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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » [Théâtre] Ecris

Auteur Sujet: [Théâtre] Ecris  (Lu 3846 fois)

Hors ligne Elisedu18

  • Troubadour
  • Messages: 367
  • Psycho-tarée de la plume
[Théâtre] Ecris
« le: 04 mai 2019 à 10:54:43 »
Autre texte pour l'atelier d'écriture. Comme dans à peu près tout ce que j'ai écrit en théâtre, on est plus dans l'onirique que dans le réalisme.
N'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez ;D


« L’enfance est un couteau planté dans la gorge. »
Wajdi Mouawad, Incendies (2003)

Lily est seule sur scène.
Elle fait face au public.
La lumière diffuse éclaire sa longue robe blanche et son visage inexpressif.
Elle est immobile, les yeux fixes.
L’homme sans regard entre côté jardin.
Il ne regarde pas Lily et avance lentement, puis s’arrête.
Temps.
Il reste de côté.


L’homme sans regard – Que cherches-tu ?

Lily – Les mots.

L’homme sans regard – C’est tout ?

Lily – Les sons aussi. Et les couleurs.

L’homme sans regard – C’est tout ?

Lily – Je veux les mots
Les sons
Et les couleurs
Je veux les émotions
Qui remuent l’estomac
Les sentiments profonds
Qui sillonnent l’être
Qui le marquent au fer rouge
Pour toujours
Je veux la colère
La joie
La tristesse
Je veux la peur
Et le ciel
Et le soleil
Je veux les incertitudes
Mais pas les doutes
Je veux les éclats de rires
Perdus au fond des sourires
Les mots mystères
Qui planent dans la voix
Et les sensations brûlantes
Qui réchauffent les nuits glacées.
Je veux tout ça.
Je veux tout.

Temps.

L’homme sans regard – Tu veux tout. Mais est-ce que tu le cherches ?

Lily – Oui.

L’homme sans regard – Et qu’en feras-tu ?

Lily – Je veux écrire.

L’homme sans regard – Allons bons, maintenant tu veux écrire ! Sur quoi ? Sur toi ?

Lily – Je veux écrire, mais pas sur moi
Je veux écrire
Quelque chose qui n’est pas moi
Quelque chose dont la couleur
Ne se fond pas dans la monotonie
Dont l’éclat ne se fane pas
Dans la nostalgie
Dont la vie, en somme,
Ne rejoint pas la mort
Je veux écrire des aventures
Des monts si hauts
Qu’ils semblent infranchissables
Je veux écrire
Les aurores écarlates
Et les crépuscules bleus
Je veux écrire
Les automnes tortueux
Et les étés de feu
Les printemps éternels
Et les hivers de gel
Je veux écrire
Les poissons qui volent
Et les oiseaux qui nagent
Je ne veux pas écrire
L’ennui
Et le silence de ma vie plate
Je ne veux pas écrire
Cette routine sans fin qu’est ma vie
Une roue qui tourne depuis trop longtemps
Et qui ne sait plus comment s’arrêter
Un moulin fou qui défie la raison
Et dont l’édifice branlant
Ne sais pas se poser
Je ne veux pas écrire ma vie
Pour la simple et bonne raison
Qu’elle n’est composée que d’absence de vie
Je ne veux pas écrire quelque chose
Qui manque de chaleur humaine
Et qui pourtant
Me consume lentement
Je ne veux pas écrire mes doutes
Mes montagnes de doutes insurmontables
Tous ces chemins que je vois
Que je choisis
Et qu’au final je parcours à l’envers
Toutes ces voies
Plongées dans le noir
Qui m’apparaissent
Et auxquelles je renonce
Je ne veux pas écrire
Que je cherche le nord
En marchant vers le sud
Que je me perds
Dans mes rêves absurdes
Aux allures de cauchemars
Que mon plus grand rêve
Serait d’arrêter de penser
Je ne veux pas écrire
Les murs trop étroits
Qui éteignent mon cerveau
Et qui étouffent
Tout ce qui tente d’en sortir
Je ne veux pas écrire ces forteresses
Qui avortent mes idées
Avant même qu’elles prennent forme
Je ne veux pas écrire
L’infiniment grand
De l’infiniment petit
Je ne veux pas écrire mes mensonges
Ces mensonges au goût de rêve
Qui m’empêchent de voir la vérité
Ces boules de déni puissant
Qui endorment ma vigilance
Et qui ne vivent que pour me tromper
Et m’attirer dans un trou sans fond
Je ne veux pas écrire
Que je ne peux rien faire contre eux
Que mon impuissance contribue
A leur victoire
Et qu’ils me tirent inéluctablement
Jusqu’à ma tombe
Je ne veux pas écrire
Mes phobies et mes obsessions malsaines
Ces mêmes obsessions tordues
Qui me poussent à rechercher la souffrance
Comme le papillon aux ailes fragiles
Attiré par la flamme de la bougie
Et qui finit par s’y brûler
Je ne veux pas écrire ma vie
Mon enfance passée trop vite
Et qui ne me laisse
Qu’un goût amer dans la bouche
« L’enfance est un couteau planté dans la gorge »
Je ne veux pas écrire ce couteau
Qui m’a fait grandir trop vite
Au point d’oublier des moments précieux
Pourtant à peine effleurés
Je ne veux pas écrire ma déchéance
Cette chute douloureuse
Qui efface progressivement ma vie
Et je ne veux pas écrire mes cicatrices
Je ne veux pas
Je veux écrire, mais pas sur ma vie
Après tout ce serait narcissique
Et ennuyeux
Elle est trop moi
Et je ne veux rien en faire
De cette vie qui est trop moi
Et que pourtant je ne connais pas
Comme deux inconnues
Je veux qu’on puisse se découvrir l’une l’autre
Je veux apprendre d’elle
Et qu’elle apprenne de moi
Je ne veux pas faire d’elle
Ce qu’elle n’est pas
Je veux la parcourir
La laisser s’enfuir
Me désobéir
Revenir et mourir
Renaître et
S’enflammer
C’est ce que je veux d’elle…
Et c’est sans doute
Ce qu’elle obtiendra de moi
C’est ce que je veux
Pour elle et pour moi.

L’homme sans regard – Tu veux écrire, mais pas sur ta vie. Sur quoi alors ?

Lily – Je ne sais pas.

L’homme sans regard – Si, au fond de toi tu sais. Je ne serais pas toujours là pour te guider. Sur quoi veux-tu écrire ? Sur le monde ?

Lily – Je veux écrire, mais pas sur le monde
Il est trop sombre
Et le soleil ne suffit plus
A l’éclairer
Je ne veux pas écrire sur le monde
Parce que son absurdité me fait mal
Parce qu’il tourne en rond
Et refait sans cesse les mêmes erreurs
Je ne veux pas écrire
Que le serpent se mord la queue
Je ne veux pas écrire
Les rivières en flammes
Le ciel en sang
Et les vagues de béton
Je ne veux pas écrire
L’égoïsme et la rage
Des monstres humains
Qui y habitent
Je ne veux pas écrire
Qu’ils détruisent tout ce qu’ils touchent
Et qu’ils sont toxiques
Pour eux comme pour leur planète
Je ne veux pas écrire les guerres
Et les fusils dans les mains des enfants
Je ne veux pas écrire
Les montagnes de cadavres
Qui s’entassent comme des rats qu’on extermine
Ni la cruauté bestiale des hommes
Les uns envers les autres
Ni la Mort qui tire son char funeste
De ville en ville et de pays en pays
J’aimerais avoir la force
D’écrire tout ça
D’écrire le monde
Et tout ce qui n’y tourne pas rond
Mais je ne l’ai pas
Je suis lâche
Et je ne veux pas écrire
Sur la lâcheté du monde
Je ne veux pas écrire
Les villes de bétons
Construites sur les ruines
De la Nature
Je ne veux pas écrire
La société qu’est la notre
Société de consommation
Sans âme
Et pourrie jusqu’aux os
Je ne veux pas
Ecrire
Et décrire
Dépeindre
Ce monde à l’agonie
Je ne veux pas.

L’homme sans regard – Tu veux écrire, mais pas sur ta vie, mais pas sur le monde. Sur quoi alors, si ce n’est ni sur ta vie, ni sur le monde ? Sur quoi veux-tu écrire, au fond ?

Lily – Pourquoi pas sur toi ?

L’homme sans regard – Sur moi ?

Lily – Oui.

Silence.

L’homme sans regard – Tu veux écrire sur moi
A quoi bon ?
Tu ne peux me faire exister
Sur ta feuille
Parce que je suis
Et qu’en même temps je ne suis pas
J’existe à travers ton regard
Par et seulement pour toi
Qui suis-je ?
Je suis cette petite voix
Au fond de ta petite tête
Cette petite tête
Que je prends plaisir
A parcourir et explorer
Cette petite tête
Naïve et indécise
Qui m’accepte puis me rejette
Qui me pousse à parler
Et qui ensuite m’impose le silence
Qui suis-je ?
Je suis ton passé et ton présent
Ton futur et tes rêves
Je suis tes doutes
Et tes certitudes
Je suis les chemins auxquels tu as renoncés
Et ceux que tu as finalement empruntés
Je suis ton nord et ton sud
Ton ouest et ton est
Je suis tes cris et tes silences
Tes souvenirs perdus
Dans la pendule du temps
Je suis tes pensées
Ces pensées qui te pèsent
Et que tu dédaignes obstinément
Ton infiniment grand, ton infiniment petit ?
C’est moi.
Tes idées, tes mensonges ?
C’est moi.
Je suis tes cicatrices
Et tes blessures enfouies
Mais je suis aussi
Ces morceaux d’espoirs
Qui te vrillent le crâne
Et ces petits bouts de bonheur
Qui parsèment ta vie
Au fond je ne suis qu’un souffle de vent
Un mirage bringuebalé
Dans le courant de tes pensées
Je suis un refuge
Pour tes rêves déçus
Et tes joies émoussées
Je suis un temple
Un monastère
Une église
Je suis un dieu en déroute
Qu’on a laissé sur le bord de la route
Un dieu déchu, perdu
Abandonné et désolé
Qu’on a bêtement oublié
De vénérer
Je suis tes cieux et tes océans
Tes montagnes et tes souterrains
Je suis tout ça
Tes insomnies
Tes illuminations
Tes constellations
Le puzzle de ta vie
Je suis par toi
Et pour toi
Je suis ce morceau de toi
Que tu ne connais pas
Ce bout de ta vie
Que tu veux découvrir
Mais que tu continues de fuir
Qui te désobéit
S’enfuit
Et revient
Meurt et renait pour toi
C’est ce qu’on veut l’un de l’autre
Et c’est ce qu’on obtiendra
Alors tu vois ?
Si tu m’écris
Ce sera comme si tu t’écrivais toi
Et puis, comment ta plume
Parviendrait-elle à saisir
La brise invisible et éphémère ?

Long temps.

Lily – Tu as raison. Je veux écrire, mais pas sur toi.

L’homme sans regard – Tu veux écrire, mais pas sur toi, mais pas sur le monde, mais pas sur moi. Sur quoi alors, si ce n’est ni sur toi, ni sur le monde, ni sur moi ? sur quoi veux-tu écrire, au fond ?

Très long silence.

Lily – Je veux écrire
Quelqu’un qui n’est pas moi
Je veux écrire
Un nouveau monde
Et de nouvelles vies
Tout d’abord je veux écrire
Un nouveau monde
Pour effacer le notre
Ce monde aveugle
Qui agonise
Qui meurt et ne rencontre
Qu’une banale indifférence
De la part de ses enfants
Ce monde malsain
Et pourri de l’intérieur
Où les morts
Marchent aux côtés des vivants
Et où la magie de l’imagination
Se heurte aux barrières
Du désintérêt et de l’oubli
Ce monde infertile et hostile
Car trop souvent malmené et torturé
Ce monde qui un jour fut pur
Beau fertile et hospitalier
Et qui ne l’est plus
Depuis trop longtemps
Je veux écrire un monde
Qui me fera oublier le notre
Je veux écrire des torrents belliqueux
Et des chevaux sauvages impétueux
Je veux écrire les renards des bois
Et la glace qui recouvre les montagnes
Je veux écrire un monde magnifique
Sans villes mornes et mortes
Sans cages de béton
Et sans monstres de pollution
Je veux écrire un monde
Composé d’océans purs
De forêts gigantesques
De plages sauvages
Et de mers aux mille rivages
Je veux écrire un monde
Où le faucon danse dans le ciel
Où le dauphin vole
Dans les abysses majestueux
Où l’aigle royal nage
Au-dessus des impériaux sycomores
Je veux écrire un nouveau monde
Aux mille climats
Qu’il neige, pleuve, vente, grêle ;
Où le soleil brille de mille feux
Haut dans les cieux
Je veux écrire un monde indompté
Un monde qui veille sur la nature
Et qui garde précieusement
Des milliers d’âmes
Au creux de ses bras protecteurs
Je veux écrire un monde
En constante évolution
Mu par toutes ces âmes
Qu’il abrite en lui.

L’homme sans regard – Et qu’en feras-tu, de ton nouveau monde ?

Temps.

Lily – Je le peuplerai
Je veux écrire
Ces milliers d’âmes
Toutes différentes
Et aux mille et une couleurs
Aux mille et une nuances
Je veux écrire des vies
Qui ne seront pas les miennes
Et des gens
Qui ne seront pas moi
Je veux écrire une vie
Puis une autre
Puis d’autres encore
Des vies sans aucun lien autre que la mort
Qui plane au-dessus de leur tête
Comme une ombre
Je veux écrire le fil tendu de leur vie
Prêt à craquer
Et je veux écrire des vies
Qui savent déjà comment se terminera leur histoire
Je veux écrire des vies
Qui ne se voilent pas la face
Des vies modestes
Des vies qui comprennent
Qu’elles ne sont que des vies
Et qu’il n’y a rien d’exceptionnel
A être en vie
Puisque tôt ou tard
Elles rejoindront leur mort
Je veux écrire des vies
Qui ne s’encombrent pas de préoccupations futiles
Et qui vivent à fond
Sans penser à la funeste fin
Qui les attend
Je veux écrire des vies
Qui ne considèrent pas
La mort comme une fin
Mais comme un commencement
Un renouveau
Qui leur permettra de renaitre
Je veux écrire des morts en prose
Et des morts en chansons
Des morts en sommeil
Et des morts en recueils
Des morts pleinement vécues
Et des morts désirées
En somme je veux écrire
Une multitude de vies
Autant qu’une multitude de morts.

L’homme sans regard – Et ces vies, ces âmes ? Comment tu veux qu’elles soient ?

Temps.

Lily – Je veux leur écrire
Et leur dédier
Mille rêves, mille couleurs
Mille sourires
Et mille visages
Je veux écrire
Qu’elles naissent
Dorment rêvent aiment
Rient dansent pleurent
Se brisent se consolent
Tombent se relèvent
Echouent réussissent
Simulent ressentent
Souffrent guérissent et meurent
Je veux écrire
Leur courage et leur lâcheté
Leur force et leur faiblesse
Leurs victoires et leurs défaites
Leur adresse et leur maladresse
Leur espoir et leur désespoir
Je veux écrire qu’elles font revivre
Mille cultures
Ces mille cultures merveilleuses
Qu’on a toujours bêtement dénigrées
Je veux écrire leur course contre le temps
Course incessante dont
Elles ne sortiront jamais vainqueurs
Je veux écrire leur vie de long en large
Leurs progrès et leurs échecs
Leurs mensonges et leurs secrets
Leurs révélations et leurs inspirations
Je veux écrire les mots désaccordés
Et les sons prisonniers
Je veux écrire les vérités muselées
Et tous les mots cadenassés
Et tous ces discours
Qu’il aurait fallu taire
Je veux écrire
Les quotidiens fatigués
Et les habitudes renouvelées
Je veux écrire les coutumes
Les religions et les croyances
Je veux écrire tout ce que l’homme a oublié
Et tout ce qui restera gravé pour toujours
Je veux écrire tout ce qui a jamais été dit
Et aussi tout ce qui ne se dira jamais
C’est ainsi que je veux écrire
Ces âmes et ces hommes
Je veux les écrire
Dans toute leur splendeur
Dans tous leurs malheurs
Dans tous leurs bonheurs
Mais aussi dans toute leur horreur
Et dans toutes leurs erreurs.

Très long silence.

L’homme sans regard – A quoi ça te servira, d’écrire ce nouveau monde, d’écrire ces nouvelles âmes, ces nouvelles vies ? Pourquoi tu veux écrire tout ça ?

Lily – Ce nouveau monde
Je veux qu’il soit mon refuge
Mon nouveau monde
Pour remplacer l’ancien
Je veux pouvoir y vivre
Et vivre dans le visage
Des nouvelles âmes
Que je veux écrire
Ce nouveau monde
Je veux qu’il soit un refuge
Pour toutes les autres petites têtes
Et pour toutes les autres petites voix
Perdues au fond des petites têtes.

L’homme sans regard – Pour toutes les petites voix ?

Lily – Oui
Pour toutes les petites voix
Et toutes les petites têtes
Je veux leur bâtir un abri
Où elles pourront se réfugier
Quand les regards de notre monde
Deviennent trop pesants
Pour qu’elles n’aient plus
A trembler devant eux
Je veux leur construire
De nouvelles maisons
Des maisons qui auront une âme
Et une petite tête
Et une petite voix,
Et des jardins secrets
A qui elles confieront
Tout ce qu’elles ont sur le cœur
Je veux leur créer
Une forteresse
Afin qu’elles ne soient plus assiégées
Par les sentiments amers
Et les cœurs malsains
Je veux leur faire
Leur refuge
Qu’elles pourront à tout moment occuper
Un endroit à elles
Où elles pourront se replier
Et vivre une nouvelle vie
Je veux les étreindre
Et les serrer dans mes bras
Toutes ces petites têtes
Qui pensent trop
Et toutes ces petites voix
Qui ont peur d’exister
Dans le creux de mes phrases
Et dans l’ombre de mes mots
Je veux protéger leurs rêves
Enfuis trop tôt
Et leur enfance
Mutilée au couteau
Bien au chaud
Au fond de mon âme
Je veux préserver
Les feux si instables
De leur imagination
Et de leur passion
En fait, je veux leur mentir.

L’homme sans regard – Leur mentir ?

Lily – Oui
Je veux leur mentir
Pour qu’elles puissent oublier
La laideur de notre monde
Et qu’elles puissent vivre dans le mien
En s’affranchissant de leur ancienne vie
Oui je veux leur mentir
Mais juste une fois
Temps.
Ou peut-être deux
Si le monde reste toxique.

Très long silence.
Lily ferme les yeux.
Temps.
Elle les rouvre quand l’homme sans regard parle.


L’homme sans regard – Alors il ne te reste plus qu’une seule chose à faire.

Lily – Quoi ?

Temps.
L’homme sans regard regarde Lily.


L’homme sans regard – Ecris.

Noir.
« Modifié: 04 mai 2019 à 11:02:09 par Elisedu18 »
"Je sais bien que tu es morte, mais je crois qu'il y a dans tout être humain quelque chose qui ne peut pas disparaitre."
"Parfois, on demande à notre corps de parler à notre place de nos douleurs, des histoires qu'on cache en soi."
Ava Dellaira, Love letters to the Dead

Hors ligne Poursuite

  • Scribe
  • Messages: 76
Re : [Théâtre] Ecris
« Réponse #1 le: 06 mai 2019 à 14:35:44 »
Bonjour Elise,

J’ai beaucoup aimé ce texte empreint d’une très grande douceur et beauté avant qu’il ne bascule petit à petit dans les tourments de l’âme qui y sont parfaitement dépeints (je m’y reconnais même parfois !). J’aime que cet homme sans regard donne la réplique à Lily pour ces longs monologues qui sembleraient décousus mais qui ont pourtant une force et une véracité imparable tout en y mélangeant le pessimisme présent à l’optimisme futur.

Ce thème du sujet de l’écriture est très fort, et on se demande à chaque fin de répliqué, avec une curiosité renouvelée, là où cela va nous mener.

En lisant j’ai vraiment entendu la voix de cette jeune fille racontant sa vérité qui est aussi la nôtre.

Par contre ce nouveau monde que Lily veut écrire, j’ai ressenti que c’était en fait notre monde réel et que rien n’avait changé, notamment avec les éléments négatifs :
(Je veux les écrire

Mais aussi dans toute leur horreur
Et dans toutes leurs erreurs.) 
Et je trouve que cela gâche un peu la volonté de refaire un monde meilleur qu'on y ressent pourtant.

Il y a aussi un peu de longueur (notamment qu’on doit tout lire d’une traite pour pas s’y perdre) mais je ne vois pas comment réduire tant tout paraît nécessaire, et puis ça me fait si plaisir de relire du théâtre qu'on ne peut bouder généralement son plaisir.

Aussi, pour être comme vous dites dans l’onirisme, et garder cet universalisme, j’aurais appelé Lily juste « La fille » ou « La femme », je ne vois pas d’utilité réelle à mettre en prénom.

En tout cas, on sent une vraie maîtrise et un réel talent pour manier ces mots auxquels vous donner un sens fort.

Un grand merci pour le partage et je lirais vos prochaines pièces de théâtre avec plaisir.

PS : J’ai pas vu de fautes juste à plusieurs moments il faut écrire « nôtre » au lieu de « notre » devant le, la ou les.


Poursuite,
« Modifié: 06 mai 2019 à 14:39:21 par Poursuite »
« Je pense que la vie est faite pour devenir gentil. Je vis en espérant que la moi d’aujourd’hui est un peu plus gentille que la moi d’hier. » Seishun buta yaro

Hors ligne BAGHOU

  • Prophète
  • Messages: 687
  • Reflet de l'humeur du moment
Re : [Théâtre] Ecris
« Réponse #2 le: 26 juin 2019 à 21:51:00 »
A la première lecture, j'ai eu envie d'applaudir, je me suis retenue. ::)
A la seconde lecture, j'ai commencé à apprendre le premier monologue de Lily. :o
C'est rythmé et assez musical. J'étais nulle en récitation et pourtant, les premières répliques de Lily sonnent justes comme une ritournelle. Le reste est bigrement trop long, mais j'ai aimé ce que vous faites avec les mots et ce qu'ils expriment.
C'est presque parfait, un peu long pour celui qui écoute. Le lecteur est avantagé, je suis contente de vous avoir lu ce soir.
Au plaisir de vous lire de nouveau. ;)
"La critique, art aisé, se doit d'être constructive." Boris Vian dans l'Herbe rouge.

 


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