Par où commencer pour parler de ce groupe étrange et unique, inclassable et pourtant si reconnaissable qu’est Primus ?
Décrire leur musique c’est un peu comme d’essayer de décrire un cartoon de Tex Avery… Possible mais le rendu ne serait pas à la hauteur. Alors comment faire ?
Dire que Les Claypool, bassiste-chanteur et fondateur du groupe (en 1984) a un jeu de basse particulier reconnaissable entre mille et une voix de canard tout aussi identifiable serait un début. Dire qu’il s’appuie sur des rythmiques à la fois répétitives et drôles dans leur expressivité sans être monotones peut aider. Je crois.
Il est épaulé par une batterie qui le soutien et lui répond et ceux quels que soient les batteurs qui se sont succédé (Jay Lane, Tim Alexander, Brain Mantia et puis de nouveau Jay Lane) avec toujours cet esprit décalé et loufoque tant dans les arrangements que dans les paroles. Mais tout cela serait oublier l’élément le plus fou, finalement, de ce groupe : Larry Lalonde, le guitariste. Parce que, il faut bien l’avouer, avec une telle base rythmique qui se suffirait presque à elle même, comment apporter une touche utile et intéressante sans se retrouver en quasi solo permanent ? Bah voilà, Larry surfe littéralement sur cette base, pondant des mélodies toutes plus inattendues les unes que les autres pour ajouter encore un brin de douce folie à cet ensemble.
Donc Primus c’est ça. Forcément à la lecture on ne peut imaginer le rendu car ce groupe en plus d’être déjanté, s’affranchit des codes habituels pour se les réapproprier. C’est un groupe de funk, de rock, de jazz, expérimental, fun à souhait qui a su, en plus, évoluer dans le temps pour mûrir son univers unique sur les dix albums que comporte sa discographie à ce jour.
Le premier album,
Suck on This est en fait un enregistrement live (deux concerts exactement) du début 89. On y retrouve de nombreux morceaux qui paraîtront sur leur second opus
Frizzle Fry, enregistré en studio, qui sort en 1990. En 1992, Primus sort l’excellent
Sailing the Seas of Cheese, disque autoproduit, qui se révèle l’une des plus grosse vente de rock alternatif de l’époque. L’année d’après ils s’amusent et sortent
Miscellaneous Debris, mini album ne comportant que des reprises (Peter Gabriel, Residents ou Pink Floyd). La même année (1993) débarque
Pork Soda peut-être un poil plus rentre dedans que le précédent et confirme la maîtrise des trois fous de la côte ouest. Deux ans plus tard arrive
Tales From the Punchbowl, album plus expérimental mais tout aussi barré. Pour anecdote c’est par cet album que je les ai découvert via un de mes profs du lycée. Ensuite, quelques problèmes internes amènent au départ de Tim Alexander, remplacé par Brain Mantia (qui a joué entre autre avec les Guns’n’Roses, Godflesh…) et son jeu plus que déstabilisant. Sort alors un album un peu à part dans leur discographie :
The Brown Album, qui est en effet plus acoustique avec un son très « roots » et pas ou peu de morceaux « bourrins ». Bref un album qui mérite parfois plusieurs écoutes avant d’en profiter pleinement. J’avoue avoir dû me « forcer » un peu au début puis un jour, il y a eu une espèce de déclic et depuis, je l’apprécie énormément. L’année suivante un second mini album de reprises débarque :
Rhinoplasty où Primus reprend The Police, Metallica ou Stanley Clarke. En 1999 sort
Antipop, qui pour le coup est beaucoup plus sauvage, limite metal, et où se sont croisés de nombreux intervenants tels que Tom Morello de Rage Against The Machine, Stewart Copeland de The Police ou encore Tom Waits soit en tant que musiciens invités soit en tant que producteurs des morceaux. Après ça, le groupe passe par une longue période d’incertitudes, départ de Brain Mantia, retour de Tim Alexander, mini album
Animals Should Not Try to Act Like People en 2003, tournée Hallucinogenetics en 2004 (DVD) départ de Tim Alexander et puis plus grand chose jusqu’à 2011 où sort
Green Naugahyde avec Jay Lane à la batterie. Ensuite, le combo se plonge dans une interprétation de
Charly and the Chocolate Factory avec le Fungi Ensemble (autre formation du sieur Claypool) en 2014 puis un autre ovni
The Desaturing Seven trois ans après.
Et si ce groupe vous plaît, vous pouvez prolonger le plaisir en allant jeter une oreille (ou les deux) sur les différents projets de Les Claypool, artiste foisonnant et pluriel, qui a entre autre collaboré avec Stewart Copeland (batteur de The Police) ou le fils de John Lennon ou encore avec ses autres formations comme Duo de Twang ou les Flying Frogs Brigade.
Et bien sûr, quelques liens pour vous rendre compte par vous-même de l'univers :
Album
Sailing the seas of CheeseJerry was a Racecar DriverAmerican Life (Live)Here it comes the BastardsFrizzle FryToo Many PuppiesPork SodaMy Name is MudMr KrinkleHamburger TrainTales From the PunchbowlWynona’s Big Brown BeaverSouthbound PachydermAntipopLaquer HeadGreen NaugahydeLee Van CliffTragedy's a coming