Il est le premier endroit où j'ai désiré vivre, celui qui m'a permis de saisir la dimension affective du mot "habiter".
Mes promenades les plus fréquentes en ont dessiné les limites, entre Montparnasse, Denfert-Rochereau et le boulevard périphérique.
Mon quartier m'est d'abord apparu comme un dédale de petites rues fleuries entre les artères d'Alésia et de l'avenue du Maine.
Aujourd'hui, ma carte intérieure s'est étendue, précisée, complétée, sans toutefois que s'éclaircissent toutes ses zones grises.
J'aime cette idée qu'il me reste des territoires à explorer près des coins familiers, comme si une rue pouvait séparer l'aventure de l'habitude.
Il est néanmoins une autre façon d'appréhender mon quartier, cette fois purement sentimentale.
Le monde se recompose selon mes rencontres et mes séparations d'avec des personnes, des objets, des lieux.
Lorsque je me suis éloignée d'un homme aimé, ma cartographie intime en a ainsi été bouleversée, comme si l'espace s'était déchiré.
On vante rarement les qualités esthétiques de mon quartier, surtout vers le boulevard périphérique, dont seules les nuits sont belles, quand les fenêtres des immeubles s'illuminent.
Excentré dans Paris, ce coin du 14e représente une zone de transition entre la ville et sa banlieue.
Provinciale installée à Paris, je me suis tout de suite sentie à l'aise dans cet espace d'entre-deux.
J'ai abandonné bien des lieux sans regret, soulagée de fuir une pesanteur que je n'arrivais pas à définir.
Mais je ne pourrais quitter Plaisance sans y laisser un peu de moi.