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Auteur Sujet: L'Eloge de la Folie (Erasme)  (Lu 12127 fois)

Hors ligne Windreaver

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L'Eloge de la Folie (Erasme)
« le: 29 janvier 2007 à 15:57:00 »
Je ne peux que vous encourager à lire ce petit livre (Eloge de la Folie), de 150 pages environ, très bien écrit. Il s'agit d'une éloge de la folie par elle-même (la folie est divinisée), c'est plein d'ironie et de satire, il y a pas mal de références mythologiques et littéraires, et ça fait sourire.

Erasme est un écrivain et théologien néerlandais du 15è siècle, l'un des précurseurs de l'humanisme de la Renaissance avec Montaigne et Rabelais (d'ailleurs je vous conseille aussi les Essais, si vous êtes courageux, ou bien Gargantua/Pantagruel).

Il s'agit d'un de mes livres préférés, mais cet auteur est peu édité malgré tout ce qu'il a écrit, alors je galère à trouver des livres de lui ! (j'ai repéré un autre livre qui s'appelle Complainte de la paix, très court aussi).

Un petit mot sur l'auteur : il est néerlandais, et voyageait à travers toute l'Europe. Il incarnait l'indépendance par rapport aux nations, il était un véritable citoyen du monde. Il était chrétien, ami proche de Thomas More (celui qui a écrit l'Utopie) et s'engagea dans une polémique contre Luther.
Tiens, ça me fait penser que Montaigne était ami intime de Etienne de la Boétie, qui a écrit "
De la servitude volontaire", livre que je vous conseille aussi, bien que je ne l'ai pas lu. Il traite de comment les peuples se soumettent de leur plein gré aux tyrans, contrairement à ce qu'on pense.. On retrouvera une idée comme cela chez Hegel aussi.

Bonne lecture humaniste :)
« Modifié: 23 juin 2012 à 14:01:51 par ernya »
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Hors ligne Gros Lo

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Re : [Humanisme] Erasme et l'Eloge de la Folie
« Réponse #1 le: 26 février 2007 à 17:16:37 »
Ta présentation est intéressante :)
Mais j'avoue que

cette période, elle, m'intéresse moins que d'autres... ce

n'est pas une raison, je sais... mais il faut que je rattrape mon

retard sur les "grands classiques" avant de me mettre aux

autres classiques^^

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Re : [Humanisme] Erasme et l'Eloge de la Folie
« Réponse #2 le: 26 février 2007 à 17:35:51 »
Encore un livre qu'il faudrait que je

lise dans le cadre de mes études, mais que je n'ai pas encore pris

le temps d'emprunter ou d'acheter.
Par contre, j'ai

un trou ce mémoire : il n'a pas écrit Eloge de la folie en

réaction contre quelque chose ou quelqu'un ?? ???
Oh yeah ! 8)

Hors ligne Gros Lo

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Re : [Humanisme] Erasme et l'Eloge de la Folie
« Réponse #3 le: 26 février 2007 à 17:37:41 »
Citation de: Windreaver
et s'engagea dans une polémique

contre Luther.

Peut-être ça ?
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Hors ligne Windreaver

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Re : [Humanisme] Erasme et l'Eloge de la Folie
« Réponse #4 le: 26 février 2007 à 17:41:10 »
Non, du tout. La polémique contre Luther est

dans "Du libre arbitre", et Luther a répondu par "Du

serf arbitre", rajoutez à cela une correspondance salée si mes

souvenirs sont bons. L'Eloge de la Folie est satirique

envers l'Eglise (bien que Erasme soit un fervent chrétien)

principalement, mais si vous voulez savoir précisément, lisez-le 

:P
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Hors ligne pascal2

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Eloge de la folie
« Réponse #5 le: 17 juin 2012 à 23:34:21 »

Eloge de la folie. Erasme. 16 ème siècle.

Ou une réflexion d'où devraient s'inspirer les écrivants et modos.
Et ce qui vaut en littérature.

A présent que j’ai réussi à m’attribuer les effets du courage et du labeur de l’humanité, ne vais-je pas revendiquer aussi les mérites du bon sens ? Comment ! dira quelqu’un, autant vaut marier l’eau et le feu. Je compte pourtant vous convaincre pour peu que vous m’accordiez la même attention et me gardiez l’esprit et l’oreille. Puisque le bon sens tient à l’expérience, l’honneur en doit-il revenir au sage qui n’entreprend rien, tant par modestie que par timidité de caractère, ou au fou qui est exempt de modestie et ne saurait être timide, puisque le danger n’est pas connu de lui ? Le sage se réfugie dans les livres des Anciens et n’y apprend que de froides abstractions ; le fou, en abordant les réalités et les périls, acquiert à mon avis le vrai bon sens. Homère l’a bien vu, malgré sa cécité, lorsqu’il a dit : « Le fou s’instruit à mes dépens. » Deux obstacles principaux empêchent de réussir aux affaires : l’hésitation, qui trouble la clarté de l’esprit, et la crainte, qui montre le péril et détourne d’agir. La Folie en débarrasse à merveille ; mais peu de gens comprennent l’immense avantage qu’il y a à ne jamais hésiter et à tout oser. Si l’expérience équivaut à l’exacte appréciation des réalités, écoutez combien s’en éloignent ceux qui précisément s’en réclament. Il est constant tout d’abord que toutes choses humaines ont, comme les Silènes d’Alcibiade, deux faces fort dissemblables. La face extérieure marque la mort ; regardez à l’intérieur, il y a la vie, ou inversement.

« Il en va ainsi de la vie. Qu’est-ce autre chose qu’une pièce de théâtre, où chacun, sous le masque, fait son personnage jusqu’à ce que le chorège le renvoie de la scène ? »
Qui vit sans folie n'est pas si sage que cela

Anlor

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Re : Eloge de la folie
« Réponse #6 le: 17 juin 2012 à 23:47:25 »
Revendiquer sa folie c'est bien pratique, on est toujours excusé.

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Re : Eloge de la folie
« Réponse #7 le: 18 juin 2012 à 00:04:20 »
Hum, je rejoint un peu Anlor.

Enfin, avoir de la folie, c'est génial. Et la banalité n'ennuie. Mais il faut savoir aussi maitriser sa folie. Se laisser des moments de lucidité. Parce qu'un fou n'apprendra jamais rien de ses actes s'il n'est que fou. Il a les expérience,s mais aucun retour de ses expériences; Un fou pourra se brûler les ailes autant de fois qu'il s'en parera. Un fou qui prend du recul, se sort de temps en temps de sa folie, évitera de trop se bruler les ailes et de disparaitre. Et,se revendiquer comme seulement fou, ça donne toutes les excuses du monde lorsqu'il fait quelque chose de mal. Bon après, il faut savoir ce qui est mal.

L'éloge de la Folie. Parce qu'elle est nécessaire, et dire qu'on est pas fou, c'est ce cacher derrière des apparences; Mais n'être que fou, c'est peut-être aussi inintéressant que d'être banal et érudit.
Si j'écris quelque fois, je n'écris point d'ardeur,
J'écris naïvement tout ce qu'au cœur me touche,
Soit de bien, soit de mal, comme il vient à la bouche,
En un style aussi lent que lente est ma froideur.

Joachim du Bellay, Les Regrets, « 21 »

Hors ligne Moyen Moyen

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Re : Eloge de la folie
« Réponse #8 le: 18 juin 2012 à 06:44:40 »
Attendez vous mettez quoi derrière le "fou"?
Erasme semble parler de l'inconscient tandis que Zephyr semble plus désigner l'original.

On est bien d'accord qu'on est pas dans le registre de la pathologie.

J'ai toujours un peu de mal avec ce mot dont on se pare trop facilement et qui, sous l'effet d'une fausse modestie, permet de signifier une singularité pas toujours évidente.
Si tu veux tout savoir, moi aussi.
Jette-lui la pierre dans le doute.
Les grandes choses sont celles qui ne s'achètent pas.

Hors ligne pascal2

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Re : Eloge de la folie
« Réponse #9 le: 22 juin 2012 à 23:43:12 »
Le fou chez Erasme est un déviant face à l'hypocrisie des puissants du Tiers Etat et de son peuple asservi.
Il sonne le glas d'une époque où les grands se regardent le nombril, invoquant la raison, la religion ou la sagesse.
En cela le fou est l'espérance car il ose renier le système au péril de sa vie.
Et en cela le fou parait plus raisonnable que le puissant selon Erasme, pour mieux se moquer de son époque.
Mais cette époque a-t-elle vraiment changé de nature profonde ?
Qui vit sans folie n'est pas si sage que cela

Jon Ho

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Re : Eloge de la folie
« Réponse #10 le: 22 juin 2012 à 23:51:35 »
Le VRAI fou ignore son état.
Celui qui a la lucidité d'analyser et même de revendiquer sa propre folie est un imposteur. C'est à la mode de jouer les exubérants, mais entre original et fou, il y a un fossé ( Erasme ou pas  ;) ) totalement d'accord avec toi Kodoma !
Fou, cinglé, taré, extraverti, perché, allumé... Et tant d'autres synonymes dont personne ne devrait se parer à la légère :)
« Modifié: 22 juin 2012 à 23:54:43 par Jon Ho »

Hors ligne pascal2

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Re : Eloge de la folie
« Réponse #11 le: 23 juin 2012 à 00:18:41 »
Il n'existe pas de vrai fou dans son imagerie la plus populaire, c'est à dire un être privé totalement de raison.
La folie est très diverse et recouvre de nombreuses pathologies où les périodes de raison succèdent aux périodes de délires. Par exemple j'ai la pathologie la plus grave existante à un degré de gravité importante et pourtant je peux disserter et analyser des concepts et des idées.
 
Le fou chez Erasme est une allégorie, soit un déviant, qui échappe à la logique de la société, pour mieux la railler.

En cela Erasme n'est pas loin de la réalité moderne car les recherches faites sur les personnalités de nombreux créateurs dans l'Histoire montrent qu'une proportion importante de créateurs qui ont bouleversé leurs ordres sociaux était atteinte de pathologies psychiatriques lourdes.

Les chercheurs pensent que c'est en allant aux limites de la raison que certains créateurs découvrent de nouveaux concepts, de nouveaux mondes.
On ne crée pas de choses exceptionnelles par exemple sans sortir de chez soi ou d'une logique conventionnelle.
Ainsi, Churchill, Napoléon, Van Gogh ou Marylin Monroe étaient bipolaires, tout comme je le suis.
Et j'ai dans ma vie été artiste peintre, artiste graphiste, écrivant et inventeur.
Et ma pathologie m'a considérablement aidé à explorer des univers que je ne connaissais pas au départ.



Et par exemple de nombreux signes montrent cher calligraphe que vous êtes aussi atteint d'une pathologie qu'il ne tient qu'à vous d'exploiter.

Quelle sentence que la vôtre ! :

Maitre Gonzo était un être a l’énergie dense, un prototype personnel de dieu jamais conçu pour la production en série. Trop bizarre pour vivre mais trop rare pour mourir.

Las Vegas parano.
« Modifié: 23 juin 2012 à 13:26:30 par Milora »
Qui vit sans folie n'est pas si sage que cela

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Re : L'Eloge de la Folie (Erasme)
« Réponse #12 le: 27 janvier 2013 à 02:05:21 »
http://www.college-de-france.fr/site/audio-video/index.htm#|q=_audiovideos.jsp?index=0&prompt=&fulltextdefault=mots-cles...&fulltext=mots-cles...&fields=TYPE2_ACTIVITY&fieldsdefault=0_0&TYPE2=0|p=http://www.college-de-france.fr/site/carlo-ossola/seminar-2013-01-24-10h00.htm|

Pour info : sur le site du Collège de france, 2 conf' sur érasme : "philosophie et théologie : érasme et la problématique de la vérité", par carlo ossola. ;)

Hors ligne colombo1965

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Re : L'Eloge de la Folie (Erasme)
« Réponse #13 le: 03 mai 2014 à 11:06:14 »
La folie est un état limite dont le fou qui en est atteint n'est pas conscient. S'il en  est conscient, il n'est pas fou. Dans les deux cas, c'est un vecteur de souffrance et d'angoisse très difficile à vivre. C'est vrai qu'une fois sorti de cet état, on peut revendiquer  avoir été fou. Artistiquement, ça peut être très intéressant et très créatif.

Hors ligne Lilly

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Re : L'Eloge de la Folie (Erasme)
« Réponse #14 le: 05 mai 2014 à 23:41:05 »

Je pense que normalité et anormalité se situent à des points opposés, certes, mais sur un continuum. On n’est pas fou ou normal, on est plus ou moins fou (ou normal donc), selon le moment et les circonstances.
Et puis, tout dépend de ce qu’on entend par « folie », c’est un terme très générique qui regroupe tellement de types de cas différents!
Et puis, y a le fou parce qu’original, le fou parce qu’anarchiste, le fou parce que privé de toute raison, le fou parce que cliniquement diagnostiqué fou (et encore, ça varie tellement selon l’époque, le lieu, les cultures, les lois en vigueur, les croyances, les religions etc). Et puis y a aussi celui qui se revendique fou parce que ça fait plus artiste, inspiré, marketing, romantique ou rebelle. 
Si je pars sur ce qu’on entend par là communément, dans l’acception du discours populaire, et si on considère tout ça en dehors de ce continuum, ben je dirais qu’être « trop » normal, pour moi c’est être un peu fou :D Vaut mieux être un peu cinglé que psychorigide il me semble :D (Waouh, je prends beaucoup de raccourcis là mais tant pis). Et puis, « qui vit sans folie n’est pas si sage qu’il croit » pour reprendre une citation de La Rochefoucauld que j’aime bien. Trop de fous dans l’histoire qui l’ont marquée, positivement bien sûr, trop de génies, socialement en partie ou complètement inadaptés (ça va de pair d’ailleurs, comme si l’équilibre devait se maintenir : toi t’as eu trop grosse ration d’intellect, on va te sucrer un peu de tes capacités de socialisation :D). Disons, au moins, qu’un peu de folie peut permettre d‘explorer des terrains de la psyché humaine que les pas fous (en tous cas ceux qui agissent et se pensent comme tels) n‘atteindront jamais. Elle est, me semble-t-il, parfois (souvent?) source de créativité, puisqu‘affranchie de certaines normes, elle offre un terrain plus libre à l‘expression de l‘imagination, à l‘écoute de son inconscient. D’où l’intérêt probable d’un point de vue artistique. Après, bien sûr, la folie est source de souffrance, compte-tenu de l’inadaptabilité sociale qu’elle induit, une terrible souffrance, que les pas fous n’arrivent probablement même pas à se représenter. Mais en même temps, plus on est fou, moins on s’en rend compte parait-il, alors on peut même pousser jusqu’à dire que le vrai fou au dernier degré (dans le sens commun) est le bienheureux, puisqu’il n’a cure de ce qui peut tant faire souffrir ou scléroser les « normaux adaptés », à savoir le retour et le jugement des autres sur lui. En fait, si on pousse, c’est ça le souci, souvent les fous ne sont pas assez fous pour passer au dessus de ça. Perso, tant que la folie ne transgresse pas la liberté des pas fous (violence etc), alors les pas fous n’ont pas à juger ou transgresser la liberté d’être fou des fous :D



 


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