Le Monde de L'Écriture
Coin écriture => Textes courts => Discussion démarrée par: elisabeth beaudoin homps le 02 février 2019 à 15:45:55
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Cri du cœur
Il me fait mal au cœur, le cœur. Il me fait mal au cœur parce qu’il est le plus à plaindre de tous les organes du corps. Il n’a pas la vie rose, il prend cher. Il n’en peut plus de symboliser l’amour. Il n’est pas idiot, il sait bien que l’amour ne vient pas du cœur. Il voudrait que cesse cet amalgame et qu’on lui foute la paix. Il pense qu’il est grand temps d’arrêter de le graver un peu partout en le transperçant d’une flèche et de croire aux irrésistibles coups de cœur qui frappent comme la foudre. Tout ça le rend malaucœureux. Il n’aime pas les orages, il n’aime pas les tempêtes, il n’aime pas les éclairs. Et au fond, il n’a pas le pied marin, même si, dans sa cage thoracique, il balance entre deux pulsations.
Il me fait réellement mal au cœur avec ses battements désordonnés, son rythme parfois trop rapide pour lui, sa course contre la montre pour maintenir son pouls constant. Il n’a plus le cœur à tout ça, il n’a plus le cœur à rire dans ce monde où tout se barre en couilles et où le cul fait sa loi. Il aimerait revenir au temps où il pouvait faire le joli cœur sans passer pour un ringard. Il rêve de conter fleurette en effeuillant la marguerite. Il s’autorise à penser qu’il pourrait, de temps en temps, être un vrai cœur d’artichaut. Et s’en donner à cœur joie sans pour autant s’épancher et ouvrir son cœur. Car il est sentimentalement fragile, il sait qu’il peut prendre les choses trop à cœur et il craint de se briser à cause d’un mot trop aigu, à cause d’un geste trop lourd de sens. Alors, il s’endurcit. Au mieux, il se transmute en or. Au pire, il se transforme en pierre.
Vraiment, il me fend le cœur. J’ai envie de le réchauffer. De lui passer du baume sur ses artères et sur ses ventricules, de le redresser gentiment sur son tronc. J’ai envie de lui redonner du courage et du cœur à l’ouvrage. J’ai envie de lui laisser un message dans le courrier du cœur, du genre, « hauts les cœurs, je suis de tout cœur avec toi », signé, ton amie de cœur. J’espère secrètement qu’il répondra à ce message. Et qu’il comprendra que je suis avec lui pour faire contre mauvaise fortune bon cœur en toutes circonstances.
Ceci est un cri du cœur.
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Elisabeth,
Très Belle éloge faite au cœur !
Marcel Achard fait dire à Clotaire, dans Jean de la Lune (acte I, scène II):
Il n'y a pas besoin d'être musicien pour apprécier ma musique, au contraire... Je parle au cœur plus qu'à l'oreille.
C'est ce qui explique mon succès. Car tout le monde à un coeur, et tout le monde n'a pas d'oreille.
Ici tu nous propose un texte qui, à la fois, parle au cœur et à l'oreille.
Les mots pour le cœur, la musique pour l'oreille.
Tu as su associer texte et musique.
Certaines phrases sont de jolis vers, telle que :
J’ai envie de lui redonner du courage et du cœur à l’ouvrage.
J'en reste muet et laisse mon cœur parler par le biais de mon clavier.
Merci pour ce partage... à relire !
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Bonjour.
"On ne voit bien qu'avec le cœur, l'essentiel est invisible pour les yeux Le Petit Prince
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Yop.
Je sais pas si je t'ai déjà commentée, si on s'est croisés ailleurs.
. Il n’en peut plus de symboliser l’amour. Il n’est pas idiot. Il sait bien que l’amour ne vient pas du cœur.
Je suis un peu déçu par ce passage parce que je pense que tu aurais pu en tirer mieux en termes de rythme et de ponctuation, pour trancher un peu avec le début. Là on reste sur la même structure.
Il pense très fortement qu’il est grand temps d’arrêter de le graver un peu partout en le transperçant d’une flèche et de croire aux irrésistibles coups de cœur qui frappent comme la foudre.
J'aime pas trop "très fortement". La partie après "flèche" me semble aussi plus faible (mais nécessaire, peut-être la tourner autrement ?)
Il me fait réellement mal au cœur. Avec ses battements désordonnés, son rythme parfois trop rapide pour lui, sa course contre la montre pour maintenir son pouls constan
Sûre de ton point ?
Pas mal cette variation. L'exercice rend plutôt bien et les diverses répétitions de coeur ne sont pas spécialement gênantes (peut-être que deux ou trois occurrences font un peu forcées vers la fin du milieu).
Merci pour le partage.
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Bonjour Bernard et merci pour ton passage
Si ce texte parle à ton cœur et à ton oreille, tu peux aller, si le cœur t'en dit ;) lire le texte que j'ai écrit sur les oreilles il y a quelques semaines
Je crois que je conclue ce texte en suggérant que les oreilles ont des affinités avec l'absolu et du coup, je me demande si le cœur n'a pas les mêmes affinités que les oreilles...
A bientôt
Bonjour Loïc et merci beaucoup pour ta lecture et tes commentaires
je suis d'accord avec toi sur le "très fortement" que je vais rectifier et sur les points que je vais enlever sur certaines phrases pour avoir davantage de fluidité.
Les répétitions de" cœur" sont intentionnelles, une certaine façon de faire boum boum boum
Salut Jonathan, merci pour ta lecture
j'ai aussi un texte sur les yeux sous la manche, je vais le mettre sur le forum pour continuer la série ;)
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Les répétitions de" cœur" sont intentionnelles, une certaine façon de faire boum boum boum
Oui, j'avais bien compris. Je signalais que parfois, ça fonctionne moins bien.
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Bonjour
J'ai bien aimé ce plaidoyer pour une autre vision du coeur. "Ton cri du coeur " me parle.
Assez sympa aussi de mélanger côté poétique, nostalgique avec un vocabulaire parlé pour le contraste
Il n’a plus le cœur à tout ça, il n’a plus le cœur à rire dans ce monde où tout se barre en couilles et où le cul fait sa loi. Il aimerait revenir au temps où il pouvait faire le joli cœur sans passer pour un ringard.
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Bonjour Severime
Merci pour ta lecture et ton commentaire, si ce texte te parle c'est sans doute parce que tu comprends le langage du coeur ;)
Oui, j'aime bien mélanger images poétiques et langage parlė dans mes textes car effectivement ça crée un contraste que je trouve assez sympa .