Le monde s’agite
Et tout ce temps à spéculer. Des siècles de paradis perdus. Je mourais et tout s’arrêtait. Je mourais bêtement d’un coeur qui fait puissamment mal parce qu’il abandonne ses fonctions sans prévenir personne et qu’alors les veines se gonflent l’air manque les yeux brûlent et tout s’arrête. Et tout ce temps j’ai tantôt cru à un réveil soudain dans un beau pays ensoleillé, tantôt à un néant absolu n’étant rien et cela en mon absence. Ca n’était ni l’un ni l’autre, il y a des têtes autour de moi, je suis allongé dans la pelouse, une tête est très proche, c’est elle. Le reste est un peu en retrait mais le regard inquiet qui inquiète. Alors sans forcer mais tout de même à l’aide mes bras devenus souples, je me relève, je les évite, et je me retrouve à leur côté. Seulement il n’y a rien à voir, plus de corps, et ils ont l’air bête. Je me promène dans l’image du moment où le coeur à dit: fini. Je peux marcher sans me sentir dans ce minuscule moment qui d’ordinaire serait passé comme le reste, et n’aurait marqué aucune autre pause que celle que ma mémoire aurait tenté de reconstituer en urgence. Ainsi je vois ce qui était pour la dernière fois. Je suis conscient qu’à l’heure qu’il est dans l’autre monde, mon corps est porté, des gens pleurent et d’autres s’activent. Des passants plus lointains sont curieux mais ne sourient pas: il se passe quelque chose. Bref le monde s’agite comme je l’ai souvent vu, et il s’agite parce que des gens fourmillent plein de vie plein d’espoir plein de volonté comme j’ai souvent fourmillé seul parmi les autres, courant et rampant après l’évènement. Et je suis là, impassible parce qu’on ne me laisse rien voir d’autre que l’image de ma fin. Il n’y a plus de temps, rien ne me le prouve mais je ne sens plus rien s’écouler autour de moi, il n’y a plus de temps car il n’y a plus de bruit, et plus de mouvements. C’est un espace figé qui me donne l’intuition d’un temps figé. Je comprends enfin ce lien qui les noue. Il n’y a plus de temps et maintenant il fait noir. Il n’est plus.