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19 avril 2024 à 21:23:30
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Grenade
« le: 08 février 2018 à 17:00:00 »
Quand j'arrive à Grenade, il fait nuit.
Si les espagnols ne vivaient pas la nuit, je dirais même que j'arrive à une heure assez avancée de la nuit, incognito. Mais c'est l'Espagne et ce n'est pas le cas : jusqu'à une heure du matin les rues restent bruyantes et les commerces éclairés.
Mon bus avait eu du retard. À la moitié du voyage, un orage comme je n'en avais jamais vu s'était abattu sur la région – immense, à perte de vue un ciel lourd, orange, diluvien. Arrivé à Madrid, la police avait fermé certaines rues inondées sous plus de cinquante centimètres de pluie. J'admire ces espagnols qui, avec déjà plus de deux heures de retard, se contentaient de sourire d'essayer, chacun leur tour, de guider le chauffeur perdu du mieux qu'ils pouvaient. On tourna aux abords de la ville pendant plus d'une heure.
Bien sûr, on pouvait tout de même sentir une aura de crainte planer dans le bus, mais je l'attribuerais plutôt à l'inquiétante ombre du ciel. Moi, je m'étais endormi pendant que ces trombes d'eau tambourinaient aux fenêtres. Des nuages du noir le plus véritable que je n'avais jamais vu – je ne cessais de me le répéter. Lumière de déluge. La fin du monde qui filtrait au travers l'encre, dégoulinant sur les plaines castillanes.
Je m'étais endormi pendant l'apocalypse.

Quand j'arrive à Grenade, il fait nuit. La station de autobuses se trouve loin du centre-ville, et à cette heure-là, pas de service nocturne ; je dois marcher. Je grimace ; ma canne grince en frappant les trottoirs. C'est loin, mon hôtel est bien trop loin – je dois faire des pauses toutes les quinze minutes pour ménager mon genou. Une marche de la honte pour moi ; je baisse les yeux devant les gens. J'en croise beaucoup, alors, je ne vois plus que mes pieds. Contact du métal et de la pierre, irrégularité de ma canne. Je lorgne un peu les lumières accrochées aux fenêtres. Les espagnols ne dorment donc jamais ? Des familles sortent des halls, poussant des landaus en parlant fort – mais quelle heure est-il ? Si je ne connais même pas le jour, sans doute la chaleur de saison elle donne des explications quant à ces baladeurs nocturnes – aux abords de la ville, loin des magasins et des monuments, là où dorment les habitants qui la font vivre.
Même la nuit il fait vingt quatre degrés ; l'été. Tout le monde ne cherche qu'à respirer. Je baisse les yeux, je pense au bruit de ma canne qui doit faire retourner les sommeils agacés par la chaleur et les moustiques, metronome traversant toutes les fenêtres des artères, ouvertes.

Mon corps n'en peut plus, sapé par la fatigue et la douleur. Rien ne m'intéresse dans cette ville ce soir – sauf les marches de la cathédrale, où je m'arrête, bien forcé.
Après une éternité de lenteur et de grands boulevards chics et chers – les gens bien habillés me dépassent si vite... – j'aperçois un arc en pierre, une porte ancienne qui fait quitter le centre-ville moderne pour s'engouffrer dans les ruelles mauresques.
Passée, ma concentration fugacement réunie pour éviter de me perdre se brise sur une petite échoppe. Petits lampions multicolores suspendus à l'entrée, éclairant simili or de la décoration. Je m'arrête. J'hésite. J'ai encore de la route pour arriver à mon hôtel et, je ne suis plus à une demie-heure près – quelle heure est-il, au juste ? Je ne préfère pas le savoir, mon corps a senti les heures défiler depuis mon arrivée.

Les petites tables en verre ont des pieds en fer forgé, sculpté en formes gracieuses, en tiges, en fleurs, en pattes de lions aux détails soignés. Les petits coussins où je m'assois sont orange, verts, rouges, brodés en or de fresques, d'arabesques. Je suis silencieux devant mon thé à la menthe, mes petits gâteaux gras qui me rappellent des goûts oubliés. L'homme de la maison : un vieux monsieur bedonnant, grisonnant, sans sourire mais aux yeux d'une gentillesse qui ne peut être feinte.



***


Depuis la puerta Elvira on entend de l'agitation : le bruit des sabots, des voix gaillardes et du métal clinquant qui se répercute de brique en brique. La nuit, il y a toujours de l'agitation, toujours des voyageurs, des caravanes ou des délégations diplomatique venues de loin. Toutes et tous entrent dans le quartier par cette même rue, la mienne, l'artère vitale de Granata. Les habitants de la ville ne viennent pas ici, la nuit, pour souffler de la chaleur du jour : ici les thés sont chers, plus chers qu'ailleurs. Ici, au pied du château de notre Émir.
Cette fois-ci – je ne sais si c'est à cause de la fatigue – les bruits me paraissent différents ou plutôt, amplifiés. Trop de chevaux pour une caravane, trop de chariots pour des voyageurs, trop d'armes claquant aux cuisses pour une simple délégation.
Je passe la tête à travers le rideau de perles ; mon père siffle entre ses dents – ses babouches glissent jusqu'à moi pour me tirer par le col.
« Tu as vu tous ces soldats ?!
– Tais-toi. Pas nos affaires. »

Mon père. Je tiens avec lui la petite boutique où nous vivons, sur la Grand-rue – quand je n'étudie pas les cours qui « lui coûtent une fortune », mais qu'il paye pour la réputation de notre famille : des générations de marchands oui, mais lettrés. Avec ma mère, aussi, qui elle s'occupe des pâtisseries en arrière-boutique. Et c'est comme ça depuis mon arrière-grand-père. Un jour je tiendrai moi aussi la boutique avec mon propre fils, et les lettres de notre échoppe continueront à contribuer à la renommée de la ville. La « renommée », la gloire – quelle gloire ? – je me dis, y a-t-il vraiment une gloire à cela ? Je vois les soldats passer, ils ont de l'or sur leurs casques ; je me dis que trop jeune j'ai vu et parlé à trop de voyageurs, riches et errants, de toutes les contrées de tous les continents, trop pour que luise à mes yeux la gloire du bout de ma rue, peut-être.
Mon père peste contre les soldats, il dit qu'il n'en a jamais vu autant déambuler dans la ville depuis quelques années.
Mon père. Il perd ses cheveux à force de s'inquiéter pour ses affaires qui elles, se contentent de lui faire enfler la panse – les plaisanteries de ma mère. Il peste contre l'Émir, mais il le fait bien bas ; on ne sait jamais qui écoute.

Silence dans la rue. Tintement de perles en bois. Le regard de mon père.

Un homme, élégant au bouc long, tressé, entre sans même nous regarder. Il est enturbanné comme un noble ; il a à la taille, saillant de sa tunique, le pommeau d'un poignard en or serti d'émeraude. Sans un mot il fait lentement le tour de notre boutique, inspectant la décoration – nous, figés.
« Du bon goût. Ici c'est bien. »
Deux gardes, dont les ombres bouchaient alors l'entrée au-dehors, entrent avec à leur suite deux serviteurs. Un dernier servant vient après eux, l'air absent, flottant dans sa tunique. La petite suite s'affaire pour occuper, organiser l'espace selon le goût de leur maître ; mon père se triture nerveusement les mains. L'autre est resté dans l'entrée, la mine basse, il doit avoir le même âge que moi, seize, dix-sept ans.
« Voyez-vous, certains laissent à leur laquais le soin de choisir les lieux où s'arrêter. Grand bien leur en fasse, pas moi.
Vous avez une très belle échoppe. Vrai or ?
– Plaqué majesté. Le meilleur artisan-doreur de tout Albaicin.
– Je ferai en sorte qu'on le reçoive au château, c'est du très bon travail. »
Le sourire de mon père. Ma mère arrive avec le thé, on prépare le narguilé, les plateaux d'argent et les petits gâteaux ; en cuisine on s'affaire tous, le fracas des placards. J'entends le bruit des ustensiles, des directives soufflées par mon père – un « Assieds-toi idiot » à côté – j'entends chuchoter ma mère « Mais qui c'est ? », silence, silence, lui intime mon père, paniqué, les yeux ronds. Il n'en sait vraisemblablement rien non plus mais ne le laissera pas transparaître une seconde, comme s'il était bien évidemment habitué à recevoir de telles éminences.
Mes parents vont et viennent, parlent ou se taisent, ont les gestes qu'il faut ; une fois posé le narguilé, je reste un peu pantelant entre le salon et la cuisine, le temps d'une seconde ne sachant que faire. Sans que je ne réalise, le noble se lève d'un bond vers moi, me colle – son souffle sur mon visage.
« Viens, regarde. »
Il me prend par l'épaule, avec une étonnante douceur et ouvre les rideaux pour balayer la rue de sa main. Dehors, toute sa suite. Six porteurs à côté d'une chaise en or et draps rouges, deux diligences où loge sans doute son harem, et surtout, des dizaines et des dizaines de fantassins d'élite, un nombre de cavaliers que je ne parviens pas à compter.

« Ça t’impressionne, pas vrai ? Tout est pour toi. Vraiment, je t'assure.
Notre « émir » Boadbil convoque tous ses Coras pour faire parvenir des troupes à la ville. Je m’exécute, donc, et voilà tous mes meilleurs soldats au service de ta protection ; de notre capitale. »
Sur le même ton mais plus fort : « Et vous allez protéger ce jeune homme comme si c'était mon propre fils. » Il rit.
Nous rentrons. Sa main n'a pas quitté mon épaule et me pousse à m'asseoir à côté de lui ; il continue.
« Avec ces catholiques, rien n'est plus sûr, parait-il...
– Ah c'est bien vrai majesté ! Au moins avec les Aragonais, les Castillans, nous savions à quoi nous en tenir, mais avec ces nouveaux fanatiques...
– Mon ami, ne parlons pas politique, je suis venu me désaltérer.
– Mes excuses majesté. »
Mon père repart, livide de son intervention ratée.
« Passons sur la politique, ce qui m'amène personnellement c'est la famille. Très important la famille. Je suis venu voir mon cousin pour lui ramener ce jardinier. J'en suis fort mécontent.  Si tu veux mon avis mon garçon, nous allons le pendre. Ne fais pas cette tête : regarde-le bien et prends bien garde à toujours écouter ton père. La famille, comme les règles, c'est sacré. »
Silence froid. Du coin de l’œil je vois mes parents debout dans un coin de la pièce. Je regarde le jardinier en effet – depuis qu'ils sont arrivés je ne fais que ça en réalité. Alors, comme on parle de lui, le jeune homme lève enfin les yeux du sol qu'il fixait. Il me regarde et sourit.
Petit, chétif, ses yeux enfoncés dans son crâne semblent eux-mêmes ne pas vouloir qu'on les remarque – ce qui est impossible car ils brillent d'une lueur que je ne saurais qualifier... C'est seulement là que je comprends pourquoi il s'obstinait à fixer le sol : des bleus violacés parsèment son cou et ses pommettes.
Nous restons tous là sans rien dire.
Le noble souffle sa fumée de narguilé sur le jardinier, d'un air contenté, supérieur, avec cet inlassable regard mauvais – j'arrive à le qualifier, son air énigmatique, maintenant que ses ongles ont cessé de se planter dans mon omoplate. Un regard mauvais. Le jeune homme baisse les yeux quand la fumée s'évapore, de même que s'abaisse la lueur qui brille en lui, celle du défi perpétuel et déterminé.

Ils partent, finalement, après quelques discussions d'usage avec mon père sur l'état des routes depuis Almeira, la difficulté du voyage ; quelques platitudes lasses. Ils nous payent grassement, comme jamais ce n'était arrivé pour si peu. Des ordres criés, des bruits métalliques, et puis la rumeur de la troupe s'estompe enfin de la rue Elvira ; les têtes sortent alors une à une des fenêtres des maisons et des étages, toutes pour regarder vers chez nous.
Le dernier sourire de ce jeune jardinier à qui l'on a annoncé la mort, me reste et me hante.



***


Mon hôtel se situe en plein cœur du quartier d'Albaicin. Le vieux quartier Maure. Même là, il y a des églises, bien sûr, je n'imagine pas en bon Européen de l'Ouest une ville sans église. Et pourtant, ici elles sont anecdotiques, presque anomalistiques. L'Andalousie, tout le sud de l'Espagne, n'est devenue totalement catholique que lors de la même année de découverte – accidentelle – de l'Amérique. Du moins le dernier bastion Maure de l'Andalousie. Je m'imagine mal une Espagne Arabe et pourtant, c'est là sous mes yeux, dans ce quartier même. Les petites ruelles, les façades hautes à créneaux sculptés, aux angles comme des tours minarets miniatures, les devantures de portes en motifs d'arabesques ; la couleur terre, sable et les murs colorés oranges, rouges. Les petits salons qui font pendre des lampes et des encensoirs, les fragrances de thés et de coriandres précieuses alternants leurs odeurs sur chaque étals.
Je suis retourné manger au même endroit où je m'étais arrêté la veille, en quête de repères. On m'a accueilli comme un étranger ; le vieil homme avec qui j'avais conversé n'était pas là. J'y retournerai ce soir.

Lorsque je lève les yeux, en me baladant, je vois les murailles crénelées qui me toisent. Tout en haut de la colline rocheuse, le palais de l'Alhambra et son parc surplombent la ville. À ses pieds pavés, d'un côté le profil des maisons acculées les unes contre les autres, de l'autre une petite rivière envahie de végétation qui court en delà de la ville qui elle, monte. Le Dario, jadis rivière qui a fait construire des ponts et où l'on peut désormais faire barboter nos pieds. Un vieux pont. Un restaurant où les musiciens viennent jouer quand l'ombre est bonne. En suivant cette route, passés les commerces aux épices et les églises coloniales, on débouche sur une grande place, toute en longueur. Elle se cherche de l'ombre, recouverte par les terrasses de plusieurs cafés-restaurants, sous des toits de tuiles. Une fontaine. La rivière et le palais ; la promenade des touristes.
Paseo de los tristes. J'y viens en début d'après-midi – et tous mes débuts d'après-midi se passeront là – pour boire un thé malgré la chaleur, pour lire un peu.
Le serveur, toujours le même, connaît des bribes de langues de toute l'Europe ; il court sans arrêt, tantôt avec des blagues qui ne font rire personne mais toujours souriant, tantôt s'épongeant le crâne perlant de sueur. Je le déconcerte, il s'amuse à deviner ce que je vais commander : j'ai pour habitude de ne jamais commander deux fois de suite la même chose. Je viens là pour lire, surtout, pour réfléchir.
L'Alhambra me toise. Je ne suis pas capable d'y aller. « Oh comme c'est magnifique ! », « Un vrai bijou. » « Il faut l'avoir vu ! » J'entends les touristes babiller ça sans cesse, en anglais, en italien, en allemand, en français. Je n'entends plus le silence et ce palais censé protéger la ville semble me menacer.

Je ne peux plus marcher. Le verdict est tombé. Il était en espagnol, je n'étais pas certain d'avoir compris. Je ne pourrai plus jamais marcher comme avant, on me l'a confirmé en français. Il y a eu l'opération, il y a eu la réduction, il y a eu les attelles, les médicaments ; il n'y a rien à faire, malgré tout cela je ne pourrai plus marcher normalement. J'ai recommencé à fumer.
Plus de sport. Plus de randonnées dans mon Auvergne natale, plus de course folle à la sortie des bars ni dans les champs, plus de vélo, plus de longues journées de marche à travers des lieux inconnus à me perdre dans les rues ; mon futur est rivé à cette canne.
Je me fais pitié. J'ai l'air étrange dans mes vieux habits délavés, trop portés, étrange avec ma dégaine et mes cheveux trop longs et gras – mon petit sac en bandoulière usé, aussi vieux que mes voyages. J'ai l'air étrange et je le sens à travers les regards qui le pensent. J'essaye de les faire taire, en me cachant derrière une casquette qui couvre mes yeux. J'ai l'air piteux et je le sais.
Paseo de los tristes, je suis au bon endroit.

Sur la place, tout au long de la journée, les joueurs de musiques se succèdent. Concert de fond, de rue, permanent – même sous le cagnard qui mange les peaux, loin des demies-ombres. L'endroit est bon, ils le savent.
Un vieux guitariste se plante là. Il laisse passer quelques instants, le temps que le groupe précédent parte, quelques instants encore et on le voit qui arme ses cordes. Patient. Un vieux guitariste à la peau cramée par le soleil. Il joue lentement, à la guitare sèche. Quelques accords graves, équilibristes, traînant félinement et soudain claquant, vifs et puis reprenant, plaintive soliloquie. Des airs qui me déciment complètement l'âme résonnent cet après-midi.

Marcher ; se vider la tête, laisser ses pensées s'en aller, approcher son bruit interne, l'apprivoiser pour l'unir à la secousse de chaque pas. Se dompter. S'en aller, non plus de soi, non plus du monde, s'en aller simplement pour retrouver dans l'acte le plus basique la distance qui fait voir la matière de la vie. Laisser ce bruit interne se faire engloutir par la fureur du monde : se désintégrer en s'intégrant à soi-même. Alors et seulement là, la fureur n'est plus qu'observation, un constat de la vie. Fureur contre fureur ; ces maudits arcs calmes qui en sous-tendent l'architecture sont là à portée de pas. J'en rajoute, peut-être, je m'aveugle sans doute de quelque obscurité, de quelque endeuillement qui ne passe pas et qui m'empêche d'avancer, me fait vomir même de le penser en ces termes  – je n'en ressens pas moins la violence.
C'était – et je ne réalise que maintenant à quel point – mon seul véritable, et naturel, moyen de contrôle sur moi. J'entends, de décompression, une soupape comme une pièce hors-temps où je me réfugiais inconsciemment. J'ai toutes ces fois qui me reviennent en tête où marchant rapidement dans l'air vif, énervé, j'ai évité de dire des choses à ceux que j'aime que j'aurais regretté à jamais, ainsi, grâce à ces fuites vite rattrapées par l’apaisement de la marche. C'était ma force de méditation active, m'ayant miraculeusement fait trouver certaines solutions à mes soucis ; je n'ai jamais tenu en place, pas même dans mon berceau, s'esclaffait ma mère.
Tout ça c'est fini.
J'aimerais tout recommencer.
Je veux tout recommencer.
Je vais tout recommencer.
Trouver un endroit en Espagne, tranquille, où ma famille pourrait venir me voir et me dire « qu'ici je suis bien ».

Un bassiste, un guitariste ; des rastas français jouent. Ils jouent bien, reprenant à leur façon des classiques espagnols.
Quand ils s'approchent, tendant leur chapeau et que je tends une pièce :
« Non, non, t'inquiètes. T'es en galère aussi, ça nous fait plaisir. »
J'ai l'air si mal que ça, pas vrai ?
J'hésite dans ce même mouvement vacillant à quitter la place ; à peine ceux-ci partis qu'un nouveau musicien arrive, une guitare électrique enchaîne. J'hésite alors quand je vois ces français partir et rire avec leurs batteries sous les bras.
Mais il y a cette musique qui plante ses griffes en moi – demie génuflexion et finalement je me rassois. Ces rythmes tapés rapidement, frénétiquement, l'écho des andalousieries sèches et chantantes d'auparavant mais sur des cordes métal, raides, la nervosité et l'inquiétude tourbillonnante propre à la matière des sentiments. Ces sons stridents se répercutent à l'unisson des gémissements de mon cœur.



***


Au même titre que la nuit l'on entend les plus grands bruits venant de l'entrée Elvira, le jour, ce sont les tumultes de la vie de Paseo de los tristes qui viennent s'échouer jusqu'à notre porte.
Je dis la vie, je devrais dire la mort.
Je sais sans le voir que déjà les soldats arrivés la veille s'affairent sur la place publique.

Je me souviens d'il y a quelques années encore auparavant, quand j'étais jeune, que juifs, catholiques, tous ensemble vivions sans méfiance à Granata ; la ville était même réputée pour cela.
Mon père dit qu'Al-Andalus est morte. Que sa superbe avait déjà disparue bien avant sa naissance, que tout est voué à mourir désormais. On a trop permis aux autres nations de se mêler de notre indépendance, de s'introduire dans notre politique – c'est ce qu'il dit. J'entends que les rois catholiques s'approchent de nos portes ; j'entends le murmure des familles catholiques qui fuient la ville, tard la nuit. J'entends les foules qui regardent pendre les opposants à l'Émir, là-bas sur la place.

Un marchand d'Almeira apporte aujourd'hui une cargaison de bougies, mon père est parti avec lui pour lui faire visiter la ville – c'est un vieil ami – me laissant seul avec ladite livraison. Le sale travail de déchargement et rangement est naturellement pour moi.
« Tu verras quand tu auras un fils, mon fils. » On verra. En attendant, notre cour ressemble à un capharnaüm sans nom dont je commence à désespérer un jour d'en venir à bout – a-t-on réellement besoin d’autant de bougies ?
« Shhhh ! » Je me retourne. « Shhhh ! » Mouvement dans un coin ombrageux.
Le jardinier. Je dois avoir l'air terrifié.
« Mais... »
Il s'approche rapidement, voûté comme pour rester discret. Il parle vite, avec une voix douce pour me rassurer.
« Shh. Fais pas cette tête, je sais ce que je fais. Oh ! je ne vais rien te faire t'inquiètes, ce n'est pas moi qui frappe les gens, tu sais...
Ils pensent qu'en m'amenant ici, le goût de fuir les palais me passera. C'est tout l'inverse, si seulement ils savaient.
Écoute, je dois faire vite : s'il te plaît, rejoins-moi à la Puerta de las Grenadas, à vingt-trois heures. Il n'y a pas de garde à cette heure-là, c'est la relève.
– C'est que...
– S'il te plaît. Demain sinon ?
– Demain.
– Parfait. Tourne-toi.
– Comment ça ?
– Je ne voudrais pas que tu voie mon secret. »
Son sourire est tellement joueur que je m'exécute, hébété – je n'ai pas encore eu le temps de réaliser ce qu'il se passe. J'entends des bruits de frottement, de tuiles. En tournant la tête, je vois un pied disparaître au bord du toit. Plus rien. Son sourire surgit d'un coup au-dessus du vide.
« Je t'avais dit de ne pas te retourner ! »



***


Je me trouve toujours sur la place. J'y reviens, j'y passe tout mon temps. Depuis l'autre jour, c'est comme si quelque chose s'y est brisé, resté en suspens sans que je ne puisse le définir – je voulais revoir ce guitariste, par fascination morbide de son jeu de doigts triste.
Je m'y sens déconnecté ; je vois la vie qui continue, qui coule doucement sur moi ; les gens qui passent, ceux qui parlent, ceux qui fument, ceux qui s'embrassent et marchent bras dessus bras dessous, les familles qui rappellent leurs enfants qui courent, les petites vieilles qui promènent leurs petits chiens, les musiciens qui continuent leur bal avec dans leurs instruments toutes les couleurs des sentiments, les serveurs qui s'épongent, le soleil qui décline et qui dessine ses ombres. Je vois l'après-midi qui passe et j'ai cette impression d’accéléré, comme si le monde autour était réglé sur un tempo plus rapide que le mien.
Je ne fais rien d'autre qu'observer. D'abord, la sensation n'est pas désagréable, un peu comme un reptile qui tente de garder son sang-froid et se prélasse à l'ombre. Mais ensuite... En toile de fond, je sens au fil des heures, des jours qui passent à coup de musique triste quelque chose qui s'infuse en moi, qui vient à moi. Innommable.

Et puis, alors que je me perds inlassablement dans mes pensées, le serveur m'interrompt et un peu gêné me demande de partir. Les bars ferment, il est tard, la nuit est noire. Je n'y avais pas prêté attention. Quand je me relève, chancelant et étonné, la place a totalement changé d'aspect. Les familles, les touristes, ont déserté la place, plus de flash ni de braillements. Je pars. Je n'ai pas pris de veste, une légère brise souffle mais il ne fait pas si froid. Courbaturé d'être resté aussi longtemps assis, je me dirige d'un pas lourd vers le muret de la place, donnant vue sur le Dario et son roulis, l'Alhambra et la lune. J'aperçois quelques musiciens qui me sont familiers, réunis plus loin, enchaînant les canettes de bière. Les derniers clients des bars se dispersent rapidement dans les ruelles, ne reste plus qu'un petit groupe de jeunes squattant pour fumer des joints. Je n'ai pas envie de rentrer à l'hôtel sans sommeil – il est tout proche de toute façon. Alors je reste un peu, comme émergeant d'un long coma interne, éveillé par tous les stimulus d'une place presque nouvelle qui s'agite devant moi. Le jour et la nuit.
Plus de touristes et pourtant, la place grouille de monde – bien plus qu'auparavant à vrai dire.
Des couples, je vois des couples partout. Ils se tiennent la main, ils s'embrassent, s'enlacent, se tiennent par la taille et rient. Ils sont par groupes d'amis, et ceux qui viennent seuls discutent avec les autres venus seuls arborant des sourires qui ne se cachent pas. Paseo de los tristes dans la profondeur de sa nuit est un lieu de rencontre gay. L'idée me fait sourire, le contraste avec les familles aux parents portant des bananes à la taille, et autres bob colorés typiques de touristes BCBG ? Sans doute.
Eux en tout cas, respirent bien plus la joie de vivre que ces cars d'allemands. Tous sont là pour être libres, parler fort, rire, rencontrer; plus que tout, pour désirer et se sentir désirés.
Là par hasard dans mes vieilles fringues, claudiquant avec mes allures de destin brisé, je me sens sale - tous bien lavés, sentant bons, rasés, des habits taillés pour l'été, colorés pour qu'on les remarque. Je voudrais me terrer dans un coin. Envolée la sensation de joie collective ; je me suis vu dans la foule et c'est comme si tout le monde me voyait. La place est remplie. Je traverse aussi vite que ma jambe le permet.
La porte de l'hôtel, close et froide, me renvoie à ma propre stupidité. Ces gens attendent la nuit pour pouvoir vivre à l'air libre comme ils le souhaitent, de peur du jugement des autres.
Moi, j'ai peur de leur propre jugement ; je n'ai pas peur du noir, j'ai peur des ombres qui pourraient s'y terrer, qui pourraient me voir.
Je ne suis nulle part – et j'aime l'être, je crois. Mais ce soir dans mon lit, dans le noir, à ne pas arriver à dormir et à ne trouver que la vue de l'obscurité, à tourner et retourner des pensées fausses, qui n'expliquent pas ce mal que je ressens, je dois l'avouer pour la première fois depuis ma fuite je me sens seul.



***


« Psst. »
Devant l'arche de la Puerta, – deux lions sculptés veillent sur elle – la nuit, les étoiles brillent par-delà les oriflammes des murailles.
Une main venue de nulle part m'agrippe et me tire vers elle ; au-delà de la puerta Grenadas, un garde s’apprête au demi-tour tranquille de sa ronde.
« Alors, pas mal ma planque pas vrai ? »
Il n'y a pas de planque. Tout juste un recoin de mur dans l'angle mort de la vue de la garde de nuit.
Resté dans l'élan qui m'a entraîné là, le jardinier me tient contre lui, une main dans mon dos ; il me lâche brusquement – mes yeux ont dû lui dire ma gêne avant moi.
Il commence à me parler – je ne me rappelle plus trop mes réponses, ses premières questions, oubliées dans un instant flottant. Il plaisante et parle beaucoup, pour me mettre à l'aise. Il plaisante – il a toujours cet air qui plaisante sans cesse, derrière ses fossettes qui cachent les marques de coups – mais je sens dans ses gestes une impuissance : il ne sait par où commencer. Je me dis, peut-être que là, face à moi, inconnu, il se rend compte de son erreur – et moi ? Pourquoi suis-je venu, c'est stupide.
« Attends. »
Il me fait signe de me taire, penche la tête en travers de la colonne en pierre.
« Tiens, regarde. »
Et je regarde. Hésitant. Le garde nous tourne le dos.
« À droite, cette allée monte sur plus de cinq-cents mètres. Tout le long de l'allée est bordé de sycomores centenaires. Un cadeau d'un roi quelconque. Au bout du chemin, il y a un jardin. Tu aimerais beaucoup, je pense. Qu'est-ce que je raconte : tu tomberais par terre en voyant ces plantes merveilleuses. Et les odeurs, Mash'allah....
La première fois, j'ai cru que j'allais m'évanouir – j'exagère à peine, normalement, j'ai l'habitude. Mais là... La nuit tiens, lorsqu'il fait pleine lune, tout le jardin s'illumine des couleurs pastels des fleurs, comme... des étoiles arc-en-ciel qu'on peut enfin approcher.
Le chemin de gauche, qui monte en une pente inhumaine là, il mène au palais. Trois fois plus de gardes par là-bas. Il y a des bancs tous les vingt mètres – la pente est vraiment aussi rude qu'elle en a l'air, si ce n'est plus. À chaque fois elle m'achève.
J'habite là-haut. Il y a aussi des jardins, plus petits. Les jardins personnels de l’Émir. Je m'occupe des plantes, arrose les fleurs, arrange la coupe des arbustes : j'y assiste le maître jardinier. Et... »

Il s'arrête. Je mets du temps à décrocher mes yeux de ces allées ; je mets du temps à comprendre pourquoi il s'arrête si soudainement. Il regardait les rêveries dans mes yeux durant tout ce temps. C'est ce qu'il me dit.
Ensuite il me dit qu'il part. Il me dit qu'on ne pourra pas se voir tous les soirs, seulement certains où les heures de relève de la garde correspondent, seulement une heure au maximum.
Alors il part, et je reste là à mettre du temps pour reprendre le chemin de ma maison où mon lit est froid.


Je me dis que c'est stupide. Que c'est dangereux. J'y retourne tout de même. Chaque soir – j'en apprends un peu plus, sur lui, un peu, sur la vie à l'Alhambra, beaucoup, sur la coupe des roses, surtout – c'est comme l'impatience d'un infini qui ne se dévoile pas assez vite. J'y retourne encore et encore.
Un soir alors que l'on parle, à force de questions, il se décide à se livrer – il prend un air grave. Je sais qu'il me dit la vérité, cela lui pèse et il ne souhaite plus me le cacher.
Il dit être le neveu de l’Émir Boadbil. Contrairement à tous ses cousins, il n'a aucune ambition de pouvoir, rien : il veut être jardinier et c'est tout ce qui lui convient. Évidemment, sa requête ne fut pas acceptée dans un premier temps, l’Émir comme son père, le rejetèrent. Un jour, voyant avec quel soin il s'occupait des roses sous son balcon, le vieux Boadbil se prit finalement d'affection pour lui et décida de le protéger.
L'envoyer chez cet homme dans la province d'Almeira était une punition – bien méritée, semble-t-il sans qu'il m'en dise plus – pour quelque escapade nocturne. Il me rassure, avec moi il ne prend pas de risque, il sait comment éviter ça désormais.
Il me raconte donc que tout le chemin du retour vers Granata, il souriait car il savait que ces menaces n'étaient que mensonges, et que de surcroît, l’Émir Boadbil n'allait pas apprécier le traitement qu'on lui avait administré. Et c'est ce qui se passa. Mohammed XIII se fit passer un savon.
Mon ami se demande si dans le fond, tout cela n'était pas fait exprès. Tout le monde sait que les proches de l’Émir conspirent contre lui – le temps et la vieillesse elles-mêmes. L'accord de trêve avec les Castillans n'est jamais passé auprès de certains, malgré le pacifisme de cette décision ; la moindre occasion semble bonne pour l'atteindre, le fragiliser ou pire, se rapprocher de lui et de sa cour conspiratrice. Le vieux le sait, il prend patience : il est juste, mais impuissant. Mon ami, avec son exagération habituelle, me dit tout cela avec une réelle inquiétude, qui n'a d'égal que sa sympathie pour le vieux Boadbil.

Un autre soir, il refuse de me donner son nom, expliquant qu'il aime bien que je l'appelle le jardinier – il dit que c'est pour me protéger, aussi, qu'on ne sait jamais ce qui peut arriver.
Le soir suivant il m'apprend qu'il s'appelle Nordine.
Une autre fois, il arrive tout sourire – éternel – et m'explique un système qu'il a trouvé afin que l'on puisse se retrouver sans risque. Environ tous les deux jours, son maître l’envoie en ville pour faire des achats divers. Chaque fois il passe par une petite rue que je connais bien, non loin de chez moi – il a reconnu cette ruelle à partir de petites histoires et de souvenirs de mon enfance, que je lui ai racontés.


Désormais, chaque fois qu'il y passe, il accroche un pétale d'une fleur différente à une petite lanterne abandonnée ; c'est comme cela qu'on se donne rendez-vous. Un code floral est né pour se donner toute sorte de messages que nous seuls connaissons.
Chaque jour, j'ai le cœur qui tambourine à mes oreilles à l'idée de voir apparaître dans cette rue une orchidée ; chaque jour d'absence est un jour sans nuit, chaque jour fleuri est une couleur à cueillir.
Lorsque l'on se quitte – la nuit, ses ombres et ses jours qui la précèdent que l'on ne compte pas – je descends la rue en laissant l'arche et ses lions armés de pétales ; mes yeux se troublent lorsque je regarde trop longtemps le sentier grimpant de l'Alhambra, sur lequel je ne marcherai jamais.



***


Les blocs de l'arche si blancs – lavés, polis, restaurés comme neufs, trop neufs – se trempent dans le halo orangé des lampadaires. Ses grandes colonnes comme des gardiennes sont encastrées entre les maisons, et derrière se profile un chemin plus ancien. Deux petits lions narquois surplombent la porte et m'observent.
Je m'assois face à elle, sur un petit bloc de marbre, balançant au sol le sac plastique que je trimballe partout – s'y trouvent mes quelques affaires les plus précieuses, ma vie tient dans un sac de courses. Je ne peux plus, je ne pourrai pas plus.
Cette nuit comme toutes mes nuits, j'erre; j'erre dans les rues, j'erre trop longtemps, je repousse toujours plus mon corps en marchant dix minutes, vingt minutes, une heure de plus que la veille. Les jointures de mes poings se serrent, blanchissent contenant mal ma douleur grimaçante.
Il y a ces rues qui montent où les maisons s'amoncellent en escalier. Il y a ces rues qui montent et que je prends, chaque soir pour aller un peu plus haut, chaque soir renonçant à mi-pente avec l'envie de pleurer – l'envie de vitres brisées et de ma canne projetée dedans.
J'ai monté cette pente avec toute l'ardeur et la rage que mon ventre et mes yeux pouvaient contenir.
« El jardin del Alhambra esta magnifico. » ; « The Alhambra's garden is wonderful, if you knew... » Encore et encore ces phrases tournent et tournent dans ma tête. La tourmente des mots du monde qui se moquent de moi – les quelques promeneurs croisés s'inquiètent devant ma flagrante obstination.

Ces murailles hautes, inatteignables.
Ma mâchoire se serre si fort ; je ne contiens plus, je ne me contiens plus. Les larmes viennent poindre.
Je suis au bout de cette route.
Je n'ose à peine regarder la pente doublement plus raide, impitoyable, qui s'envole derrière cette porte. Je ne pourrais jamais la franchir. Jamais. Et jamais je ne pourrais aller plus loin ; et toujours, même la tête entre mes mains, même en fermant les yeux très fort pour me rendre aveugle, toujours sa vision – interdite de cette porte monumentale, qui me hante – me hantera. Et moi, et moi et moi et moi qui ne peux pas et ne pourrais ne serait-ce que la franchir de quelques pas, juste pour pouvoir dire « je suis passé au-dessus de ça ». Juste quelques pas de fierté qui me font m'écrouler devant leur impossibilité, mon impossibilité d'être dans cette situation que je n'accepte pas comme réelle. Mes mains récoltent mes larmes.

Je reste là sans savoir combien de temps. Mes larmes ne coulent pas autant qu'elles semblaient le promettre – les premiers sanglots, volcan et tremblements de corps et torrents et puis, et puis... Larmes vites taries alors ; sécheresse interne, dévorées les douces larmes par leur propre aigreur. Soit : je ne connaîtrai jamais les merveilles de cette ville, les au-delàs précieux, si calmes et si verts. Alors : pour moi que le pavé, les bruits des bars, des bus – les bras de Paseo de los tristes. Il y a dans ces larmes sèches, trop vite explosées, la résignation de l'échec déjà su, trop longtemps camouflé qui se révèle à la grande nuit – sous l'égide des larmes-lunes invoquant à moi des fantômes hors de l'imaginaire.
Je reste là, à fixer le vide et à laisser mes lèvres se retrousser toutes seules, d'un léger dégoût, d'une profonde tristesse que mes bras, que mes jambes, devenues mousses ne peuvent soutenir – ce corps qui m'abandonne.



Je reste là à fixer le vide – à le contempler, fasciné de sa place en moi. Du coin de l’œil je vois un homme qui s'approche, en contrebas de la rue. C'est la tâche bleu ciel de son t-shirt qui m'a interpellée. J'oscille entre essayer de me redonner une consistance ou arborer un regard mauvais qui intime à l'ignorance de l'autre. J'ai le temps de le voir venir, lui aussi. Il fume. La fumée lentement recrachée pendant sa montée. Toutes mes résolutions s'envolent. Bon sang, il fume.
Lentement, il arrive à mon niveau. Mon espagnol n'est pas des meilleurs, mais je peux tenir un semblant de conversation, en comprenant surtout les mots clés d'une phrase ; lors de ces quelques mots échangés, il tend la tête vers le parc, vers où il semblait se diriger. Il me fait comprendre qu'il n'a pas assez de tabac pour m'en offrir, mais qu'il veut bien partager la sienne avec moi. Il a l'air à la fois d'être pressé de partir, et à la fois d'avoir tout son temps. Il a dû voir mes yeux rougis ; bon sang ce que la nicotine me fait du bien... On ne parle pas, il se contente de s'asseoir à côté de moi ; il ne pose pas de question.

Un chat passe. Un chat noir. On le regarde – il essaye de l'attirer, sans succès. Je souris en voyant cette scène.
Puis il s'en va. Telle une ombre, sans un seul mot ni geste. Le chat reste dans les parages. L'homme disparaît, passé la porte, dans l'allée du parc. Il se retourne, une fois, deux fois à la volée.
Cette intervention extérieure m'a fait du bien, m'a fait souffler. Je me lève. J'hésite une seconde, lorgnant vers la porte, vers une petite sculpture et une fontaine au-delà, pas loin qui... Douleur intolérable. Impossible. Je reste planté à l'entrée. Il vaudrait mieux que je rentre à l'hôtel, que je me repose. De l'autre côté de la porte, je le vois : arrêté à mi-chemin loin sur l'allée, tourné vers moi, planté comme un piquet sans cesser de me fixer.
Demi-tour, demi-tour. Je descends lentement, en mettant tout mon poids sur ma canne qui se glisse dans les interstices du pavé. La rue tourne légèrement. Le bruit de mon sac plastique que je trimballe. Je me tourne une dernière fois pour voir la porte, cette porte ; je vois l'homme en bleu qui descend également le chemin, qui descend assez vite comparé à moi. Presque dévalant à ma rencontre. En quittant la rue, en me retournant, je lève la main pour lui dire au revoir – il ne me répond pas. Son regard toujours planté sur moi. Je traverse une place ; je tourne dans des rues vides. En tournant, j'aperçois du coin de l’œil que l'homme me suit toujours. Une fumée de cigarette après lui.

Mes sourcils se froncent ; quelque chose cloche, une boule au ventre me monte rapidement. Il avait l'air gentil, pourtant, alors pourquoi quelque chose me dit de ne pas m'arrêter ? Ce regard fixe et froid. L'homme a l'air de fondre sur moi, allant à grandes enjambées. Inconsciemment mon pas s’accélère – le bruit plus saccadé de ma canne sur le sol me le confirme.
En me retournant une autre fois – je me rends compte que je ne suis plus très loin de mon hôtel – je me rends compte qu'en réalité il ne vient pas vers moi : il ralentit puis, accélère à nouveau, comme pour me garder toujours à une certaine distance. Il continue de m'observer, se tenant assez loin pour que je ne puisse pas distinguer son visage. Je tente le tout pour le tout : je m'arrête et fait mine de chercher quelque chose dans ma poche. Il ne me rattrape pas pour autant, je vois que lui aussi ralentit, s'arrêtant presque pour ne pas se retrouver à mon niveau. Je repars. Mon cœur bat de plus en plus fort. Je ne suis pas certain de réaliser ce qu'il se passe ; est-ce qu'il me suit ? Pourquoi ne me rattrape-t-il pas s'il me veut quelque chose, il aurait pu le faire depuis longtemps ! Il a vu que j'étais en position de faiblesse, ce soir – j'ai encore les les cils collés de larmes. Mes yeux roulent dans les orbites, voulant regarder en arrière mais je n'ose plus tourner la tête. Que je garde mon sang-froid. Je dois me méprendre – impossible, je me suis arrêté, il n'y a aucune méprise possible. Il me suit. Il cherche à me coincer, mais pas au milieu de la route, pas quand j'ai justement l'air de l'attendre. Ou alors il veut me suivre jusqu'où je dors afin de me... Je n'en sais rien. Je sens comme un besoin vital qu'il ne connaisse pas mon hôtel – rien de logique ne me vient, il ne doit juste pas savoir. S'il le sait, je suis foutu – oui, oui, il me suit toujours. Merde merde merde. Et cette foutue jambe, je ne peux rien faire. Merde, il fait deux fois ma taille en plus. Ses bras sont gros comme mes jambes, même avec ma canne... Merde, merde. Ne pas paniquer.

La rue descend toujours, se rétrécit, s'encastre dans plusieurs angles occupés le jour par des restaurants. Le temps d'une seconde, de deux, il ne me voit plus. Continuer. La ruelle après quelques marches, débouche sur un petit pont de pierre, le puente. Je continue, rapidement : en face tout de suite après un angle de rue, quatre possibilités de directions en tout. Je lève ma canne pour qu'il n'entende plus rien, profitant d'un nouvel angle mort. Je me précipite.
Ensuite je zigzague dans le vieux Albaicin typique, très vite, sans me retourner une seule fois. J’enchaîne les crochets et les détours entre les coins de ruelles ; droite, puis gauche puis gauche puis droite. Visions floues de portes maures, de murs de briques bruns et de petites arches d'ornements. J'ai mal. Tout se tait en moi, l'urgence seule bruisse. Je plonge dans une allée plus étroite encore que les autres – il faut se frayer un chemin à travers les immenses pots de fleurs. Cul-de-sac. Sueur froide le long du dos.
Lentement – mon cœur n'a jamais battu aussi vite – je me retourne. Personne. Je tends l'oreille. Silence absolu. Je suis seul, totalement seul. Je souffle un grand coup, adossé au mur.

Un pas, puis un autre, craintif. Je tends la tête de l'autre côté. Personne. La ruelle descend. Je m'avoue perdu, sans chercher à retrouver mon chemin. Je repars – je tourne la tête de tous les côtés, allant silencieusement aux croisements de rues. Je n'ai qu'une crainte : tomber face à face avec lui au hasard d'une nouvelle allée. Aller dans ce dédale était une bonne idée, mais terriblement risquée et j'en ai eu conscience au moment même où, apeuré, je m'y engouffrais.
Finalement je retrouve exactement la même rue par laquelle je suis arrivé, je vois le puente. Bond en arrière. Il est là. Assis sur le pont, là où il a du me perdre de vue. Il a les épaules affaissées d'homme abattu – il a du me chercher longtemps. D'ailleurs, il semble ne pas avoir encore tout à fait laissé tomber, observant tout autour de lui compulsivement dans l'espoir de m'apercevoir – et ce n'est pas passé loin.
Je me laisse glisser le long du mur. Je me fais une raison. Assis à même le sol, j'attends. Je n'ai pas l'heure, alors j'écoute comme horloge ma respiration devenir de plus en plus lente. Je laisse encore du temps s'écouler ; je l'imagine continuer d'attendre et j'entrevois le brouillard de pensées que je ne veux pas connaître. Je m'imagine à sa place et me demande au bout de combien de temps laisser tomber cette affaire pour finalement rentrer. Moi, j'ai tout mon temps. J'attends encore, fouillant mes fonds de poches pour seule occupation.

Un coup d’œil vers le pont : vide. Je me contorsionne pour tenter de voir au plus loin la rue, des deux côtés : vide. Prudemment, je descends les marches – mon genou me fait souffrir comme jamais, les larmes me viennent toutes seules sous la douleur.
Personne, les rues sont vides.
Je vais claudiquant jusqu'à mon hôtel – me retournant de temps en temps, par réflexe. Les rues sont si vides que je ne réalise pas vraiment ce qui vient de se passer, comme si cet événement improbable, cette menace sans réponse, ne pouvait être que le fruit de mon imagination.
Une seule question, qui me revient et me poursuit – elle seule – jusqu'à mon lit : en réalité, qu'est-ce que je fais ici ?



***



« Il faut que tu partes. »
Il semble essoufflé, j'ai à peine écouté ce qu'il m'a dit. Je reste planté face à lui, attendant qu'il me prenne dans ses bras mais il reste là, froid, fixe, à me regarder droit des les yeux. Je ne comprends pas ; il me devance.
« Il faut que tu quittes la ville. Je ne sais pas comment t'expliquer, c'est un peu brutal, je sais. Je n'ai pas beaucoup de temps. » Il regarde derrière son épaule, comme s'il avait pu être suivi. Je n'arrive pas à savoir s'il dit vrai – il ne me ment jamais crie une voix en moi.
« Mais... Ce n'est pas possible, tu sais, et puis... Tu ne veux plus me voir ?
– Bien sûr que si, mais...
– Tu ne peux plus ? On t'a découvert ? Tu as des problèmes ?
– Non, non, non. Ça n'a rien à voir avec moi, ni avec toi d'ailleurs. Je... – Je ne sais pas encore exactement quoi faire. J'ai déposé cette fleur en catastrophe ce matin – tu ne peux pas savoir comme je suis heureux que tu sois là, j'aurai pleuré, tellement pleuré si ça n'avait pas été le cas...
– Je sais. C'est pour ça que je suis là, ça m'a surpris. Mais je ne pensais pas...
– Écoute, s'il te plaît, laisse-moi le temps de t'expliquer. »
Il regarde toujours derrière lui, se penche et parle plus bas, plus vite, en me prenant les mains ; je sens des larmes qui me viennent.

« Boadbil a des problèmes. Boadbil ne contrôle plus rien. Je crois qu'il est malade, je n'en sais rien encore, on ne sait rien. Je... Je ne peux pas tout te dire. Nous ne sommes plus en sécurité. La seule chose que je peux te dire c'est de partir, là cette nuit, pars. Prends un sac léger, que quelques affaires, vas vers Cadix. Là-bas, aux alentours du port tu trouveras de quoi travailler et te loger facilement. Je t'ai préparé quelques provisions, comme ça personne ne remarquera ton départ. »
Il me fourre un petit sac de jute dans les bras sans me laisser le temps de contester.
« Je t'ai glissé quelques pièces aussi, pour le voyage. Et puis tu trouveras une cape de voyage, j'ai pensé que tu n'en avais pas... Si tu vas demain matin à sept aux écuries du Bosphore – tu vois où c'est ? - il y aura un départ, une petite caravane. C'est un ami à moi, il ne posera pas de question. Pars le plus tôt possible, ne te fais pas remarquer. S'il te plaît. »
Il me serre les mains plus fort alors que j'allais protester.

« Et mes parents ?
– Va d'abord à la caravane. Ensuite tu verras pour les prendre en route. Rien ne sert de les alarmer en plein nuit. Ils comprendront.
– Et toi ?
– Moi je suis en sécurité pour le moment, ne t'inquiètes pas ça ira.
– Je veux dire... Et nous ? Tu ne viens pas avec moi ?
– Je ne peux pas... Le palais est sous haute surveillance, les tours de garde ont doublé – c'est pour ça qu'il faut que je me dépêche. Mon absence serait trop vite repérée pour le moment...
– Tu me rejoindras ? Jure-moi que tu me rejoindras.
Inch'allah. Je vais faire de mon mieux, je te promets que je vais essayer. Dès que la situation changera un peu je tenterai, dès que ça sera possible. Je te le jure. Cadix.
– Cadix. »

On reste à se regarder – la peur, l'inquiétude qui se reflète dans l'échange de nos regards. Un instant qui ne dure pas assez longtemps. Dans ses bras, lui dans les miens. Notre étreinte qui durera toujours, vive dans ma mémoire qui m'accompagnera tant que je ne l'aurais pas revu.
Je le vois, l'air triste – mon dieu que son visage sans sourire est la chose la plus triste que j'ai jamais vue – les yeux rougis, il tapote sur mon sac l'air de me demander de ne pas oublier. Plus aucun son ne peut sortir de nos bouches. Il s'éloigne et j'ai l'impression de voir la scène prise dans un brouillard tourbillonnant, un cauchemar. Il se retourne plusieurs fois, me fait un geste de la main auquel je ne réponds pas avant de disparaître complètement – le ballet des gardes reprend juste après lui, comme si rien n'avait jamais eu lieu.

Je reste un instant, les bras chargés. Un rêve, ce ne pouvait être qu'un rêve, ce ne peut être vrai. Je vois les rues vides et ce brutal retour à l'habituel ne peut être autre chose qu'une hallucination. Et pourtant je suis là, les bras chargés à me poser ces questions – des questions qui n'auraient jamais pu me venir avant. Dois-je partir ? Et les visages de mes parents. Partir pour faire quoi ? En réponse il y a, dans les silences de la ville, une texture de l'air sombre et menaçante ; l'ambiance lourde que je sens poindre depuis des mois me fait oublier les temps de mon enfance.


***


Il n'y a rien pour moi dans cette ville. Même en mettant à part ces événements, je le sens, il n'y a rien pour moi.



***


Non plus rien. Il faut que je parte.



***


Je vais partir.



***


Je rassemble mes quelques affaires éparpillées dans la chambre. Si peu au final. Tout le monde semble dormir, je ne fais pas de bruit. Que vais-je faire dans la nuit ? Je ne sais pas. Je trouverai. Il n'y a plus tant de temps que ça à attendre la venue de l'aube.
Je fais mes affaires et j'ai la curieuse impression de ne pas être seul, comme si une autre paire de mains se superposait à la mienne, avec la même gravité, la même perdition à mettre ces affaires dans mon sac. Un instant de vertige.



***


Je pars.



***


La ville à l'aube. La teinte orangée par-dessus les remparts, ruisselant sur les roches, jusqu'à la poussière des pavés. Safran sur les marchés. Agitation, très forte agitation. Nordine n'avait pas menti. Des gardes, des gardes en escouades à chaque coins de rues, pourfendant les foules chargées de paniers. Ciel bleu à venir sur le jour. Chaleur déjà, transpiration sur les stands de légumes et de viandes. On crie, on appelle, on harangue. L'agitation semble surtout causée par les milices circulant ; sur le marché hebdomadaire, moins de monde que d'ordinaire. Ceux qui s'y trouvent remplissent leurs paniers bien plus qu'à l'accoutumée.

Le palefrenier m'a dit que la caravane aurait un peu de retard. Un contretemps : nous ne sommes que trois – lui et son fils de dix ans – et aucune nouvelle de la quatrième personne devant nous rejoindre. Le conducteur du chariot hésite, il veut être certain – il ne m'en dit pas trop, pour ne pas m'inquiéter, mais je devine son anxiété. J'ai eu le temps de trop penser cette nuit. Il faut qu'on parte, vite. J'ai très peu de temps ; il partira sans moi dans quinze minutes si je ne reviens pas. Je connais sa route, je sauterai dedans en chemin si besoin. Mes parents. Je vais à la maison. Ce contretemps, cette place, c'est le destin, il faut que j'en profite. J'ai honte, aussi. Ils doivent s'inquiéter – je suis parti sans même laisser de mot. Mon père n'aurait pas compris, il n'aurait jamais accepté une telle décision de ma part. Mais là, maintenant qu'ils ont dû voir les soldats quadriller les rues, je sais que ma mère saura faire appel au bon sens – si ne n'est à la peur – de mon père.

Je dois passer par Paseo de los tristes. J'aurais mieux aimé l'éviter, mais le trajet est plus court ainsi, plus fiable aussi : trop de risques de tomber seul face à des soldats. À mesure que j'avance la clameur nauséabonde de la place augmente. On crie, on acclame, on hue. Les hâbleurs de l'Émirat donnent de la voix. Je joue des coudes parmi la foule ; des petits vieux, des familles, des enfants qui pleurent, des hommes d'âges murs et des jeunes surtout, les plus agités, les plus bruyants. Les pleurs de mères et d'épouses. Je joue des coudes en baissant la tête. Je porte la cape que m'a donnée mon jardinier, la lourde capuche marron comme l'écorce enfoncée sur ma tête. J'entends, plus fort, presque sans le vouloir mais qui m'interpelle, les hérauts hurler.
« Sur ordre de Mohammed XIII de Almeira, tenant ses directives de Boadbil le jeune, vingt-deuxième émir Nasrides de l'Émirat de Granata, digne héritier de la glorieuse Al-Andalus, sa majesté déclare que les traîtres, les comploteurs et les parjures à l'Émirat seront pendus sur la place publique. Les non-musulmans sont invités à la mosquée pour se convertir, s'ils ne s'y présentent pas, ils sont conviés à la caserne où l'on leur accordera un visa de séjour ou bien le droit de quitter la ville. »
Je m'arrête malgré moi, je comprends la raison des pleurs dans la foule, qui se cachent dans les écharpes et les voiles, et je vois tout autour ceux qui acclament, célèbrent la nouvelle et semblent surveiller les autres. La méfiance et le choc. J'écoute malgré moi et mes jambes de pierres ne veulent plus aller de l'avant. Ma ville, ma ville...

« Les rebelles seront pendus sur la place publique. Tout sympathisants avec les catholiques seront pendus sur la place publique. Tout homme ayant déjà tenu une arme est appelé à se présenter à la caserne. Tout volontaire sera remercié par Dieu et l'émir en personne. Une contribution alimentaire sera demandée à tous les commerces, à tous les paysans de l'Émirat. »
Il s'arrête un instant. Un autre reprend cette litanie morbide.
Je n'ai jamais pu supporter cette place. Mon père m'y a emmené enfant, pour me montrer, pour que je sache – que je connaisse l'odeur de la charogne humaine, celle qui ne rentre pas dans les rang. L'odeur terrible de ceux qui font du tort mais surtout, le bruit des autres acclamant la mort. J'ai toujours tout fait pour éviter cette place et me boucher les oreilles pour oublier sa clameur.
Le porte-parole déclame des noms. Une longue liste. Malgré moi, hypnotisé, je lève les yeux ; il y a sur la place plus de corps que je n'en ai jamais vu, plus qu'aucun de mes amis ne m'a jamais conté. Je lève les yeux malgré moi et vois les pieds du corps le plus proche. Je vois ses mains, la fine pellicule brillante qui s'y trouve et reflète le soleil. Je vois son visage violacé. Khaleb, l’artisan-doreur. Un ami de mon père. Lui qui boit le thé chaque lundi dans nos coussins.
Ce n'est pas lui que je vois pourtant, non il n'est que le premier. Non, non, je ne vois pas que lui. Je vois la mort, je connais la mort, j'ai déjà vu la mort mais ceci, ce ne peut être la mort, non ce ne peut l'être. Aucun mot, aucun mot, aucune pensée même ne se formule. Je n'ai rien vu, je n'ai rien vu. Non. Je n'ai vu que le doreur, que lui. Pas d'autre image. Personne d'autre. Pas lui, pas eux. Personne. Je reste figé un instant pourtant ; derrière lui, derrière lui je vois... Rien. Non. Ce n'est pas possible.

Je ne peux pas rester je dois partir je n'ai rien vu. Mes yeux, écarquillés, j'ai l'impression qu'ils vont exploser. Trop de bruits, je n'entends plus rien. Je ne vois plus rien que des corps-tissus agités, flous. Je pars d'un bond, pourfendant les cris, les consternations, les bagarres qui pointent leurs nez, les cliquètements des armes. Je pars je pars. J'ai la sensation d’avoir été là par mégarde ; je n'aurais jamais dû venir. Comme un voyeur honteux de ce qu'il a pu voir, pas ce qu'il voulait. Je n'aurai jamais du me trouver là.
La caravane va partir, je dois la rejoindre.
J'y arrive, je ne sais plus comment. Je sens ma tête cahotante comme si ma nuque était molle, ou mes tempes trop prêtes à éclater. Je ne sais plus ce qu'il me dit. Je monte. On part, qu'on parte.
Je suis seul à l'arrière – j'entends les questions de l'enfant, à l'avant. Je vois la foule des rues, les roues qui avancent trop doucement. Ces rues, mes rues, qui s'éloignent et je pars.
La porte de la ville, les questions des gardes, et puis, la vision de l'Alhambra qui s'éloigne et très vite, les visions des champs à perte de vue.
Là, je pleure. Je pleure sans retenue.
Je pleure et seulement alors commence le véritable cauchemar : le temps des questions.



***


Je me sens terriblement seul.
Que vais-je faire, maintenant ?
Je me sens terriblement seul.
Le bus roule à bonne allure, c'est l'autoroute désormais. J'ai vu l'image de la ville s'éloigner, rapidement, disparaître comme les lueurs de l'aube. Beauté vite partie, déçue.

Le bus – le premier au départ du jour – file vers Cadix. Je ne sais ce que je trouverai là-bas. Je continue ma quête pour trouver un lieu où poser mes quelques affaires, un endroit qui colle à ma peau où mes proches me jugeraient chanceux d'y vivre.
Je quitte Grenade et une impression étrange m'en reste en bouche ; aussi curieux que cela puisse paraître, j'ai aimé cette ville. D'une certaine façon, je m'y sentais bien – d'une manière presque étrangère à moi même, c'est une impression de rêve qui subsiste. Mais l'évidence était là, toute la ville me rejetait, m'expulsait comme un corps impropre, toutes ses rues me criaient que je ne pourrais vivre là, aussi belle soit-elle.
Et puis il y avait... Cette sensation que je n'arrive toujours pas à nommer, comme un dédoublement, un déjà vu, des histoires et des noms qui me venaient en tête.
« Modifié: 29 décembre 2018 à 21:58:14 par Ben.G »
Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
- Alain Damasio

Ashka

  • Invité
Re : Grenade
« Réponse #1 le: 10 février 2018 à 10:46:40 »
 ;)
Je ferai chapitre par chapitre et petit à petit. ;)

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A la moitié du voyage, un orage comme je n'en avais jamais vu s'abattit sur la région
alors ce n'est peut-être que moi, hein, mais s'abattit, je ne sais pas, "s'était abattu" ?
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Moi, je me suis endormi pendant que ces trombes d'eau tambourinaient aux fenêtres
Là, je ne sais pas mais tu nous ramènes en arrière alors soit tu expliques que tu t'étais endormi plus haut quand tu parles de l'orage, soit il faut changer de temps pour nous raccrocher à ce moment d'orage ? "Moi, je m'étais endormi"?
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Je me suis endormi pendant l'apocalypse.
là par contre, pas de souci, le temps employé ne m'a pas gênée, belle vision de cet orage sur les plaines, chouette début ! ;)
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a canne grince
la  ;)
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Contact du métal et et de la pierre,

2 fois "et"
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Je ne sais même pas le jour, sans doute la saison donne des explications –aux abords de la ville, loin des magasins et des monuments, là où dorment les habitants qui la font vivre.

ah je n'ai pas très bien compris la raison du fait qu'il ne connait pas le jour lié à la saison ? une chtouille d'explication et d'éclaircissement?
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Même la nuit il fait vingt quatre degrés ; l'été. Tout le monde ne cherche qu'à respirer ; je baisse les yeux, je pense au bruit de ma canne qui doit faire retourner les sommeils agacés par la chaleur et les moustiques, le tout allant à travers toutes les fenêtres des artères, ouvertes.
tu es sur de vouloir mettre des ";", tu veux respirer autant que cela entre les mots ? et ouvertes, il s'agit des fenêtres ou des artères ?
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Après une éternité de lenteur et de grands boulevards chics et chers – les gens bien habillés me dépassent si vite... - j'aperçois un arc en pierre, une porte ancienne qui fait quitter le centre-ville moderne pour s'engouffrer des les ruelles mauresques.
jolie vision cette porte et ce qui s'imagine derrière. "des les ruelles" : "dans" ?
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Passé, ma concentration fugacement réunie pour éviter de me perdre se brise sur une petite échoppe
"Passé"e" ? il s'agit de la concentration, donc féminin ?
Tu parles d'une échoppe, peut-être là aussi une chtouille d'explication pour dire qu'il peut s'y arrêter et s'asseoir, parce que là je me suis demandée ce que venaient faire les tables ?
Jolie description de ce passage qui décrit le lieu.
Je reviendrai plus tard.  ;)





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Re : Grenade
« Réponse #2 le: 10 février 2018 à 23:07:34 »
Salut Ben G !

au fil de la lecture...

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A la moitié du voyage, un orage comme je n'en avais jamais vu s'abattit sur la région –
passé composé

Citer
On tourna aux abords de la ville pendant plus d'une heure.
plus-que-parfait

Citer
Bien sûr, on pouvait tout de même sentir une aura de crainte planer dans le bus, mais je l'attribuerais plutôt à l'inquiétante ombre du ciel.
hmmm pas très fluide. peut-être le cumul de "bien sûr" "tout de même" "plutôt" ? :\?

Citer
Moi, je me suis endormi pendant que ces trombes d'eau tambourinaient aux fenêtres, depuis ces nuages d'un véritable noir, comme jamais je n'en avais vu de tel – je ne cessais de me le répéter... Lumière de déluge. Lumière orangée de fin du monde qui filtrait sur les plaines castillanes.
c'est dur à comprendre l'enchainement. Suffirait de mettre un point  après fenêtre ;)
et sinon avec la lumière orange les nuages sont quand même noirs ?

Citer
Je grimace ; a canne grince en frappant les trottoirs.
la ? ma ?

Citer
je baisse les yeux, je pense au bruit de ma canne qui doit faire retourner les sommeils agacés par la chaleur et les moustiques,
hmmm c'est pas les sommeils qui se retournent, ce sont les dormeurs non ?

Citer
rien ne m'intéresse à visiter ce soir
mal dit

Citer
- j'aperçois un arc en pierre, une porte ancienne qui fait quitter le centre-ville moderne pour s'engouffrer des les ruelles mauresques.
– et dans

Citer
L'homme – un vieil homme bedonnant, grisonnant, sans sourire mais aux yeux d'une gentillesse qui ne peut être feinte.
cheloue cette phrase sans verbe. ça fait un effet commencé et jamais fini

Citer
mais qu'il paye pour la réputation notre famille:
manque "de"

Citer
tous cuisine on s'affaire.
pas compris

Citer
Le Dario, jadis rivière qui a fait construire des ponts et où l'on peut désormais y faire barboter nos pieds.
inutile

Citer
Une longue place, recouverte des terrasses de plusieurs cafés-restaurants, abritées sous des des toits de tuiles.

Citer
Je ne pourrai plus jamais marcher comma avant, on me l'a confirmé en français.

Citer
des airs andalous qui me déciment le cœur. Quelques accords graves, équilibristes, traînant lentement et soudain claquant, vifs et puis reprenant, plaintive soliloquie. Des airs qui me déciment complètement l'âme résonnent cet après-midi.
répétition pas terrible

Citer
une sous-pape comme une pièce hors-temps où je me réfugiais inconsciemment.
soupape

Citer
énerve, j'ai évité de dire des choses à ceux que j'aime que j'aurais regretté à jamais, ainsi, grâce à ces fuites vite rattrapées par l’apaisement de la marche.
énervé

Citer
J'aimerai tout recommencer.
aimerais

Citer
Je en arrivant à la porte de l'hôtel à ma propre stupidité.
bug

Citer
et à ne trouver tourner et retourner que des pensées fausses,
pas compris

Citer
je dois l'avouer pour la première fois depuis ma fuite je me senti seul.
présent

Citer
un garde s’apprête eu demi-tour tranquille de sa ronde.
au

Citer
il se rends compte de son erreur – et moi ? Pourquoi suis-je venu, c'est stupide.
rend

Citer
– c'est comme un l'impatience d'un infini qui ne se dévoile pas assez vite.

Citer
Plus, une autre fois, il arrive tout sourire – éternel – et m'explique un système qu'il a trouvé afin que l'on puisse se retrouver sans risque.
bizarre ce plus, "puis" ?

Citer
Environ tous les deux jours, son maître l’envoie en ville pour faire des achats diverses.
divers

Citer
Mes larmes ne coulent pas autant pas autant qu'elles ne semblaient le promettre

Citer
On ne parle pas, il se contente de s'assoie à côté de moi ; il ne pose pas de question
s'asseoir

Citer
en mettant tout mon poids sur ma canne qui se glisse des les interstices du pavé
dans

Citer
Je ne suis pas certain de réaliser ce qu'il se passe ; est-ce qu'il me suite ?
suit

Citer
Je sens comme un besoin vital qu'il ne connaisse pas mon hôtel – rien de logique ne me viens
vient

Citer
Tout se tait en moi, l'urgence seul bruit.
l'urgence comme seul bruit ? ou pour ?

Citer
Lentement – mon cœur n'a jamais battu aussi vite
joli  :coeur:

Citer
Il es là. Assit sur le pont,
est / assis

Citer
Pars le plus tôt possible, ne te fais pas remarque.
remarquer

Citer
Je vais faire de mon mieux, je te le promets que je vais essayer.

Citer
Je le voix, l'air triste – mon dieu que son sourire sans visage est la chose la plus triste que j'ai jamais vu – les yeux rougies,
vois / rougis

Citer
Je fais mes affaires et j'ai la curieuse impression de ne pas être seul, comme si une autre paire de main se superposait à la mienne, mettant la même lourdeur, la même gravité, la même perdition à mettre mes affaires dans mon sac. Un instant de vertige.
joli  ^^

Citer
Les non-musulmans sont invités à la mosquée pour se convertir, s'ils n'y s'y présentent pas,
ne

Citer
il y a sur la place plus corps que je n'en ai jamais vu,
plus de corps

hop là, tout lu !

aloooooors, sur le global...
déjà j'ai beaucoup aimé. Le parallèle des deux histoires en résonance avec des échos incessants de situations, de lieux...très chouette :)  (ça m'a fait penser à un roman que j'aime beaucoup qui est construit un peu de la même façon, Le téléscope de Rachid, de Jamal Madhjoub, je sais pas si tu connais ?) J'ai apprécié le temps et volume d'écriture que tu as pris pour nous immergé dans cette ville est ces quartiers. L’ambiance est plantée et assez sensorielle, j'étais dedans. J'ai aussi aimé les deux histoires, pleines de réflexions cachées, touchantes et tissées d'émotions.

Sur la forme, tu as pas mal de phrases un peu bizarre sur la formulation, des tournures qui me paraissent à l'envers :\? Je crois que tu pourrais gagner en fluidité à ce niveau là.
J'ai relevé la plupart des fautes d'ortho mais il en reste (parce que des fois j'avais trop la flemme)

À la fin, j'ai trouvé le passage sur la place aux pendus très intense quand il se convainc qu'il ne voit pas. Toutefois ça m'a foutu un doute. Est-ce qu'il refuse de voir la quantité des gens, l'horreur, tout ça. Ou est-ce qu'il refuse de voir son ami jardinier là bas ? :' Je me suis retrouvée dans cette double hypothèse qui reste sans réponse et me laisse un peu frustrée.

Il y aurait sûrement d’autres choses à dire, mais c'était très dense et du coup là tout de suite je sais plus  :D Si des choses me reviennent, je te le dirai a posteriori !

merci pour ce texte, et la bise !

Milla





Léilwën

  • Invité
Re : Grenade
« Réponse #3 le: 12 février 2018 à 12:01:05 »
Coucou !

Je viens commenter le fond ici !  ;)

J'ai bien aimé ces histoires parallèles (une réincarnation ?), l'écho fonctionne bien.
Malgré quelques phrases maladroites, il y a des très belles images, de très beaux moments poétiques. Je me croyais à Grenade (c'est l'une des plus belles villes qui m'ait été donné de voir, merci, donc, pour le voyage  :)).

Il y a certains endroits moins clairs. Par exemple, la "course-poursuite" : pourquoi tout d'un coup l'inconnu qui avait été sympa avec ton narrateur deviendrait-il une menace ?

Et la scène de fin est très prenante. Comme Milla, je me suis demandée qui il avait vu ? Son père (vu qu'il ne s'arrête pas pour récupérer ses parents) ? Son ami ?

Voili voilou, je reviendrai !  >:D  ;)

Hors ligne Aléa

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Re : Grenade
« Réponse #4 le: 12 février 2018 à 14:26:20 »
Yo !


Alors déjà en tout premier lieu je vais m'excuser, parce que je n'aurai pas le temps de tout corriger tout de suite  :-[ Mais j'ai lu toutes vos remarques, je suis d'accord pour la plupart et c'est une aide énorme pour travailler tout ça  _/-o_

Bon je vois que je me suis chié sur les temps au début (ma hantise ce passé composé), que j'ai des tournures de phrases parfois alambiquées (ca, c'est mon travers, mais j'essaye justement de travailler ca dans le sens où ca puisse être quelque chose d'agréable à terme ; ca rate moins que d'habitude, c'est déjà un bon progrès :) ), et surtout, et là j'ai pas compris ce que j'ai foutu, c'est quoi ce nombre énorme d'oubli de mots et de mots en trop  :o WTF Ben, il t'es arrivé quoi (j'ai rien vu en plus, brreh, suis désolé....)


Pour vous répondre un peu mieux

@Ashka

Citer
tu es sur de vouloir mettre des ";", tu veux respirer autant que cela entre les mots ?
Oui ca je garde  :P
Pour le reste tu as raison, et je vois que ca fait échos aux autres remarques qu'on m'a fait, donc je vais aller dans ce sens ^^

Repasses quand tu auras le temps ! (même si c'est pas pour faire un relevé détaillé :P )




@Milla

Citer
(ça m'a fait penser à un roman que j'aime beaucoup qui est construit un peu de la même façon, Le téléscope de Rachid, de Jamal Madhjoub, je sais pas si tu connais ?)
Nope je connais pas   ^^


Citer
J'ai apprécié le temps et volume d'écriture que tu as pris pour nous immergé dans cette ville est ces quartiers. L’ambiance est plantée et assez sensorielle, j'étais dedans.
Je t'avoue que j'avais super peur que ce volume fasse peur ou fasse trop, donc je suis soulagé et heureux que ca fonctionne ! Je me rends compte que je tends de plus en plus à écrire comme ça

Citer
Sur la forme, tu as pas mal de phrases un peu bizarre sur la formulation, des tournures qui me paraissent à l'envers :\? Je crois que tu pourrais gagner en fluidité à ce niveau là.
J'ai relevé la plupart des fautes d'ortho mais il en reste (parce que des fois j'avais trop la flemme)
Yep, vais travailler là-dessus.. et sorry, tu en as déjà relevé beaucoup, merci  :-[


Merci de m'avoir lu Milla  :calin:


Citer
Ou est-ce qu'il refuse de voir son ami jardinier là bas ? :' Je me suis retrouvée dans cette double hypothèse qui reste sans réponse et me laisse un peu frustrée.
Citer
Et la scène de fin est très prenante. Comme Milla, je me suis demandée qui il avait vu ? Son père (vu qu'il ne s'arrête pas pour récupérer ses parents) ? Son ami ?
Là dessus (désolé Milla pour la frustration  :-[) je laisse planer le mystère (le sais-je vraiment moi-même ? bon ok j'ai une ptite idée)  :P


@Leilwen (m'en veut pas pour les accents haha)

Citer
J'ai bien aimé ces histoires parallèles (une réincarnation ?), l'écho fonctionne bien.
j'aime bien l'idée de réincarnation huhu, ou d'espèce de vie fantôme simultannée ; top si ca fonctionne  ^^


Citer
Il y a certains endroits moins clairs. Par exemple, la "course-poursuite" : pourquoi tout d'un coup l'inconnu qui avait été sympa avec ton narrateur deviendrait-il une menace ?
Là y'a moyennement d'explication  : la motivation, comme le personnage n'en sait rien on n'en sait rien non plus. Et c'est ce qui rend l'attitude étrange de l'inconnu encore plus inquiétante. (vol ? agression ? Harcelement sexuel ? juste quelqu'un de timide -mouaip- ?) J'avais envie de reprendre la situation qui arrive aux femmes qui se font suivre sans raison et inverser le truc...
Je sais pas si ces explications là suffisent...  :-[


Citer
Je me croyais à Grenade (c'est l'une des plus belles villes qui m'ait été donné de voir, merci, donc, pour le voyage  :)).
Ahhhh, mais c'est encore plus cool si tu connais la ville !!!  ;D

J'avoue que l'histoire de la ville m'a beaucoup intéréssé quand j'y étais.

J'ai hésité à le mettre en note, mais Christophe Collomb s'est vu d'abord refuser ses expéditions, on l'a forcé à participer au siège de Grenade qui signa la capitulation du dernier vestige d'Al-Andalus. Dans ses mémoires il raconte avoir v Boadbil le jeune (qui était vraiment jeune, du coup, et pas vieux comme je l'ai écrit) sortir de la ville et abdiquer. Dans la foulée de la victoire, il a réitéré sa demande et cette fois elle a été accepté vu que la conquête du sud était enfin finie. Ensuite même s'il est pas parti de là-bas, Cadix est devenue LA ville de départ et d'arrivée pour les colons  (j'ai volontairement pas mal distordu la réalité dans mon histoire, du coup j'ai pas ajouté ça en note, mais j'aimais bien la perspective que ca pouvait apporter ^^ )

Merci encore beaucoup à toi !  ;D





La bise à tous ! A plus dans l'bus !
 :-¬?

(je donnerai des nouvelles quand j'aurai le temps de corriger tout ça...)
Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
- Alain Damasio

Léilwën

  • Invité
Re : Grenade
« Réponse #5 le: 12 février 2018 à 14:51:05 »
Citer
Leilwen (m'en veut pas pour les accents haha)
=> si, je t'en veux à mort ! Je suis très tatillonne des accents  :noange:  :P (en vrai, parfois, même moi je me plante en l'écrivant  :-¬?)

Citer
Et c'est ce qui rend l'attitude étrange de l'inconnu encore plus inquiétante. (vol ? agression ? Harcelement sexuel ? juste quelqu'un de timide -mouaip- ?) J'avais envie de reprendre la situation qui arrive aux femmes qui se font suivre sans raison et inverser le truc...
Je sais pas si ces explications là suffisent...  :-[
Hum... je sais pas... il manque un truc au départ dans ce cas là... peut-être indiquer dès le départ que même s'il est amical avec lui, le mec lui fait peur ? qu'il y a un truc malsain dans son attitude ? Parce que là, le contraste pour moi est trop abrupt (mais ce n'est peut-être que moi !  :-[) entre "oh, il est sympa lui"/"qu'est-ce qu'il me veut ce type ?"

Pour Christophe Collomb, je pense que tu peux faire une référence directement dans le texte... du genre "cette année là, après avoir aidé à conquérir Al-Andalus comme on le lui avait imposé, Christophe Collomb a pris le large et a découvert l'Amérique", un truc du genre ?

A bientôt !! :)

Hors ligne Milla

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Re : Grenade
« Réponse #6 le: 12 février 2018 à 15:17:09 »
Citer
Hum... je sais pas... il manque un truc au départ dans ce cas là... peut-être indiquer dès le départ que même s'il est amical avec lui, le mec lui fait peur ? qu'il y a un truc malsain dans son attitude ? Parce que là, le contraste pour moi est trop abrupt (mais ce n'est peut-être que moi !  :-[) entre "oh, il est sympa lui"/"qu'est-ce qu'il me veut ce type ?"
ouip je rejoins Léilwën là dessus !

et
Citer
   
Citer
(ça m'a fait penser à un roman que j'aime beaucoup qui est construit un peu de la même façon, Le téléscope de Rachid, de Jamal Madhjoub, je sais pas si tu connais ?)

Nope je connais pas   ^^
pour ce que je te connais, je pense que ça pourrait beaucoup te plaire, donc n'hésite pas s'il croise ta route ! ou si t'as l'occase de passer vers lyon je te le prêterai  ^^

Ashka

  • Invité
Re : Grenade
« Réponse #7 le: 13 février 2018 à 14:50:46 »
Re salut… ;)
Dans 1er chapitre, "je m’assois"  et "orange" sans « s » à priori.
Ecoute, tu prends bien évidemment ce qui te convient, ce ne sont que des ressentis alors, il ne faut pas forcément faire attention à tout.
Citer
Depuis la puerta Elvira on entend de l'agitation : le bruit des sabots, des voix gaillardes et du métal clinquant qui se répercute de brique en brique.
De brique en brique c’est vraiment chouette mais j’ai eu du mal à raccorder ça à l’environnement de la rue, mais est-ce si important, parce que l’expression est jolie encore une fois.
Citer
La nuit, il y a toujours de l'agitation, toujours des voyageurs, des caravanes ou des délégations politiques venues de loin.
Délégation diplomatique  plutôt que politique ? mais ce n’est qu’une suggestion.. ne fais pas attention
 
Citer
« Tu as vu tout ces soldats ?!
tous
Citer
depuis mon arrière grand-père.
Arrière-grand-père
Pourquoi les lettres ? tu veux dire l’érudition ? j’aime beaucoup cette histoire de famille.
Citer
La « renommée », la gloire – quelle gloire ? – je me dis, y a-t-il vraiment une gloire à cela ?
J’aime cette pensée du narrateur.
Citer
Je vois les soldats passer, ils ont de l'or sur leurs casques ; je me dis que trop jeune j'ai vu et parlé à trop de voyageurs, riches et errants, de toutes les contrées de tous les continents, trop pour que luise à mes yeux la gloire du bout de ma rue, peut-être.
Le « peut-être », peut-être le mettre juste avant trop jeune ?ce n’est qu’une suggestion.
Citer
Mon père. Il perd ses cheveux à force de s'inquiéter pour ses affaires qui elles, se contentent de lui faire enfler la panse – les plaisanteries de ma mère.
Elle a l’humour vachard,la mère ! :D
Citer
Silence dans la rue. Tintement de perles en bois. Le regard de mon père.
Si tu parles de son regard, préciser, craintif, soupçonneux, etc ?
Citer
Un homme, élégant au bouc long, tressé, entre sans même nous regarder. Il est enturbanné comme un noble ; il a à la taille le pommeau d'un poignard en or serti d'émeraude, saillant de sa tunique.
Inverser pour que ça coule mieux ? « il a à la taille, saillant de sa tunique, le pommeau d'un poignard en or serti d'émeraude. «  mmh à voir…
Citer
Deux gardes, dont l'ombre bouchaient
Bouchait
Citer
alors l'entrée au dehors,
au-dehors
Citer
entrent et font passer à leur suite deux serviteurs.
là j’ai buggé font passer à leur suite… ils les font passer devant ? Plutôt font passer devant eux ? mm je ne sais pas, j’ai eu du mal à visualiser, mais ne fais pas attention, ce n’est que moi.
Citer
Un troisième entre après eux, l'air absent, flottant dans sa tunique. La petite suite s'affaire pour occuper, organiser l'espace selon le goût de leur maître ; mon père se triture nerveusement les mains. L'autre est resté dans l'entrée, la mine basse, il doit avoir le même âge que moi, seize, dix-sept ans.
C’est le 3è, peut-être dire : « le dernier » pour qu’on le raccorde à ce troisième ?
Citer
– Plaqué majesté. Le meilleur artisan-doreur de tout Albaicin.
Artisan doreur sans tiret ?
Citer
Le sourire de mon père. Ma mère arrive avec le thé, on prépare le narguilé, les plateaux d'argent et les petits gâteaux ; tous cuisine

Qui cuisine ? pourquoi tous cuisine ? les petits gâteux ne sont pas déjà faits ?
Citer
on s'affaire. J'entends les bruits, des ustensiles,
une virgule en trop entre bruits et des ?
Citer
Mes parents vont et viennent, parlent ou se taisent, ont les gestes qu'il faut ; une fois posé le narguilé, je reste un peu pantelant entre le salon et la cuisine, une seconde ne sachant que faire.
Ne voudrais tu pas inverser :  je reste une seconde ne sachant que faire entre le salon et la cuisine.
Citer
Dehors, toute sa suite. Six porteurs à côté d'une chaise en or et draps rouges, deux diligences où logent sans doute son harem,
Où loge (le harem)
Citer
Notre « émir » Boadbil convoque tous ses Coras pour pour
un p’tit « pour » en trop
Citer
faire parvenir des troupes à la ville. Je m’exécute, donc,
enlever la virgule après exécute ou pas?
Citer
« Avec ces catholiques, rien n'est plus sûr, parait-il...
– Ah c'est bien vrai majesté ! Au moins avec les Aragonais, les Castillans, nous savions à quoi nous en tenir, mais avec ces nouveaux fanatiques...
– Mon ami, ne parlons pas politique, je suis venu me désaltérer.
– Mes excuses majesté. »
Mon père repart, livide de son intervention ratée.
Bien vu
Citer
– depuis qu'ils sont arrivés je ne fais que ça en réalité.Alors,
Espace après Alors.
Citer
C'est seulement là où je comprends pourquoi il s'obstinait à fixer le sol :
que à la place de où ?
Citer
Le noble souffle sa fumée de narguilé sur le jardinier, d'un air contenté, supérieur, avec cet inlassable regard mauvais – j'arrive à le qualifier, son air énigmatique, maintenant que ses ongles ont cessé de se planter dans mon omoplate.
J’arrive à qualifier quoi , le regard ? ou l’air enigmatique ?
Citer
Le jeune homme baisse les yeux quand la fumée s'évapore et se baisse avec lui sa lueur, celle du défi perpétuel et déterminé.
J’aime :coeur:
Citer
Le dernier sourire de ce jeune jardinier à qui l'on a annoncé la mort, me reste et me hante.
J’ai beaucoup aimé cette scène. Elle est vivante, tout est bien croqué, et le jardinier et l’annonce de sa fin prochaine donne le malaise qu’il faut pour que l’on accroche au récit.

Citer
leurs odeurs sur chaque étals.
Etal Très jolie description du quartier maure, on s’y croirait.
Citer
Je suis retourné manger au même endroit où je m'étais arrêté la veille, évidemment.
Nécessaire le évidemment ?
Citer
Lorsque je lève les yeux, en me baladant, je vois les murailles crénelées qui me toisent. Tout en haut de la colline rocheuse, le palais de l'Alhambra et son parc surplombent la ville.
Oh… c’est vrai c’est là-bas, ce lieu mythique…
Citer
À ses pieds pavés, d'un côté le profil des maisons acculées les unes contre les autres, de l'autre une petite rivière envahie de végétation qui court en-delà
En delà
Citer
En suivant cette route, passée
Passés ?
Citer
les commerces aux épices et les églises coloniales, on on
on en trop
Citer
débouche sur une grande place toute en longueur. Une longue place,
tu veux garder redire longue place alors que c’est déjà décrit dans la phrase d’avant ?
Citer
recouverte des terrasses de plusieurs cafés-restaurants, abritées sous des des
2 des
Citer
il court sans arrêt, tantôt ratant
ratant ? une chtouille d’explication ?
Citer
j'ai pour habitude de ne jamais prendre deux fois de suite la même chose. J'y
mm j’y , tu es sûr pour cette 2è fois ? Je ? viens pour lire, surtout, pour réfléchir.
Citer
Je ne pourrai plus jamais marcher comma avant
comme
Citer
Un vieux guitariste se plante là. Il laisse passer quelques instants, le temps que le groupe précédent parte, quelques instants encore et on le voit qui arme ses cordes. Patient. Un vieux guitariste à la peau cramée par le soleil. Il joue lentement, à la guitare sèche, des airs andalous qui me déciment le cœur.
Joli ;)
Citer
Quelques accords graves, équilibristes, traînant lentement et soudain claquant, vifs et puis reprenant, plaintive soliloquie. Des airs qui me déciment complètement l'âme résonnent cet après-midi.
Veux tu remettre déciment complètement l'âme alors que plus haut : des airs andalous qui me déciment le cœur. ? ce n’est peut-être pas gênant après tout.
Citer
Marcher ; se vider la tête, laisser ses pensées s'en aller, approcher son bruit interne, l'apprivoiser pour l'unir à la secousse de chaque pas. Se dompter. S'en aller, non plus de soi, non plus du monde, s'en aller simplement pour retrouver dans l'acte le plus basique la distance qui fait voir la matière de la vie. Laisser partir ce bruit interne se faire engloutir par la fureur du monde : se désintégrer en s'intégrant à soi-même. Alors et seulement là, la fureur n'en est plus qu'observation, un constat de la vie. Fureur contre fureur ; mais les arcs calmes qui en sous-tendent l'architecture – là à portée de pas. J'en rajoute, peut-être, je m'aveugle sans doute de quelque obscurité, de quelque endeuillement qui ne passe pas et qui m'empêche, me fait vomir même de le penser en ces termes  – je n'en ressens pas moins la violence.
Pensées tourmentées, je reviens en arrière pour tout comprendre, un peu torturé, mais les pensées le sont aussi, c’est intéressant.
Citer
J'ai toutes ces fois qui me reviennent en tête où marchant rapidement dans l'air vif, énerve
Enerv »é » un p’it accent qui manque ?
Citer
,j'ai évité de dire des choses à ceux que j'aime que j'aurais regretté à jamais, ainsi, grâce à ces fuites vite rattrapées par l’apaisement de la marche.
Joli :coeur:
Citer
J'aimerai tout recommencer.
aimerais
Citer
J'hésite dans ce même mouvement pantelant à quitter la place ; à peine les autres partis qu'une guitare électrique enchaîne. J'hésite quand je vois ces français partir et rire avec leurs batteries sous les bras.
Ha ceux qui sont avec leurs batteries sont encore d’autres musiciens ? où ceux dont tu viens de parler ?
Citer
Et puis, il y a cette musique qui plante ses griffes en moi – demie génuflexion

Demie-génuflexion
Citer
et finalement je me rassois. Ces rythmes tapés rapidement, frénétiquement, l'écho des andalousieries sèches et chantantes d'auparavant mais sur des cordes métal, raides, la nervosité et l'inquiétude tourbillonnante propre à la matière des sentiments. Ces sons stridents se répercutent à l'unisson des gémissements de mon cœur.
Joli encore, il y a vraiment de jolies trouvailles, c’est sensible et décidément j’aime comment tu nous laisses entrevoir toute cette musique qui baigne la place…
Citer
Je me souviens d'il y a quelques années encore auparavant,
Le « encore » en trop si tu gardes d’(il y a)? et le d’ aussi ? mais si tu le supprimes le « d’ »tu peux garder encore auparavant il me semble ? à voir…
Citer
Mon père dit qu'Al-Andalus est morte.Que sa superbe avait déjà disparue bien avant sa naissance, que tout est voué à mourir
Espace après le point. Disparu
Citer
On a trop permis aux autres nations de se mêler de notre indépendance, se s'introduire dans notre politique
De à la place de « se »
Citer
– c'est ce qu'il dit. J'entends que les rois catholiques s'approchent de nos portes ; j'entends le murmures
murmures sans « s »
Citer
des familles catholiques qui fuit
fuient
Citer
me laissant seul avec la-dite
ladite
Citer
un capharnaüm sans nom dont je commence à désespérer d'un jour en venir à bout
à désespérer un jour
Citer
Il n'y a pas de garde à cette heure là,
heure-là
Citer
– Je ne voudrai pas que tu vois mon secret. »
voudrais, voie
Citer
« Je t'avais dit de ne pas te retourner. ! »
pas de point avant le ! ou pas de !, au choix… ;)
Citer
Je suis encore à la place.
Mm peut-être plus développer que cette phrase sèche ? encore « revenu » ou je sais pas…
Citer
Depuis l'autre jour, c'est comme si quelque chose s'y est brisé, resté en suspend
Suspens
 
Citer
Je vois l'après midi
après-midi
Citer
qui passe et j'ai cette impression d’accéléré, comme si le monde autour était réglé sur un tempo plus rapide au mien.
Plus rapide que le mien ?
Citer
Je n'y avait
Avais
Citer
Quand je me relève, pantelant
le terme pantelant revient souvent, mais peut-être fait-il lien avec l’autre histoire .. ?
Citer
Les familles, les touristes, ont désertés
sans « s » désertés
Citer
la place, plus de flash ni de braillements. Je me lève.
Ah, le narrateur s’est déjà relevé auparavant
Citer
J'aperçois quelques musiciens qui me sont familier,
Familiers
Citer
Les derniers clients des bars se dispersent rapidement dans les ruelles, ne restent plus qu'un petit groupe
Reste
Citer
Je n'ai pas envie de rentrer à l'hôtel sans sommeil
sans avoir sommeil ? ce n’est qu’une suggestion pas forcément utile d’ailleurs
Citer
et autres bob
Bobs ? j’ai un doute
Citer
colorés pour qu'on les remarques.
Remarque sans »s »
Citer
Je voudrai me terrer dans un coin.
Voudrai »s » ?
Citer
Je en arrivant à la porte de l'hôtel à ma propre stupidité.
Manque un mot ?
Citer
je me senti seul.
Mm je me sens seul, plutôt ?
c’est chouette là aussi les gay qui sortent pour être tranquilles dans la nuit et lui qui a peur de leurs regards.

Citer
un garde s’apprête eu demi-tour tranquille de sa ronde.
Eu ? au ?
Citer
il me lâche brusquement – mes yeux ont du

 
Citer
Je me dis, peut-être que là, face à moi, inconnus,
Inconnus sans »s »
Citer
il se rends compte
il se rend
Citer
« À droite, cette allée monte sur plus de cinq-cent mètres.
Cents
Citer
Tout le long de l'allée est bordée

Bordé
Citer
Il y a des bancs tous les vingts mètres
vingt
Citer
Alors il part, et je reste là à mettre du temps pour reprendre le chemin de ma maison où mon lit est froid.
A mettre du temps, c’est exact, je comprend mais je trouve ça un peu lourd comme tournure.. ? mais ce n'est que moi ;)
Citer
Un soir alors que l'on parle, à force de mes questions, il se décide à se livrer
A force de questions ? c’est plus concis ?
Citer
la vieillesse elles-mêmes.
Elle-même
Citer
pour faire des achats diverses.
Divers
Citer
– il a reconnu cette ruelle à partir de petites histoires et de souvenirs de mon enfance, que je lui ai raconté.
Racontés
Citer
Désormais, chaque fois qu'il y passe, il accroche un pétale d'une fleur différente à une petite lanterne abandonnée ; c'est comme cela qu'on se donne rendez-vous. Tout un code floral est né pour se donner toute sorte de messages que nous seuls connaissons.
Chaque jour, j'ai le cœur qui tambourine à mes oreilles à l'idée de voir apparaître dans cette rue une orchidée ; chaque jour d'absence est un jour sans nuit, chaque jour fleuri et une couleur à cueillir.
Est une couleur ?
Citer
Lorsque l'on se quitte – la nuit, ses ombres et ses jours qui la précèdent que l'on ne compte pas – je descends la rue en laissant l'arche et ses lions armés de pétales ; mes yeux se troublent lorsque je regarde trop longtemps le sentier grimpant de l'Alhambra, sur lequel je ne marcherai jamais.
chouette cette rencontre et ces rendez-vous volés. Et ce parallèle entre le narrateur de nos jours qui ne peut monter à l’Alhambra à cause de son genou et celui du passé qui ne peut y accéder pour raison sociale ?
Je suis bien accrochée, c'est une histoire que je suis sans souci, touchante. ;) :coeur:

Si ça te convient, et si tu as la patience, je peux continuer. Je pense que je peux finir avant ce weekend.

Citer
Les blocs de l'arche si blancs – lavés, polis, restaurés comme neufs, trop neufs – se trempent dans le halo orangé des lampadaires.
:coeur:
Citer
Cette nuit comme toutes mes nuits, j'erre; j'erre dans les rues, j'erre trop longtemps, je repousse toujours plus mon corps en marchant dix minutes, vingt minutes, une heure de plus que la veille. Les jointures de mes poings se serrent, blanchissent contenant mal ma douleur grimaçante.
Il y a ces rues qui montent où les maisons s'amoncellent en escalier. Il y a ces rues qui montent et que je prends, chaque soir pour aller un peu plus haut, chaque soir renonçant à mi-pente avec l'envie de pleurer – l'envie de vitres brisées et de ma canne projetée dedans.
ce passage et tout la suite on ressent bien la rage et le désarroi du narrateur, ainsi que sa souffrance de ne pouvoir accéder à ce qui lui est désormais impossible. c'est bien fait. ;)
Citer
La tourmente des mots du monde qui se moquent de moi
moque
Citer
juste quelques pas de fierté

Majuscule ;)
Citer
Mes mains récoltent mes larmes.
:coeur:
Citer
les au-delà précieux, si calme et si verts. Alors : pour moi que le pavé, les bruit des bars
au-delàs, calmes, bruits
Citer
dans ces larmes sèches, trop vites explosées
vite
Citer
Il a du voir mes yeux rougis

Citer
il se contente de s'assoie à côté de moi
s’asseoir
Citer
Gentillesse non-intrusive.
Pas de tiret
Très chouette scène, j’aime beaucoup l’humanité de cette rencontre avec la cigarette. :coeur: :coeur:
Citer
Je descend
descends
Citer
lentement, en mettant tout mon poids sur ma canne qui se glisse des les interstices du pavé.
« dans » les interstices ?
Citer
le bruit plus saccadé de ma canne sur le sol qui me le confirme.
Enlever le « qui » ?
Citer
je m'arrête et fait mine
fais
Citer
est-ce qu'il me suite ?
suit ;)
Citer
Que je garde mon sang froid.
sang-froid, tiret ; la tournure de la phrase m’a fait bizarre, ça fait un peu incantatoire ? plus un truc du genre : je m’efforce de garder mon sang-froid ? mais ne fais pas attention, ce n’est que moi. ;)
Citer
Ou alors il veut me suivre jusqu'où je dors pour
Jusqu’où je vais ?
Citer
rien de logique ne me viens,
vient
Citer
S'il sait je suis foutu
Virgule après sait ?
Citer
Ensuite je zigzag
Petit « e » à la fin du verbe
Citer
l'urgence seul bruit.
seule. Je ne sais pas si cela se dit que l’urgence bruit, mais j’ai trouvé ça joli. Moins avec le "e" de seule cependant, ou alors il manque une chtoute virgule après urgence.
Citer
Cul de sac.
Cul-de-sac
Citer
Lentement – mon cœur n'a jamais battu aussi vite – je me retourne.
Super le contraste
Citer
tomber en face à face
enlever le "en", mais ce n'est que moi ;)
Citer
Finalement je retrouve exactement la même rue par laquelle je suis arrivé, je vois le puente. Bond en arrière.
Waoouh je l’ai fait aussi le bond ! bravo ! :)
 
Citer
Il es là. Assit sur le pont, là où il a du me perdre de vue. Il a les épaules affaissée d'homme abattu – il a du me chercher longtemps.
Est, assis, affaissées, dû
Citer
Je m'imagine à sa place et me demande au bout de combien de temps laisser tomber cette affaire et finalement rentrer.
Mm « et finalement rentrer n’est peut-être pas utile ?
Citer
Moi, j'ai mon temps.
J’ai « tout » mon temps ?
Citer
Je me contorsionne pour tenter de voir au plus loin la rue, des deux côtés : vide.
Mm j’aurai inversé : Je me contorsionne pour tenter de voir la rue au plus loin.
Citer
mon genoux
un petit « x » en trop
Citer
sa menace sans réponse,
cette menace ?
Bien menée cette poursuite, le malaise encore une fois surgit inopinément, comme dans la boutique avec le jardinier. On est complètement endormi par la sympathie de l'homme avant de se faire embarquer par cette poursuite angoissante.
Bravo! ;)

 « Il faut que tu partes. »
Citer
Il semble essoufflé, je n'ai à peine écouté ce qu'il m'a dit.
Mm la négation je ne sais pas : j’ai à peine ? :\?
Citer
Je reste planté face à lui, attendant qu'il me prenne dans ses bras mais il reste là, froid, fixe à me regarder droit des les yeux
Virgule après fixe ?
Citer
On t'as découvert ?
a
Citer
– tu ne peux pas savoir comment je suis heureux

Comme ?
Citer
Écoutes, s'il te plaît, laisse moi le temps de t'expliquer. »
Ecoute, laisse-moi 
mm j’ai trouvé un peu bizarre le fait qu’il lui prépare des provisions, une cape et que ce soit l’urgence, alors il devrait partir tout de suite sans repasser par chez lui ? parce que s’il était repassé par chez lui il aurait pu préparer tout ça ? Et s’il repasse par chez lui, du coup il peut prévenir ses parents, non ? Une chtouille d’explication/éclaircissement en plus ? ;)
Citer
ne te fais pas remarque.
remarquer
Citer
Vas d'abord à la caravane.
Va
Citer
Le palais est sous haute surveillance, les tours de gardes ont doublé
garde
Citer
Jure moi que tu me rejoindras.
Jure-moi
Citer
Notre étreinte qui durera toujours, vive dans ma mémoire qui m'accompagnera toujours tant que je ne l'aurais pas revu.
Peut-être "cette" étreinte parce qu’elle est particulière, celle-ci ?
Citer
Je le voix, l'air triste – mon dieu que son sourire sans visage est la chose la plus triste que j'ai jamais vu – les yeux rougies, il tapote sur mon sac l'air de me demander de ne pas oublier. Plus aucun sons ne peut sortir de nos bouches. 
vois, Mm « que son visage sans sourire » ? vue, rougis, son sans « s ».
Citer
j'ai l'impression de voir tout ça pris dans un brouillard tourbillonnant, un cauchemar.
joli
Citer
Et pourtant je suis là, les bras chargé à me poser ces questions
chargés
Citer
– des questions qui n'auraient jamais pu me venir avant.
Des questions qui ne me seraient jamais venues avant ? mais ce n’est que moi. ;)
Citer
comme si une autre paire de main
mains
Citer
La ville à l'aube. La teinte orangée par-dessus les remparts, ruisselant sur les roches, jusqu'à la poussière des pavés. Safran sur les marchés.
:coeur:
Citer
à chaque coins de rues,
coin, rue
Citer
L'agitation semble surtout causée par les milices circulant
qui circulent ? ce n’est qu’une suggestion
Citer
Le palefrenier m'a dit que la caravane aurait un peu de retard. Nous ne sommes que trois – lui et son fils de dix ans.
Le contretemps : pas de nouvelle de la quatrième personne.
J’aurai enlevé le « Le »de contretemps et ce n’est pas très clair, il faut peut-être que tu précises davantage en amont qu’ils devaient être 4 ?
Citer
Le conducteur du chariot s'inquiète, il veut être sûr – il ne m'en dit pas trop pour ne pas m'inquiéter, mais je devine sa préoccupation. J'ai eu le temps de trop penser cette nuit. Il faut qu'on parte, vite. J'ai très peu de temps ;
il partira sans moi dans quinze minutes. Je connais sa route, je sauterai dedans en chemin si besoin. Je vais à la maison. Ce contretemps, cette place, c'est le destin. J'ai honte, aussi. Ils doivent s'inquiéter – je suis parti sans même laisser de mot. Mon père n'aurait pas compris, il n'aurait jamais accepté une telle décision de ma part. Mais là, maintenant qu'ils ont vu les soldats quadriller les rues, je sais que ma mère saura faire appel au bon sens – si ne n'est à la peur – de mon père.
Là je suis un peu perdue, j’imagine qu’il va chercher sa famille ? une chtouille d’explication aurait été bienvenue pour moi. ;)
Citer
J'aurai mieux aimé l'éviter
aurais
Citer
Je porte la cape que m'a donné mon jardinier,
donnée
Citer
la lourde capuche marron écorce enfoncée sur ma tête
écorce, pour la couleur ?
 
Citer
J'entends, plus fort, presque sans le vouloir mais qui m'interpelle.
Il manque un mot j’entends quoi ? une voix ? ou alors enlever le « m’ » de interpelle.
Citer
« Sur ordre de Mohammed XIII de Almeira, sous les directives de Boadbil le jeune, vingt-deuxième émir Nasrides de l'Émirat de Granata, digne héritier de la glorieuse Al-Andalus, déclare que les traîtres,
Là aussi il manque quelque chose pour déclarer, peut-être « qui déclare » ? Ou alors tu enlèves "Sur ordre" ?
Citer
s'ils n'y s'y présentent pas,
ne s’y
Citer
ils sont conviés à la caserne où l'on leur accordera un visa de séjour ou bien le droit de quitter la ville. »
le droit ou la possibilité ? ce n’est qu’une suggestion. ;)
Citer
Je m'arrête malgré moi, je comprends les pleurs dans la foule, cachés dans les écharpes et les voiles et ceux qui acclament, célèbrent la nouvelle et observent dans la foule.
Houlà, je suis perdue… que les pleurs dans la foule ? « et observent dans la foule », ça je n’ai pas su à quoi le rattacher.
Citer
Tout sympathisants
sympathisant
 
Citer
avec les catholiques seront pendus sur la place publique.
Sera pendu
Citer
Un contribution alimentaire sera demandée à tous les commerce, à tous les paysans de l'Émirat. »
Une, commerces
Citer
celle qui ne rentre pas dans les rang,
rangs
Citer
celle qui fait du tort aux autres. L'odeur de ceux qui font du tort et surtout, le bruit de ces derniers acclamant la mort.
Ça manque de clarté un peu ici. Je comprend qu’on passe de ceux qui ne rentrent pas dans le rang , qui font du tort à ceux qui sont bourreaux et qui font effectivement du tort mais le glissement ne se fait pas bien à ma lecture.
Citer
Le porte parole
porte-parole, tiret
Citer
il y a sur la place plus corps que je n'en ai jamais vu,
plus »de »corps
Citer
Je lève les yeux malgré moi
Une 2è fois, tu veux répéter ici ?
Citer
Je n'ai rien vue, je n'ai rien vu.
Premier vue sans « e »
Citer
Non. Je n'ai vu le doreur, que lui.
« que » le doreur,que lui
Citer
Je ne vois plus rien que des corps-tissus agités, flous.
Très juste cette image
 
Citer
je n'aurai jamais du venir.
Aurais, dû
Citer
Comme un voyeur honteux de ce qu'il a pu voir, pas ce qu'il voulait. Je n'aurai jamais du me trouver là.
Aurais et dû  ;)
Citer
La caravane va partir, je dois la rejoindre.
Il part sans ses parents du coup, trop choqué ?
Citer
Je suis seul à l'arrière – j'entends les question de l'enfant, à l'avant.
questions
Citer
Je pleure et seulement commence le véritable cauchemar, le temps des questions.
Très juste encore, l’état de sidération s’arrête, les émotions arrivent et le choc du traumatisme s’exprime.
Citer
Le bus roule à bonne allure, l'autoroute désormais.
« Sur » l’autoroute ? pas forcément utile cependant ;)
Citer
J'ai vu l'image de la ville s'éloigner, rapidement, disparaître comme les lueurs de l'aube. Beauté vite partie, déçue.
Le bus – le premier au départ de l'aube
Redite d’aube
 
Citer
–Je continue ma quête de trouver un lieu
"ma quête d’un lieu" pour condenser ?
Citer
Je quitte Grenade et une impression étrange m'en reste en bouche ; aussi étrange que cela puisse paraître, j'ai aimé cette ville.
2 fois étrange ? bouche qui revient aussi presque trop ?
Citer
je ne pourrai vivre là, aussi belle soit-elle.
pourrais
Bon, un bug au sujet du chariot et du départ avec ou sans famille, mais ce n’est pas grand-chose.
La fin, j’aurai aimé une dernière phrase ou un dernier mot, peut être une vision se rapportant au mort, pourquoi pas un détail, la couleur d’une étoffe qu’il portait, une boucle de cheveux, comme ça, ça lie le lecteur encore plus à ces fantômes qui hantent la ville ? Mais bon, ce n’est que mon regard ! Il y a vraiment de chouettes moments et je pense que fini, ça donnera vraiment un texte qui peut marquer. :coeur: :coeur:
Voilà!!!



« Modifié: 14 février 2018 à 15:18:49 par Ashka »

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Re : Grenade
« Réponse #8 le: 26 avril 2018 à 13:42:30 »
Yoooooo,

J'ai enfin intégré toutes vos corrections (merci infiniment)





Citer
je sais pas... il manque un truc au départ dans ce cas là... peut-être indiquer dès le départ que même s'il est amical avec lui, le mec lui fait peur ? qu'il y a un truc malsain dans son attitude ? Parce que là, le contraste pour moi est trop abrupt (mais ce n'est peut-être que moi !  :-[) entre "oh, il est sympa lui"/"qu'est-ce qu'il me veut ce type ?"

J'ai essayé de le rendre un peu moins gentil, plus froid (mais c'est pas facile parce que en réalité dans ce genre de circonstances où tu es fragile tu peux ne pas remarquer de comportement étrange, et j'aimais bien ce contraste. Du coup je sais pas, pour l'instant je laisse cette version plus mystérieuse, sauf si je trouve une autre solution)




Citer
Bon, un bug au sujet du chariot et du départ avec ou sans famille, mais ce n’est pas grand-chose.
La fin, j’aurai aimé une dernière phrase ou un dernier mot, peut être une vision se rapportant au mort, pourquoi pas un détail, la couleur d’une étoffe qu’il portait, une boucle de cheveux, comme ça, ça lie le lecteur encore plus à ces fantômes qui hantent la ville ?
En fait, avec plus de recul, je me rends compte que je ne voulais absolument pas dire ce qu'il voyait, mais pourtant si il oublie ses parents c'est assez évident qu'il les voit pendus... Enfin plus j'y réfléchis plus je me dis que c'est ce qu'il voit (et sans doute da'utres personnes qu'il connait, peut-être le jardinier aussi, mais je préfère garder adns le texte le mystère (j'ai ajouté une petite phrase tout de même qui envisages le fait qu'il voit des gens qu'il connait).
L'idée du symbole qui reste est pas mauvaise, mais je suis pas fan alors je vais laisser comme
(et j'ai quand même clarifié le truc du départ ^^ )



Mais merci beaucoup beaucoup Ashka pour ce relevé  :coeur:

(et oui j'ai mis du temps, mais le temps ne compte pas  :D )



Tcho !
Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
- Alain Damasio

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Re : Grenade
« Réponse #9 le: 28 avril 2018 à 12:53:39 »
Salut Ben.

D´abord les détails:

Citer
A la moitié du voyage, un orage comme je n'en avais jamais vu s'abattit sur la région
Je crois que c´est déjà relevé par d´autres, mais le temps ici chante faux. S´était abattu peut-être

Citer
Des nuages d'un véritable noir, comme jamais je n'en avais vu de tel
de tel me semble superflu

Citer
pas de service de nocturne
de en trop

Citer
sans doute la chaleur saison
je comprends pas "la chaleur saison"

Citer
Je passe la tête à travers le les rideaux de perle
le les

Citer
mais qu'il paye pour la réputation de notre famille : des générations de marchands oui, mais lettrés – ma mère, elle, s'occupe des pâtisseries en arrière-boutique
Je remplacerais le tiret par un point, puisqu´il y a un point après mon père.

Citer
Deux gardes, dont les ombres bouchaient alors l'entrée au-dehors, entrent avec à leur suite deux serviteurs. Un dernier serviteur entre après eux, l'air absent, flottant dans sa tunique
Citer
L'autre est resté dans l'entrée
répétition d´entre/entrée

Citer
tous en cuisine on s'affaire en ouvrant tous les placards
je supprimerais un des deux "tous"

Citer
Nous rentrons. Sa main n'a pas quitté mon épaule et me pousse à m'asseoir à côté de lui ; il continue.
je pensais qu´ils étaient encore dedans et regardaient par la fenêtre

Citer
Le jeune homme baisse les yeux quand la fumée s'évapore et s'abaisse avec lui la lueur qui y brille au fond, celle du défi perpétuel et déterminé.
baisse/s´abaisse. Je reformulerais ou mettrais une virgule, pour qu´on comprenne mieux que c´est la lueur et non la fumée qui s´abaisse.

Citer
sans parler beaucoup plus que quelques discussions d'usage
parler des discussions, ca sonne bizarre

Citer
Je là viens pour lire, surtout, pour réfléchir.
je viens là

Citer
J'entends les touristes babiller sans cesse cela
pas très élégant, babiller cela

Citer
Je me fais pitié. J'ai l'air étrange dans mes vieux habits délavés, trop portés, étrange avec ma dégaine et mes cheveux trop longs et gras – mon petit sac en bandoulière usé, aussi vieux que mes voyages. J'ai l'air étrange et je le sens à travers les regards qui le pensent. J'essaye de les faire taire, en me cachant derrière une casquette qui couvre mes yeux. J'ai l'air piteux et je le sais.
Paseo de los tristes, je suis au bon endroit.
J´aime bien  :)

Citer
Un vieux guitariste se plante là. Il laisse passer quelques instants, le temps que le groupe précédent parte, quelques instants encore et on le voit qui arme ses cordes. Patient. Un vieux guitariste à la peau cramée par le soleil. Il joue lentement, à la guitare sèche. Quelques accords graves, équilibristes, traînant félinement et soudain claquant, vifs et puis reprenant, plaintive soliloquie. Des airs qui me déciment complètement l'âme résonnent cet après-midi.
:coeur:

Citer
Laisser partir ce bruit interne se faire engloutir par la fureur du monde
j´enlèverais le "partir"

Citer
se désintégrer en s'intégrant à soi-même
je comprends pas l´image

Citer
Fureur contre fureur ; mais les arcs calmes qui en sous-tendent l'architecture – là à portée de pas.
je comprends pas non plus.

Citer
de quelque endeuillement qui ne passe pas et qui m'empêche
qui m´empêche de quoi?

Citer
Ces rythmes tapés rapidement, frénétiquement, l'écho des andalousieries sèches et chantantes d'auparavant mais sur des cordes métal, raides, la nervosité et l'inquiétude tourbillonnante propre à la matière des sentiments.
:coeur:

Citer
c'est comme l'impatience d'un infini qui ne se dévoile pas assez vite
:coeur:

Citer
Plus, une autre fois, il arrive tout sourire – éternel –
c´est quoi qu´est éternel? le sourire? Visiblement pas. Et le plus, ca devrait pas être puis?

Citer
Tout un code floral est né pour se donner toute sorte de messages que nous seuls connaissons.
J´enlèverais le "tout"

Citer
sur lequel je ne marcherai jamais.
pourquoi il n´y marchera jamais? Ca semble tomber de nulle part

Citer
Juste quelques pas de fierté qui me font m'écrouler devant leur impossibilité,
qui me font m´écrouler, c´est pas très joli je trouve

Citer
Mes mains récoltent mes larmes.

Je reste là sans savoir combien de temps. Mes larmes ne coulent pas autant qu'elles semblaient le promettre – les premiers sanglots, volcan et tremblements de corps et torrents et puis, et puis... Larmes vites taries alors ; sécheresse interne, dévorées les douces larmes par leur propre aigreur
trop de larmes

Citer
Alors : pour moi que le pavé, les bruits des bars, des bus
comprends pas ce alors:

Citer
Je reste planté à l'entrée. Il vaut mieux que je rentre,
entrée/rentre. Rentre où? C´est pas très clair.

Citer
j'ai comme une boule au ventre qui me monte rapidement
qui monte rapidement?

Citer
je me rends compte que je ne suis plus très loin de mon hôtel – je me rends compte qu'en réalité il ne vient pas vers moi
répétition de rendre compte qui rend le tout un peu lourd

Citer
Il veut me coincer dans un coin
pas très élégant

Citer
Ou alors il veut me suivre jusqu'où je dors pour.
ca non plus

Citer
J’enchaîne les les crochets et les détours
les les

Citer
je l'imagine continuer à attendre
ca me semble bizarre, continuer à attendre

Citer
Notre étreinte qui durera toujours, vive dans ma mémoire qui m'accompagnera toujours tant que je ne l'aurais pas revu.
répétition de toujours, pas très jolie

Citer
mon dieu que son visage sans sourire est la chose la plus triste que j'ai jamais vue
son/sans, ca sonnerait mieux ce/sans

Citer
Il s'éloigne et j'ai l'impression de voir tout ça pris dans un brouillard tourbillonnant, un cauchemar.
tout ca, c´est pas très joli

Citer
Il n'y a plus tant de temps que ça à attendre la venue de l'aube.
tant de temps c´est lourd à lire

Citer
mettant la même lourdeur, la même gravité, la même perdition à mettre mes affaires dans mon sac.
mettant/mettre

Citer
La ville à l'aube. La teinte orangée par-dessus les remparts, ruisselant sur les roches, jusqu'à la poussière des pavés. Safran sur les marchés.
:coeur:

Citer
Le conducteur du chariot s'inquiète, il veut être certain – il ne m'en dit pas trop, pour ne pas m'inquiéter, mais je devine son anxiété.
s´inquiète/m´inquiéter

Citer
L'odeur terrible de ceux qui font du tort mais surtout, le bruit des autres acclamant la mort.
:coeur:

Citer
Je pleure et seulement commence le véritable cauchemar, le temps des questions.
il manque quelque chose après le seulement j´ai l´impression

Alors comme toujours, j´ai aimé le contenu, l´ambiance, les non-dits. Il y a des belles descriptions, et c´est riche en sensations. Il y a quelques maladresses encore qui font crocher la lecture. Ca pourrait être plus fluide, mais c´est un chouette texte. En vrai, j´aimerais en savoir plus.

 A plutiplus!
"[...] alors le seul fait d'être au monde
  remplissait l'horizon jusqu'aux bords"
  Nicolas Bouvier

 


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