Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

14 mai 2024 à 19:16:46
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Le Monde de L'Écriture » Messages récents

Messages récents

Pages: [1] 2 3 ... 10
1
Poésie / L'homme qui marche.
« Dernier message par Basic le Aujourd'hui à 17:40:36 »
Une prose poétique.
Bon, à regarder autour de nous des hommes qui marchent, il y en a plein. Pourquoi pas ici.


Il y a un homme qui marche.
Il garde la pluie sous sa peau.
La pluie qui lave les toits et les rues.

Un peu d'eau...
et ruisselle
la mémoire
avec la vivacité des truites.

J'habite la ville. Mais…
Les rues, les maisons, le bord du fleuve, les usines, les fenêtres ouvertes.
Tout ceci est en moi, je suis la résidence.
Est-ce là mon nom ?
Sur mon épaule vacille la montagne, brillent les toits au crépuscule.
 'ai peur.
Si je dors, dort la ville avec moi.
Alors je marche.
Je déploie mon corps sur l'horizon, capte le frémissement de l'aube.
J'évite la ruine parce que toujours vif.

Je ne suis pas la pierre, ni le métal, ni l'asphalte, ni le verre.
Sur mon dos des ailes de plâtre ou de marbre.

J'ai mangé de la poussière et du sable. J'ai mangé des oiseaux.
J'ai mangé l'écume.
J'ai mangé les cheveux de l'ange.

Debout, avec ce qu'il y a sur mon dos, je ressemble au ciel la nuit,
à la constellation du cygne si elle existe.
Gravitant lentement autour de l'étoile polaire, s'inverse le haut et le bas,
sans dessus-dessous.

Il y a un homme qui marche.
Il a une destination.
Le sol devant lui se creuse ou s'élève comme la mer. Il marche dans ce mouvement tantôt enseveli sous la terre tantôt au-dessus d'elle.

Je pose ma nuque sur l'aube. Mon lit est une maison dévastée, les linteaux ont rompu un à un, le front fendu la maison s'est brisée. 
J'ai dormi ici plusieurs siècles et maintenant,
je fais des gestes que je ne reconnais plus.
Je salue des dragons minuscules dans le scintillement du jour.
Si je marche, je danse, ainsi le monde me pardonne !
Faut-il se vêtir du mouvement pour avoir une raison d'être ?

Quelqu'un a tissé pour moi une toile, fil à fil, trame à trame. J'imagine le pèlerin remontant le cours de ce fil,
bâton en main et coquillage autour du cou.
Je me suis vêtu de ce voyage, enroulé dans le fil.
Parfois il m'habille, parfois il m'attache.
Une sorte d'otage perdu dans le désert et qui voit dans le lointain le camion s'éloignait dans la poussière.
Fascinante captive.
Ainsi, je le suis, poignets liés et pieds nus.
Ainsi, je suis celle qui porte la promesse de l'étreinte.

Il y a un homme qui marche.
Parfois au bord de la faille, un instant suspendu.
Ou bien il tombe.
Alors il écrit, tourmenté par les mots comme des étrangers un instant reconnus puis oubliés.

J'use mes doigts sur le sable puis le burin sur le granit.
Je fais naître ce que le temps isole, dans la pierre l'image de l'ange.
Mon corps lancé contre le monde.
Il y a peut être quelqu'un qui m'entend, dans la nuit , un frère perdu. Je voudrai me reconnaître dans son visage, savoir enfin ce que je suis.
J'écarte la nuit avec mes mains comme nager dans une forêt sous-marine. Je m'en vais dans les profondeurs ou plus dense encore est l'ombre.
J'essaie,
j'essaie de porter hors de l'eau le corps de mon ami mais il m'échappe, se dissout, cette foule passe entre mes doigts .
 
Bientôt je n'aurai plus d'air.

Il y a un homme qui marche.
Il est seul.

Je me trompe,
je ne peux pas échanger ces os contre les miens, ils ne sont pas proportionnés. Il en est de même des muscles, des viscères, des veines.
Ainsi, j'ai construit un temple en posant sur le sol mon coude et mon poignée.
À l'aune de mes membres j'ai dressé les colonnes.
L'épure.
Je porte la cathédrale.
Ainsi, j'ai élevé sur mon corps, des pierres et un toit, et la foule de ceux qui viennent prier, et la ville en entier avec ses ponts, ses routes, ses égouts.
Pourtant, je suis toujours vivant.

Je me trompe,
ou bien je me trahis.
J'erre dans ce lieu,
je poursuis une ombre.
Je rencontre des fauves au pelage moiré, allongés dans les ténèbres
ou debout comme des hommes.
Est-ce cela le rêve ? Un aveu !
Il faudrait que je tienne toujours prête mon arme, porter sans cesse entre mes dents la lame du couteau.
Il faudrait que je sois ainsi, marchant dans les ténèbres en lisière des lueurs.
Il faudrait que je sois dangereux pour être.

J'hésite, vacillant dans la lumière de la torche, je porte le tumulte,
la voix de ceux qui parlent par mes sens.

C'est moi celui qui va et revient dans le ruines.
C'est moi celui qui tombe.
C'est moi celui qui danse, les paumes chargées du sable des rencontres.
2
Textes courts / Re : Le train de Granville à Argentan.
« Dernier message par Choumi le Aujourd'hui à 16:59:51 »
Bonjour
Mais puisque je vous dis qu’elle le mène en bateau 😍😍😍 :oxo: :calin:
Elle est plus consente qu’il le croit.
Tenez moi quand j’étais plus jeune ( beaucoup plus jeune) je me baladais en liquette à jabot et patd’ef et je croyais que mes pantomimes de jeune paon en rut suffisaient pour conquérir celles qui sont devenues depuis des grands-mères. Avec le recul je me demande bien qui était maître de la situation
Hé les filles vous vous souvenez ?
Dites moi si je me trompe
Amicalement
Michel
3
Textes courts / Re : Le train de Granville à Argentan.
« Dernier message par rigolote le Aujourd'hui à 16:14:01 »
Très sympa comme petit texte
C’est vrai qu’elle n’a aucune raison de le croire aussi  aisément ( il pourrait par ex lui montrer une photo de régiment et pointer un homme gros et laid comme preuve )
4
Textes courts / Re : Le train de Granville à Argentan.
« Dernier message par Delnatja le Aujourd'hui à 15:49:49 »
Bonjour Mic Ester.
Texte sympathique que j'ai bien aimé.
Rien à dire de plus que ce qui a été déjà dit.
Il y a juste un truc qui m'a gêné à la lecture.
Citer
Ben… je ne saurais dire en détail, mais c’est sur… j’y pense.
Je trouve le "Ben" vraiment moyen, j'aurais aimé quelque chose de plus enlevé.
Belle journée.
5
Actualités du forum / Re : Les bonnes nouvelles éditoriales
« Dernier message par Miléna le Aujourd'hui à 14:38:57 »
Bonjour à tous :)
Mon roman, "Les Enfants de Pélior" sort aujourd'hui sur Amazon !
Ça a été un long parcours du combattant, j'espère que maintenant mes dragons vont prendre leur envol :)

C'est en tout cas le début d'une nouvelle aventure.

Je vous met mes liens au cas où il y aurait des curieux : https://linktr.ee/Milena.Owein
6
Textes courts / Re : Vive la monnaie !
« Dernier message par Mic Ester le Aujourd'hui à 13:37:27 »
Salut Rémi
Pour les dialogues j’évite les « dit le premier », « répondit le deuxième » « lâcha le troisième » ça alourdit et on perd le côté ping-pong de la conversation.
Mais là pour le coup, apparemment il y a confusion, je vais revoir le début.
C’est vrai que j’aime bien les points de suspension … déjà dans suspension il y a suspense, ça laisse planer le doute, ça fait respirer le lecteur.
Par contre les virgules j’aime pas … depuis toujours en plus, ça doit remonter à l’enfance, un enseignant tatillon, une mauvaise note ou je ne sais quoi de traumatisant … Je plaisante bien sûr.
Plus sérieusement je pensais faire un texte rigolo et à charge contre la dématérialisation à outrance mais je suis passé au travers, la bisbille de voisinage a pris le dessus.
Merci d’avoir pris de ton temps pour lire et corriger.
Bye
Mic
7
Textes courts / Re : Le train de Granville à Argentan.
« Dernier message par jonathan le Aujourd'hui à 13:31:41 »
Salut Mic. Pas vu plus tôt. Y faut dire que le Forum, bof... Heureusement que ça se passe entre 1850 et 1900, sinon tu aurais pu titrer "#MeTooSNCF" Petite scène de drague ferroviaire bien menée à son terme. J'ai pas consulté la distance entre Granville et Argentan donc difficile de juger de la rapidité avec laquelle le jeune homme boucle l'affaire mais à l'époque, c'était plutôt tortillard que TGV et pis la demoiselle était un beau fruit mûr qui ne demandait qu'à être cueilli. Texte très sympa, j'ai bien aimé.
8
Textes courts / Re : IlovEvian
« Dernier message par Claudius le Aujourd'hui à 12:08:35 »
 “Il ne vaut mieux ne pas commencer que de cesser.”
[/i]Sénèque
(Il me semble qu'ici il y a un "ne" de trop).

    Elle, par contre, elle en avait des ongles. (ici j'aurais mis : ou !) Longs, propres, colorés, petits bijoux incrustés. Ça s'appelle du Nail Art, c'est elle qui me l'a appris, un de nos premiers sujets discussions(de discussion ?) . Un date Tinder. Une fille plus jeune que moi, intelligente, stable, surprenante, car elle pouvait citer les philosophes antiques tout en abusant d'anglicismes.
    À l'issue de notre troisième coït, lorsque que ses funny fingers tournicotaient au milieu de ma brousse pectorale, elle m'a proposé que l'on parte (de partir ?) en week-end. Essouflé, faible, je me suis surpris à lâcher un Why not ! Elle a tapé ses deux mains, s'est redressée, a saisi son Iphone, Bon Plan à Evian ? AirBnb ? Why Not sur Why Not, mon cœur n'avait pas encore retrouvé son rythme cardiaque de croisière qu'elle nous avait déjà projeté dans un séjour random.

    Trois jours après, profitant du pont, nous sommes partis. Elle a conduit. C'était la première fois que je m'attardais sur son profil. Il était différent, très saillant alors que sa tête, de face, est (était ?)plutôt arrondie. Étrange sensation. Mais j'aimais bien les deux. Elle était donc (je ne mettrais pas ce : donc) doublement belle. Par contre, elle chantait faux. Et fort. Les paysages (se?) (non pas de se) défilaient au rythme des vieux tubes RnB. Je veux une femme like Uuu... Assourdissante !?(pourquoi !?)
    La jauge d'essence de la Fiat 500 criait famine depuis longtemps, mais elle a préféré repousser l'arrêt, car elle voulait une aire de repos avec un pont aérien. Madame a des lubies, madame aime le danger. Je suis allé payer et j'ai prix (pris)deux Sodebo triangle. De ses belles et grandes dents très blanches, je l'ai regardée manger comme un hamster,(j'aurais inversé la phrase : Je l'ai regardée manger comme un hamster, de ses belles et grandes dents très blanches) attaquant le sandwich par les côtés, moi j'avais juste croqué au milieu. Elle a saisi nos deux sandwichs, ils s'imbriquaient parfaitement, comme deux pièces de puzzle. Madame est joueuse. À ce moment, under the bridge, ( comme elle dirait), j'ai eu les papillons qui m'ont chatouillé. Les léchouilles de fornication ne comptant pas, on peut dire que notre premier vrai baiser officiel a eu lieu, là, entre les semi-remorques filants et une dame aidant une gamine à pisser dans le caniveau. So romantic.
    Elle a émis un gazouillement de joie en pénétrant dans le logement. Bien situé, rue pavée, quatre étages en colimaçon-old-school, étroit, marches grinçantes, sous les combles, 25 m2, lit double, TV cathodique d'un autre temps, une cuisine équipée, moderne, anachronique. Dans les placards, au milieu de la vaisselle de mémé, un mazagrand fêtant le bicentenaire de la Révolution Française, et même, collector de chez collector, des pailles EN PLASTIQUE. Au-dessus du lit, accrochée au mur, une arbalète. Comment oublier son  «What's the fuck ?! » en l'apercevant et sa théorie :  «c'est sûrement pour tuer les ours qui venaient voler les packs d'eau des éviannais  (majuscule ici)». Madame est loufoque, surréaliste. J'aime. Je n'ai pas eu le temps de lui parler de la théorie du fusil de Tchekhov car  elle a voulu que l'on baptise la douche italienne NOW !
    Vers 15 h, on est enfin sortis en ville. Elle a voulu (répétition) tripadvisorer notre découverte d'Evian-Les-Bains sur son IPhone. J'ai insisté pour qu'on le fasse à l'ancienne, direction l'office du tourisme. [trad pour les plus anciens que moi : syndicat d'initiatives]. Et c'est là que j'ai découvert une facette de sa personnalité : une timidité high-level ! Elle ne s'est pas adressée une seule fois au jeune boutonneux, elle me susurrait les questions dans l'oreille et n'a pas entendu les réponses, a tourné les talons vers les cartes-postales-autocollants-bols-à-la-con-etc. pendant que je récupérais les informations. Lorsque je l'ai retrouvée au rayon chapeau bataillant avec mon plan de la ville, elle était en train de se regarder dans un petit miroir et m'a juste demandé : « je suis plus sexy que ton ex ? » Je n'ai pas répondu, mais je lui ai juste annoncé fièrement que l'on  m'avait conseillé un petit bar local non infesté par les curistes. Elle s'en foutait. En sortant, elle m'a juste dit « regarde ce que j'ai volé », et, sans transition, elle a sautillé en tapant des mains « je veux faire du pédalo ».
    Si mon ami déplumé et déprimé faisait encore partie de ma vie, il aurait sûrement eu une théorie fumeuse et placentaire sur le fait que je déteste les grandes étendues d'eau. Quand j'ai dit ok pour Évian, je n'avais pas percuté que cette ville était sur le Lac Léman, à croire que la géographie n'était pas ma matière number one. Et là, me voilà, avec une quasi-inconnue, cleptomane patentée, m'agrippant à mon gilet de sauvetage et pédalant contre l'inertie. Elle a voulu faire un selfie. J'ai refusé et j'ai lancé froidement :
    — Je n'aime pas les gens qui volent.
    — Oh, ça va, c'est juste un petits sticker. (pas de s à petit)
    — Un autocollant, tu veux dire ? #IlovEvian à un euro. Fallait me le dire, je te l'aurais offert.
    — C'est trop tôt pour que tu m'entretiennes.
    — J'ai payé le pédalo, je te signale.
    — Je te remercierai dans la douche italienne. T'es mon Sugar Dady.
    Homme faible, j'ai souri bêtement en pensant à la mosaïque et à l'effet bétonné de l'immense douche du Airbnb. Elle a apposé le sticker sur mon gilet de sauvetage, au niveau du cœur. Notre deuxième baiser officiel a eu lieu, là, sur une coque plastique instable, entre les Alpes et des adolescents au fort accent suisse tractés sur une banane. Ce sera le dernier.

    Tout est allé vite par la suite. Elle avait faim. On est allé manger au restaurant du Casino. On a pris des pizzas. En apéro, elle a voulu (encore !) un cocktail au nom imprononçable. Elle m'a susurré à l'oreille pour que je demande au serveur. Ils n'en avaient pas. Elle a hésité. Elle a consulté à nouveau la carte. J'ai commandé une bière triple. Elle a encore hésité. Cela m'agaçait. Elle n'aime que la bière fruitée, mais elle a un opté pour un spritz. J'avais déjà commandé une autre bière. Les pizzas sont arrivées. On a parlé de tout, de rien, et encore de mon ex. J'ai pris une troisième bière. Et puis une quatrième, c'était (je mettrais : c'étaient) les vacances après tout. Elle n'a pas réussi à finir son second spritz. « Je suis full-pompette, on rentre ? ». En se levant, elle a gobé les croûtes de la pizza. Je suis allé régler. On est rentré. Sur le trajet retour, on s'est paumés dans les rues. Elle m'a montré qu'elle avait volé la salière. On s'est légèrement engueulés, inutile de développer. Son Apple Plans versus mon sens de l'orientation après quatre pintes, aucun suspense, c'est le premier qui a visé juste.
    La mousse du gel douche coulant entre ses reins, ce sera pour une prochaine fois. Elle s'est écroulée directement sur le lit, tout habillée. Je me suis couché à ses côtés et je me suis délecté de son profil. En effet, même si j'ai refusé de lui dire, elle était plus belle que mon ex. Sauf que mon ex ne volait pas ! Sauf que mon ex buvait des bières, ne prenait pas trois plombes pour commander ! Et mon ex, elle, elle me laissait les croûtes des pizzas ! Et surtout, mon ex, elle parlait un vrai français, pas de So, pas de What ni de Nice ! Voilà à quoi j'ai pensé, voilà où j'en suis. Shit ! Suis-je devenu trop exigeant ? Trop obtus ? Un vieux con tendance vintage ? Trop... Nostalgique ?!
    Mes pensées sautillantes ont été stoppées net par un bruit étrange. À notre premier rendez-vous, elle m'avait parlé de bruxisme, je ne savais pas ce que c'était, je n'avais pas relevé. Et là, je découvre. Elle grince des dents. Madame, ce soir-là, était inquiétante, symphonie d'outre-tombe.
    Comme pris d'une pulsion, je me suis levé, j'ai soulevé délicatement l'arbalète de son support mural, j'ai fouillé partout à la recherche de flèches, mais j'ai opté pour les pailles en plastique. J'ai armé, j'ai hésité, et, puis, tant pis, j'ai tiré. La paille s'est écrasé mollement sur son front. Acte ridicule (j'en rigole encore) mais efficace car il a permis de stopper son grincement de dents. Elle s'est mise à ronfler paisiblement. Comme mon ex ! Je me suis couché apaisé à ses côtés. Dans mes bras, je l'ai absorbée. Pour la dernière fois, j'ai pensé.

    L'un des autocollants qu'elle a volé a fini collé sur ma valise, je ne l'ai même pas vu faire. Mais c'est de l'histoire ancienne, car, en ce moment, je suis en train de frotter les derniers résidus avec de l'eau chaude. Elle vient de m'envoyer un MMS d'une photo du mazagran Révolution Française me disant « je viens de penser à Uuu en buvant mon café dans mon graal-chourrave. Week-end à Venise, j'ai trouvé un last minute, prépare ta valise et ta CéBé».
    Cette femme que j'ai envisagée ne coche pas toutes les cases donc elle ne volera pas mon vieux cœur expérimenté et boursouflé. C'est une certitude. Et pourtant, comme réponse à sa proposition, je suis en train de rédiger « Andiamo! ». Je suis en même en train (répétition) de chercher mon vieux stick UHU pour recoller le IlovEvian sur la valise. Bientôt, il aura un IloVenise comme compagnon de voyage.
    Sénèque dirait peut être un bail tel que: Je suis peut-être trop vieux pour changer, mais encore assez jeune pour continuer à me mentir à moi-même... Quitte à devoir me cramponner dans des gondoles et à sourire devant des masques vénitiens subtilisés.

J'ai bien aimé ce tableau et ce qu'il laisse comme empreinte, une rencontre insolite, deux êtres différents, et peut-être une idylle qui débute.

J'ai noté en bleu ce qui m'a accrochée en première lecture, pas mal de répétitions, les !? que je n'ai pas noté à chaque fois...
Le langage un peu parlé, les insertions de mots anglais, pourquoi pas, ça donne un style différent.
Faire attention aux temps employés... je n'ai peut-être pas tout relevé et l'expression "en train de" peut être à supprimer.

Sinon sympa.  ;)
9
Textes courts / Re : IlovEvian
« Dernier message par rigolote le Aujourd'hui à 11:39:47 »
Bonjour,

J’ai lu ton texte avec un sourire béat tout le long. Les anglicismes ne m’ont pas perturbé du tout. C’est le positif. Le négatif c’est ce relent patriarcal que je sens parfois dans tes textes. Mais bon, ça colle avec le sujet.
À la fin je me suis dit « dommage qu’on ne soit pas sur un forum psychologie, j’aurais eu plus de choses intéressantes à répondre ». Comme on est sur un forum d’ecriture, je dirais simplement que j’ai bien aimé.  ;)
10
Textes courts / IlovEvian
« Dernier message par True Duc le Aujourd'hui à 11:14:54 »
Bonjour.
Besoin de vos commentaires pour :
- Le fond : l'évolution de ce périple et des interactions des protagonistes est-il limpide ?
-La forme : le vocabulaire choisi pour cet exercice de style "anglicisme" perturbe t'il la lecture ?
- Toutes autres remarques bien évidemment.
Bonne lecture, j'espère




“Il ne vaut mieux ne pas commencer que de cesser.”
Sénèque




 
  Depuis plus d'une semaine, la valise à roulettes squatte l'entrée de mon appartement. Quand je pars en voyage, je suis du genre à faire mes bagages juste avant le départ et de les défaire quelques jours après le retour. J'ai essayé d'y remédier, mais rien à faire, c'est comme ça, trop vieux pour changer. Un ami qui avait fait quelques mois de psycho, y a longtemps (avant qu'il rate sa vie, avant qu'il perde ses cheveux) m'avait dit que c'était un problème de deuil. Mouais... Maybe...
    En plus, là, avant de dézipper l'ouverture, je dois retirer cet autocollant ridicule en forme de cœur, collé à mon insu par une femme que je ne pense plus jamais revoir. Mes ongles sont trop courts, c'est galère à enlever.

    Elle, par contre, elle en avait des ongles. Longs, propres, colorés, petits bijoux incrustés. Ça s'appelle du Nail Art, c'est elle qui me l'a appris, un de nos premiers sujets discussions. Un date Tinder. Une fille plus jeune que moi, intelligente, stable, surprenante, car elle pouvait citer les philosophes antiques tout en abusant d'anglicismes.
    À l'issue de notre troisième coït, lorsque que ses funny fingers tournicotaient au milieu de ma brousse pectorale, elle m'a proposé que l'on parte en week-end. Essouflé, faible, je me suis surpris à lâcher un Why not ! Elle a tapé ses deux mains, s'est redressée, a saisi son Iphone, Bon Plan à Evian ? AirBnb ? Why Not sur Why Not, mon cœur n'avait pas encore retrouvé son rythme cardiaque de croisière qu'elle nous avait déjà projeté dans un séjour random.

    Trois jours après, profitant du pont, nous sommes partis. Elle a conduit. C'était la première fois que je m'attardais sur son profil. Il était différent, très saillant alors que sa tête, de face, est plutôt arrondie. Étrange sensation. Mais j'aimais bien les deux. Elle était donc doublement belle. Par contre, elle chantait faux. Et fort. Les paysages (se?) défilaient au rythme des vieux tubes RnB. Je veux une femme like Uuu... Assourdissante !?
    La jauge d'essence de la Fiat 500 criait famine depuis longtemps, mais elle a préféré repousser l'arrêt, car elle voulait une aire de repos avec un pont aérien. Madame a des lubies, madame aime le danger. Je suis allé payer et j'ai prix deux Sodebo triangle. De ses belles et grandes dents très blanches, je l'ai regardée manger comme un hamster, attaquant le sandwich par les côtés, moi j'avais juste croqué au milieu. Elle a saisi nos deux sandwichs, ils s'imbriquaient parfaitement, comme deux pièces de puzzle. Madame est joueuse. À ce moment, under the bridge, ( comme elle dirait), j'ai eu les papillons qui m'ont chatouillé. Les léchouilles de fornication ne comptant pas, on peut dire que notre premier vrai baiser officiel a eu lieu, là, entre les semi-remorques filants et une dame aidant une gamine à pisser dans le caniveau. So romantic.
    Elle a émis un gazouillement de joie en pénétrant dans le logement. Bien situé, rue pavée, quatre étages en colimaçon-old-school, étroit, marches grinçantes, sous les combles, 25 m2, lit double, TV cathodique d'un autre temps, une cuisine équipée, moderne, anachronique. Dans les placards, au milieu de la vaisselle de mémé, un mazagrand fêtant le bicentenaire de la Révolution Française, et même, collector de chez collector, des pailles EN PLASTIQUE. Au-dessus du lit, accrochée au mur, une arbalète. Comment oublier son  «What's the fuck ?! » en l'apercevant et sa théorie :  «c'est sûrement pour tuer les ours qui venaient voler les packs d'eau des éviannais ». Madame est loufoque, surréaliste. J'aime. Je n'ai pas eu le temps de lui parler de la théorie du fusil de Tchekhov car  elle a voulu que l'on baptise la douche italienne NOW !
    Vers 15 h, on est enfin sortis en ville. Elle a voulu tripadvisorer notre découverte d'Evian-Les-Bains sur son IPhone. J'ai insisté pour qu'on le fasse à l'ancienne, direction l'office du tourisme. [trad pour les plus anciens que moi : syndicat d'initiatives]. Et c'est là que j'ai découvert une facette de sa personnalité : une timidité high-level ! Elle ne s'est pas adressée une seule fois au jeune boutonneux, elle me susurrait les questions dans l'oreille et n'a pas entendu les réponses, a tourné les talons vers les cartes-postales-autocollants-bols-à-la-con-etc. pendant que je récupérais les informations. Lorsque je l'ai retrouvée au rayon chapeau bataillant avec mon plan de la ville, elle était en train de se regarder dans un petit miroir et m'a juste demandé : « je suis plus sexy que ton ex ? » Je n'ai pas répondu, mais je lui ai juste annoncé fièrement que l'on  m'avait conseillé un petit bar local non infesté par les curistes. Elle s'en foutait. En sortant, elle m'a juste dit « regarde ce que j'ai volé », et, sans transition, elle a sautillé en tapant des mains « je veux faire du pédalo ».
    Si mon ami déplumé et déprimé faisait encore partie de ma vie, il aurait sûrement eu une théorie fumeuse et placentaire sur le fait que je déteste les grandes étendues d'eau. Quand j'ai dit ok pour Évian, je n'avais pas percuté que cette ville était sur le Lac Léman, à croire que la géographie n'était pas ma matière number one. Et là, me voilà, avec une quasi-inconnue, cleptomane patentée, m'agrippant à mon gilet de sauvetage et pédalant contre l'inertie. Elle a voulu faire un selfie. J'ai refusé et j'ai lancé froidement :
    — Je n'aime pas les gens qui volent.
    — Oh, ça va, c'est juste un petits sticker.
    — Un autocollant, tu veux dire ? #IlovEvian à un euro. Fallait me le dire, je te l'aurais offert.
    — C'est trop tôt pour que tu m'entretiennes.
    — J'ai payé le pédalo, je te signale.
    — Je te remercierai dans la douche italienne. T'es mon Sugar Dady.
    Homme faible, j'ai souri bêtement en pensant à la mosaïque et à l'effet bétonné de l'immense douche du Airbnb. Elle a apposé le sticker sur mon gilet de sauvetage, au niveau du cœur. Notre deuxième baiser officiel a eu lieu, là, sur une coque plastique instable, entre les Alpes et des adolescents au fort accent suisse tractés sur une banane. Ce sera le dernier.

    Tout est allé vite par la suite. Elle avait faim. On est allé manger au restaurant du Casino. On a pris des pizzas. En apéro, elle a voulu un cocktail au nom imprononçable. Elle m'a susurré à l'oreille pour que je demande au serveur. Ils n'en avaient pas. Elle a hésité. Elle a consulté à nouveau la carte. J'ai commandé une bière triple. Elle a encore hésité. Cela m'agaçait. Elle n'aime que la bière fruitée, mais elle a un opté pour un spritz. J'avais déjà commandé une autre bière. Les pizzas sont arrivées. On a parlé de tout, de rien, et encore de mon ex. J'ai pris une troisième bière. Et puis une quatrième, c'était les vacances après tout. Elle n'a pas réussi à finir son second spritz. « Je suis full-pompette, on rentre ? ». En se levant, elle a gobé les croûtes de la pizza. Je suis allé régler. On est rentré. Sur le trajet retour, on s'est paumés dans les rues. Elle m'a montré qu'elle avait volé la salière. On s'est légèrement engueulés, inutile de développer. Son Apple Plans versus mon sens de l'orientation après quatre pintes, aucun suspense, c'est le premier qui a visé juste.
    La mousse du gel douche coulant entre ses reins, ce sera pour une prochaine fois. Elle s'est écroulée directement sur le lit, tout habillée. Je me suis couché à ses côtés et je me suis délecté de son profil. En effet, même si j'ai refusé de lui dire, elle était plus belle que mon ex. Sauf que mon ex ne volait pas ! Sauf que mon ex buvait des bières, ne prenait pas trois plombes pour commander ! Et mon ex, elle, elle me laissait les croûtes des pizzas ! Et surtout, mon ex, elle parlait un vrai français, pas de So, pas de What ni de Nice ! Voilà à quoi j'ai pensé, voilà où j'en suis. Shit ! Suis-je devenu trop exigeant ? Trop obtus ? Un vieux con tendance vintage ? Trop... Nostalgique ?!
    Mes pensées sautillantes ont été stoppées net par un bruit étrange. À notre premier rendez-vous, elle m'avait parlé de bruxisme, je ne savais pas ce que c'était, je n'avais pas relevé. Et là, je découvre. Elle grince des dents. Madame, ce soir-là, était inquiétante, symphonie d'outre-tombe.
    Comme pris d'une pulsion, je me suis levé, j'ai soulevé délicatement l'arbalète de son support mural, j'ai fouillé partout à la recherche de flèches, mais j'ai opté pour les pailles en plastique. J'ai armé, j'ai hésité, et, puis, tant pis, j'ai tiré. La paille s'est écrasé mollement sur son front. Acte ridicule (j'en rigole encore) mais efficace car il a permis de stopper son grincement de dents. Elle s'est mise à ronfler paisiblement. Comme mon ex ! Je me suis couché apaisé à ses côtés. Dans mes bras, je l'ai absorbée. Pour la dernière fois, j'ai pensé.

    L'un des autocollants qu'elle a volé a fini collé sur ma valise, je ne l'ai même pas vu faire. Mais c'est de l'histoire ancienne, car, en ce moment, je suis en train de frotter les derniers résidus avec de l'eau chaude. Elle vient de m'envoyer un MMS d'une photo du mazagran Révolution Française me disant « Salut DirtyDady, tu ne m'as pas donné de nouvelles mais je viens de penser à Uuu en buvant mon café dans mon graal-chourrave. Week-end à Venise, j'ai trouvé un last minute, prépare ta valise et ta CéBé».
    Cette femme que j'ai envisagée ne coche pas toutes les cases donc elle ne volera pas mon vieux cœur expérimenté et boursouflé. C'est une certitude. Et pourtant, comme réponse à sa proposition, je suis en train de rédiger « Andiamo! ». Je suis en même en train de chercher mon vieux stick UHU pour recoller le IlovEvian sur la valise. Bientôt, il aura un IloVenise comme compagnon de voyage.
    Sénèque dirait peut être un bail tel que: Je suis peut-être trop vieux pour changer, mais encore assez jeune pour continuer à me mentir à moi-même... Quitte à devoir me cramponner dans des gondoles et à sourire devant des masques vénitiens subtilisés.
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