Salut Marcel !
J'ai lu le titre, bon pourquoi pas..., intriguant, pas un objet poétique commun (un truc qui sent le quotidien et tant mieux !), et j'ai vu l'auteur. Et je me suis attendu à quelque chose. Et je n'ai pas été déçu. J'ai vraiment aimé ton texte. Pour le coup je trouve que ta patte convient parfaitement à cette poésie de la vie quotidienne entre "populaire" et "de la rue", je sais pas si tu vois ce que je veux dire. Une poésie sincèrement et fièrement débraillée.
Cette "balade" au super nous plonge dans les yeux, dans l'esprit même, du poète-narrateur. Les jeux de mots ne sont, comme au supermarché, jamais gratuits. A chaque strophe il y a des jeux de sens entre images juxtaposées, expressions et sens figurés. Leur abondance colle parfaitement à l'atmosphère argotique de ce lieu ou la basse condition se lit sur le tapis roulant.
Elle à ras la moule
J'ai un peu tiqué sur ce vers car je trouve qu'il casse un peu le travail que tu avais fait dans les vers précédent sur le double sens, le suggestif. On avait compris l'idée mais là tu désamorces le plaisir de l’ambiguïté en devenant très explicite, en accumulant une nouvelle image qui enfonce le clou. A la fois je comprends l'idée, je trouve une certaine cohérence en relisant, et d'un autre je suis obligé de te signifier cette impression première.
(comme tu apportes semble-t-il une importance à la forme, je me permets de signaler une faute de frappe "a")
Non franchement, y a vraiment beaucoup de choses qui me plaisent et m'intéressent ici, il y a de la critique sociale sans en avoir l'air, par le simple regard du personnage, il y a le ton, il y a le décor, il y a les images, il y a le jeu avec le langage, il y a le sens à chaque coin de vers. Il y a une trame cohérente, une ambiance générale. Il y a un début et une fin. Il y a une complicité avec le lecteur, il y a une certaine autodérision, une mise en scène de soi sans volonté de se montrer sous son meilleur jour. C'est même plutôt l'inverse, ou du moins une certaine transparence.
Il y a le réel qui suinte.
Un petit florilège :
Un pack de vingt-quatre
Me faire pisser l'amertume
Un tube de dentifrice
Qui ne sente pas l'haleine de mouton
Un baril de lessive premier prix
Pour effacer les traces
Un couscous c'est mon plat préféré
Il faut changer la souris
Mon regard divague
Une blonde s'agenouille
Se jette sur un paquet de nouilles
Ses mains trop propres
Son sourire sale
Je pousse jusqu'au rayon fromages
Démonstration en cdd
As-tu pensé à faire les courses
Je sors du super marqué à vie
Peut-être que "je pense à Édith" aurait été mieux sans "padam", pour l’ambiguïté avec le sms, et un meilleur effet de "je piaffe"
Je proute et me blancasse la cerise
Ca je n'ai pas bien compris.
La fin sur le camion poubelle j'aime bien aussi.
Pour résumer, je trouve que tu nous offres là une très belle prestation, en allant chercher le meilleur de ce que peut donner ton style, ton ton, tes thématiques de prédilection. Il y a quelques vers de trop selon mon impression (en fait seulement 2 ou 3), dont l'inhibition pourrait faire gagner en sobriété et surtout en équilibre, en puissance, en habileté, en suggestion.
Merci à toi,
au plaisir de te lire à nouveau