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Auteur Sujet: Apprendre la littérature  (Lu 4330 fois)

Hors ligne Cyr

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Apprendre la littérature
« le: 26 janvier 2020 à 20:08:09 »
Comment apprendre la littérature ? Ma question me paraît très floue et hasardeuse. Je lis depuis longtemps et écris de temps à autre depuis une dizaine d'années mais de formation scientifique, les commentaires et les "travaux" de certains sur le forum ont éveillé de plus en plus ma curiosité sur ce que je pense être l'étude de la littérature. Mais par où commencer ? Et qu'est-ce que je souhaite plus précisément ?
J'ai pensé que peut-être certains d'entre vous pourrez me conseiller des livres ou autres ?
"Il y a deux sortes de poètes : les bons, qui brûlent leurs poèmes à l'âge de dix-huit ans, et les mauvais, qui continuent à écrire de la poésie jusqu'à la fin de leurs jours." Umberto Eco

Hors ligne Aléa

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Re : Apprendre la littérature
« Réponse #1 le: 28 janvier 2020 à 14:16:09 »
Salut !

Ca fait plusieurs fois que je lis des inquiétutes au sujet d'être de formation scientifique, et je pense que y'a aucune inquiétude à avoir de ce côté ^^ Je veux dire, ce n'est en rien un handicap (y'a d'ailleurs beaucoup de gens qui sont de formation scientifique sur le forum ^^)

Après, tout dépend de ce que tu recherches, en fait ?

Personnellement, j'aurais tendance à te dire que si tu veux "étudier" la littérature, tu peux le faire toi-même simplement en lisant, en plaçant plus d'attention sur les constructions des phrases, en étant attentif aux phrases qui te font de l'effet (et donc à te questionner à ce moment là sur pourquoi ça te fait de l'effet) et je pense que de cette façon tu t'imprègneras plus facile des structures de phrases ou de petits tours que jouent certains écrivains, tu en repéreras aussi que tu voudras réutiliser etc, tout ça dans la quête de trouver ce qui te correspond. Par exemple un des livres qui m'avait vachement marqué dans "l'étude" littéraire c'était un livre que weg m'avait conseillé, Les souterrains de Kerouac, parce qu'il était écrit quasiment intégralement avec des tirets cadratins, et c'était vraiment un sacré tour de force d'écriture et m'a fait réfléchir de façon accelérée à l'utilisation de ces tirets.

Après, si ce qui t'intèresses c'est plus une approche historique ou académique (là je saurais moins te conseiller, déjà huhu), ça existe aussi. Je ne sais pas si des témoignages d'écrivains sur leur pratique t'aiderait ? (auquel cas, Profession romancier de Murakami est intéressant, journal d'un écrivain en pyjama de Lafferière aussi, Confession d'un jeune romancier d'Umberto Eco aussi, mais bon, tout ça c'est plus des astuces de méthodes d'écriture plus que d'étudier vraiment la littérature, la construction des phrases etc)

En tout cas il n'y a pas une façon de faire, et j'ai jamais fréquenté le chemin purement académique pour ce faire, être curieux et se questionner sur ce qu'on est en train de lire me parait être l'élément essentiel (et tes deux questions par où commencer et qu'est ce que tu veux précisement sont les meilleurs points de départs ^^ lire les gens sur le forum m'a également beaucoup aidé, à voir des choses qui ne fonctionnaient pas pour moi, ou au contraire identifier des façon de faire que j'apprécie mais ne me correspondent pas forcément dans mon écriture, bref, ça aide à se questionner et identifier ce qu'on veut pour soit - et surtout par la suite essayer et se planter, aussi)
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Re : Apprendre la littérature
« Réponse #2 le: 28 janvier 2020 à 16:32:26 »
Bonjour Cyr,


Te rapprocher d'une troupe de théâtre et monter sur scène si tu veux écrire pour le théâtre.

Aller visiter le patrimoine national ou mener des recherches en bibliothèque si tu veux écrire sur un sujet historique.

Consulter les revues scientifiques d’actualité si tu veux écrire de la science-fiction.

T'intéresser aux arts, musique, peinture ou danse, lorsque tu veux maîtriser ton langage poétique.

T'intéresser aux mythologies, aux légendes et aux mystères du monde si tu veux travailler sur des contes ou de la fantasy.

Connaître les différents partis politiques sur le bout des doigts si tu veux écrire une satire.

Te créer un carnet de contacts, rencontrer des gens populaires ou t'intéresser aux dernières rumeurs si tu veux écrire une autobiographie, un récit fantastique ou une romance.

Feuilleter les faits divers et les grandes affaires criminelles si tu veux te lancer dans un bon gros polar...

Tous les genres ont leurs particularités, il faut savoir s'y adapter, faire un lien entre ce que tu aimes et des activités autour du livre. Les gens qui veulent bosser sur leur style ont forcément besoin d'écrire sur un sujet en particulier, et c'est en alimentant des sujets de discussion passionnants que tu trouveras de quoi nourrir tes écrits de choses passionnantes. Même si tu veux apprendre à écrire bien, étant donné le temps que cela prend de façonner la langue, il va falloir nécessairement que tu bosses sur des trucs qui t'intéressent (l'ennui étant le meilleur moyen d'abandonner ton boulot en cours de route...).


En espérant que ces conseils te soient utiles, à bientôt ! ^^
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Hors ligne Angieblue

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Re : Apprendre la littérature
« Réponse #3 le: 28 janvier 2020 à 20:00:04 »
Hello,

Pour apprendre la littérature, je te conseille les anthologies, qui sont aussi des ouvrages d'histoire littéraire. Certaines sont très bien faites avec des analyses d'extraits de textes, et une présentation de l'auteur et de son style.
A la fac, on m'avait conseillé la "Collection littéraire Lagarde et Michard" de chez Bordas. Il y a un ouvrage par siècle.

Les préfaces, par exemple celles de recueils de poésie, sont également excellentes pour comprendre le style d'un auteur.
Angie

Hors ligne Cyr

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Re : Apprendre la littérature
« Réponse #4 le: 30 janvier 2020 à 19:30:04 »
Merci pour vos retours intéressants.
Ben G. Je note :
- savoir différencier les astuces de méthodes d'écriture de l'étude de la littérature à proprement parler
- être curieux et se questionner sur ce qu'on est en train de lire
- pratiquer l'écriture, faire son expérience, il n'y a pas une méthode qui s'applique à tous

Alan Tréard Je note :
- faire des recherches
- écrire sur des sujets qui nous intéressent ou nous passionnent (pour encourager et faciliter l'investissement)

Angieblue Je note :
- explorer les styles des auteurs à travers les anthologies et les préfaces des oeuvres.



A vrai dire, j'ai pensé qu'il était intéressant d'apprendre des concepts de manière un peu artificiels, plutôt que seulement par sa propre expérience. C'est je crois une manière de mieux avancer.

J'ai beaucoup apprécié les essais de Bachelard sur l'imagination dans la littérature. Je lisais aussi un "que sais-je" par exemple sur l'imagination pour essayer de comprendre confusément comment la création artistique opère t-elle et peut être dans l'idée de maîtriser un peu plus cela.

Mais ça ne fait pas tout. J'ai lu aussi un temps le livre "l'art d'écrire enseigné en vingt leçons" par Antoine Albalat. Je crois que cela s'inscrit dans les astuces de méthode d'écriture.

Par ailleurs, on m'a conseillé les livres de vulgarisation ce qui me convient peut-être mieux. Mais pouvoir consulter quelques ouvrages qui référencent des procédés peut aider à l'occasion.

J'écris cela pour compléter vos remarques.





Posts fusionnés par la modé
« Modifié: 30 janvier 2020 à 21:43:05 par Ben.G »
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Re : Apprendre la littérature
« Réponse #5 le: 30 janvier 2020 à 21:48:28 »
Oui si tu estimes que ça te seras plus utile les notions académiques je comprends ^^

Les Que sais-je sont très bien oui ! La collection 128 (les rouges pour la littérature) chez Armand Colin aussi, dans le même genre de format mais très académique (j'ai en attrapé deux, celui sur l'Autofiction était intéressant, un autre sur l'écriture de dialogue)
(après moi ça me saoule vite mais bon  :mrgreen: )
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Re : Re : Apprendre la littérature
« Réponse #6 le: 30 janvier 2020 à 21:50:01 »
Cyr,


Si tu lis des anthologies, il est plus probable que celles-ci t'informent en tant que profane plutôt qu'en tant que personne qui « apprend la littérature » pour se spécialiser car les anthologies sont destinées au tout public (elles ne sont pas faites pour donner des leçons mais pour divertir ou informer) ; ça peut t'aider, mais si ça ne t'aide pas tu pourras toujours rechercher d'autres méthodes.

D'ailleurs les facs de lettres n'ont pas vocation à définir les modes (elles ne jouent qu'un rôle d'archivage et de mémoire ; qui est un rôle important, entendons-nous ! mais pas celui recherché pour une recherche plus actuelle).

La littérature est suffisamment large pour que chaque spécificité (que j'ai évoquées dans mon précédent post) soit représentée dans sa diversité, apprendre des méthodes d'écriture, c'est avant tout apprendre un style en particulier (le comique ne sait pas faire de tragique et vice versa). Théâtre, autobiographie, histoire, poésie n'ont rien à voir entre eux, et apprendre à les distinguer te permettra déjà d'apprendre des choses qui te sont utiles (ensuite il faudra te tourner vers les spécialistes d'un genre en particulier, ces spécialistes étant les auteurs avant tout). Ce que j'entends par ces mots, c'est que tu auras constamment des auteurs qui s'imposent de par leur style dans un genre (il existe des genres très différents les uns des autres) sans être passés par les écoles d'un autre genre, que chacune de ces façons de faire est différente en fonction du rôle de l'écrit (et de la maison d'édition qui s'y intéresse). Tu apprendras des choses absolument inutiles si tu te plonges dans des livres d'éducation qui ne te concernent pas (malheureusement, apprendre à écrire, c'est un acquis qui prend du temps et qui demande beaucoup d'investissement personnel et d'intérêt).


Si tu veux tu peux acheter des livres qui expliquent la versification en poésie, mais cela ne servira jamais pour une autobiographie.

Si tu préfères tu peux acheter des livres qui expliquent les règles de la narration pour écrire un récit héroïque, conte ou fantasy, mais cela ne te servira jamais pour écrire un récit biographique ou historique.

Si souhaites créer des personnages à la psychologie complexe, tu devrais pouvoir trouver des ouvrages théoriques récents qui offrent de quoi alimenter un roman policier à la psychologie complexe, mais tu ne pourras pas exploiter la personnalité de tes personnages dans une satire (qui est par définition ridicule, simpliste et caricaturale).


C'est ce que j'essayais d'exprimer précédemment en évoquant le fait que, au-delà d'une recherche individuelle (qui est nécessaire pour se construire en littérature), il y a aussi besoin de savoir définir ses affinités, de se sentir comme affilié.e à un genre et de s'intéresser à tout ce qui gravite autour de ce genre-là seulement (de mettre de côté le reste comme par abstraction). Apprendre « toute la littérature » n'existe même pas chez un professeur de fac (qui se spécialise dans un domaine en particulier de l'histoire voire même ne maîtrise que quelques rares auteurs, mais les connait sur le bout des doigts), il n'y a pas de « chemin prédéfini » pour se spécialiser en littérature, notamment concernant la littérature actuelle, se spécialiser demande donc d'abord de faire des choix et de s'y tenir.

Pour te donner un exemple précis qui t'encourage à te sensibiliser à un domaine de la littérature en particulier (à faire un choix assumé), il existe en ce moment des questions sur la place des femmes ou sur les inégalités dans la société : la romance à la mode traite de ces questions, autrice & auteurs s'intéressent à ça pour écrire leurs histoires d'amour passionnées, il faut absolument connaître tout le contexte de notre époque pour écrire aujourd'hui de la romance. Il s'agit de connaître les modes, les débats autour des relations homme-femme pour pouvoir soi-même être autonome dans un récit fictif, créer un récit qui s'ancre dans notre époque. Si tu veux écrire de la romance, c'est comme pour le reste (théâtre, conte, polar, etc.), tu as besoin de chercher des auteurs qui s'inscrivent dans ce mouvement et qui font loi. Chaque époque a ses autrices & auteurs qui font loi, et ses sujets de prédilection selon les genres et les domaines de prédilection.


Quelque part, je synthétiserais mes conseils de la manière suivante : la littérature est trop large pour être contenue dans un seul livre, c'est la raison pour laquelle définir des affinités dans un premier temps permet de faire le tri entre différents livres, de choisir en fonction de ses préférences. Ensuite, quand tu sauras définir tes thèmes de prédilection, il sera plus simple de t'orienter vers des livres de référence (plus simple pour celles & ceux qui connaîtraient tes affinités et auraient des accointances avec toi car ils sont eux-mêmes intéressés par le sujet en particulier). Il ne s'agira jamais que d'un domaine de la littérature en particulier.


Si jamais tu souhaitais t'orienter en particulier vers la poésie (car tu postes souvent dans la section poésie, donc j'imagine que cela pourrait te plaire de te spécialiser), je te conseillerais personnellement de faire des recherches du côté de Victor Hugo, Baudelaire, ou encore Lamartine qui ont beaucoup théorisé la poésie et sont encore très influents de nos jours ; je te conseillerais également d'aller visiter de expositions d'art ou des concerts (qui permettent de sensibiliser sa perception des sons et des couleurs, notion de rythme, de beauté et de nuances). Pas de poésie sans les arts, sans quoi tu ne comprendras jamais rien à la poésie !! Lire Virgile resterait un incontournable, mais plus de la moitié des poètes ont contourné Virgile et ne s'intéressent pas à ce qu'il a écrit... Et sinon, lire de la poésie d'actualité (dans les librairies, les libraires te proposeront de la poésie d'aujourd'hui car les libraires connaissent la poésie de notre époque). Tu peux aussi consulter la Salle de lecture : poésie du forum pour voir ce qui se fait actuellement, voir ce qui plaît aujourd'hui et pourquoi. Des ouvrages de références permettent d'apprendre à versifier, les anthologies s'adressent quand même plus à des profanes, et sont souvent pauvres en contexte (elles sont utiles dans l'exploration, mais cela demande de savoir faire ses propres recherches soi-même, pas facile à faire, effectivement), c'est la raison pour laquelle je pense que les libraires sont la meilleure réponse à tes questions (il apportent un éclairage humain qui offre de véritable perspectives à mes yeux).

La psychanalyse joue un rôle extrêmement marginal dans la littérature, c'est une bulle à part, je te déconseille effectivement de t'y tenir pour te faire une idée de la chose, car cela peut t'amener dans un cul-de-sac et avoir l'effet inverse de te décourager et de t'amener à ne plus voir la littérature que sous l'angle de l'analyse (l'analyse n'étant qu'un domaine ultra-marginal de la littérature... et donc appauvrissant par nature). L'analyse, ça fait moderne dans l'expression, mais ça ne produit rien de sensationnel malheureusement, et ça concerne très peu de littératures (le polar à la limite, et encore...). Le problème avec l'analyse, c'est que cela ne respecte pas le cadre que ça s'était imposé au début : un cadre purement théorique, et soudainement les hypothèses deviennent des connaissances absolues dans un basculement inexplicable et mettent de côté vérification et expérimentation (c'est l'un des problèmes de notre siècle malheureusement). Les vrais analystes savent reconnaître les limites de leur théorie, mais les lectrices et lecteurs ne savent plus faire la part des choses malheureusement (en gros, il n'y a qu'un analyste qui comprend l'analyse, les autres n'étant jamais que des profanes sans rien apprendre ; ce n'est utile qu'à des chercheurs, et ça ne sert pas les acteurs/c'est donc utile, mais seulement pour certains domaines scientifiques). N'hésite surtout pas à t'affranchir de ce genre de cadre, je te le conseille en toute sincérité (surtout qu'il existe de nombreuses autres méthodes qui sont bien plus riches et diversifiées et qui se sont imposées dans l'histoire).

C'est très difficile de donner des conseils sur une littérature « en général » (comme s'il existait une littérature uniforme), j'espère sincèrement que les différents points que j'ai abordés seront suffisamment enrichissants, je fais de mon mieux.


Au plaisir. ^^
« Modifié: 30 janvier 2020 à 22:01:55 par Alan Tréard »
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Hors ligne Miettes

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Re : Apprendre la littérature
« Réponse #7 le: 30 janvier 2020 à 23:30:40 »
J'ai fait des études de lettres, donc je pourrais bien te conseiller quelques textes qui sont, à mon avis, de bonnes introductions ou des classiques des études littéraires.

Antoine Compagnon, par ailleurs professeur au Collège de France, a écrit Le Démon de la théorie, qui est une très bonne introduction aux théories littéraires du XXe siècle. Ça se lit très bien et permet de saisir le paysage intellectuel qui a gouverné les études littéraires, les débats qui les ont animées, au cours de ces dernières décennies.

Une excellente histoire de la littérature française, et pas trop longue mais tout de même érudite, c'est La Littérature française. Dynamique et histoire, en deux tomes, dirigée par Jean-Yves Tadié. Chaque siècle a été confié à un·e grand·e spécialiste, ça se lit comme un roman et donne plein de pistes de lecture.

Sinon, aller voir du côté de Genette, qui est l'un des meilleurs théoriciens de la littérature, à mon sens, et qui décrit de très près les phénomènes stylistiques. Peut-être ne faut-il pas commencer par ses gros essais, intimidants, mais aller piocher dans Figures I, recueil de courts articles, peut être un bon début.

Il y a quelques années, j'avais découvert avec émerveillement les courts essais de Julien Gracq consacrés à la littérature et à ses lectures. Il est aussi bon essayiste qu'écrivain. On trouve des choses magnifiques dans En lisant en écrivant, recueil de notes.

Un autre classique du genre, plus ancien mais néanmoins fondateur, c'est le Contre Sainte-Beuve de Proust, qui y développe sa très belle théorie de la création littéraire. On en est un peu revenu depuis, c'est une sorte de mystique qui désocialise beaucoup l'acte d'écriture, mais c'est très beau. Dans le même genre, on a les Lettres à un jeune poète de Rilke, le poète allemand, qui proposent une réflexion éthique sur l'écriture poétique, l'engagement existentiel qu'elle suppose.

Un bon essai, et accessible, sur la poésie contemporaine, écrit par un poète d'ailleurs, c'est la Caisse à outils de Jean-Michel Espitallier.

On dit que les essais d'Umberto Eco sont stimulants et se lisent comme du petit lait mais, à ma grande honte, je n'en ai aucun lu aucun qui porte spécifiquement sur la littérature. Calvino aussi a écrit des essais sympas.

Hors ligne Alan Tréard

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Re : Apprendre la littérature
« Réponse #8 le: 31 janvier 2020 à 01:20:54 »
Bonjour Miettes,


J'ai fait des études de lettres, donc je pourrais bien te conseiller quelques textes qui sont, à mon avis, de bonnes introductions ou des classiques des études littéraires.

Très honnêtement, la moitié des ouvrages que tu cites sont étudiés dans le cadre non pas « d'étude de la littérature » mais bien « d'étude d'histoire de la littérature » ; donc je dirais que si la vocation de Cyr n'était pas d'étudier le style des autres mais de travailler le sien, il n'ont pas une vocation de « management » ou « d'apprentissage de l'écrit » mais bien d'étude de l'histoire des réflexions autour des ouvrages qui ont marqué d'autres époques.


Un autre classique du genre, plus ancien mais néanmoins fondateur, c'est le Contre Sainte-Beuve de Proust, qui y développe sa très belle théorie de la création littéraire. On en est un peu revenu depuis, c'est une sorte de mystique qui désocialise beaucoup l'acte d'écriture, mais c'est très beau. Dans le même genre, on a les Lettres à un jeune poète de Rilke, le poète allemand, qui proposent une réflexion éthique sur l'écriture poétique, l'engagement existentiel qu'elle suppose.

Ici, toute la difficulté va se poser pour n'importe qui qui voudrait apprendre à écrire : ces ouvrages sont-ils des références d'actualité ? Concernant Rilke, étant donnée la faible influence du symbolisme dans la poésie actuelle, je trouve que le choix est un peu risqué et demande quand même un certain mûrissement. C'est toujours difficile de faire le lien entre des œuvres du passé et celles du présent, donc je pense que les choix d'ouvrages doivent prendre en compte cette difficulté.

Après, c'est une question ouverte, mais ça permet de bien s'apercevoir que – sur le seul sujet de la poésie – les orientations peuvent rapidement décourager ou éloigner l'attention (avoir un effet contre-productif). Personnellement, je ne donne des références, ouvrages ou citations qu'au compte-goutte (pour éviter d'égarer quelqu'un qui demande de l'aide).

Je donne un exemple d'un ouvrage difficile d'accès qui est celui de Verlaine qui ouvre les Poèmes saturniens :

« Le monde que troublait leur parole profonde,
Les exile. À leur tour ils exilent le monde !
C'est qu'ils ont à la fin compris qu'il ne faut plus
Mêler leur note pure aux cris irrésolus
Que va poussant la foule obscène et violente,
Et que l'isolement sied à leur marche lente.
Le Poète, l'Amour du Beau, voilà sa foi,
L'Azur, son étendard, et l'Idéal, sa loi ! »


Je n'en voudrais pas à quelqu'un de ne pas comprendre les vers ci-dessus, et d'autres le disent aujourd'hui avec beaucoup plus de modernité. D'ailleurs l'influence de Verlaine sur la poésie actuelle est plus faible que celle d'autres poètes, je dois bien l'admettre, et c'est la raison pour laquelle ces simples mots qui disent tout du poète ne suffiraient malheureusement pas à enseigner la poésie à quelqu'un.

Je ne suis pas sûr que Rilke soit d'actualité, et je pense que la référence a plus valeur de mémoire que d'enseignement (même si j'admets que c'est une opinion qui se défend).


Un bon essai, et accessible, sur la poésie contemporaine, écrit par un poète d'ailleurs, c'est la Caisse à outils de Jean-Michel Espitallier.

Je dois avouer que la poésie contemporaine suscite beaucoup ma curiosité : moi qui ne connais pas cet ouvrage, je dois dire que ça me donne envie de le découvrir ; je te prie de nous en dire un peu plus au sujet de ce livre, si tu en as la patience, je t'en serai vraiment reconnaissant.


Et merci à toi pour ton aide. ^^
« Modifié: 31 janvier 2020 à 01:25:35 par Alan Tréard »
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Hors ligne Miettes

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Re : Apprendre la littérature
« Réponse #9 le: 31 janvier 2020 à 14:49:49 »
Alain Tréard, je ne sais pas ce qu'est ton expérience de la question, mais aujourd'hui, dans l'Université française (je n'en sais pas plus pour les universités étrangères ou pour ce qui concerne les traditions universitaires du passé), on ne distingue pas études de lettres et histoire littéraire. Par ailleurs les bouquins de Compagnon ou Genette ne relèvent pas de l'histoire littéraire, mais pour l'un de l'histoire des théories littéraires (qui ont trop souvent eu des approches déshistoricisantes d'ailleurs), et pour l'autre de la poétique.

Par ailleurs je ne crois pas que Cyr ait demandé des bouquins pour améliorer son style, mais davantage des essais pour mieux comprendre le littéraire – ce qui passe aussi bien par l'histoire littéraire que par la poétique ou la théorie littéraire.

Pour la suite, tout pareil, Cyr n'a pas demandé des bouquins pour "apprendre à écrire", mais pour apprendre "la littérature", formulation qui laisse la porte ouverte, me semble-t-il, à des approches réflexives qui ne me semblent d'ailleurs pas inutiles pour les écrivain·es.

Pour Rilke, Les Lettres à un jeune poète continuent d'être une référence pour ce qui concerne les récits d'entrée en littérature / de vocation, et leur portée éthique est encore lisible aujourd'hui. Sur le forum Jeunes Écrivains où je suis plus active, nous sommes plusieurs pour qui ce texte a eu une importance capitale. Je suis également dubitative sur la manière dont tu minores les influences de la poésie de Rilke dans la poésie contemporaine.

Et si j'ai donné une liste de 4 (+2 ) ouvrages, ce n'est pas pour décourager Cyr, mais parce que j'ai eu l'impression que sa question n'avait pas reçu de réponse, du moins pas de réponse complète. La discussion a vite dérivé sur "apprendre à écrire", ce qui ne me semblait pas fondamental dans le post d'origine. Je n'ai par ailleurs donné que des références très accessibles, le genre de classiques fondamentaux qu'on conseille en début d'études de lettres, sinon j'aurais conseillé du Maingueneau, Jauss, ou de plus gros bouquins de Genette ;)

Hors ligne Alan Tréard

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Re : Apprendre la littérature
« Réponse #10 le: 31 janvier 2020 à 15:41:40 »
Merci pour ta réponse, Miettes,


En fait, la section de l'Atelier sert généralement à avoir quelques avis, conseils ou références pour retravailler sur ses propres textes tandis que la section du Petit Salon sert d'avantage à parler de grands classiques ou de sujets autour de la littérature ou de l'histoire des lettres (et on y trouve plein de belles citations, c'est beau...).

En ce qui concerne la séparation entre la littérature d'hier et celle d'aujourd'hui, c'est la capacité des modes et mouvements à révolutionner le paysage littéraire qui fait que les ouvrages du passé ne sont pas la seule et unique voie pour apprendre et s'inscrire dans un paysage d'actualité (ils sont un noble moyen mais pas toujours le meilleur). C'est parfois difficile d'apporter des clés de compréhension à quelqu'un, et souvent plus simple de commencer avec un domaine spécifique. Ensuite, l'histoire de la poésie est quand même bien lointaine de l'histoire de l'autobiographie, et mélanger les deux genres sous une bannière historique me semble explosif et risque d'induire en erreur tout un chacun. Peut-être une réflexion théorique sur le sujet mériterait d'être observée, car je pense que mélanger les différentes histoires littéraires peut s'avérer épineux à « étudier ».


Si tu as la patience de m'en dire plus sur cet ouvrage de Jean-Michel Espitallier que tu évoques avoir lu, alors je t'en serai reconnaissant, cela m'aidera à comprendre ce qui t'a donné cette idée en particulier. J'aime bien découvrir la poésie contemporaine, et ce me serait pour moi-même d'une grande aide, merci à l'avance.

En ce qui concerne Rilke, j'attends éventuellement un argumentaire, quelque chose que l'on retrouverait dans la poésie actuelle (qui fasse le pont entre hier et aujourd'hui) qui me permette de comprendre la valeur de son actualité.


L'Université n'a pas vocation à définir les modes présentes, l'Université a besoin déjà de se concentrer sur les épineux sujets d'histoire et cela prend du temps. J'essaie d'éviter la confusion entre mémoire et savoir-faire, comme pour rappeler que l'on n'a pas toujours le temps de faire un point sur les évolutions des précédents courants, et que l'on peut préférer la pratique et l'expérimentation à l'étude du passé. Si le sujet s'oriente plus vers l'histoire des littératures, alors je pense effectivement que l'on quitte la dimension pratique de l'apprentissage et que l'on entre dans le domaine de l'archivage et de l'ancien.

Bien sûr, cela demande de choisir ses priorités, je m'en réfère donc à l'utilisation habituelle qui était faite de la section de l'Atelier jusqu'à aujourd'hui.


Merci à l'avance pour ta patience. :mafio:
« Modifié: 31 janvier 2020 à 16:31:28 par Alan Tréard »
Mon carnet de bord avec un projet de fantasy.

Hors ligne Miettes

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Re : Apprendre la littérature
« Réponse #11 le: 31 janvier 2020 à 16:59:36 »
Peu importe la section, les membres postent parfois dans un endroit inadéquat : c'est au message de Cyr que je me réfère.

J'ai parlé de séparation entre époques littéraires ? l'excellente histoire littéraire que j'ai recommandée à Cyr a été écrite par de grand·es spécialistes, qui savent très bien distinguer l'évolution des genres (qui ne sont d'ailleurs pas imperméables, et qui sont des catégories historiquement mouvantes).

Jean-Michel Espitallier prend pour point de départ cette constatation : la poésie contemporaine semble un domaine flou, divers et morcelé pour les néophytes, parce que s'y inscrivent une grande diversité de pratiques, d'écritures, d'institutions, de groupes et de revues. Partant de ce constat, il dresse non pas un paysage exhaustif (c'est un essai court), mais une boîte à outils, littéralement, en partant de quelques concepts et idées qui permettent de débroussailler cette impression de profusion. Il a tenté un travail de vulgarisation grand public pour donner des clefs à un public qui ne maîtrise pas forcément l'histoire poétique du XXe siècle, qui s'est beaucoup appuyée sur de houleux débats ultra-théoriques dès les années 60-70. Je crois que c'est le premier bouquin que j'aie lu sur la poésie contemporaine, et de tous le plus accessible. Il donne aussi pas mal d'aperçus sous forme de citations de poètes et poétesses. Après, comme tout ce genre d'essais, il écrit depuis son propre point de vue. Certain·es pourraient lui reprocher son manque d'exhaustivité.

Pour découvrir la poésie contemporaine, il y a aussi l'anthologie (massive, et encore une fois pas exhaustive...) de poésie contemporaine conçue par Isabelle Garron et Yves di Manno, Un nouveau monde, un pavé de 1500 pages et qui s'ouvre sur les années 60 pour se terminer aujourd'hui – elle est consacrée je crois à la poésie française. C'est un travail anthologique remarquable : iels ont tenté de contextualiser les mouvements, les poètes, avec donc un travail de présentation des textes qui permet de s'y retrouver. Mais c'est déjà le niveau au-dessus par rapport à Espitallier !

Sinon, il y a l'essai de Roubaud, déjà un peu daté (2000), La Vieillesse d'Alexandre, qui est un essai brillant sur le vers de son temps (en gros, les évolutions qui ont mené de l'alexandrin hégémonique au vers de Denis Roche).

L'actualité d'un poète ou d'une poétesse, l'actualité d'une pensée, se mesure à plein de facteurs. Pour moi, que sa réception soit si vive sur Jeunes Écrivains en est un. Pour la réception de sa poésie, il n'est pas rare que je le voie cité par des poètes contemporains (sans compter les JE). Hocquard me semble-t-il, par exemple. Il reste très lu, étudié dans le secondaire, très édité, de nouvelles traductions sortent avec régularité : autant de signes de la vitalité d'une œuvre dans le champ contemporain.

Je ne sais pas d'où tu tiens que l'Université n'aurait pas vocation à définir les modes présentes. Est-ce un postulat moral ou pragmatique ? S'il est moral, je serais curieuse de ton argumentaire, mais sur le plan pragmatique ça ne tient pas. L'étude de la littérature contemporaine n'est pas du tout minoritaire à l'Université (d'ailleurs j'en suis un bon exemple, puisque je fais mon doctorat sur un corpus contemporain), et la valeur prescriptive et réflexive du travail de recherche n'est plus à prouver. Les programmes du secondaire, rien qu'eux, sont faits à partir de ce travail de recherche ; ce qu'on donne à étudier en fac de lettres, en littérature contemporaine, c'est ce qu'on retrouvera ensuite dans les classes du secondaire. Ce qu'on édite, éditions critiques ou nouveaux tirages, ou ce qu'on conserve dans des corpus numérisés, est aussi tributaire de ce pouvoir de prescription. Les catégories à partir desquelles on pense la littérature contemporaine sont en partie forgées à l'Université (mais aussi par les acteur·ices du champ littéraire, bien sûr).

Il n'existe d'ailleurs pas d'écriture littéraire sans mémoire. La seule possibilité de penser la "littérature", ou les genres littéraires (roman, poésie, nouvelles etc), c'est déjà un acte mémoriel. Genette en a mieux parlé que moi, c'est sûr (dans Palimpsestes), mais toute la production littéraire est un immense palimpseste, nous réécrivons sans cesse par-dessus notre bibliothèque, et même pour celleux qui ne lisent que de l'ultra-contemporain, eh bien, cet ultra-contemporain n'est pas né par génération spontanée, et souvent, une réflexivité sur les lieux communs que l'on utilise (codes du genre, poncifs thématiques, contraintes formelles et narratives) donne du pouvoir, et la capacité d'écrire de bonnes – meilleures ? – choses.

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Re : Apprendre la littérature
« Réponse #12 le: 31 janvier 2020 à 17:40:04 »
Pardonne-moi, Miettes,


Mais je pense qu'il y a besoin de faire la part des choses.



Citer
Jean-Michel Espitallier prend pour point de départ cette constatation : la poésie contemporaine semble un domaine flou, divers et morcelé pour les néophytes, parce que s'y inscrivent une grande diversité de pratiques, d'écritures, d'institutions, de groupes et de revues. Partant de ce constat, il dresse non pas un paysage exhaustif (c'est un essai court), mais une boîte à outils, littéralement, en partant de quelques concepts et idées qui permettent de débroussailler cette impression de profusion. Il a tenté un travail de vulgarisation grand public pour donner des clefs à un public qui ne maîtrise pas forcément l'histoire poétique du XXe siècle, qui s'est beaucoup appuyée sur de houleux débats ultra-théoriques dès les années 60-70. Je crois que c'est le premier bouquin que j'aie lu sur la poésie contemporaine, et de tous le plus accessible. Il donne aussi pas mal d'aperçus sous forme de citations de poètes et poétesses. Après, comme tout ce genre d'essais, il écrit depuis son propre point de vue. Certain·es pourraient lui reprocher son manque d'exhaustivité.

Cette théorie est enrichissante, elle démontre une volonté de définir un idéal poétique

mais

rien ne démontre effectivement qu'elle s'inscrira dans l'histoire et qu'elle survivra à son temps. Parfois, forcer la volonté n'est pas la meilleure chose à faire, il faut aussi laisser la pratique expérimenter, questionner, douter et éventuellement voir les choses autrement. Ma curiosité pour des théories d'actualité n'en fait effectivement pas des lois fondamentales. Ce ne sont pas les universitaires qui décideront pour les artistes mais bien les artistes eux-mêmes qui définissent leurs priorités.


Et ce n'est ni une prérogative morale ni une contrainte pragmatique, c'est la libre expression de la poésie qui est de laisser aux poétesses & poètes définir leurs propres enjeux comme ils le souhaitent sans avoir d'autorité qui leur impose des injonctions formelles.

Je te remercie pour ces explications qui sont un éclairage nouveau sur notre époque et me donnent personnellement envie de me plonger dans ces lectures enrichissantes ; tout en rappelant qu'elles ne sont pas des fondamentaux de l'actualité poétique.


Citer
Je ne sais pas d'où tu tiens que l'Université n'aurait pas vocation à définir les modes présentes. Est-ce un postulat moral ou pragmatique ? S'il est moral, je serais curieuse de ton argumentaire, mais sur le plan pragmatique ça ne tient pas. L'étude de la littérature contemporaine n'est pas du tout minoritaire à l'Université (d'ailleurs j'en suis un bon exemple, puisque je fais mon doctorat sur un corpus contemporain), et la valeur prescriptive et réflexive du travail de recherche n'est plus à prouver. Les programmes du secondaire, rien qu'eux, sont faits à partir de ce travail de recherche ; ce qu'on donne à étudier en fac de lettres, en littérature contemporaine, c'est ce qu'on retrouvera ensuite dans les classes du secondaire. Ce qu'on édite, éditions critiques ou nouveaux tirages, ou ce qu'on conserve dans des corpus numérisés, est aussi tributaire de ce pouvoir de prescription. Les catégories à partir desquelles on pense la littérature contemporaine sont en partie forgées à l'Université (mais aussi par les acteur·ices du champ littéraire, bien sûr).

L'Université ne joue aucun rôle de prescription sur le secteur ni de l'édition poétique, ni de la musique, ni des arts en général ; et il y a aujourd'hui de graves difficultés à définir une histoire de l'art contemporain qui dépasse effectivement la poésie elle-même. Commencer par comprendre l'histoire de la poésie, c'est long ; alors n'allons pas dire aux poétesses & poètes qui réinventent la poésie ce qu'ils doivent écrire. Réussir à éviter les « gros pavés » de 1500 pages (des fourre-tout) et apprendre à synthétiser les archives et déjà un long et pénible travail que ne réalisent plus suffisamment les universitaires. Les poétesses & poètes laissent les universitaires définir les modes et mouvements passés, alors aux universitaires de laisser les poétesses & poètes définir la mode présente.


Aucune poétesse aucun poète, ni aucune éditrice aucun éditeur n'a à rendre de compte à une institution prescriptive, les choix de création, de publication artistique et de diffusion des contenus ne sont soumis à aucune autorité qu'elle soit universitaire ou autre. Et si s'intéresser aux auteurs qui font de la théorie de l'histoire est important pour des historiens, il n'est en aucun cas une condition à la création artistique.

Enfin je remarque que tu prétends que le seul statut universitaire permettrait de justifier une validation immédiate de la prescription... Or, ce n'est non seulement pas le rôle institutionnel de l'Université (ce n'est pas son statut), mais en plus les universitaires eux-mêmes ne sont pas tous remarqués dans l'histoire, et de nombreuses historiennes & historiens sont remis en question, oubliés, dépassés quand d'autres sont à la mode ou plaisent au plus grand nombre (sont populaires). De ce fait, les différentes théories elles-mêmes que tu cites ont bien une vocation d'information et non de prescription, elles jouent bel et bien un rôle d'étude et non de juridiction ; tes goûts pour ces anthologies sont légitimes mais ne peuvent en rien représenter une prescription sine qua non.

Chaque institution joue un rôle précis, et rien ne donne à des universitaires le droit de dicter les bons ou les mauvais enseignements, notamment en matière d'art.


Je me permet de rappeler que ce sont des bases légales de la création artistique et de la liberté d'expression qui ne peuvent pas être remises en question par une institution marginale.
« Modifié: 31 janvier 2020 à 17:44:01 par Alan Tréard »
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Re : Apprendre la littérature
« Réponse #13 le: 31 janvier 2020 à 18:15:56 »
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Aucune poétesse aucun poète, ni aucune éditrice aucun éditeur n'a à rendre de compte à une institution prescriptive, les choix de création, de publication artistique et de diffusion des contenus ne sont soumis à aucune autorité qu'elle soit universitaire ou autre. Et si s'intéresser aux auteurs qui font de la théorie de l'histoire est important pour des historiens, il n'est en aucun cas une condition à la création artistique.

Non mais, la personne qui a crée ce fil demande des références universitaires et miettes lui explique ce qu'elle sait avec des références
Va ptet falloir se calmer, tu extrapoles et je vois venir le quiproquo de trois pages inutiles gros comme un mammouth.  :o
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Re : Apprendre la littérature
« Réponse #14 le: 31 janvier 2020 à 18:28:22 »
Non mais, la personne qui a crée ce fil demande des références universitaires et miettes lui explique ce qu'elle sait avec des références
Va ptet falloir se calmer, tu extrapoles et je vois venir le quiproquo de trois pages inutiles gros comme un mammouth.  :o

Les propos de Miettes sont mensongers : l'université ne joue aucune autorité prescriptive sur la création artistique et poétique, je te prie de remarquer ce détail qui n'est pas sans conséquence.
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