Le Monde de L'Écriture

Salon littéraire => L'antichambre de l'édition => Discussion démarrée par: Alan Tréard le 14 octobre 2018 à 12:29:20

Titre: Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Alan Tréard le 14 octobre 2018 à 12:29:20
Bonjour tout le monde,

En ce moment vous avez peut-être en entendu parler du scandale qui agite les milieux littéraires suite à la sélection d'un auteur auto-édité dans la liste du prix Renaudot.

Un article pour info :

prix-renaudot France Info (https://culturebox.francetvinfo.fr/livres/la-rentree-litteraire/prix-renaudot-le-livre-autoedite-de-marco-koskas-retire-de-la-selection-280193)

Ma question ne s'adresse pas tellement aux éditeurs ni aux libraires, mais à des auteurs qui pourraient vouloir publier ou ont déjà publié dans des publications collectives ou chez des éditeurs.

Pensez-vous que l'auto-édition est une menace pour les auteurs ? Ou pensez-vous au contraire que celle-ci est une sécurité pour les auteurs ?

J'ai entendu certaines voix dire que l'auto-édition serait une manière de remettre en question le pouvoir des éditeurs dominants, partagez-vous cette opinion ou non ?
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Gros Lo le 14 octobre 2018 à 13:44:42
Les deux questions n'ont rien à voir. Si la liste du Renaudot a fait réagir, ce n'est pas parce qu'elle comporte un livre autoédité, mais parce qu'elle comporte un livre (il se trouve qu'il est autoédité) distribué par Amazon.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Rémi le 14 octobre 2018 à 13:45:20
Salut,
Citer
Pensez-vous que l'auto-édition est une menace pour les auteurs ? Ou pensez-vous au contraire que celle-ci est une sécurité pour les auteurs ?
Ni menace, ni sécurité pour l'auteur, selon moi.

Menace pour les éditeurs, oui forcément, si on ne passe plus par eux pour vendre des livres. Et menace pour les libraires aussi, si la vente se fait en ligne hors librairie.

Maintenant, pour que cette menace soit de taille, il faudrait que le volume de l'autoédition soit très important par rapport à l'édition classique. C'est pour ça que ça fait un peu de bruit si un prix comme le Renaudot inclut dans sa liste un bouquin en autoédition. (après, dans le jury, y a Beigbeder et d'autres auteurs, ils ont peut-être voulu faire du bruit...)

À noter que Marco Koskas dont le bouquin n'a pas été retenu par les éditeurs a été publié auparavant chez : Grasset, Laffont, Calmann Levy, Fayard, JC Lattès... C'est pas non plus le mec qui sort de nulle part, c'est pas non plus le mec le plus fidèle à ses éditeurs...

En tout cas, je vois pas le lien avec menace ou sécurité pour l'auteur.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Alan Tréard le 14 octobre 2018 à 13:51:15
Si je comprends bien ce que tu évoques, Rémi, cette sélection n'aurait un impact négatif que sur les libraires et éditeurs, mais pas du tout sur les auteurs.

Est-ce que cela pourrait changer la démarche de publication des auteurs quand même ? Leur donner envie de s'auto-éditer ? Cela pourrait-il encourager certains auteurs à avoir recours à d'autres usages ?
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Aléa le 14 octobre 2018 à 13:56:28
Entre le protestation contre un monde de l'édition trop commercial sur certains secteurs d'un côté, et de l'autre la perte de pouvoir travailler avec des professionnels du livre (illustrateurs, correcteurs et gens de lettre), mon choix est fait.

En fait publier en autoédition pour quoi ? Vendre ses livres tout seul ? Le livre sera perdu dans la masse tout autant si ce n'est plus que s'il passait par le système classique. Pour moi se passer de l'éditeur est une perte pour l'auteur.
Après, ça fonctionne toujours pour une poignée.
Titre: Re : Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Rémi le 14 octobre 2018 à 14:17:40
Si je comprends bien ce que tu évoques, Rémi, cette sélection n'aurait un impact négatif que sur les libraires et éditeurs, mais pas du tout sur les auteurs.
Ce que je dis, c'est que si on veut employer le terme "menace", alors, ce n'est pas l'auteur qui est menacé ni en sécurité parce qu'il y a autoédition ou pas. Dans l'absolu, si on se passe d'éditeur, alors évidemment que l'éditeur est "menacé".

Est-ce que cela pourrait changer la démarche de publication des auteurs quand même ? Leur donner envie de s'auto-éditer ?
Les auteurs font bien ce qu'ils veulent. Maintenant, un éditeur ça fait un boulot sacrément utile. En tant que lecteur, je sais que certaines maisons me déçoivent rarement. Par ailleurs, Amazon me fout la gerbe...
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Verasoie le 14 octobre 2018 à 15:08:32
J'pense que l'auto-édition ça a son utilité dans certains contextes et certains milieux, comme dit Ben.G "ça fonctionne pour une poignée". Notamment quand une personnalité "publique" (appelons un chat un chat : quand une star d'internet a un nombre de followers intéressant  :mrgreen:) se lance dans un projet de livre pour concrétiser une partie de son travail en dehors de la toile. Les exemples que j'ai en tête, c'est l'instagrammeuse Porridge Lab qui a auto-édité un livre de recettes de porridge (environ deux ans après avoir commencé son blog de porridge ^ ^), le tatoueur Anrijs Straume (https://www.google.fr/search?rlz=1C1CHNQ_frFR604FR604&biw=1920&bih=959&tbm=isch&sa=1&ei=lj_DW9itEY_QafnUrsgE&q=anrijs+straume+&oq=anrijs+straume+&gs_l=img.3..0i67k1j0l7j0i30k1j0i24k1.7243.7243.0.7381.1.1.0.0.0.0.127.127.0j1.1.0....0...1c.1.64.img..0.1.125....0.elWLIXzmhh0) qui autoédite une anthologie de ses tatouages, sur 10 ans de travail...

En fait dans ces cas, on a déjà un public, une demande (ils savent que les livres seront vendus, un peu comme nous avec les recueils du MdE d'ailleurs ;)) et ça colle à un projet particulier. Je pense que c'est une solution intéressante pour ces cas particuliers, donc ! D'ailleurs c'est des livres qui seront bien + vendus sur la toile via les réseaux et via leur auteur en tant que personne publique, que par des libraires.

Le youtubeur Poisson Fécond (https://www.youtube.com/watch?v=b9UdYPQ5kWI) avait aussi fomenté un projet commercial très intéressant à base d'un roman de fantasy autoédité, d'une com' irréprochable, et qui le menait inéluctablement au succès grâce aux jeux dérivés. Je caricature un peu mais c'est grosso modo ça. ^ ^ ça m'avait grave dégoûtée de ce youtubeur, parce que ça faisait vraiment une marchandise de la littérature. Le projet est très intéressant au niveau de la stratégie, mais wow, adieu les lettres (en plus dès le synopsis j'avais mille trucs à dire sur ce roman, bref).

Donc pour résumer, en ce qui me concerne se passer de la maison d'édition c'est parfois intéressant, selon l'objectif d'un livre. Clairement si l'objectif c'est "mettre dans un objet un contenu déjà en ligne" (comme nos recueils), ou "se faire de la thune", c'est pertinent.

Si ce qui nous anime c'est la passion des lettres, l'envie d'écrire pour s'engager, l'envie comme dit Ben.G d'étendre son horizon, de rencontrer des professionnels du livre, etc... si on a envie de se dire "wow je participe à la littérature"  :coeur:, bah dans ce cas, ça me semble dommage de laisser tomber et de se tourner vers l'autoédition par défaut. Faut garder ses rêves et continuer à bosser !
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Alan Tréard le 14 octobre 2018 à 17:03:28
Réactions très intéressantes, je vois difficilement comment rebondir, mais ça m'encourage à voir les choses autrement.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: vinzWallbreaker le 16 octobre 2018 à 16:13:10
L'auto édition est souvent le recours de celui qui s'est fait jeté refusé par les éditeurs (honnêtement, je démarche des éditeurs en ce moment, si jamais ça débouche sur rien je m'autoéditerai, mais je me démerderai pour la diffusion sans passer par Amazon). L'auteur autoédité ne menace en rien les éditeurs. Par contre, le fait de passer par Amazon, là, il cause du tors à tout un secteur. Donc le seul motif valable pour moi de refuser de décerner ce prix c'est qu'il passe par amazon.
Le secteur du livre est énormément sollicité des milliers de manuscrits sont envoyés chaque année pour quelques dizaines de publications. Peut-on en vouloir aux auteurs de souhaiter se voir imprimé ? Non.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Alan Tréard le 16 octobre 2018 à 18:12:35
Il y a malgré moi un paradoxe sur lequel je cherche à avoir quelques éclaircissements.

Le problème de l'autoédition serait que le vecteur en soit Amazon ; mais... les éditeurs ont déjà massivement recours à Amazon depuis un certain temps pour gagner des prix (notamment le très célèbre « best-seller »).

Pourquoi serait-il problématique que des auteurs aient recours à Amazon si des éditeurs le font déjà ?
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Milora le 16 octobre 2018 à 18:50:57
Les deux questions n'ont rien à voir. Si la liste du Renaudot a fait réagir, ce n'est pas parce qu'elle comporte un livre autoédité, mais parce qu'elle comporte un livre (il se trouve qu'il est autoédité) distribué par Amazon.

+1


Je pense qu'il ne faut surtout pas mélanger les deux débats :
- pour ou contre l'auto-édition
- pour ou contre les pratiques d'Amazon

C'est deux questions totalement différentes. Je sais pas trop laquelle des deux pose ce fil.
Si c'est sur l'autoédition, je crois avoir déjà donné mon avis quelque part sur ce forum, je sais plus où, mais il rejoint assez celui de Vera.

En revanche :
Il y a malgré moi un paradoxe sur lequel je cherche à avoir quelques éclaircissements.

Le problème de l'autoédition serait que le vecteur en soit Amazon ; mais... les éditeurs ont déjà massivement recours à Amazon depuis un certain temps pour gagner des prix (notamment le très célèbre « best-seller »).

Pourquoi serait-il problématique que des auteurs aient recours à Amazon si des éditeurs le font déjà ?
Concernant Amazon, pour avoir des faits, je t'engage à jeter un oeil à ces deux reportages (que j'ai trouvés, je crois, dans le fil sur les Documentaires, dans la Salle de Ciné du MDE) :

https://www.youtube.com/watch?v=0h8epshwXRM

https://www.youtube.com/watch?v=V3FOdAORh5A

En gros, Amazon ça n'est PAS l'unique prestataire d'autoédition. Résumer l'autoédition à Amazon c'est se tromper de débat.
Le souci d'Amazon est qu'il démolit toute la chaîne du livre : il manoeuvre pour acquérir un monopole sur une large gamme de produits (des livres qu'on ne trouve chez eux), parce qu'il a des moyens de multinationales qui lui permettent de casser les prix et ne permettent pas aux autres acteurs de la chaîne du livre (libraires et éditeurs) de s'aligner sur lui.
En gros (très très gros, les deux reportages disent ça bien mieux que moi), Amazon vend des livres très peu chers, en dessous de leur prix de revient (= les libraires ne peuvent pas suivre parce qu'ils auront toujours des frais que n'a pas Amazon et que, tout simplement, ils vivent de leurs ventes alors qu'Amazon a des ressources autres que les livres). Une fois que ça fait couler les librairies, Amazon remet(tra) des prix plus élevés pour rentrer dans ses frais. Mais au passage il se débarrasse de ses concurrents (les autres libraires), et du coup à la sortie, il a le monopole.

Après, tu peux, en tant qu'auteur, ne pas te sentir solidaire de la chaîne du livre. C'est le choix qu'a fait l'auteur qui a lancé la polémique du Renaudot. Donc si tu te concentres sur l'auteur, Amazon propose des services d'autoédition, et avec ses algorithmes-je-sais-pas-quoi, quelquefois y a de gros succès d'autoédition sur sa plateforme, ce qui attire les auteurs en quête d'autoédition. Sauf que quand tu y regardes de près, les livres qui ont du succès sur Amazon, c'est comme dans n'importe quelle plateforme d'autoédition : c'est parce que leur auteur a plein de temps et de compétences pour assurer sa propre publicité. Dans le reportage, ils montrent le cas d'une auteur allemande qui a eu plein de succès dans cette voie et était ravie que son livre soit traduit à l'américain et édité en papier là-bas. Du coup elle a fait le voyage jusqu'aux Etats-Unis pour le voir, et surprise, en fait le livre n'est disponible chez aucun libraire (puisqu'Amazon a l'exclusivité). Donc pas de vraie diffusion en dehors du site d'Amazon et des démarches de l'auteur.
Et les auteurs qui connaissent le succès sur Amazon c'est des auteurs de polars et de romance assez mainstreams (pas les autres genres).

(Enfin, mon post n'est qu'un résumé du reportage, hein).

C'est pas très différent d'une autre plateforme d'autoédition, je présume. Mais du coup, peut-être que ça vaut le coup de se demander, quand on veut s'autoéditer, quel modèle on supporte et à qui on confie son oeuvre et ses sous.

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Pourquoi serait-il problématique que des auteurs aient recours à Amazon si des éditeurs le font déjà ?
Là par contre, je ne comprends pas la question :/
Titre: Re : Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Alan Tréard le 16 octobre 2018 à 19:19:11
Coucou Milora, merci pour ce petit résumé.

Il me semble que tu as toi aussi une opinion négative sur Amazon.


Pourtant le sujet traite bel et bien de l'autoédition :

Un livre publié par un éditeur sur Amazon a le droit de participer au prix Renaudot.
Un livre publié par un auteur en autoédition sur Amazon n'aurait pas la droit de participer au prix Renaudot.

Pourquoi cette différence de traitement ?


Donc, en ce qui concerne la chaîne du livre :

Citer
Pourquoi serait-il problématique que des auteurs aient recours à Amazon si des éditeurs le font déjà ?
Là par contre, je ne comprends pas la question :/

Pourquoi les éditeurs ont-ils le droit de mettre en danger la chaîne du livre et pas les auteurs ? J'imagine que les éditeurs n'ont pas une opinion si négative à propos d'Amazon, du moins ceux qui en ont profité pour vendre leurs « best-sellers ».

Les libraires ont-ils été victimes de l'action des éditeurs ? Je crois que ce sont les éditeurs, les premiers, qui ont favorisé cette situation de par leurs choix. Quelle est leur part de responsabilité ?

Accorde-t-on un traitement différent aux « best-sellers » de l'édition et aux « best-sellers » de l'autoédition ?

Les éditeurs aiment-ils Amazon sans l'autoédition ?

Moi aussi, j'ai mon opinion sur la chaîne du livre, j'aimerais que les éditeurs s'y intéressent.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Gros Lo le 16 octobre 2018 à 19:29:55
Pourtant le sujet traite bel et bien de l'autoédition :

Un livre publié par un éditeur sur Amazon a le droit de participer au prix Renaudot.
Un livre publié par un auteur en autoédition sur Amazon n'aurait pas la droit de participer au prix Renaudot.

Pourquoi cette différence de traitement ?

Non.

- Un livre publié chez un éditeur, et disponible en ligne sur la plateforme d'Amazon
- Un livre publié chez Amazon.

Au lieu de problématiser dans le vide, pourquoi ne pas revenir à la lettre ouverte (https://bibliobs.nouvelobs.com/actualites/20180910.OBS2079/lettre-ouverte-au-jury-du-prix-renaudot.html) qui a mis en premier le doigt sur tout ça ? Elle explique très bien les choses, sans confusions, sans amalgames et est loin d'exposer une problématique creuse.

(Et je +1 Mil sur tout.)
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Alan Tréard le 16 octobre 2018 à 19:32:35
Ah ! Bah, si c'est normal de faire ça pour un éditeur, alors c'est normal pour un auteur, si je comprends bien.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: vinzWallbreaker le 17 octobre 2018 à 10:34:18
L'éditeur se sert d'amazon pour élargir sa diffusion. Il met ses livres en vente dans un supermarché en gros. Mais, ce livre est disponible chez les libraires qui gagnerons leur part en le vendant et sans donner d'argent à amazon qui en dehors même de détruire le milieu de l'édition, détruit aussi les conditions de travail. Perso, j'ai jamais acheté chez eux et depuis que j'ai connaissance des conditions de travail là-bas, il ne toucheront jamais le moindre centime de ma part.

Donc, le souci n'est pas l'autoédition mais le fait que ça passe par amz. Il est là le débat.

Et je rejoins les propos de cette lettre ouvert qui a bien raison d'accuser les membres du jury d'avoir sélectionner un livre pareil (en dehors de son contenu).
C'est con pour l'auteur, mais je trouve qu'il devrait être stipulé qu'aucun livre publié chez amz devrait pouvoir concourir dans le moindre prix littéraire.
Les demi mesures avec pareille machine infernale n'ont plus cours.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: cochonsauvage le 13 décembre 2018 à 10:18:28
Rien à ajouter qui n'apporte plus de précisions, juste envie d'écrire que le fil est très intéressant.

Je partage les propos et la vision de Milora.

Par contre, vinzWallbreaker écrit qu'il ne faut pas de demi mesure. Mais dans ce cas, où placer le curseur ? Pourquoi Amazon et pas la Fnac ou les autres plateformes de vente en ligne ?
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: vinzWallbreaker le 13 décembre 2018 à 13:48:05
A ma connaissance, la fnac n'édite pas, ne coupe pas l'herbe sous le pied des éditeurs et ne fait de la concurrence qu'aux libraires (et encore).
Amazone casse les prix, dévalue le travail fourni par les auteurs en les forçant à brader leurs ouvrage (parce que mettre son livre en vente à 1€, c'est chier sur son propre travail, AMHA) et restreint drastiquement la diversité littéraire en ne publiant que des romans "bon marché"/"mainstream".
Et en plus, amz ne paie pas ou peu de taxes sur ses revenus/bénéfices dans nombre de pays (france y compris (https://bfmbusiness.bfmtv.com/entreprise/exclusif-amazon-na-paye-3-3-millions-dimpots-france-381470.html)), alors qu'ils brassent des milliards chaque année. Donc, je le redis : pas de demi mesure avec pareille saloperie.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: JVialleton le 17 janvier 2019 à 13:30:41
Au delà du "scandale" du Renaudot (je mets des guillemets car il s'agit pour moi d'une tempête dans un verre d'eau), je pense que l'auto-édition marque clairement un tournant dans le monde du livre.

Pour moi, c'est une opportunité pour les auteurs. La chance de pouvoir rester maître de leurs écrits et de ne pas se heurter à un comité de lecture débordé, difficile ou obtus (les trois existent... et parfois en même temps). Je connais d'excellents romans qui n'auraient peut-être jamais vu le jour sans l'auto-édition. Ce n'est pas la sécurité, c'est la liberté.

En ce qui concerne les éditeurs, c'est l'opportunité de dénicher de nouveaux talents sans prendre le moindre risque. Aujourd'hui, les pros de l'édition consacrent moins de 4% de leurs catalogues au premier roman. Trop risqué. Ils préfèrent miser sur des auteurs dont la rentabilité financière est déjà établie. En surveillant les auto-édités d'un oeil intéressé, ils sont aujourd'hui en capacité de proposer des contrats juteux (pour eux) à de jeunes auteurs qui ont déjà fait leurs preuves tout seul. Que du bonus!

Les laissés pour compte sont sans doute les petits libraires, et ce pour LA raison (toujours la même) qui mène une profession au bord du gouffre: la résistance au changement. Les taxis résistent aux Uber, les disquaires résistent à la musique en ligne, les loueurs de DVD résistent à Netflix... et perdent. Ils disparaissent car ils résistent au lieu de s'adapter. Ils oublient qu'à lutter contre le courant, on s'épuise et on se noie. Il vaut mieux s'agripper à la première branche qui passe et se laisser porter.

Aujourd'hui, les libraires résistent aux auto-édités. On ne compte plus les témoignages d'auteurs qui se sont présentés à un petit libraire et se sont vu fermer la porte au nez sans un seul regard sur leur œuvre. Pourquoi cela? Les pro du papier proclament que les livres auto-édités sont mal écrits et de mauvaise qualité. Je vais me hasarder à une hypothèse et proclamer que c'est du pipeau. La vraie raison est la stupide (mais humaine) résistance au changement.
Les grandes enseignes (Cultura, Espace Culturel) ouvrent leurs portes aux auto-édités et les accueils (contre un pourcentage sur les ventes bien sûr), parce qu'ils ont compris que l'auto-édition fait maintenant partie intégrante au paysage.

C'est une forme d'édition qui n'en est qu'à ses balbutiements et qui, d'après moi, a encore un bel avenir devant elle.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Nocte le 17 janvier 2019 à 13:48:07
Je ne suis pas trop d'accord.
En tant que lecteur je me méfie d'un livre auto-édité, je me dis que s'il n'a pas trouvé d'éditeur c'est qu'il y a forcément quelque chose qui ne va pas, et je n'ai pas envie de prendre ce risque là dans mes achats.
Moi je trouve que cette liberté c'est du pipeau, un bon éditeur ça discute avec toi, ça échange, ça propose des choses pour faire en sorte que le texte final atteigne son plein potentiel. C'est un travail que je trouve indispensable pour sortir un bon bouquin, et je ferai nettement plus confiance à des professionnels dont c'est le job de sortir un bon livre.
C'est pas qu'il faut s'adapter, c'est qu'il y a de tout et n'importe quoi en auto-édition, car justement tout le monde peut le faire.
Les libraires sont déjà dans la merde jusqu'au cou, tu crois qu'il n'ont que ça à faire de prendre des risques avec des livres auto-édités ?
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Alan Tréard le 17 janvier 2019 à 13:53:17
Merci pour ton argumentaire, Jvialleton, cela permet de se faire une idée précise de ce que tu penses de la situation actuelle. N'hésite pas à échanger avec Weg, moi-même ou d'autres si des membres souhaitent réagir !!

Effectivement, il faut que la maison d'édition ait quelque chose en plus à proposer que l'auto-édition ne propose pas, sinon ce n'est pas utile de passer par l'édition traditionnelle.

Une imprécision malgré tout sur les librairies, en fait ce n'est pas tellement contre les auteurs auto-édités qu'elles en ont, c'est plutôt qu'elles ont une grosse pile de livres à lire avant de vendre, et que cela les oblige à consacrer beaucoup de temps à la lecture. Lorsqu'une partie du travail de relecture est réalisé par les éditeurs, alors ceci fait moins de temps d'appréciation à consacrer au livre et plus de temps pour se pencher surtout sur l'essentiel (une librairie ne travaille pas toujours avec des éditeurs à la structure modeste, elle attend de trouver des partenaires de confiance avant d'acheter les livres).

C'est assez difficile à comprendre, la diffusion, cela demande pas mal d'expérience, cependant je dois dire qu'un principe est que plus il y a de filtres entre l'auteur et le lecteur, plus précise sera la sélection des livres.

Aller chercher des « best-sellers déjà connus » pour ne pas avoir à faire ce travail de traitement de l'information, c'est un peu comme jeter les semences de plein de produits différents et attendre de voir laquelle des plantes survivra pour offrir peut-être un légume, et une fois que la forêt a poussé et que le terrain n'est plus exploitable pour l'agriculture, aller piocher une mûre des bois en disant : « Mmh, c'est vraiment un délice !! » On quitte définitivement la culture pour aller vers la vie sauvage avec des méthodes pareilles.

De cette façon, je pense que l'auto-édition doit quand même pouvoir proposer une vraie méthode de prescription avant d'être glissée sur le marché, or si celle-ci propose pas plus pas moins que ce que fait la maison d'édition, alors la maison d'édition n'a plus lieu d'être.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Aube le 17 janvier 2019 à 14:07:42
Salut JVialleton, bienvenue sur le forum !
La comparaison avec les disquaires, taxis et loueurs de DVD me semble dénoter une certaine méconnaissance (peut-être me contrediras-tu) du corps de métier éditorial. Ici on ne parle pas de revendeur ou de service, mais d'un savoir-faire et d'une philosophie dont la perte hypothétique pose question dans tout le domaine littéraire. La logique de l'auto-édition cantonne l'auteur au rôle d'acteur économique et l'éditeur au rôle de distributeur, brisant une certaine logique de coopération, d'artisanat et de construction collective de la culture (par l'établissement de lignes éditoriales par exemple) au profit de la vacuité socio-culturelle d'une logique exclusivement marchande, qui en effet, a pour elle tous les arguments pragmatiques que tu viens de lister.

De toute façon, tu as raison, je pense que l'auto-édition va prendre le pas sur l'édition traditionnelle pour les décennies à venir à moins d'un bouleversement politique majeur à l'échelle de l'occident. Mais je te conseille plutôt de regarder le phénix s'éteindre en pleurant ce qu'on perd avec lui plutôt que de hâter son trépas, de toute façon inévitable. ;)
Un fragment de ce qu'est la littérature se trouve dans le métier d'éditeur, et on le perdra avant de le comprendre.

Un métier qui n'est, à mon sens, en rien comparable avec un permis de conduire ou une licence de location, ou même la passion sincère et encyclopédique d'un disquaire.

Bientôt, la littérature ne sera qu'un marché comme les autres, avec son cortège de prostitutions spectaculaires asservi à la tyrannie de la demande. Bien sûr que ça a largement déjà commencé. Il y avait un équilibre entre marchandisation de la culture et idéal de la culture, les éditeurs sont les garants et les pivots de cet équilibre, mais certains ont choisi de se ranger aux côtés d'une certaine philosophie rentière. Est-ce vraiment leur faute, puisqu'on leur demande de survivre ? Que pèse l'idolâtrie romantique des lettres face à l'impératif rationnel (sic) de la survie financière ?

Mais si on vote à proximité de la frange libérale, j'avoue que y'a pas de quoi s'empêcher de dormir hahaha.

Coeur.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Alan Tréard le 17 janvier 2019 à 14:11:12
Rassurer les lectrices & lecteurs sur ce qu'ils vont trouver dans le livre en l'achetant, c'est aussi le travail de la librairie. Personnellement je n'ai pas confiance en la prescription sur google. Et qui n'a pas confiance n'achète pas !!
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Aléa le 17 janvier 2019 à 14:26:18
Citer
. Ce n'est pas la sécurité, c'est la liberté
Jusque là, j'étais d'accord, mais la maxime le fait dire que tu me vendras pas cette tendance ultra libérale du 'fais tout toi même, y'en a qui y arrivent, on te prend un pourcentage' (qu'on retrouve chez les livreurs à vélo qui galèrent leur race ), non tu me feras pas croire que c'est ça la liberté  :mrgreen:

En fait tous les auteurs ne savent pas tout faire, se faire de la pub, faire de la belle mise en page, des couvertures, des corrections, c'est des métiers que certains passent des années à étudier pour faire des livres. Donc tu peux demander à un auteur de faire tout ça, mais pas garantir qu'il saura le faire, et comme les plateformes d'autotedition fonctionnement à celui qui sait le mieux faire, les bons auteurs seront absolument pas plus mis en avant (et pas la peine de citer le monsieur du Renaudot, c'etait un auteur déjà multiplement publié et avec une reconnaissance )

Ah et : pour l'instant c'est quoi la plus grande perspective de réussite pour un livre autoedite ? Être publié par une maison d'édition... Je pense qu'une fois que ça c'est dit, tout est dit... Mais ça a le mérite de désengorger les comités de lecture, pas forcément de relever le niveau de la littérature (parce que avec tous les meilleurs arguments du monde, même s'il peut y avoir de très bons bouquins autopu liés, la moyenne 'e pourra jamais, jamais, jamais être aussi bonne que dans les maison, tout simplement parce qu'il y a plusieurs personnes qui ont de l'expertise qui travaillent avec l'auteur, donc c'est pas seulement une velléité au changement, peut-être que ça aide les auteurs à ne pas baisser les bras -on peut pas dire que ça gagne plus d'argent non plus...- mais ça ne pourra qu'abaisser le niveau du livre... C'est un fait...)


Bref, je trouve que l'autoedition peut avoir des bons côtes, il faut seulement savoir pourquoi on l'utilise, mais qu'on ne vienne pas vendre ça comme le renouveau de l'édition et quelque chose qui peut/doit le remplacer, parce que c'est une connerie...



(Mais c'était un peu facile, il suffit de lancer ce débat sur n'importe quel forum pour que ça emeuve les foules : mrgreen :
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: JVialleton le 18 janvier 2019 à 13:30:48
Merci pour toutes ces réactions intéressantes. Je ne m'attendais pas à autant de retour. Tous ces points de vue sont réellement passionnants. 

C'est pas qu'il faut s'adapter, c'est qu'il y a de tout et n'importe quoi en auto-édition, car justement tout le monde peut le faire.

En fait tous les auteurs ne savent pas tout faire, se faire de la pub, faire de la belle mise en page, des couvertures, des corrections, c'est des métiers que certains passent des années à étudier pour faire des livres.

Non les auteurs ne savent pas tout faire et non, tout le monde ne peut pas le faire.

Cela reviendrait à dire que tout le monde peut être un entrepreneur, et tout le monde n'a pas cela dans les veines. Car l'auteur auto-édité est un entrepreneur. Quand son livre est écrit, il change de casquette et devient celui qui devra mener son projet de publication au bout. Il fait ce qu'il sait faire, et quand il ne sait pas faire: il apprend ou il sous-traite. Mais, à la fin, c'est toujours lui qui a le dernier mot. Elle est là, la liberté. Dans le fait de garder son projet en main et de rester le capitaine du navire jusqu'au bout.

Il reçoit des conseils de son graphiste, de son correcteur, de ses bêta-lecteurs... Il y a échanges et débats, mais c'est l'auteur qui tranche.

Est-ce que c'est parfait? Certainement pas, mais l'auteur apprend à chaque nouveau projet. Il s'améliore et s'enrichit sans cesse.

Est-ce que tous les livres auto-édités sont de bonne qualité? Sûrement pas. J'ai lu des horreurs en auto-édition comme il m'ait arrivé d'être déçu par des auteurs connus.

J'ai peut-être été un peu dur avec nos amis libraires, mais l'étroitesse d'esprit de certains sur l'auto-édition a tendance à me hérisser le poil. Quand j'entends un libraire dire que les auto-édités "font de la merde" et qu'il met les confessions de Valérie Trierweiler en tête de gondole, j'ai le cerveau reptilien qui s'agite.

Je ne pense pas avoir dit que l'autoédition remplacera les maisons d'édition (et j'espère que cela ne sera pas le cas), car elles ont encore une portée qui ne peut laisser un petit indépendant que rêveur. Mais elles ne sont plus incontournables, et cela est un grand progrès à mes yeux. Elles ne sont plus les seuls gardiennes des clés de la création. C'est la fin d'un monopole.

J'ai développé une passion pour l'autoédition et je pense que, si une maison d'édition venait me proposer d'éditer mes livres, je serais très flatté mais je dirai "non merci". Il y a plus que le plaisir de l'écriture dans ce format.

Encore merci à tous pour vos réponses  :)
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Nocte le 18 janvier 2019 à 14:49:31
Je pense que cette liberté ne vaut pas la peine de sacrifier les services d'une maison d'édition classique, mais ce n'est que mon avis. Je comprends ton point de vue.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Aléa le 18 janvier 2019 à 16:01:48
(et pourtant pour l'instant on vend aux auteurs que 'tout le monde peut le faire, c'est ça qui me déplaît pour le moment là dedans, parce que c'est des machines qui font ça que pour les sous qui disent ça, en occultant derrière que c'est pas du tout facile... (Même avec certains services d'aide proposés par certains) Mais que ça puisse passionner quelqu'un à apprendre à tout faire, ça je le conçois, parce que c'est passionnant à faire ^^ )
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: vinzWallbreaker le 19 janvier 2019 à 10:43:59
Sauf que la relecture, doit obligatoirement passer par une tierce personne. Tu peux écrire, faire ta mise en page, ta couv et démarcher les imprimeurs tout seul. Nous sommes plusieurs par exemple ici à écrire et faire un peu de photo/illustration.
Mais pour la relecture, il faut absolument de l'aide. On ne vois jamais toutes ses propres fautes. Et puis la relecture ce n'est pas seulement les fautes d'orthographe/grammaire c'est aussi la compréhension global du texte, le repérage des incohérences, des lourdeurs et autres étourderies.
Et c'est là aussi la force de l'éditeur, d'avoir techniquement plusieurs relecteurs dont c'est le métier.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: JVialleton le 22 janvier 2019 à 12:35:06
Sauf que la relecture, doit obligatoirement passer par une tierce personne. Tu peux écrire, faire ta mise en page, ta couv et démarcher les imprimeurs tout seul. Nous sommes plusieurs par exemple ici à écrire et faire un peu de photo/illustration.
Mais pour la relecture, il faut absolument de l'aide. On ne vois jamais toutes ses propres fautes. Et puis la relecture ce n'est pas seulement les fautes d'orthographe/grammaire c'est aussi la compréhension global du texte, le repérage des incohérences, des lourdeurs et autres étourderies.

Je suis entièrement d'accord.
Je passe par des correcteurs professionnels certifiés qui vendent leurs services en ligne. J'en connais d'excellents si cela vous intéresse.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Alan Tréard le 22 janvier 2019 à 12:54:13
En ce qui me concerne, je pense que j'ai vu vinzWallbreaker évoquer autre chose dans le principe de relecture.

Je suis mal à l'aise avec ta philosophie de « table rase », JVialeton, comme si tout livre pouvait être remplacé par un autre sans distinction ni nuance.

Je dois remarquer malgré tout que l'auteur fait partie d'un environnement littéraire qui lui permet progressivement de s'émanciper et de se construire dans un environnement de stabilité. Il n'y a pas de livre sans littérature.

Si je résume le regard que tu nous offres aujourd'hui, je dirais que pour toi l'éditeur n'apporte rien de plus qu'une mise en page et une correction orthographique.

Je ne crois pas que le livre se résume à ces seules notions – n'hésite pas à me corriger si je t'ai mal compris –, je pense qu'il faut savoir aussi comprendre le cheminement de l'ouvrage, le temps de réflexion à l'élaborer, à le concevoir dans le fond et la forme, les relations avec les milieux littéraires, les nombreuses correspondances entre auteurs pour construire une démarche qui vaille la peine d'être partagée.

Je ne parle pas de simples « témoins » de l'auteur, comme des bêtas lecteurs qui s'en iraient faire une critique « objective » du livre, je parle réellement d'un environnement de partage, de débats, de tendances ou de modes, de mœurs et de traditions qui font tout ce dont le livre a besoin pour être présenté à la vente.

De cette façon, lorsque de gros éditeurs laissent penser qu'ils se contentent de racheter des ouvrages auto-édités qui ont été un peu plus vendus que les autres, c'est tout une partie de la construction du livre qu'ils semblent mettre de côté, et je crois que cette philosophie leur retombera dessus un jour ou l'autre, ils ne pourront pas éternellement se réfugier derrière Amazon et ses consorts.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Alex B le 11 mars 2019 à 00:11:33
Pour moi, l'auto-édition est surtout une option parallèle à celle de l'édition par une maison. Mais je continue à penser qu'il faut d'abord être publié par la voie classique afin d'acquérir de l'expérience, car l'auteur est vraiment livré à lui-même.
Titre: Re : Auto-édition : menace ou sécurité ?
Posté par: Deewild le 02 septembre 2023 à 13:24:59
Bonjour à toutes et à tous,
Je viens de trouver ce topic et je vais vous partager mon point de vue, lequel est personnel certes, sur la voie d'auteur indépendant.

Je précise que mes propos n'engagent que moi.

Hormis la promotion sur instagram qui bat de l'aile et qui pourrait être synonyme de démarrage laborieux, je suis très satisfait de mon choix. En 2019, j'envoi une très mauvaise version de mon premier roman à 5 éditeurs, déjà lassé de l'exercice. Bien conscient qu'il était médiocre, j'ai toutefois reçu un retour par mail cassant. Néanmoins, ils ont mis en exergue quelque chose d'important, à savoir que le concept est génial.
En octobre 2022, je décide de me lancer et je réécris le manuscrit complètement, le soigne, commande une béta lecture pro etc. Aujourd'hui, quelque chose me rend fier. Mon roman va sortir. Que j'en vende 3 ou 300 il va être lu.

Je pense, que les tendances éditoriales récentes font que l'auto édition va devenir la norme pour les romans qui dépendent de sous genres ou non "vendeurs" (science fiction NA, horreur, fantasy NA ou autres projets WTFesque).
Après, le risque est là. Celui de ne pas voler de ses propres ailes, de ne pas réussir à générer des revenus, le fameux flop... En auto édition, on peut vendre. La notion de flop est plus floue qu'en édition classique.

Personnellement, je m'y retrouve complètement, j'ai récemment en août eu envie de soumettre mon tome 1 à un éditeur, avant de faire machine arrière.

Et pour entériner ma position, mis à part les romans américains traduits en France, chez des grands éditeurs, je n'ai jamais trouvé un livre assez atypique pour me forcer à l'achat, sauf dans mon vivier d'auteurs indépendants, qui osent et n'abandonnent jamais. De trucs USA, des inspi jeux vidéo ou mangas.

Alex B, l'inverse est vrai aussi. Avoir fait preuve de motivation et avoir déjà une communauté de lecteurs rassure un éditeur.