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Auteur Sujet: Océan mer (Alessandro Baricco)  (Lu 2603 fois)

Hors ligne ernya

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Océan mer (Alessandro Baricco)
« le: 04 juin 2011 à 00:54:09 »



Alessandro Baricco est un écrivain, musicologue et homme de théâtre italien. Passionné et diplômé en musique, il invente un style qui mélange la littérature, la déconstruction narrative et une présence musicale qui rythme le texte comme une partition.





Je ne connaissais pas du tout cet auteur, c’est Vera qui m’en a parlé quand je cherchais des exemples de découpages de paragraphes étranges dans la prose contemporaine pour mon mémoire.

Pour le moment j’ai juste lu Océan mer dont voici le topos made in wiki :
À la pension Almayer, "posée sur la corniche ultime du monde", sept personnages se retrouvent, sept pièces d'un puzzle, pour guérir de leurs maux par la mer. Tous ont une folie ou une histoire qui les relient les uns aux autres. A la pension Almayer, le séjour est bouleversé par l'histoire d'un naufrage sur un radeau et d'une vengeance entre deux personnages. Dans cet endroit où l'on "prend congé de soi-même", ces sept personnages essaient de renaître, ont un but en venant ici. C'est le hasard voire le destin qui rassemble ces sept naufragés en ce même endroit.



Personnellement, j’ai pas mal aimé la première partie où l’on découvre peu à peu les personnages. J’ai été assez touchée par leurs caractères et par les mots qu’ils ont sur la mer. La deuxième partie par contre, qui évoque le naufrage, n’a pas vraiment résonné en moi, je l’ai lue assez rapidement. Dans la dernière j’y ai trouvé du bon et du moins bon, j’ai bien aimé l’idée du vieil homme qui bénit la mer, la lettre d’Ann Devéria et l’histoire de Bartleboom.


Les personnages ne sont pas spécialement attachants, du moins, moi je les ai trouvés assez aériens, mais je les trouve vachement intéressants dans leur manière d’être : l’une pense que la mer va la guérir de sa sensibilité, l’autre veut trouver la fin de la mer, un autre la peindre mais le problème c’est que pour bien peindre il faut commencer par les yeux : mais « où diable peuvent-ils bien être les yeux de la mer ? ». Bref des personnages enfermés dans une sorte de lubie, moi, je kiffe.

Pour moi, il n’y a pas vraiment d’histoires, plutôt plusieurs qui se mêlent et des ambiances, je trouve qu’il y a une certaine poésie qui se dégage des pages (encore heureux avec un tel titre !).


Quelques citations pour le fun :

" Il dit qu’écrire à quelqu'un est la seule manière de l’attendre sans se faire de mal"

"Comment faut-il faire? Comment lui diras-tu, à cette femme-là, ce que tu dois lui dire, avec ses mains sur toi et sa peau, sa peau, lui parler de mort, à elle, tu ne peux pas, une petite fille comme elle, comment le lui dire, ce qu'elle sait déjà et qu'il faudra bien pourtant qu'elle écoute, ces paroles, les unes après les autres, même si tu les sais déjà tu dois les écouter, tôt ou tard il faut que quelqu'un les dise et que toi tu les écoutes, qu'elle les écoute, cette petite fille qui dit « Tu as des yeux que je ne t'ai jamais vus. » Et puis « Si seulement tu voulais, tu pourrais être sauvé. » Comment le lui dire, à cette femme, que tu voudrais bien, être sauvé, et plus encore la sauver, elle, avec toi, et ne plus faire que ça, la sauver, et te sauver toi aussi, la vie entière, mais ce n'est pas possible, chacun a son voyage et doit le faire, et dans les bras d'une femme les chemins qu'on finit par prendre son biscornus, tu ne les comprends pas toi-même, et au moment où il faudrait tu ne peux pas les raconter, tu n'as pas les mots pour le faire, des mots qui sonnent bien, là, entre ces baisers, sur cette peau, des mots justes il n'y en a pas, tu as beau chercher dans tout ce que tu es et tout ce que tu as ressenti, tu ne les trouves pas, ils n'ont jamais la bonne musique, c'est la musique qui leur manque, là, entre ces baisers, et sur cette peau, c'est une histoire de musique. Alors tu parles, tu dis quelque chose, mais c'est misérable."



J’essayerai de trouver de lire ses autres romans !

Quelqu'un en a lu ?  :)


"Je crois qu'il est de mon devoir de laisser les gens en meilleur état que je ne les ai trouvés"
Kennit, Les Aventuriers de la Mer, Robin Hobb.

Hors ligne Menthe

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Re : Océan mer (Alessandro Baricco)
« Réponse #1 le: 04 juin 2011 à 01:13:44 »
Moi j'ai lu "Novecento : pianiste", ils en ont même fait un film y parait, j'ai pas vu.
Je sais pas trop si j'ai aimé son style en fait. Il est un peu bizarre, cet auteur, il te raconte le truc d'une façon, tu sais pas si c'est un romancier ou un vieux pote qui te parle. Un peu des deux, mais d'une drôle de façon.
Au fond, ça s'est pas mal lu. C'est l'histoire d'un pianiste (ouais) qui est né sur un bateau, et qui n'a jamais mis pied à terre (ses parents l'ont abandonné). Le récit est raconté par un personnage, et on découvre le héros à travers son regard. Mais y'a un ton, je sais pas, je dirais nonchalant mais je suis pas persuadée que ce soit le bon terme, c'est comme un haussement d'épaules, on te raconte l'histoire comme on te raconterait un fait divers, je sais pas si je m'exprime clairement.
C'est court, ça se lit bien, et même si à la fin tu te dis pas que c'est le livre du siècle, t'es quand même content de l'avoir lu. Et puis y'a des scènes vachement sympa, comme un moment quand il relève le défi d'un autre pianiste; Rien que pour ça je regarderais le film, ça doit être mortel si c'est bien joué.
C'est pas que je suis loin du but, c'est que je suis à côté de la plaque !

Verasoie

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Re : Océan mer (Alessandro Baricco)
« Réponse #2 le: 04 juin 2011 à 10:25:41 »
Ah ben j'ai Novecento mais je l'ai pas encore lu ^ ^ Par contre je vois ce que tu veux dire pour le style, des fois j'ai du mal à faire confiance à son narrateur, il y a des trucs qui nous tombent dessus ("et si j'écrivais quinze pages sans ponctuation ?") et on se demande si on les a vraiment mérités.

En livre court, j'avais lu Sans sang, qui dure vraiment qu'une heure, et il m'a pas vraiment marquée, c'est bien écrit mais l'histoire ne m'a pas convaincue.

Du coup j'ai préféré ses plus longs, Océan Mer (surtout la première partie comme ernya, d'ailleurs c'est cool que ça t'ait plu ^ ^), et City.

City est vraiment étrange, il y a beaucoup d'histoires à la fois (celle d'un enfant surdoué, Gould, celles de ses amis imaginaires Diesel et Poomerang, une fille qu'il rencontre, le western qu'elle écrit, etc). Ça donne un peu l'impression qu'il a casé en un livre toutes les scènes qu'il a jamais rêvé d'écrire ("tiens, et si je casais un combat de boxe ?") mais à l'époque où je l'ai lu j'avais adoré. ^ ^

Hors ligne Zacharielle

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Re : Océan mer (Alessandro Baricco)
« Réponse #3 le: 04 juin 2011 à 23:06:11 »
Oh, de la mer !
Vu ce que vous en dites, ça a l'air bien (oui, surtout la première partie lol). Zou, sur ma liste à lire !

EDIT du 26 juillet 11.

J'ai adoré ! C'est un de ces livres qu'on a envie de relire aussitôt terminés.

J'ai surtout apprécié la première partie, comme vous, quoi que dans la dernière la sous-partie de Bartleboom soit vraiment chouette. C'est très libre dans la narration et dans le rythme, les réflexions sur l'eau, sur la vie en général, sont très résonnantes, les personnages sont tous un peu flous, un peu fous, certains plus attachants que d'autres, je pense surtout à Plasson qui n'arrive pas à dessiner la mer... et Bartleboom et sa boîte en acajou. Ah si ! La partie sur les fleuves qui descendent vers la mer... Vache, c'est beau. Par contre, les enfants servent un peu à rien je trouve.

Dans tous les cas, ça parle de la mer, ça ne parle que de ça (et bien), donc forcément.



EDIT du 19 janvier 2012

En attendant de lire City (Lo,si tu l'as toujours...), je m'attaque à Novecento : pianiste.

Menthe a déjà résumé :)

Je trouve qu'on y retrouve bien les harmonies qu'aime tant Baricco, celles qui lient l'océan et la musique. C'est un peu fantastique et on sent le roulis des touches du piano et celui de la mer. Malgré tout, je trouve parfois l'écriture trop facile, avec des "hein" des "bref" etc. Même pour du théâtre. Je veux bien du langage oralisé, j'en use et abuse parfois moi aussi, mais certaines fois, je trouve ça de trop. Faudrait voir à l'écouter. Mon papi a une version audio.

J'ai envie de vous mettre une citation parce que j'ai bien beaucoup aimé ce passage (et celui du défi avec la pianiste des bordel de la Nouvelle-Orléans !) :

"Le type qui est sur un bateau pour jouer de la trompette, on ne peut pas dire qu'il soit d'une grande utilité quand l'ouragan arrive. Il peut juste éviter de jouer de la trompette, histoire de ne pas compliquer les choses."

Voilà voilà. C'est tout petit comme texte. Il pourrait être plus puissant, y'a quelques facilités et la fin est pas la meilleure du monde... mais c'est pas mal quand même
« Modifié: 19 janvier 2012 à 08:27:10 par Zacharielle »

Hors ligne Baptiste

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Re : Océan mer (Alessandro Baricco)
« Réponse #4 le: 31 août 2015 à 13:25:34 »
Puisqu'on a a déjà un fil sur Barrico, je vais éviter d'en creer un autre même si j'ai pas lu Océan mer (mais que du coup, j'ai bien envie)

J'aimerais surtout parlé de Novecento pianiste
En fait, je partage pas l'avis de Zach. Parce que pour moi justement, le texte est très puissant. alors certes c'est très oralisé (mais moi j'aime bien ça, l'oralité) mais moi je trouve que ça fais partie des bouquins qu'on a envie de citer en entier tant chacune des phrase sonne juste.
Citer
on te raconte l'histoire comme on te raconterait un fait divers, je sais pas si je m'exprime clairement.
ben pour moi, je trouve que ça tiens plus de l'image du pote qui te raconte une histoire. C'est une anecdote en fait (d'où le coté court) un petit conte, une histoire presque ordinaire mais qui flirte finalement avec l'épique. et moi ce mélange me plaît grandement. Un gars à la vie finalement incroyable mais bon pris avec distance. Comme si Barrico nous disais qu'on en avait un peu soupé des héros et que " oui ben voila, c'est comme ça, c'était lui mais bon y en a d'autre hein"

Et puis effectivement rien que pour la scène de défi entre les deux pianiste.

J'en ai lu deux autre de lui que je recommande fortement également (très court aussi)
Soie qui est une des plus belle histoire d'amour jamais raconté, trouve-je. C'est l'histoire d'un gars, il fait fortune dans son village en ramenant de la soie de chine. Il est marié, heureux et prospère mais tout les deux trois ans, il doix faire six mois de voyage en chine. Et puis la bas, ben il rencontre un mandarin dont la fille est très jolie. alors le gars retourne chez lui. Puis deux trois en plus tard il doit repartir en chine. Et puis il croise le mandarin et sa fille. alors le gars il retourne chez lui.

Voilà, en gros ça raconte ça. ça a pas l'air ouf, mais en fait c'est tellement bien raconté que on en perds pas une miette. Et à nouveau j'ai trouvé son souffle de narrateur, puissant .

et enfin je viens de lire Mr gwyn qui est l'histoire d'un ecrivain à succes qui veut arrêter d'écrire pour faire des portrait. C'est une super réflexion sur le travail de création.
Deux citations que j'ai particulierement aimé dans celui là

"- Laissez tomber, je suis trop vieille. Vous ne devez pas commencer avec quelqu'un de vieux, c'est trop difficile.
- Vous n'êtes pas vieille. Vous êtes morte.
La dame haussa les épaules.
- Mourir n'est qu'une façon particulièrement exacte de vieillir. "

"Il finit donc par comprendre qu'il était dans une situation que partagent beaucoup d'êtres humains, mais pas moins douloureuse pour autant, à savoir : la seule chose qui nous fait sentir vivants est aussi ce qui lentement nous tue. Les enfants pour les parents, le succès pour les artistes, les sommets trop élevés pour les alpinistes. Ecrire des livres pour Jasper Gwyn. "

Bref, voilà, je recommande quand même beaucoup
« Modifié: 31 août 2015 à 13:27:32 par Baptiste »

Hors ligne Aléa

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Re : Océan mer (Alessandro Baricco)
« Réponse #5 le: 03 avril 2016 à 04:25:55 »
Alors après avoir énormément entendu parler de ce livre sur le fofo, j'ai enfin fini par le lire (ou plutôt dévorer)

Citer
J'aimerais surtout parlé de Novecento pianiste
Génial, je commente un livre beaucoup entendu parler, et je vois un autre livre dont ca fait trois topics où j'en entends parler...  |-| Ok Ok, je lirai Novecento tss



Océan meeeeeer, je vais pas faire une vrai critique, juste vous dire de le lire parce que  :coeur: Il est vraiment magnifique
l'imbrication des 8 personnages est tellement parfaite, je veux dire, le livre est construit en trois parties, la première les présentent un par un , la deuxième semble ne pas avoir de rapport, la troisième résout chaque personnage dans un ordre non chronologique, et pourtant la cohérence de tout ça, c'est les sentiments, la cohérence c'est le sens qui est donné et ca se tient parfaitement sans être wtf pour autant ! Ces destins croisés sont juste captivants...
Et l'écriture bon sang... C'est tellement poétique par moment, et inventif (je pense au passage du prêtre qui parle de la mer, et où la mise en page et ses paroles même, miment en fait des flux et reflux de vagues.....  :coeur: )

Non vraiment lisez ce livre fantastique (tous les sens du terme), j'en dis pas plus parce qu'il est vraiment à découvrir et simplement agréable à parcourir...
Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
- Alain Damasio

 


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