Rose, ma belle,
Au fort de la fragilité de cette esquisse...
Visage éphémère ou sommaire, figuration narrative, inspirée d'une main de maître, ou simple amateurisme, tu offres tant d'originalité que mon regard tu as subjugué.
Amour des fantaisies permises, intensité des moyens déployés, fusion de deux univers: l'idée et le genre.
L'orfèvre de l'art a restitué l'identité à la courtisane de son imaginaire. Toi.
Balayage sur une feuille immaculée, spécificité d'une expression , variantes, précision du geste , vaste personnalité à transgresser subtilement sur la toile, cet air d'ingénu romantique aux lignes pures et harmonieuses , hautement féminines, se dessinent majestueusement entre liés et déliés... plus qu'une marque, un tatouage, un jet d'encre indélébile t'écorches.
De l'autre côté du miroir tu t'exprimes avec parcimonie.
Progression d'un talent idéaliste, élégance chic, couture, association de transparences , courbes voluptueuses, lignes épurées ...tu fascines.
Ici ta bouche ourlée, là un œil succinct, ce nez délicat, la joue s'arrondit en ballon, s'étire en hellébore noire.
Tes traits s'allongent . La main se veut racoleuse, le mouvement plus vif , plus maîtrisé , ambitieux. Tu intrigues.
Tu lutines la poésie, tu chatouilles la litanie dans un silence murmuré, tu invites le partisan visiteur à l'onirisme .
Tout est à gravé, sculpté, souligné, débité habilement pour n'en retenir que ce mystérieux faciès.
Au croisement de l'histoire et de l'intime tu respires déjà la pérennité, figure de style, objet de désir , icône illustrée, ellipse de fumée : l'art et l'impression raconte toute l'étendue de ta beauté intemporelle.
Rêver d'un impossible rêve, brûler d'envie de tirer sur le filigrane que le passage du crayon porte à incandescence, gommer ton épine dorsale, t'effeuiller pour mieux t'apprivoiser avec une nonchalance appliquée.
Rose trémière, de Jéricho, des sables d'orient ou d'occident...d' un trait tu titilles l'abstrait, d' un autre tu tutoies la muse.
Esprit sous influence, joli bouton étouffé dans ton carcan, vision divine, tu synthétises, la mouvance, tu symbolises l'architecture florale, tu défies les voyeurs à outrance en t'affranchissant librement des notions du genre.
Le tout dans un mutisme naturellement sobre au coeur d' une maestria délibérément neutre.
Alors qui es-tu Rose, Rosa, Roselie , femme à la rose... séductrice, intuitive, capricieuse, indépendante et, que cache la double corolle de ta robe frémissante ?
Finalement, tu as plus de fleurs que d'épines ...
Jch.