avais aussi l'impression que quelque chose allait pas, mais j'arrivais pas à cibler, bref merci

Citer
Genre mais en mieux dit " je ne sais pas si je suis en avance sur le temps présent ou sur celui d'avant" enfin tu vois l'idée?
Je vois, je vais y reflechir

Citer
Deuxième fois qu'on ne nous donne pas l'autre nom de cette ligne
Y aurait t'il quelque chose d'étrange la dessus?
ça, seul les personnages le savent  :D

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En fait je trouve que globalement, ça manque de cohérence au niveau du style. Je sais pas comment tu bosses je suppose que tu écrit les choses au fur et à mesure, et ça se sent parce que t'es pas dans le même état et du coup, ben ça fait un peu dispersé
Pour ce qui est du style, oui c'est fort possible, comme tu dis il va me falloir une grosse relecture et je note tout ce que vous me dites pour savoir quoi changer, mais pour l'instant je veux surtout finir l'histoire (ce qui m'arrive pas souvent), ensuite la scène 5 à un style different c'est clair et net, et c'est volontaire (bien que je sois legeremnt passé a coté de mes objectifs sur celle là), peut etre que ca influence trop sur la perception de la suite.... Enfin dur de faire de l'absurde sur cette scène (elle me pose vraiment probleme et en meme temps j'en ai besoin)

Ah oui les regles de ce monde, en fait je pense pas les connaitre non plus, d'habitude je construit un monde pour y incorporer une histoire, pour une fois je fais l'inverse et construit autour de Colo, c'est assez interressant à faire, trop de precisions sur un monde absurde hmmm... (Par contre je vais calmer le cote manichéen de la 6 t'as raison, plus de precision dans la 5 aussi, c'est au programme)

oups et
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Toi tu es allé lire les délires verbaux de Viviane
Oui  :mrgreen: Et pis cette police de la folie me plaisait bien

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( Parenthèse qui n'a rien à voir : Je suis personnellement convaincu que la 13 et pire que la 4, mais nombreux de parisiens que je rencontre me soutiennent le contraire, un jour je testerai en long et en large cette ligne pour le plaisir du comparatif)
Je prends peu souvent le métro (la banlieuue), j'avou avoir choisit le chiffre 'au pif', bonne journée métro alors x)

Merci encore!

@Thérébentine

Citer
( tout le reste est nul)
Tu m'as fais peur au debut  :mrgreen:

Citer
certainement la meilleure des 3,
Hm, il y a 6 scènes du coup...  :\? (mais merci! )

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Le nom de Colo me fait penser à tout un tas d examens...
Ahahaha, ça casse tout x)
Citer
Pour la scène précédente, je dirais aussi que le discours manquait de " cœur" pour qu'une personne se lève et applaudisse mais ça viendra à la relecture.
J'ajoute à ma liste pour la grande relecture et travaux de finition (ce tirade me donne du fil à retordre grr)

Merci pour ton commentaire  :)

@Western

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je trouve que ça se disperse un peu trop.
C'est mon éternel probleme...
Par contre pour sortir du pur théatre je prends ca comme un compliment, je m'eparpille mais j'assume mes choix de mélanges, et comme je le disais à Baptiste, je ne l'écris pas dans le but premier d'etre joué, j'écris et advienne que pourra (rien n'est injouable qu'ils disaient), prends ça comme du théatre de fauteuil  ^^ Pour le style tu as surement raison tout de meme, j'ai encore du boulot à la relecture
(Et le metro, quelques sieges, des bars de fer, quelque chose qui ressemble à une porte de métro, et le tour est joué)
Merci sinon!!



La suite (deux dernieres scènes) arriveront bientot, normalement  ^^
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Re : Re : La science diffuse
« Réponse #14 le: 08 mai 2013 à 22:06:03 »
pour la rame de métro, je suis désolé, ça rentre pas dans le budget.

A moins de jouer dans le métro! :P
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