Le Monde de L'Écriture – Forum d'entraide littéraire

04 mai 2024 à 15:03:29
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Auteur Sujet: Haïku or not haïku  (Lu 17330 fois)

Hors ligne Loup-Taciturne

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Re : Haïku or not haïku
« Réponse #30 le: 06 novembre 2019 à 13:27:56 »
Je suis d'accord avec Claudius.

En fait dans les trois vers l'hiver est présent : "caille", "flocon", "hiver"
Ça fait comme si tu utilisais les 3 vers  pour dire la même chose, alors qu'avec plus de subtilité et de suggestion, tu pourrais dire quelque chose de plus ample, plus profond et plus surprenant/étonnant.

Je reprends les éléments d'un canon classique

  – sabi : la recherche de la simplicité et la conscience de l’altération que le temps inflige aux choses et aux êtres ;
Il n'y a pas vraiment de dimension temporelle dans ton poème. Le temps ne pèse pas sur ta scène ni sur la conscience du narateur.
Ton poème ne soulève pas vraiment une tension entre l'immuable et l'éphémère (cf fueki-ryuko).

    – wabi : la beauté, la sérénité des choses simples ;

Ton poème est assez pauvre en images, il se réduit à : "un deuxième flocon tombe"
Duquel on déduit facilement qu'il caille et que c'est l'hiver.
Il n'y a pas vraiment de mise en lumière de la beauté et de la sérénité. Peut-être aussi car le niveau de langue de "il caille" évoque une phrase que l'on dit quand on est en mouvement, qu'on vient d'arriver dehors ou qu'on ne souhaite pas y rester. C'est un peu opposé à la contemplation.
Pour ce qui est "des choses simple", le thème central de ton poème y répond, je crois.


    – shiori : suggestions qui émanent du poème sans qu'elles soient formellement exprimés ;
Là je crois que c'est clairement ce qui fait défaut à ton poème, comme explicité plus haut.


    – hosomi: l'attention portée aux choses humbles qui se manifeste par l'expression de leur beauté ;
Là encore, difficile de trouver cette dimension. Chose humble, oui, le flocon, mais l'expression de la beauté n'est pas vraiment mise en évidence. Ni le sentiment que cela inspire au poète.


    – karumi : l'humour qui allège du sérieux et de la gravité ou la simplicité du texte ;
ça pour moi c'est un élément pas du tout indispensable. C'est vraiment un parti pris en fonction du thème du haïku. Tout les haïku ne peuvent pas contenir de l'humour, mais l'humour dans le haïku ne doit pas être gratuit. Il doit accompagner, contraster, permettre d'augmenter la mise en valeur des choses, la surprise et l'émotion que suscite le poème.

    – furyu : l'idéal esthétique d'une personne proche de la nature et à l'écart des vicissitudes du monde civilisé ;
Le propos tenu par ton narrateur fait penser à un propos trivial que n'importe qui pourrait tenir aux premières neiges. On sent pas du tout l'éloignement avec le "monde civilisé" ou la "proximité de la nature".

    – fueki-ryuko : l'essence même de la poésie japonaise, la confrontation, dans un seul haïku, de l'immuable et l'éphémère.


Tu vois, sans être dans la rigueur absolue, en partant d'une vision particulière du haïku, qui n'est pas la seule possible, mais qui est quand même relativement étayée, ouvrant de nombreuses pistes, il apparait que ton poème s'éloigne sur de nombreux points d'un certain idéal ou archétype du genre. Il y aurait de quoi l'améliorer pour saisir certaines dimensions plus chères au genre, ou du moins, dimensions que ce genre se donne pour ambition de saisir.

J'espère que ma contribution ne t'aura pas parue trop sévère. C'est une bonne idée que tu as eue  de proposer un exemple concret pour éclaircir le discussion d'une manière plus pratique et pragmatique.
« Modifié: 06 novembre 2019 à 13:40:37 par Loup-Taciturne »
« Suis-je moi ?
Suis-je là-bas, suis-je là ?
Dans tout "toi", il y a moi
Je suis toi. Point d'exil
Si je suis toi. Point d'exil
Si tu es mon moi. Et point
Si la mer et le désert sont
La chanson du voyageur au voyageur
Je ne reviendrai pas comme je suis parti
Ne reviendrai pas, même furtivement »

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Re : Re : Haïku or not haïku
« Réponse #31 le: 06 novembre 2019 à 18:40:05 »
Et si par la même occasion vous souhaitez en écrire un qui respecte vos codes!
Pour ma part, j'avais écrit celui-ci dans un autre fil, j'ignore ce que les puristes en diraient :

Dans le crépuscule
De la brume jusqu'au ventre
Vaches impassibles

Il me semblait s'approcher de l'idée que je m'en fais.
"Tous ceux qui survenaient et n'étaient pas moi-même
Amenaient un à un les morceaux de moi-même". Apollinaire

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Re : Haïku or not haïku
« Réponse #32 le: 07 novembre 2019 à 12:47:52 »


Loup, merci pour cette intervention des plus instructives.

Gage, j'aime bien le tien, il pose un tableau et ouvre sur une attitude.

Versus, pour moi dans l'esprit cela pourrait s'apparenter, mais c'est encore trop explicité, trop lyrique. Mais, encore une fois je ne suis pas une référence en la matière.

 ;) ;)

ortoolski, j'en ai écrit plusieurs, refusés par des têtes pensantes, d'autres acceptés à la limite corrects mais sans plus.

Celui-ci par exemple a été accepté :

Les pieds en éventail
parasol déployé
il va pleuvoir.

et celui-ci aussi

L'été
Les canetons sont nés
Ridules sur l'eau.

 Par contre celui-ci refusé catégoriquement :

Arc bandé,
Gazelle en retrait -
Flèche rougie.

Et pour finir je viens de retrouver ceci, que j'ai emprunté à une amie, je la cite en partie :

Isabel Asúnsolo appartient à l'Association Francophone du Haïku. Elle est haïjin émérite et éditrice de haïkus. Toute l'année, elle chausse ses bottes de sept lieues pour aller former scolaires et adultes, à cette forme poétique pas comme les autres et qui a l'art de vous changer la vie.

Voici sa définition courte du haïku.

"Le haïku est un poème japonais très bref (17 syllabes maximum) sans rime et sans effet de style qui fixe des moments éphémères, des émotions ou des sensations..."

On notera "maximum"

Voilà pour aujourd'hui...

 ;) ;)




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Re : Haïku or not haïku
« Réponse #33 le: 07 novembre 2019 à 16:15:59 »

Non, ce n'était pas la raison, la gazelle, l'animal, l'instant... ce la suffisait, c'est le mot : en retrait qui n'a pas plu.

Comme quoi, parfois c'est tellement insidieux, minime qu'on a du mal à apprécier ce qu'est vraiment la bonne formulation.

 ;) ;)
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Re : Haïku or not haïku
« Réponse #34 le: 07 novembre 2019 à 17:11:01 »
 :D :D :D

Non  Versus, tes textes sont très beaux et j'aime beaucoup tu le sais, les images qu'ils dévoilent sont chouettes !

Je ne leur ferai pas ce plaisir ! Gardons-les pour nous... égoïstement.  ;) ;)
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Re : Haïku or not haïku
« Réponse #35 le: 07 novembre 2019 à 17:16:51 »
 :D :D

Je suis pacifiste - et puis j'ai quitté l'endroit... je ne joue plus au Haïku, je préfère les dames chinoises (sans sous entendu, c'est un jeu sympa !)

 :P
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Acini Van Herst

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Re : Haïku or not haïku
« Réponse #36 le: 07 novembre 2019 à 23:56:46 »
Salut à tous,

Histoire de donner mon point de vue qui n'est pas souvent utile...

Il me semble que le créateur de l’œuvre est le plus à même de ranger celle-ci dans le tiroir qu'il souhaite.

Perso, j'ai un tiroir fusion et un tiroir haïku, cet exemple, moi je le range dans haïku et tant pis si pour d'autre ce n'est pas sa place...

            « Brésil »

Travesti sans bas,
Bossa sa batucada
Tout son Mardi gras.

Hors ligne Loup-Taciturne

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Re : Haïku or not haïku
« Réponse #37 le: 08 novembre 2019 à 03:23:21 »
Déjà je veux redire que je ne suis pas du tout spécialiste de la question. J'ai répondu à l'invitation d'exercer la critique, et ce, simplement à partir des éléments qui ont semblé émerger de la discussion.
C'est uniquement dans ce cadre dialectique et expérimental que je me permets ici de « juger » les propositions.
Aussi, sans être spécialiste je reste amateur de haïku pour côtoyer dans quelques ouvrages d'anthologie de poésie japonaise et en apprécier tout particulièrement certains.

Ceci étant je propose ma lecture :

Citer
Comme si,
Porteur d’éclairs, 
Un ange entr’ouvrait la nuit :
Au pied de l’immeuble, 
Le cosmos

Première chose qui me perd, la longueur. Et là, sans concertation, je pense rejoindre Claudius.
Ce n'est pas que c'est trop long parce qu'on compte les syllabes ou qu'on voit trop de lignes. C'est trop long parce qu'on perd le fil, on force l'expiration. Pour moi le haïku c'est comme une inspiration ou une expiration. La simplicité n'est pas une image. Dès que l'écriture se rallonge, on perd en simplicité, on ajoute des idées et le rythme n'est plus le même, ni la lecture/compréhension spontanée. Pour moi le haïku c'est vraiment en suggérer le plus en en disant le moins. Mais ça veut pas dire 10 000 choses en une. En suggérer le plus ça peut reposer sur la métonymie par exemple. C'est trouver les détails clefs qui vont permettre au lecteur de saisir un sentiment ou une sensation particulièrement précise ou forte ou singulière. Une choses profonde et complexe en très peu de mots. Une beauté et une tension entre éphémère et immuable comme on a vu. Ça doit témoigner de la finesse d'esprit, d'acuité et de sensibilité du poète. Chaque mot doit être strictement nécessaire à décrire la scène, l'atmosphère, le sentiment. Ensuite ton poème est très obscur (bien que les images soient lumineuses, peut-être trop de lumière). On a du mal à se faire une représentation de ce que tu décris, l'ancrage aux réel n'est pas évident.

Ainsi :
– sabi : la recherche de la simplicité et la conscience de l’altération que le temps inflige aux choses et aux êtres ;
ça je ne le sens pas dans ton poème. J'ai l'impression que tu veux décrire un coup de foudre, mais d'une manière trop éloignée du réel, pas assez simple, comme si tu voulais dire trop de choses en même temps. Ou que tu disais plusieurs fois la même choses sans réussir à choisir laquelle est la meilleure. Grammaticalement, ta phrase est très lourde, complexe, alambiquée.


– wabi : la beauté, la sérénité des choses simples ;

le cosmos, un ange porteur d'éclair, entr'ouvrir la nuit, le pied d'un immeuble. Tout ça fait énormément d'éléments qui n'ont pas l'air simples et qui ne produisent pas un sentiment de sérénité.
Quant à la beauté, pour moi ton poème en recèle le potentiel avec « entr'ouvrir la nuit ». Mais du coup il faudrait limite épurer le texte et essayer de le tourner, de l'articuler uniquement autour de cette image. Je pense que ce serait déjà une direction précise et centrale, riche de signification et déjà beaucoup de travail d'articulation pour un haïku.

– shiori : suggestions qui émanent du poème sans qu'elles soient formellement exprimés ;
ça c'est difficile à caractériser. Mais ton poème, j'ai l'impression à la fois que son sens global m'échappe et en même temps que chaque élément est précis, sans forcément que j'arrive à me faire des liens entre ces éléments hétéroclites. Je n'arrive pas vraiment à saisir la logique de l'ordre des éléments, la cohérence de l'ensemble.


– hosomi: l'attention portée aux choses humbles qui se manifeste par l'expression de leur beauté ;
– karumi : l'humour qui allège du sérieux et de la gravité ou la simplicité du texte ;

ici non plus je ne retrouve pas ces éléments. L'ange et le cosmos sont des choses impressionnantes et grandioses. Les éclairs aussi. Alors tout ça ensemble. l'immeuble n'est pas l'habitat le plus humble face à la nature, non plus, mais il est vrai que « pied  d'immeuble » sonne modeste et populaire, et je trouve que c'est un élément novateur/original et intéressant de ton haïku. 

– furyu : l'idéal esthétique d'une personne proche de la nature et à l'écart des vicissitudes du monde civilisé ;
Là encore j'ai du mal à ressentir l'éloignement, le détachement, la présence de la« nature ». L'éclair est presque arraché à la nature par l'ange.

– fueki-ryuko : l'essence même de la poésie japonaise, la confrontation, dans un seul haïku, de l'immuable et l'éphémère.
Ici également, je vois bien que l'immeuble est immuable et l'éclair éphémère. Mais on ne ressent pas de tension poétique dans la convocation de ces deux éléments. Le poème tel quel, pour moi, ne produit pas de sentiment particulier, de conscientisation de quelque chose, une émotion surgissante de la lecture, une évidence cachée révélée par le poème.

C'est assez difficile cet exercice de commentaire, j'ai souvent du mal à trouver mes mots.

Si je devais mettre en pratique ma critique, j'enlèverai déjà certains éléments qui pour moi sont inutiles, négligeables ou apportent de la confusion : « Comme si », «  Porteur », « cosmos » ou « ange », ou « éclair » à choisir, l'un pouvant parler pour les autres.

J'espère ne pas trahir tes intentions, mais voilà quelques pistes expérimentales qui n'ont aucune prétention à faire honneur au genre

Citer
d’éclairs, 
Un ange entr’ouvrait la nuit :
Au pied de l’immeuble, 
Le cosmos

ou

Éclair entr’ouvrant la nuit :
au pied de l’immeuble, 
le cosmos

ou

Éclair au pied de l’immeuble.
entr’ouvrait la nuit :
Un ange
Ou des variations de ce type avec un possible double sens du coup de foudre et sa métaphore amoureuse.


***

Citer
Comme un tigre
Muet, à l’affût,
Jaillit des steppes sauvages :
En majuscule,
Le réel.

Ici je vais passer plus rapidement parce que je pense qu'on retrouvera à peu près le même type de remarques.

Trop long, trop d'idées, il faut faire des choix.
Le « comme » du début est à mon avis inutile, les deux derniers vers aussi. Pour moi ton haïku doit transpirer le réel si tu veux parler du réel. Inutile de l'écrire, fais-le ressentir. « Muet » pour un tigre sauvage, je trouve que ça ne va pas, d'autant plus qu'on sait déjà qu'il est « à l'affût », enfin, il faut choisir entre les deux.

D'ailleurs ton choix de sujet est bien trouvé et ça commence plutôt bien.
Par rapport au précédent, tu es pour le coup bien dans la nature profonde, « sauvage », même. Peut-être qu'il n'est pas utile de le souligner. Un tigre qui jaillit du cœur de la steppe, c'est largement suffisant pour imaginer le côté sauvage.

Pourtant là il manque quelque chose à ton poème. Tu as le décors mais il manque le sujet. Il manque la tension, l'intrigue, la conclusion, ce que tu veux faire dire à cette scène. Ou peut-être pas, Peut-être que tout est là :


Citer
Tigre à l’affût,
Fond sur la steppes haletante :
soleil rouge
 
ou

Crocs muets,
s'enfoncent au cœur de la biche.
Enfants de la steppe. / que la steppe a vu naître

ou

Crocs muets,
s'enfoncent au cœur de la biche.
Faon recueilli par la steppe.


ou

Crocs muets s'enfoncent,
au cœur de la steppe,
la biche confie son faon.

Bon il y aurait de quoi continuer à travailler ces idées encore mais c'est pour montrer des pistes de recherche, partir dans une direction ou une autre, approfondir, modeler ou alors abandonner telle autre.

Voilà en ce qui te concerne Versus. Je crois que tu as de bonnes idées, mais que tu veux peut-être en dire trop ou alors tu n'arrives pas à choisir tes images, à renoncer au négligeable pour ne garder que le plus signifiant. Pour moi il faut essentiellement raccourcir et alléger ton écriture. Ne pas s'attacher aux images que l'on « créer » est parfois difficile, mais il faut savoir choisir et sacrifier une idée pour en laisser vivre une autre. 
-------
Gage

Citer
Dans le crépuscule
De la brume jusqu'au ventre
Vaches impassibles

Ta proposition me séduit d'avantage. Même si elle ne me touche pas particulièrement (question de sensibilité personnelle). J'ai l'image, j'ai l'atmosphère. C'est saisissable de manière précise avec ces quelques éléments et le point de vue est clair. Je ne vois pas quel mot on pourrait enlever. Je ne ressens pas le besoin d'en rajouter. Le sentiment de flottement du temps, d'immobilité, d'instantané, est là dans la brume, dans la position des vaches et ce moment particulier de la journée qui meurt. Cet instant parait d'autant plus suspendu et éphémère que les vaches continueront d'être là à remplir leur ventre, les jours confineront de s'écouler et mourir et la brume reviendra comme un fantôme, éternelle. Peut-être même vient-elle tous les soirs baigner les ventres des vaches ?
Pas grand chose à dire de plus ici. Bravo.

En ce qui concerne les tiens Claudius, sans me lancer dans des explications, je ressens bien la différence entre le dernier et les deux premiers. Je crois que le dernier est beaucoup moins contemplatif. Il n'est pas non plus surprenant, ni profond. La tension n'est pas présente. Ni la sérénité. Alors que le premier créer la surprise, il introduit le temps à travers l'événement soudain et inattendu de la pluie qui va venir alors que rien n'y laissait penser.
Le second parle de la vie, en une sorte de crescendo, il se conclu subtilement en faisant voir les caneton se jeter à l'eau, sans pourtant le dire explicitement. La trace éphémère de la vie sur le plan d'eau qui dort immuablement. Merci.

Quand à moi je vous laisse avec deux haïku japonnais traduit que je cite de tête pour l'exemple (désolé pour leurs auteurs). Je les aime beaucoup pour leur poésie, leur esprit, et pour la dimension métaphorique à travers laquelle on peut les interpréter :


Tout a brûlé.
Heureusement les fleurs,
Avaient achevé de fleurir.

Pourchassées,
Les lucioles se cachent,
Dans les rayons de lune
.

« Modifié: 08 novembre 2019 à 03:27:12 par Loup-Taciturne »
« Suis-je moi ?
Suis-je là-bas, suis-je là ?
Dans tout "toi", il y a moi
Je suis toi. Point d'exil
Si je suis toi. Point d'exil
Si tu es mon moi. Et point
Si la mer et le désert sont
La chanson du voyageur au voyageur
Je ne reviendrai pas comme je suis parti
Ne reviendrai pas, même furtivement »

Acini Van Herst

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Re : Haïku or not haïku
« Réponse #38 le: 08 novembre 2019 à 04:19:40 »
@loup-taciturne

J'avoue avoir survolé ton post n'étant pas trop fan des idées avancées... :-[

Mais je t'invite à lire un commentaire sur ça :

Citer
Citer

    Comme un tigre
    Muet, à l’affût,
    Jaillit des steppes sauvages :
    En majuscule,
    Le réel.


Ici je vais passer plus rapidement parce que je pense qu'on retrouvera à peu près le même type de remarques.

Trop long, trop d'idées, il faut faire des choix.
Le « comme » du début est à mon avis inutile, les deux derniers vers aussi. Pour moi ton haïku doit transpirer le réel si tu veux parler du réel. Inutile de l'écrire, fais-le ressentir. « Muet » pour un tigre sauvage, je trouve que ça ne va pas, d'autant plus qu'on sait déjà qu'il est « à l'affût », enfin, il faut choisir entre les deux.

La partie de mon commentaire qui nous intéresse:

Citer
Ah ! Ce tigre si commun qu'il en est muet ! Surement une période de mue qui l'empêche de feuler.

Le bref feulement de "l'affut" détone tellement sur le mot "muet" que ton tigre "jaillit", trahit par la rupture de son silence...

J'aime aussi que tu es placé la longueur sur les steppes, cela accentue le tableau, pour l'écho des mots, on avait déjà été rassasié.

Et là, le soudain et magistral retour à la réalité...

En espérant que tu perçoives ce haïku autrement et oui haïku car Versus1 l'auteur en a décidé ainsi...  :prout:

Pour moi le haïku ne peut réellement exister en français, l'on ne peut que s'en inspirer, ceci n'étant que mon avis...

Je pense qu'en japonnais, il est, tout aussi, impossible d'adapter certaines formes de la poésie Française... Mais je ne parle ni n'écrit le japonnais...






Hors ligne Loup-Taciturne

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  • serviteur de Saturne
Re : Haïku or not haïku
« Réponse #39 le: 08 novembre 2019 à 05:31:38 »
Citer
Il me semble que le créateur de l’œuvre est le plus à même de ranger celle-ci dans le tiroir qu'il souhaite.
Citer
et oui haïku car Versus1 l'auteur en a décidé ainsi...
Dès lors que le "créateur" sort l’œuvre de son tiroir, il sort l’œuvre de son tiroir... Et chacun est libre de la ranger dans son propre tiroir. Depuis quand les œuvres appartiennent à ceux qui les produisent ?
Tout ça pour dire que je ne crois pas à cette vision que tu as d'un auteur et d'une "œuvre". Comme on dit, c'est le regardeur qui fait le tableau. L'auteur propose, le lecteur dispose.

 
Citer
Pour moi le haïku ne peut réellement exister en français
Je te renvoie en amont dans la discussion, il me semble que nous avons pas mal étayé cette question.

Citer
J'avoue avoir survolé ton post n'étant pas trop fan des idées avancées
Citer
Mais je t'invite à lire un commentaire
Tu voudrais que je prenne la peine de te lire pour changer d'avis alors que tu n'as pas pris le temps de lire mon avis quelque peu plus détaillé que le tien (de trois lignes), car tu estimes en dépit de l'avoir cerné, n'en être "pas fan" ? Tu ne manques pas d'air et tu manques une occasion de t'aiguiser l'esprit dans la contradiction. Libre à toi...
« Suis-je moi ?
Suis-je là-bas, suis-je là ?
Dans tout "toi", il y a moi
Je suis toi. Point d'exil
Si je suis toi. Point d'exil
Si tu es mon moi. Et point
Si la mer et le désert sont
La chanson du voyageur au voyageur
Je ne reviendrai pas comme je suis parti
Ne reviendrai pas, même furtivement »

Acini Van Herst

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Re : Haïku or not haïku
« Réponse #40 le: 08 novembre 2019 à 07:11:23 »
@Loup-taciturne

Je me doutais que j’allais éveiller ton coté taciturne, alors que ce n’était en rien mon but…

Vu  l’heure à laquelle je me suis intégré à ce fil faisant 3 pages déjà et tes posts étant longs je comptais revenir sur tes longs posts après.

« L'auteur propose, le lecteur dispose. »

Tu n’as pas l’air en adéquation avec tes idées… Ne suis-je pas le lecteur du post dont tu es l’auteur ?

« Je te renvoie en amont dans la discussion, il me semble que nous avons pas mal étayé cette question. »

Je ne fais que signifier et non étayer (c’était déjà fait effectivement nul besoin d’y revenir) de quel côté je me range (comme quoi j’ai dû lire en amont).

« Tu voudrais que je prenne la peine de te lire pour changer d'avis »

Je ne compte absolument pas obliger les gens à se ranger à mon avis. Manquerait plus que ça !
Et pour ton info, j’avais lu attentivement le passage dont il était question dans ton post. Pour le reste de tes posts j’avais lu mais plus en survol.

« …mon avis quelque peu plus détaillé que le tien (de trois lignes)… »

A se demander qui tient absolument à faire changer d’avis les autres…

« Tu ne manques pas d'air et tu manques une occasion de t'aiguiser l'esprit dans la contradiction. Libre à toi... »

Effectivement j’ai une grande gueule de méditerranéen version marseillaise ou sétoise, et du coup ne manque jamais d’air…

Apparemment tu t’es senti agressé cela n’était pas le but, je tenais juste à te faire percevoir mon avis sur ta critique du haïku de Versus1.

Mais tu n’as pas aiguisé ton esprit sur les contradictions que j’émettais, vu que tu n’en reparle pas…

Tu as préféré te borner à ta vision fortement réductrice (à mon gout) de ce qui pouvait se trouver dans ce haïku que j’adore, c’est ce qui a éveillé mon côté ours mal léché…

« Depuis quand les œuvres appartiennent à ceux qui les produisent ? »

Il me semble que l’on ne manque pas de lois à ce sujet.


Et  je terminerais par une citation d’un film que j’adore tout autant que ce haïku, si ce n’est plus:

''Personne ne se rabaisse en demandant pardon et celui qui pardonne à forcément un grand cœur.''
''La famille indienne''

Extrait musical et dansant du film: ''bole chudiyan'' par K3G
https://youtu.be/IBvg3WeqP1U

La musique adoucit les mœurs… Je vais de ce pas le regarder (aussi ?).

Donc excuse-moi de t’avoir réveillé (loup-) taciturne et d’en remettre une couche qui plus est…

Perso je te pardonne. Et compte mettre le nez plus profondément dans ton avis quand j’en aurais le temps (mais c’était déjà prévu)…

Enfin tous ceci pour dire que tu t’énerve un peu dans le vide. (ceci n’étant que mon ressenti)

Au plaisir…

Hors ligne extasy

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Re : Haïku or not haïku
« Réponse #41 le: 08 novembre 2019 à 11:11:19 »
Et celui là :

Le soleil morose
Oranges dans le mixeur
Les embouteillages

Un peu enfantin je trouve...

Hors ligne Gros Lo

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Re : Re : Haïku écrit pendant la nuit
« Réponse #42 le: 08 novembre 2019 à 11:19:42 »
Gage, un jour tu me feras un tofu bourguignon ? *_*

Je veux bien croire que de la contrainte naît l'inventivité, mais je suis contre l'idée qu'une contrainte chiffrée spécifique qui vient d'une autre culture, une autre langue et d'il y a 300 ans est une contrainte vraiment calquable sur le français européen et d'aujourd'hui sans aucune adaptation (et passer des mores aux syllabes ne compte pas).
Plutôt d'accord avec toi !

(mais du coup, est-ce que ça a seulement du sens, des haïku en français ?)
(mais du coup, est-ce que ça a seulement du sens de traduire des livres ?) :mrgreen:
J'ai ri !

Loup, merci beaucoup pour le texte de Mahmoud Darwich sur la traduction (avec le lien pour qu'il ne disparaisse pas trop vite).

C'est trop long parce qu'on perd le fil, on force l'expiration. Pour moi le haïku c'est comme une inspiration ou une expiration.
Hyper d'accord sur l'idée d'une respiration pour justifier de sa brièveté (et en même temps de son (auto)suffisance). Voire une demi comme ton "ou" le sous-entend ? mais j'aime bien penser que le haïku a le temps de permettre l'inspiration et l'expiration (dans l'ordre qu'on veut), et surtout de les susciter chez le lecteur.

Dans le crépuscule
De la brume jusqu'au ventre
Vaches impassibles
merci pour celui-ci (:

Est-ce que vous écrivez un haïku de la même façon (/dans le même état d'esprit, en terme de volonté créative par exemple) que vous écrivez un poème différent ou tout autre texte ?
Moi j'ai souvent l'impression que le haïku se range à part dans mon expérience de l'écriture. J'écris plutôt un haïku pour me recentrer sur l'expérience sensible, avec laquelle je ne suis pas nécessairement connectée avant de me mettre au travail. C'est vraiment un exercice d'écriture qui est ancré dans le présent sensible, alors que tout autre texte auquel je me mets va plutôt convoquer des souvenirs d'expérience sensible. Le prisme de l'expérience intellectuelle est vraiment délaissé dans ma pratique du haïku. Je convoque d'abord le sensible, alors que pour un autre texte, il y aura beaucoup d'expérience intellectuelle et esthétique, elle sera prioritaire.
Le haïku est vraiment un genre de méditation. Je ne sais pas, à l'origine, quels sont ses éventuels liens avec le zen (ça me semble quand même clair qu'il participe d'une dynamique zen ?).
Bon bref et vous ?
« Modifié: 08 novembre 2019 à 11:22:09 par Lo »
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Re : Haïku or not haïku
« Réponse #43 le: 08 novembre 2019 à 12:22:31 »
Bonjour!

A lire vos différentes critiques j'ai l'impression que beaucoup d'entre vous ont lus des recueils d'Haïku traditionnel et se base donc sur ses critères là pour émettre un jugement sur ce qu'est un haïku!(Je ne dis pas que c'est pas bien je constate juste^^)

Du coup avez vous des titres de receuil de haïku contemporain qu'on puisse voir comment cela à évoluer?

Pour ma part j'ai pu lire "le livre des haïku" de Kérouac!Il appelle ces haïkus des "pops" peut-être de peur de ne pas être dans les clous?

En voici 2 pris au hasard!(en vo et vf  ;D)

Ton ventre est trop gros
pour tes
Petites dents

Your belly's too big
for you
Little teeth

*
Lilas au crépuscule
-un pétale
est tombé

Lilacs at dusk
-one petal
fell

Qu'en pensez vous haïku ou pas haïku?

Je sais que Michel Onfray à écrit un receuil d'Haïku quelqu'un l'a t'il lu?(qu'on voit ce que ça donne en français)



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Re : Haïku or not haïku
« Réponse #44 le: 08 novembre 2019 à 12:39:50 »
Au risque de paraitre sectaire ou fermé d'esprit, j'ai vraiment aucune envie de lire les haïkus de Michel Onfray :mrgreen:
(parce haïkaï sérieux c'est relou à dire, c'est trop beau haïku avec un s, c'est comme scénario)

Ceux de Kerouac m'intéressent beaucoup plus et ce "lilacs at dusk" c'est tellement explosif, ça sonne comme une baie entre deux doigts c'est chouette. J'aime bien son idée de définir une allitération par ligne !
pop c'est bien. Est-ce qu'il entend aussi par là qu'il oriente davantage son travail sur les sonorités ? en tout cas ça me plait, et je suis pour la diversité des appellations ! peut-être qu'un pop est un haïku mais tous les haïkus ne sont pas des pops ?
Y a un petit côté automatique et jazz là-dedans j'imagine
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