Coucou jocelyne kimmoun, bon, mon histoire risque d'être assez longue et fastidieuse, j'espère que tu me liras avec intérêt !
Le souffle continuel du vent oblige les vagues et ses rouleaux à poursuivre une course en avant dans un déferlement d’écume sans cesse renouvelé.
Déjà, je trouve que tu as ramené de la poésie sa musicalité, et dieu merci tu évites les assonances et les allitérations !
planches à voiles élancées à la manière des ailes déployées de papillons bigarrés, armadas de triangles blancs sillonnant la surface de leur lente avancée ordonnée, telles des ballerines glissant sur le plancher lustré d’une scène d’Opéra, kitesurfs bariolés gonflant leurs voiles en parfaits arcs de cercle dans une tranquille ascension, surfers en combinaisons noires , minuscules marsouins ballottés au gré des caprices du courant, impressionnants ferries se découpant à l’arrière- plan dans une lente traversée de l’horizon.
Alors, je trouve ce passage très bien écrit, mais, comment dire : je trouve le rythme haché, des phrases qu'on aimerait qu'elles se terminent plus tôt, et je trouve au final cette longue énumération assez plate, manquant peut-être d'un regard plus personnel pour la rendre intéressante : il y a bien la comparaison de l'armada avec les ballerines qui est charmante, mais sinon je n'ai pas été happé par ta description, j'en suis extérieur.
Et pour agrémenter le tout, le ballet majestueux des goélands survolant le spectacle faussement désordonné de ses minuscules jouets flottants.
Par contre la conclusion qui fait voir le tableau d'ensemble est bonne, comparant tout ce que tu viens d'énoncer à de simples jouets flottants. Par contre je ne suis pas fan du "Pour agrémenter le tout", à mon sens, c'est un raccourci facile.
Cette mer ne se couche pas, docile, à vos pieds dès qu’il vous prend la fantaisie de vous baigner.
Ce "docile" seul entre virgule me gêne un peu, surtout à cet endroit ?
Sans vouloir trop changer les mots je proposerais quelque chose comme :
"Cette mer n'est pas docile, à vos pieds, dès qu'il vous prend..."
ou
"Cette mer ne se couche pas docile, à vos pieds, dès qu'il vous prend..."
Là dernière est mieux il me semble ?
Il faut aller la chercher. Ou il faut connaître les heures des marées variant sans cesse ...
Pour alléger un peu je pense que tu peux enlever le deuxième "il faut" :
"Il faut aller la chercher. Ou connaître les heures des marées variant sans cesse ..."
Moi, quand elle s’en va, je crains qu’elle s’éloigne au point de ne plus revenir.Et si elle tombait derrière l’horizon nous privant de son magnifique tour de passe-passe? Si elle nous laissait un sol désolé, asséché, recouvert de poissons asphyxiés ?
La perspective est intéressante
Par contre j'aurais mis une virgule après "horizon", pour garder le même rythme :
"Et si elle tombait derrière l’horizon, nous privant de son magnifique tour de passe-passe?"
Elle se rapproche tellement qu’elle noie plages, tranchées et châteaux de sable d’un simple revers de lames qui atteint déjà le pied de la digue.
Je trouve qu'au début de ce paragraphe tu arrive à instaurer un rythme vif que cette phrase vient faire voler en éclat. Je pense que c'est à cause du "qui atteint déjà le pied de la digue" qui est en trop (mais je comprend qu'il te soit cher pour la cohérence).
Je pense qu'il te faut trouver un moyen pour que après "lames" il y est un temps d'arrêt ; quand je le lis à haute voix j'ai envie de m'arrêter après "lames", pour garder la dynamique.
Elle frappe brutalement le pied de la digue comme si elle voulait repousser toujours plus loin les limites terrestres et se jouer des humains et de leur frontière dérisoire.
Là pareil je trouve ça un peu long au milieu de phrases courtes et vives ; je te propose quelque chose mais moi-même je ne suis pas convaincu :
"Elle frappe brutalement le pied de la digue comme si elle voulait repousser toujours plus loin les limites terrestres, se jouer des humains et de leur frontière dérisoire."
En faite ce n'est pas mieux... Bref
Faut pas faire attention à tout ce que je dis hein, y'a du boire et du manger là dedans !
Mais mes craintes à peines ressenties, là voilà qui revient. Et vite. Elle se dépêche. Elle se rapproche tellement qu’elle noie plages, tranchées et châteaux de sable d’un simple revers de lames qui atteint déjà le pied de la digue.Et elle avance toujours. Elle enfle, se gonfle et prend du volume. Elle gagne du terrain. Elle frappe brutalement le pied de la digue comme si elle voulait repousser toujours plus loin les limites terrestres et se jouer des humains et de leur frontière dérisoire. Et si cette mer sage aux allers-retours séculaires et réguliers n’était plus digne de confiance? S’il lui prenait l’envie de se gausser du ridicule cordon littoral du Sillon ?
Sinon je trouve le changement de rythme de l'ensemble remarquable, il fait bien ressentir la panique de ton personnage (ou de toi même) aux idées farfelus mais probables qui lui passent par la tête.
Y'a un petit côté engagé dans ton texte, je me trompe ?
Elle se détend, dégonfle ses poumons qu’elle avait soulevés dans une inspiration optimale et reprend le cours rassurant et cyclique de son éternel va-et-vient.
Très mélodique cette phrase. Elle fait comme une longue expiration de soulagement.
Ses plages sont sans limite, les espaces, démesurés où le regard s’étend à perte de vue et où les goélands s’enivrent de liberté.
Aie, coquille dans cette phrase ! Sans changer les mots, mais cela n'est pas très convainquant, je te propose ceci :
"Ses plages sont sans limite ; les espaces, où le regard s’étend à perte de vue et où les goélands s’enivrent de liberté, démesurés."
Juste pour te donner une idée de la structure que je verrais.
Point d’obstacles ni de barrières. Point d’enceintes ni de murailles pour laisser voyager, sans entraves, le corps et ses pensées...
Oui... un peu facile à mon goût. Je trouve que les points de suspensions à la fin rajoutent en grandiloquence, et ce n'est pas forcément nécessaire.
Droits comme des ifs, ils n'abritent plus l'insouciance des estivants en quête de fraîcheur sous l'arc généreux de leurs toits protecteurs.
Je pense que "protecteur" est un peu inutile.
conférant au tableau le charme ineffable des peintures romantiques baignées d'ombre et de lumière diaphane.
Ici je pense qu'avec ce que tu nous dépeins si bien tu n'as pas besoin de l'adjectif "ineffable", car lorsque tu évoques le "charme des peintures romantiques" c'est déjà très évocateur !
Les plages désertées et vidées de toutes traces humaines, reprennent leur forme originelle de genèse du monde , où l'Homme se croit seul sur terre et investi de vie éternelle...
Bon au delà du fait que je trouve ça un peu too much (forme originelle de genèse du monde...), tu as une coquille de virgule.
Il te faut enlever celle après "humaines", ce qui donne :
"Les plages désertées et vidées de toutes traces humaines reprennent leur forme originelle de genèse du monde, où l'Homme se croit seul sur terre et investi de vie éternelle..."
ou en mettre deux, ce qui donne :
"Les plages, désertées et vidées de toutes traces humaines, reprennent leur forme originelle de genèse du monde, où l'Homme se croit seul sur terre et investi de vie éternelle..."
Mais pas l'entre deux.
Après je me doute que c'est une faute de frappe ou autre, avec toutes les manipulations qu'on fait subir à un texte...
Au bar du Soleil, on range tables, chaises et parasols dans les coulisses d'un théâtre exsangue de vie et de mouvement.
Connaissais pas "exsangue". Rend très bien ici !
La promenade du Sillon a des airs fatigués de lendemain de fête, recouverte de plaques de cheveux d'algues aux formes négligées et au sens esthétique bafoué par la mer.
Les parasols des terrasses ont replié leurs corolles chamarrées dans un rôle purement figuratif. Droits comme des ifs, ils n'abritent plus l'insouciance des estivants en quête de fraîcheur sous l'arc généreux de leurs toits protecteurs.
Le ciel et la mer se confondent dans un magma de gris délavé, conférant au tableau le charme ineffable des peintures romantiques baignées d'ombre et de lumière diaphane.
Les bancs n'invitent plus les passants à s'asseoir aux premières loges d'un deuxième acte pourtant prometteur de scènes plus grandioses à l'approche de l'hiver.
Les plages désertées et vidées de toutes traces humaines, reprennent leur forme originelle de genèse du monde , où l'Homme se croit seul sur terre et investi de vie éternelle...
Au bar du Soleil, on range tables, chaises et parasols dans les coulisses d'un théâtre exsangue de vie et de mouvement.
Le gris a peint l'été d'une teinte uniforme et plate en le vidant de son relief pour préparer l'hiver...
Ce paragraphe pour moi est plus inspiré que le précédant, il est plus évocateur et je suis mieux rentré dedans. Peut-être aussi que c'est quelque chose qui me parle mieux.
J'ai quitté encore les lieux comme un nomade laissant à regret son campement.
Sans le "encore" la phrase serait tellement plus belle, mais je comprend qu'il soit difficile de s'en débarrasser.
Pousse-toi donc! J'avance encore!
Et petite répétition du coup, de "encore".
Hâte- toi et décampe! Je reviens.
Cent fois , j'ai dû plier bagages pour m'installer plus loin. Cent fois, elle m'a délogée de mon coin tranquille.
Recule encore ! J'arrive.
J'ai cédé, résignée. Elle, toujours grandissante, s'est avancée comme une pâte qui s'étale sur son tapis de sable frangé d'écume.
Arrière! J'ai besoin d'espace!
Comme moi, les estivants ont groupé leurs affaires, ont battu en retraite comme un peuple aux abois forcé de fuir dans le désert.
Disparais! Fais place nette!
J'ai quitté encore les lieux comme un nomade laissant à regret son campement.
Pousse-toi donc! J'avance encore!
Je me suis effacée, acculée contre les renforts de la digue mais elle a déployé insolemment ses bruissantes crinolines à deux mètres de moi.
J'ai grimpé les marches jusqu'en haut pour éviter le piège qu'elle m'a tendu.
Sous mes yeux, elle s'est imposée, souveraine. Elle a pris tout l'espace.
Je me suis inclinée. J'ai admis ma défaite.
Demain, je reviendrai...
Je t'avoue ne pas être très emballé par ce paragraphe, que je trouve ni fort, ni drôle, ni original.
Je crois avoir avec toi une sensibilité vraiment différente, au point de n'être pas vraiment réceptif à ton œuvre.
Je reconnaît ta grande maîtrise de la langue, ton vocabulaire (ni trop ni pas assez, bon équilibre), la musicalité de tes phrases (j'insiste là dessus), mais je n'arrive pas à entrer dans ton monde ; je crois qu'il n'y a rien à faire, c'est une histoire de caractère
Merci pour ce moment agréable et, il ne faut pas l'oublier, c'est même la caractéristique première, poétique !