Vous avez réussi mes chers parents,
J’suis plus rien d’ cette jeune enfant
Qu’ vous ignoriez minutieusement
Tant elle vous agaçait facilement.
Je ne suis plus cette adolescente,
Indécente et embarrassante,
Qu’ vous enfermiez, désobéissante
A votre colère grandissante.
Je n’ai pourtant jamais rien d’mandé
D’aut’ que des parents attentionnés.
Je voulais just’ que vous m’appréciez
Même si vous vous en fichiez.
Vous ne verrez sûrement pas la différence.
Je pars. Je prends sur vous un peu d’avance.
Je ne jouerai pas l’indifférence,
Alors que j’vous tire ma dernière révérence.
Enfant, je vous aimais encore,
Avant de vous détester sans effort,
J'ai trop rêvé d'une vie sonore
Dans mes silences pleins de remords.
Il ne me reste qu’à croire en ma vie
Et faire tout c’ que je me suis promis.
Je ne fais pas tout cela par dépit.
Je vous hais encor bien qu’ j’ai grandi.
Près de vous, je ne peux plus respirer.
Comme toujours, vous m’empêcher d’avancer.
Aujourd’hui, je ne veux plus reculer.
J’peux enfin crier en tout’ liberté.
Je vous quitte, enfin, vieux salopards.
Je pars, pas pour votre vieux café-bar.
Je pars. Vous n’aurez plus d’enfant ce soir.
Je pars, défaite de cette barre,
Que créaient, en mon cœur,
Vos sourires moqueurs.
Des larmes de bonheur,
Lustrent mes yeux rieurs.
Je pars. Libre vainqueur.