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Auteur Sujet: [Théâtre] Tailleur pour dames (Feydeau)  (Lu 2287 fois)

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[Théâtre] Tailleur pour dames (Feydeau)
« le: 19 décembre 2020 à 17:53:09 »
Critique aisée n°207

Tailleur pour dames
Georges Feydeau
Bernard Murat - Pierre Arditi-2008

Quelqu’un (1) a dit un jour : « Les pièces de Georges Feydeau sont des mécanismes d’horlogerie, des mécanismes d’horlogerie d’une précision suisse, construits par un horloger maniaque dans le seul but de pouvoir y introduire lui-même un à un les grains de sable qui emmèneront l’horloge en survitesse et finiront par la faire exploser. »
Mais une fois qu’on a dit ça ou quelque chose d’approchant, en général on brode un peu et on s’arrête là, à court de paraphrases et de métaphores. Et pourtant, quand on a dit ça, on n’a pas tout dit.

On n’a pas dit qu’elles sont impossibles à raconter, car leur intrigue est aussi invraisemblable que compliquée ; qu’elles sont immorales, au mieux amorales, car les protagonistes passent leur temps à tromper ou à vouloir tromper les uns avec les autres ; qu’elles sont cruelles, car elles mettent en scène des personnages affectés de tares physiques comme une rédhibitoire mauvaise haleine ou un énorme défaut de prononciation ; qu’elles manquent de diplomatie car on s’y moque beaucoup des étrangers en les affublant d’accents impénétrables ; qu’elles sont asociales ou pire, antisociales, car les bourgeois y sont à leur place et les gens de maison à la leur, rendus aussi ridicules les uns que les autres.

Et si par hasard on a dit tout ça, on n’a pas encore tout dit. Il reste à dire que pour les directeurs de théâtre, elles sont une assurance de rentrées, pour les metteurs en scène, un exercice imposé, précis et périlleux, et pour les comédiens, une performance joyeuse et exténuante.

Et pour le spectateur, alors, c’est quoi, une pièce de Feydeau ? Je ne sais pas pour les spectateurs de l’époque — la Belle Époque — de Feydeau, mais si j’en juge d’après moi, et c’est en général comme ça que je procède, moi qui fus le spectateur type de la fin des Trente Glorieuses, de l’époque soixante-huitarde, de celles des chocs pétroliers, du socialisme florentin, du Chiraquisme satisfait, du Sarkozysme énervé, du Hollandisme mou et du Macronisme jupitérien, moi qui fus tous ces spectateurs-là, je peux vous dire qu’ils  en redemandent du Feydeau.

C’est curieux, les pièces de Feydeau, c’est comme le caviar. Il y a des gens qui feraient des kilomètres pour en avoir et d’autres à qui ça ne fait aucun effet. Mais la comparaison est bancale, car Feydeau n’est pas un produit de luxe, enfin pas plus que n’importe quelle autre pièce de théâtre.

Sur la chaîne France 5, vous pouvez voir en ce moment en replay la rediffusion d’une représentation du Tailleur pour dames, donnée en 2008 au théâtre Édouard VII. La mise en scène est de Bernard Murat et le rôle principal est tenu par Pierre Arditi.

La première fois que j’avais vu le Tailleur, c’était en 1985 aux Bouffes Parisiens avec ce même Arditi. Avec cette pièce, après une longue période d’absence, Arditti faisait un come-back. La pièce eut un énorme succès et relança définitivement sa carrière. Ce qu’il est devenu après est une autre histoire, parfois très bon, l’acteur est cependant souvent horripilant.

Toujours est-il que le Tailleur de 2008 que vous pouvez voir sur France 5 est à nouveau monté autour de lui. Et il faut dire que si le premier acte est bourré de ses tics, le jeu délirant qu’exige du personnage principal toutes les pièces de Feydeau parvient très vite à noyer les tics personnels de celui qui l’interprète. Et c’est sans réserve que je dis que plus la pièce avance, plus Arditi s’améliore pour devenir, au troisième acte, excellent.

Maintenant  que je lui ai rendu justice, il faut que je parle d’un autre comédien qui m’a totalement épaté dans cette représentation et c’est Laurent Gamelon. Vous avez certainement déjà repéré sa stature de rugbyman dans de multiples seconds rôles dans des séries télévisée ou des films souvent de second ordre. Déjà très bon dans les Brèves de Comptoir de Jean Michel Ribes, il explose littéralement dans le rôle, classique chez Feydeau, du mari cocu et infidèle.
Emmanuelle Devos est très bonne et Marie-Anne Chazel tout juste honorable.
Mais Gamelon vaut le voyage.

N’oubliez pas : France 5, Replay.

Note 1 : C’est moi

 


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