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Le Monde de L'Écriture » Salon littéraire » Salle de débats et réflexions sur l'écriture » Amplifier ses sentiments

Auteur Sujet: Amplifier ses sentiments  (Lu 3682 fois)

Hors ligne Gribouille

  • Tabellion
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Amplifier ses sentiments
« le: 19 août 2012 à 18:13:56 »

J'ai le sentiment qu'en matière d'écriture il faut apprendre à amplifier ses sentiments.
Et pour ceux ou celles qui penseraient qu'il ne faut pas tomber dans l'excès, il suffit de penser
que nos sociétés nous apprennent à nous "contrôler" émotionnellement, donc à "brider" nos émotions.
Donc nous libérer n'est-il pas un peu recouvrer cette part d'enfant qui est en nous,
enfance qui précède l'apprentissage de la raison ?
Les monstres n'ont pas forcément de grandes dents et de belles griffes. Ils savent aussi se cacher sous des formes plus subtiles...

Anlor

  • Invité
Re : Amplifier ses sentiments
« Réponse #1 le: 19 août 2012 à 21:17:01 »

J'ai le sentiment qu'en matière d'écriture il faut apprendre à amplifier ses sentiments.
Et pour ceux ou celles qui penseraient qu'il ne faut pas tomber dans l'excès, il suffit de penser
que nos sociétés nous apprennent à nous "contrôler" émotionnellement, donc à "brider" nos émotions.
Donc nous libérer n'est-il pas un peu recouvrer cette part d'enfant qui est en nous,
enfance qui précède l'apprentissage de la raison ?
Je ne crois pas qu'il s'agisse d'amplification. Pour moi, l'écriture sert à associer des images, des couleurs et des sons à des sentiments afin de pouvoir les faire passer au lecteur. Un texte, c'est avant tout une transmission. Je ne comprends pas trop ce que tu veux dire par "recouvrer cet part d'enfant qui est en nous" ; un enfant ne sent rend pas forcément compte de ce qu'il ressent, tout se passe à l'intérieur sans qu'il soit capable de mettre des mots dessus. L'intérêt du travail de l'écrivain, c'est justement de chercher à analyser puis exprimer ses sentiments, une espèce de psychothérapie par écrit en gros.
J'aimerais bien que tu développes un peu ton idée, afin de comprendre exactement ce que tu voulais dire par là.

Hors ligne Gribouille

  • Tabellion
  • Messages: 33
Re : Amplifier ses sentiments
« Réponse #2 le: 20 août 2012 à 00:22:10 »

Quand j'étais enfant je percevais beaucoup plus de choses de mon environnement, et mon imaginaire était plus riche.
Les médecins pensent que c'est à l'époque de l'enfance que le cerveau a le plus de capacité d'apprentissage, et donc de constructions de modèles intérieurs ou extérieurs. L'enfant a peu d'interdits. C'est pourquoi on le voit souvent jouer, créer, peindre, dessiner ect. Et s'emmerveiller constamment.
Le plus part des adultes perdent ces capacités avec le temps.
Beaucoup de grand écrivains ou artistes ont puisé sans cesse dans leur enfance leurs ambitions créatrices, leurs rêves intérieurs, ou tout était possible ou presque. Si on apprend l'enfant à analyser pour devenir adulte, l'enfant est avant tout un acteur qui agit, et qui réfléchit après.
Pour retrouver cette spontaneité, l'adulte doit reculer en arrière, doit perdre sa raison, pour laisser penser son être profond qui s'est construit au début de sa vie.

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Voici un morceau de texte que je trouve éloquent sur un écrivain bien connu :

"Merci au Collège des Bernardins de nous avoir réunis ce soir. Merci à Antoine Guggenheim d'avoir conçu, avec le Pôle Recherche qu'il dirige, cette réflexion sur l'écriture dans ce lieu prestigieux qui nous rappelle la tradition et nous relie avec vous au présent. Merci à vous tous d'avoir accepté cette rencontre avec l'enfance et la jeunesse d'un écrivain français, Philippe Sollers.

1. Après tant d'années de vie commune avec lui, c'est l'amante, l'épouse, la mère, l'écrivain, la psychanalyste, la théoricienne de la littérature qui, évidemment, vous parle. Antoine Guggenheim vient de le rappeler avec précision et discrétion. Je le dis, à mon tour, parce que j'entends l'intensité de votre présence et de votre écoute.

Je ne l'évite pas. Je lui réponds simplement en précisant que si cette cohabitation de nos deux étrangetés — celle de Sollers et la mienne — continue à défier l'épreuve du temps, c'est parce que ça s'écrit différemment et en résonance réciproque.

Puisque je situe notre « pacte à deux » dans la logique de « ça s'écrit », j'aurais pu décliner la proposition qui m'a été faite de présenter l'« enfance et la jeunesse d'un écrivain français Philippe Sollers». Si je l'ai acceptée, ce n'est pas seulement parce que l'espace des Bernardins place l'écriture à l'horizon de l'Incarnation : que je lis comme une invitation à dire l'incommensurable intimité de cette expérience qu'est l'écriture comme une incarnation, précisément — à contre-courant de la « peopolisation» qui s'exhibe aujourd'hui dans ce qu'ils appellent des «éléments de langage». Je suis ici surtout parce que je suis convaincue que les thèmes de cette rencontre enfance, jeunesse, écriture, français-française, loin d'être transparents et encore moins naturels, demeurent plus que jamais énigmatiques, scandaleux même pour cette banalisation des esprits qui nous menace et qui est à mes yeux le mal radical."

---------------------

Ou ce texte aussi qui ne manque paas d'intérêt :

"
« J'ai commencé ma vie comme je la finirai sans doute : au milieu des livres ». Ces propos de Sartre dans Les Mots pourraient s'appliquer à nombre d'auteurs évoquant leur enfance et leur trajectoire d'écrivain. L'apprentissage de la lecture et la découverte de la littérature constituent de fait une sorte de passage obligé, pour ne pas dire un véritable topos, du récit d'enfance de l'écrivain. L'illusion rétrospective n'est sans doute pas étrangère à un tel phénomène, la tentation étant forte – pour l'auteur comme pour le lecteur – de voir se dessiner, derrière la figure de l'enfant dévoreur de livres, celle du grand écrivain noircissant les pages de son cahier.

Pourtant, aussi attendu soit-il et quelle que soit la part de reconstruction et, peut-être, de mauvaise foi, en jeu, ce retour accompli par les écrivains à leurs lectures de jeunesse ne manque pas d'intérêt, chacun y trouvant et dévoilant au lecteur ce qui l'a mené à la littérature : les livres d'enfance réveillent ainsi par exemple, pour Graham Greene, la nostalgie d'un contact « innocent » avec la littérature et d'un avenir ouvert à tous les possibles, ils constituent aux yeux de Proust « les seuls calendriers que nous ayons gardé des jours enfuis » ou encore incarnent, pour Sartre, les prémisses d'une « névrose » dont il ne guérira plus. Dans tous les cas, les lectures d'enfance ont joué un rôle essentiel dans la formation de l'homme et de l'écrivain.

 L'étude des traces, contextes et niveaux variables de l'activité de lecture préalable à  l'écriture, soulignerait ainsi la dimension nécessaire, suggérée par Roland Barthes, du Désir ou du refoulement, de la loi et des canons établis sur lesquels elle repose, qui la structurent et conditionnent le type de plaisir ou d'aventure qu'elle procure et que, peut-être, l'écriture à venir cherchera à reproduire :rapport fétichiste aux mots, impatience inverse de la narration, du suspense ou encore plaisir, désir d'écrire dont la lecture produit la sensation et la promesse.

La réflexion sur l'articulation entre lectures d'enfance et vocation d'écrivain peut être conduite dans plusieurs directions :

1) Les oeuvres évoquées : on relève la présence de références récurrentes à certains auteurs ou genres (romans d'aventures, d'espionnage…). Quelle signification lui donner ? Et que penser au contraire des récits mettant en avant la singularité des choix de l'enfant lecteur ?

2) Comment sont figurées les scènes de lecture ? Si certains topoi sont identifiables (la lecture clandestine et solitaire, l'enfermement dans la bibliothèque ou la chambre), on peut se demander dans quelle mesure leur reconduction est volontaire (imitation ou parodie ?) et si d'autres représentations ne sont pas possibles.

 3) Quelle place et quelles valeurs sont accordées à ces scènes de lecture dans l'économie particulière du récit d'enfance ? S'inscrivent-elles forcément dans le cadre d'une révélation croissante de la vocation ? N'y a-t-il pas des lectures « égarantes », qui détournent le futur écrivain de sa vocation ?

 4) On pourra s'interroger sur la représentation et les enjeux du passage de la lecture à l'écriture, qui est une étape essentielle de l'affirmation de la vocation d'écrivain.

 5) Le regard porté par les écrivains sur leurs lectures d'enfance : si certains retrouvent avec émotion dans les lectures passées la trace de leurs écrits futurs, d'autres en revanche s'appliquent à souligner la rupture entre leur goûts de lecteurs et d'écrivains.

6) Plus largement, on peut se demander dans quelle mesure les lectures d'enfance façonnent la conception même de la littérature d'un écrivain et dont témoignent, à des degrés divers, ses oeuvres. A cet égard, on pourra se pencher sur des exemples d'écrivains non lecteurs, faisant état d'un refus ou déni ou inexpérience préalable de la lecture.

 7) Enfin, la qualité et valeur littéraires, variables, des lectures d'enfance des écrivains, qu'elles contribuent à l'émergence de modèles ou de contre-modèles, peuvent-elles éclairer les débats actuels sur la littérarité de la littérature destinée à la jeunesse et sa place dans la littérature en général ?

La journée d'études est ouverte à des communications sur des corpus de toutes langues et littératures, française et étrangères. Les propositions sont à adresser avant le 15 décembre 2009 à bouvry@univ-lemans.fr et sylvie_servoise@hotmail.com.

La journée d'études se tiendra dans la salle Pierre Belon de 9 heures à 17 heures, Université du Maine, Avenue Olivier Messiaen, 72000 Le Mans.

Responsable : Brigitte Ouvry-Vial et Sylvie Servoise


Url de référence :
http://www.univ-lemans.fr


Adresse : Laboratoire 3 LAM, Université du Maine, Avenue Olivier Messiaen, 72000 Le Mans."

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Les exemples ne manquent donc pas dans les vies d'écrivains de rappeler que l'enfance est fondamentale dans la construction de l'écrivain, et que les rapports qu'il entretient avec cette enfance sont probablement essentiels.

Les monstres n'ont pas forcément de grandes dents et de belles griffes. Ils savent aussi se cacher sous des formes plus subtiles...

Hors ligne OliveDuWeb

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Re : Amplifier ses sentiments
« Réponse #3 le: 20 août 2012 à 09:34:48 »
Bonjour !


Il est indéniable que ce que nous sommes aujourd'hui est la somme de tout ce que nous avons vécu auparavant, et donc essentiellement l'enfance. Je ne m'étendrai pas sur le sujet.
Par contre, plutôt que de parler d'amplification des sentiments, j'utiliserais plutôt la métaphore de l'iceberg. La société d'aujourd'hui, la culture moderne, ou peut-être seulement le monde des adultes nous poussent à masquer ce que nous ressentons vraiment, afin, peut-être, d'uniformiser et de lisser toutes les personnalités, du moins en apparence. Ce que tu appelles amplification ne serait autre, d'après moi, qu'une redécouverte, une remise à l'air de la partie immergée de ce que nous avons en nous.
Faut-il aller chercher plus profondément les sentiments, afin de parvenir à les transmettre au lecteur ?

Cela dit, je reconnais que moi aussi, j'ai régulièrement l'impression que la formulation "naturelle" est parfois un peu plate, et m'oblige à creuser un peu plus pour parvenir à une description des sentiments qui me convienne. La faute à ce qu'on a déjà lu et qui, donc, oblige à une surenchère ? C'est une question qui mérite plus que quelques lignes si tôt le matin ;)


Cordialement,
O.
"Les seuls beaux yeux sont ceux qui vous regardent avec tendresse" (Coco Chanel)

Hors ligne Gribouille

  • Tabellion
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Re : Amplifier ses sentiments
« Réponse #4 le: 21 août 2012 à 23:18:26 »

Ce qui compte n'est pas ce qu'on a lu. Nous ne sommes pas à un concours à qui fait le plus. Ce qui compte est d'exprimer vraiment ce qu'on ressend sans honte du jugement d'autrui, ni même de son propre jugement. En cela il faut une foi inébranlable en la vérité, et en la vérité de ses personages dans le cadre du roman par exemple : chaque être a sa partie lumineuse et sa part d'ombre, d'ailleurs on peut faire porter ces parts aussi par des personages singuliers.
Une autre approche consisterait à penser qu'on doit être capable de dire à sa page blanche ce qu'on a jamais osé dire à son psy ou à sa femme (ou homme), et même à soi-même, pour pouvoir approcher la vérité.
Ecrire devient alors une mission, une vision : approcher l'essentiel. Sans concourir avec quiquonque, si ce n'est avec sa propre franchise.
Et l'essentiel n'est-il pas le sentiment révélé, le sentiment mis à nu ?
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Hors ligne ernya

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Re : Amplifier ses sentiments
« Réponse #5 le: 21 août 2012 à 23:39:23 »
Je suis d'accord avec ce que tu viens de dire, Gribouille, mais pour le coup, ce que tu décris, ça n'a rien à voir avec l'enfant qu'on a été. Et c'est pas non plus une amplification que d'être sincère avec nous-mêmes (et du coup avec le lecteur), c'est trouver le ton juste, la bonne note. Ce qui, comme tout musicien le sait, demande pas mal de labeur.
Quand on est petit, on vit simplement les choses, on cherche pas forcément à les analyser. C'est quand on devient grand qu'on se met à cogiter comme pas permis et que tout devient bien compliqué.
Bref quand j'essaye d'être sincère dans un texte, je retrouve pas du tout l'enfant que j'ai été bien au contraire. J'essaye de comprendre l'autre plus ou moins adulte/mature qui est dans ma tête.  :mrgreen:
"Je crois qu'il est de mon devoir de laisser les gens en meilleur état que je ne les ai trouvés"
Kennit, Les Aventuriers de la Mer, Robin Hobb.

Hors ligne Gribouille

  • Tabellion
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Re : Amplifier ses sentiments
« Réponse #6 le: 22 août 2012 à 01:39:41 »
Je pense plutôt que l'adulte a appris à mentir aux autres, pour se protéger, pour s'adapter, et à se mentir aussi à lui-même car chacun a sa part de beauté et sa part d'ombre. Et il est difficile d'accepter ou de montrer sa part d'ombre.
L'enfant n'a cure de tout cela. Il est lui-même et n'a pas tous ces soucis de vraisemblance, d'amour et de respect de soi ou de la morale. Il est entier. Aussi je me rappelle enfant que je livrais facilement mes sentiments, bons ou mauvais.
Ainsi un enfant pleure facilement. Un adulte se retient de pleurer.
Nos sentiments sont donc contrôlés, bridés sur le plan social, et donc aussi sur le plan individuel.
Amplifier ses sentiments revient donc à vaincre les filtres que l'adulte s'est appliqué à lui-même, où qu'on a installé pour lui, et les filtres éliminés, pouvoir retrouver la spontaneité du sentiment.
Si on veut simplifier, c'est montrer comment on peut être fragile, incohérent, contradictoire, parfois méchant, sensible, bref le contraire d'une machine humaine, ou de l'être humain idéalisé par la morale. Ce que je m'efforce de faire ici et qui me vaut par certains des critiques acerbes.  ;D

« Modifié: 22 août 2012 à 01:42:31 par Gribouille »
Les monstres n'ont pas forcément de grandes dents et de belles griffes. Ils savent aussi se cacher sous des formes plus subtiles...

Hors ligne Milora

  • Trou Noir d'Encre
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  • Championne de fautes de frappe
Re : Amplifier ses sentiments
« Réponse #7 le: 22 août 2012 à 10:55:43 »
Je suis un peu d'accord avec tout le monde sur ce coup-là. Mais je pense qu'en écriture, chacun fait comme il le sent (au sens propre : comme il le ressent, comment il se sent face à sa poche). Par exemple, en lisant la conception d'Anlor, je ne m'y suis pas reconnue. Je ne me reconnais pas non plus dans ton idée de retour à l'enfance, Gribouille : comme dit ernya, en écriture il ne s'agit pas seulement de ressentir un sentiment "plein", mais d'y mettre des mots et de le transmettre, ce qui a une part assurément plus réfléchie que ce que peut faire un enfant. (En plus, tu parles d'enfant de quel âge ? Je n'ai de souvenirs vraiment arrêtés sur ma façon de penser qu'à partir, plus ou moins, de la fin du primaire. Et on n'est pas aussi pur et entier que ça, même quand on est enfant - sauf peut-être quand on est tout petit, mais qui en garde un souvenir assez net pour faire ressurgir cet état d'esprit sans interprétation "adulte" ?)

Je pense que quand tu écris, tu essayes dans un premier temps de créer en toi le sentiment que tu veux transmettre, en faisant appel à des transpositions, à des réminiscences. "Mon personnage est seul dans une maison obscure et entend des bruits... Que ferais-je, que ressentirais-je à sa place ? Nous n'avons pas le même caractère ; donc si j'étais plus assurée, plus rationnelle, quelle part de mon sentiment serait davantage mis en avant ? M'avouerais-je ma peur comme le ferait mon vrai moi ? etc. etc."
Dans un deuxième temps, une fois avoir "créé" ce sentiment (qui n'est, bien sûr, qu'un assemblage des vrais sentiments que tu as éprouvés), tu le transmets à ton texte, par l'orientation des perceptions du personnage, par le rythme de tes phrases, le choix du vocabulaire, etc. etc. Là c'est à la fois intuitif et réfléchi.

Donc non, je ne dirais pas que tu retrouves ton enfance quand tu écris. Si par "amplifier" ses sentiments, tu veux dire que tu les recrées, te laisses envahir et transcris ces sentiments, alors je suis d'accord avec toi, Gribouille :)

Citer
Ce qui compte n'est pas ce qu'on a lu. Nous ne sommes pas à un concours à qui fait le plus. Ce qui compte est d'exprimer vraiment ce qu'on ressend sans honte du jugement d'autrui, ni même de son propre jugement.
Quand tu écris ?
Non, je ne suis pas d'accord. C'est pas un concours de qui a lu le plus ou le mieux. Mais on ne peut pas écrire sans avoir lu, ou du moins sans aimer lire. Les deux sont indissociables. Ça m'étonnerait qu'un musicien puisse ne pas apprécier la musique.
Or l'écriture, c'est un langage - comme la peinture, la musique, etc. Une façon d'exprimer quelque chose (je n'entends pas nécessairement exprimer son moi profond, hein  :D ). Du coup, ça passe forcément par des codes (le degré zéro du code étant : la phrase avec sujet-verbe-complément). C'est bien d'essayer d'innover, de créer sa propre voix ; mais c'est illusoire de penser que ce qu'on a lu de nous influence pas. D'autant que les livres nous font parfois penser, ressentir des choses qui n'auraient pas croisé notre chemin dans la vie réelle, nous font voyager dans des endroits qu'on ne connait pas en vrai et on un véritable impact sur nous.
Par contre, je ne suis pas trop d'accord non plus avec Olive quand tu dis que :
Citer
Cela dit, je reconnais que moi aussi, j'ai régulièrement l'impression que la formulation "naturelle" est parfois un peu plate, et m'oblige à creuser un peu plus pour parvenir à une description des sentiments qui me convienne. La faute à ce qu'on a déjà lu et qui, donc, oblige à une surenchère ? C'est une question qui mérite plus que quelques lignes si tôt le matin
Je crois pas que la sincérité passe nécessairement par une formulation plate. Ça dépend de tout un tas de choses. Mais Proust est de ceux que j'ai lus l'auteur que j'ai trouvé le plus "sincère", le plus fin psychologue sur son narrateur, celui avec lequel j'ai le plus eu le sentiment de lire les évolutions d'un véritable humain. Je ne dirais pas qu'il a une formulation naturelle ou plate. D'autant qu'avec le temps, son style est à nos yeux un peu daté dans son vocabulaire, l'usage des subjonctifs imparfaits, tout ça.
Je pense pas que ça tienne au fait d'écrire "simplement", du coup.

Par contre :
Citer
Amplifier ses sentiments revient donc à vaincre les filtres que l'adulte s'est appliqué à lui-même, où qu'on a installé pour lui, et les filtres éliminés, pouvoir retrouver la spontaneité du sentiment.
Si on veut simplifier, c'est montrer comment on peut être fragile, incohérent, contradictoire, parfois méchant, sensible, bref le contraire d'une machine humaine, ou de l'être humain idéalisé par la morale. Ce que je m'efforce de faire ici et qui me vaut par certains des critiques acerbes.
Euh, alors je suis à fond d'accord sur le fait de garder une âme d'enfant, savoir s'émerveiller, jouer, ne pas se laisser uniformiser par les normes sociales et compagnie.
Mais être agressif, c'est autre chose. Quand tu communiques, le premier pas de la sensibilité c'est de prendre en compte l'autre personne et de ne pas vouloir le blesser. Alors si tu appelles ça un "filtre" (au contraire, j'appelle ça un sentiment naturel d’empathie), prière de te l'appliquer quand tu postes sur le forum, sans quoi ça va dégénérer et pourrir l'ambiance. Merci !  ;)
« Modifié: 22 août 2012 à 11:02:59 par Milora »
Il ne faut jamais remettre à demain ce que tu peux faire après-demain.

Jon Ho

  • Invité
Re : Amplifier ses sentiments
« Réponse #8 le: 22 août 2012 à 11:16:23 »
le fait d'être méchant et désagréable n'est pas une preuve de sensibilité propre à l'homme.
Mon PC est vraiment désagréable quand il me balance des messages d'erreur ou me transmet pour la quinzième fois de la soirée que le rapport VPS a été mis à jour ^^
Si tu veux te détacher de la machine et de ses comportements mécaniquement imbéciles, le mieux c'est de commencer à apprendre à respecter l'autre...
Pas pour tomber dans la complaisance, mais pour éviter de blesser inutilement et gratuitement.
J'ai lu sur ce forum des textes et poésies que j'ai trouvé archi nuls.
J'aurais pu le dire franchement " Ton texte est pathétique et pitoyable ". Mais c'est plus de la sincérité, c'est juste de la méchanceté parce qu'on sait très bien que l'on va faire du mal et cela sans raison puisque l'auteur n'a pas suscité notre attention et notre commentaire...

Hors ligne Milora

  • Trou Noir d'Encre
  • Messages: 11 001
  • Championne de fautes de frappe
Re : Amplifier ses sentiments
« Réponse #9 le: 22 août 2012 à 11:25:33 »
Prière de ne pas s'éloigner du sujet. Pour les remontrances persos, y a les MP.
Il ne faut jamais remettre à demain ce que tu peux faire après-demain.

Hors ligne Gribouille

  • Tabellion
  • Messages: 33
Re : Amplifier ses sentiments
« Réponse #10 le: 23 août 2012 à 04:40:47 »

La méchanceté fait partie intégrante de l'Humanité, et tout le monde ayant aussi une part d'ombre, cela revient à reconnaitre que tout le monde peut être méchant, et l'est un jour ou l'autre. Celui qui prétend le contraire est un menteur. Et cela s'exprime aussi en littérature de diverses manières, la méchanceté. En critique d'art aussi.

Je pense qu'il y a des grandes règles pour mieux communiquer :

- essayer d'être le plus simple possible
- amplifier ses sentiments comme on le fait en théatre quand cela est nécessaire
- essayer de retirer les filtres de la "bienséance" quand elle gênent le discours ou le but à atteindre
- réapprendre à s'emerveiller car du coup on va émerveiller le lecteur
La liste n'est pas limitative.

L'analyse est un genre à part et ne concerne que ceux qui aiment ce genre, d'autant qu'on peut aborder des choses complexes en les contant simplement, sans nécessairement devoir analyser.

Les monstres n'ont pas forcément de grandes dents et de belles griffes. Ils savent aussi se cacher sous des formes plus subtiles...

 


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