Salut les gens,
Cela faisait bien longtemps que je n'avais rien posté d'aussi personnel qu'un texte.
Je n'ai pas la prétention d'appeler cela de la poésie en prose, mais j'espère quand même que le style vous plaira.
Il s'agit d'un premier jet que j'aimerais améliorer, aussi, si vous avez des conseils de concernant le vocabulaire et les tournures de phrases ou encore le rythme, je suis toute ouïe.
Si vous souhaitez simplement donner votre sentiment, j'en suis curieuse aussi.
Bonne lecture,
Quaedam
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A tous ces mots, je lève mon verre.
A tous ces furoncles littéraires,
A toutes ces erreurs mal frappées, mal formées.
A toutes ces abominations de papier, siamoises ou désarticulées.
Je dédis ces frères.
Votre orthographe oubliée, vous fûtes vérifiés puis éliminés sans pitié. Faute de frappe, de grammaire, vous étiez cassées. Vous gisiez, la gueule fendue ou démantibulée, recousue au fil blanc des réécritures. Lorsqu'on vous regardait, vous hurliez votre douleur inaudible dans votre désir de bien faire. Ce que vous auriez dû être n'est plus, n'a jamais été. Jamais vous ne crierez votre sens, jamais vous ne transmettrez autre chose que la paresse ou l'ignorance de votre maître. Vous étiez avortés avant même d'avoir été nommés ; l'échec d'un récit dont vous étiez les escarres. La place que vous teniez aurait dû vous appartenir, mais n'a jamais été vôtre, par l'erreur de votre créateur.
Et c'était lui, votre pire ennemi. Il vous poursuivait, avec la hargne que prodigue la honte, dans les dialogues que vous rendiez bègues, dans les passages que vous faisiez tressauter, dans les phrases que vous disloquiez. Ses yeux avides parcouraient inlassablement vos voisins à votre unique recherche. Il traquait la moindre ponctuation derrière laquelle vous pouviez vous dissimuler. Si vous échappiez à votre créateur, de dépit, il rendait les armes et vos corps suppurants à des acolytes dont c'était le métier. Ceux-là connaissaient toutes les subtilités de la chasse au mot perverti. Ils maîtrisaient les règles, savaient comment vous faire sortir de vos trous. Par de perfides et ancestrales tactiques, ils vous débusquaient quelques fussent les subtilités de vos difformités.
Vous vîtes tomber vos frères infirmes et vos sœurs impotentes. Sans protestation, ils subissaient la torture de la sélection. Cet infâme sursis qui, pour mieux faire disparaître, englobe toutes les lettres. Puis la suppression terrible. Comme un coup de hache dans leurs nuques torses. Pouvait advenir aussi, plutôt que les abîmes de l'oubli, le tranchage méthodique de vos membres pour en sauver quelques vestiges et les transplanter à un autre congénère plus correct, plus normal. Mais auriez-vous préféré qu'on vous perce d'un trait comme vos ancêtres ? Qu'on vous enterre sous des couches de matière ? Qu'on explose votre corps minéral à coups du burin ?
Mais alors que l'histoire dont vous aviez bien malgré vous supporté l'existence est désormais lavée de votre répugnante présence, d'étranges réminiscences de vos êtres apparaissent. Alors qu'on vous pensait uniques tant vos apparitions avaient été accidentelles, des boutures de vos êtres surgissent au gré d'autres textes. Ces héritiers vous ressemblent, tout aussi étranges et éclopés. Votre engeance subsiste. S'ils sont à leur tour éliminés, ils égrènent ailleurs, sous d'autres plumes, d'autres claviers. Ils envahissent les touches et les font bugger. Ils aplatissent les mines et les font sursauter. Vous êtes partout et nulle part, nés d'aucune volonté et pourtant vous nous résistez.
Tristes sires de l'écriture,
Compagnons infortunés de tous les auteurs,
Rebuts des contes et des romans,
Malgré nous,
Vos parents.
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Et bien sur, si vous trouvez des fautes d'orthographe, je serais ravie de les éliminer avec un grand sourire honteux et carnassier.