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Auteur Sujet: Les Furtifs (Alain Damasio)  (Lu 3359 fois)

Hors ligne Kailiana

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  • Lial' | Calamar placide
Les Furtifs (Alain Damasio)
« le: 18 mai 2019 à 15:58:33 »

Citation de: 4eme de couv'
Ils sont là parmi nous, jamais où tu regardes, à circuler dans les angles morts de la vision humaine. On les appelle les furtifs. Des fantômes ? Plutôt l’exact inverse : des êtres de chair et de sons, à la vitalité hors norme, qui métabolisent dans leur trajet aussi bien pierre, déchet, animal ou plante pour alimenter leurs métamorphoses incessantes.

Lorca Varèse, sociologue pour communes autogérées, et sa femme Sahar, proferrante dans la rue pour les enfants que l’éducation nationale, en faillite, a abandonnés, ont vu leur couple brisé par la disparition de leur fille unique de quatre ans, Tishka – volatilisée un matin, inexplicablement. Sahar ne parvient pas à faire son deuil alors que Lorca, convaincu que sa fille est partie avec les furtifs, intègre une unité clandestine de l’armée chargée de chasser ces animaux extraordinaires. Là, il va découvrir que ceux-ci naissent d’une mélodie fondamentale, le frisson, et ne peuvent être vus sans être aussitôt pétrifiés. Peu à peu il apprendra à apprivoiser leur puissance de vie et, ainsi, à la faire sienne.

Les Furtifs vous plonge dans un futur proche et fluide où le technococon a affiné ses prises sur nos existences. Une bague interface nos rapports au monde en offrant à chaque individu son alter ego numérique, sous forme d’IA personnalisée, où viennent se concentrer nos besoins vampirisés d’écoute et d’échanges. Partout où cela s’avérait rentable, les villes ont été rachetées par des multinationales pour être gérées en zones standard, premium et privilège selon le forfait citoyen dont vous vous acquittez. La bague au doigt, vous êtes tout à fait libres et parfaitement tracés, soumis au régime d’auto-aliénation consentant propre au raffinement du capitalisme cognitif.

Mon avis :
Je sais pas trop quoi dire et qu'en penser... il faut d'abord replacer le livre dans mon contexte :
- j'ai adoré la Horde du Contrevent (genre, vraiment)
- j'ai assisté à des conférences ya 2-3 ans d'Alain Damasio que j'ai moyennement appréciées, parce qu'il était très extrême dans ses propos d'extrême gauche genre "faut tout casser"
- je travaille en machine learning, donc les problèmes sur les données, je connais, c'est pas Damasio qui va m'apprendre des trucs  :-¬?

Ce livre est selon moi un mix entre la Horde (pour l'écriture, en moins marquant cependant) et la Zone du Dehors (pour le fond très politique). Avec une trame plus normale comme pour un livre "habituel" : la perte d'un enfant (très personnelle pour Damasio d'après ce que j'ai compris). Du coup : clairement, c'est un livre qu'il est difficile de séparer de l'auteur.
C'est aussi un livre difficile à séparer de son avis politique. Si vous êtes plutôt de droite, euh, je sais pas trop ce que vous allez en penser. Plutôt de gauche ? Ben... je sais pas non plus. C'est un peu un roman fourre-tout, avec des idées très sympas, mais parfois des exposés (politiques ou de langues) qui traînent franchement en longueur. Accessoirement, je pense que je ne suis pas complètement d'accord avec le fond du roman, mais c'est un peu trop touffu, et ma lecture est trop récente (et le sujet trop complexe) pour que j'ai un avis très tranché.

Je suis contente de l'avoir lu. On y trouve de belles choses. Ce n'est pas un roman parfait, et il est difficile de savoir à quel point il va plaire, et plus encore à quel point il va plaire et va être lu par un large public dans le contexte politique actuel irl des gilets jaunes (en tout cas il est sorti au bon moment pour se faire de la pub...  :mrgreen:)

Il a le mérite de proposer quelques solutions, même si je ne peux pas y croire totalement. Et les Furtifs sont cools.



Note très perso : il m'a "piqué" mon idée de trucs changeants qui se transforment sans cesse  :neutre: Mais ça résume bien mon avis pas clair : y'a plein de trucs que j'aime ou aurais pu beaucoup aimer dans ce bouquin, auxquels j'avais déjà réfléchi, de vagues prémices d'idées que j'ai déjà eues, et du coup je peux pas dire que je suis déçue de ce livre. En même temps, je ne suis pas d'accord avec tout (loin, très loin de là), et j'ai trouvé qu'il y avait des longueurs. Et des jeux sur les mots et l'écriture pas forcément nécessaires pour l'oeuvre dans son ensemble, mais ça me gêne pas plus que ça venant de Damasio.

Du coup, lisez le pour vous faire une idée, vous verrez bien. N'en attendez pas une révolution, ou un clone de la Horde, mais je suis contente de l'avoir lu.

Mon regret je crois, tient en mes convictions profondes : j'ai l'impression que Alain Damasio promeut la rébellion, la furtivité dans le sens s'effacer du système (et non pas, par exemple, reprendre le contrôle de ses données), un peu le chaos=la vie dans le sens "nouveauté constante", "éveil" (ce que j'apprécie mais parfois c'est cool d'avoir des moments calmes, et on peut se sentir vivant en étant immobile, selon moi), alors que pour moi le plus important serait la liberté et l'acceptation de l'autre quel/quoi qu'il soit. Ce que Damasio aborde un peu (avec le refus/acceptation des Furtifs, soit des êtres qu'on peut juger totalement différents des humains), mais que je n'ai pas ressenti dans ce livre. (et puis y'a le problème d'acceptation des idées contraires  :-¬? ceci dit, Damasio est dans Les Furtifs beaucoup plus modéré qu'il a pu l'être dans certaines conférences, heureusement pour moi).
Si la réalité dépasse la fiction, c'est parce que la réalité n'est en rien tenue à la vraisemblance.
Mark Twain

La théorie, c'est quand on sait tout et que rien ne fonctionne. La pratique, c'est quand tout fonctionne et que personne ne sait pourquoi.
Einstein

Hors ligne Meilhac

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  • Messages: 4 047
Re : Les Furtifs (Alain Damasio)
« Réponse #1 le: 19 mai 2019 à 14:07:42 »
damasio je ne suis pas amoureux de ce qu'il écrit mais je l'aime beaucoup comme gars (comme quoi :--))
un bon gars je pense, et intéressant
« Modifié: 14 octobre 2019 à 22:04:21 par Meilhac »

Hors ligne BeeHa

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Re : Les Furtifs (Alain Damasio)
« Réponse #2 le: 25 septembre 2019 à 10:47:19 »
Je suis assez d'accord pour dire que c'est vraiment un mélange entre La Horde du Contrevent et La Zone du dehors, pour les mêmes raisons. Même si, je n'ai pas eu la sensation de "manichéisme idéologique" (Ça fait tellement genre comme expression...) que je voyais dans La Zone du dehors.
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Je n'ai pas spécialement ressenti cette impression de longueur non plus. Mais c'est très subjectif, j'aime bien quand quelque chose est expliquée un peu longuement, ça m'évite la sensation de voir des gens comprendre tout instinctivement, même ce qui n'est pas trivial, ou à l'inverse, tout rejeter en bloc, sans comprendre... Le côté posé me donne une sensation plus "réaliste" des réactions. (Par contre, je comprends totalement que l'on puisse trouver ça long. )

C'est en effet un livre très politique, mais je n'ai pas trouvé que c'était une propagande de ces idées. Ou plutôt si, mais pas de manière aussi radicale que toi. (Tu vas me dire que c'est peut-être lié à mes avis politiques, mais je ne suis pas spécialement de gauche, pas plus que de droite d'ailleurs... J'suis souvent au milieu.) J'ai eu la sensation qu'il voulait montrer les différents avis, montrer certains avantages (notamment avec le colonel ou même Lorca) de chaque côté (Même si, en effet, l'extrême gauche a un plus grand temps de parole et une "défense" plus grande). Et même là, s'il présente beaucoup d'avantage, il met aussi en évidence les limites avec les divergences d'idées au sein même de la "mouvance".
Après, est-ce que cette sensation n'est pas liée à ma trop grande "neutralité" d'idée ? C'est tout à fait possible. ^_^

J'ai beaucoup aimé le style d'écriture et les jeux sur les mots. L’orthographe qui se modifie pour donner deux sens, en jouant sur le lecteur.
Désolé, vous n'êtes pas autorisé à afficher le contenu du spoiler.

Pour moi, même si ça a quelque peu ralenti ma lecture, c'est aussi ce côté qui fait la force de l'ouvrage.

L'idée des Furtifs, leur côté insaisissable, m'a aussi bien accroché. Tout comme leur relation avec le monde, malgré le côté très manichéen de leur traitement. Ils ont l'air tous "gentils", tous unis, et ça me parait "utopique". (Et c'est peut-être là que je trouve la plus grosse "propagande" de chaos=liberté/vie avec laquelle je ne suis pas vraiment d'accord. (Pas totalement en tout cas. C'est trop uni-axial.)


Du coup, j'ai vraiment beaucoup aimé, au moins autant que La Horde du Contrevent, surtout du point de vue de l'écriture pour le coup. (Oui, les enfants moi, c'pas franchement mon truc, ça n'aide pas à être complètement transporté dans les passages où c'est ce qui prime. ^_^)


PS : Désolé si ça fait un peu "d'accord/pas d'accord" avec ton post Kailiana, tu avais relevé un peu tous les points sur lesquels je voulais parlé, du coup, j'ai repris comme ça.
“A faint clap of thunder;
Clouded skies;
Perhaps rain comes – if so, will you stay here with me?”

“A faint clap of thunder;
Even if rain comes not;
I’ll stay here, together with you…”

 


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