Après la première nuit
Elle s’est défaite
d’une de ses pétales
sur les draps :
un foulard
où se cherchent et s’entrelacent
une myriade de délices parfumés,
de vagues aux couleurs vives
dans lesquelles il s’abandonne.
Demeure-t-elle
toute entière
parmi les plis ondulants ?
Au cœur des flots, là où les arômes
ne font qu’un, là où son cou
se laissait frôler sans crainte,
persistent les vapeurs
de ses courbes voluptueuses,
fleuves infinis d’une nuit
qu’il survole en rêve.
Presser le tissu un peu plus fort
et percevoir
des notes d’amande, de myrtille, de jasmin.
S’imaginer la fragrance du creux de son ventre,
celle aussi
dont elle s’habille chaque matin.
A mesure qu’il approche de la rive,
l’odeur envoûtante se dissipe,
comme quand il parcourait
la chute allant
de sa nuque à
son épaule.
La soie dégouline dans sa paume
à la manière de ses mèches
sur l’oreiller ce matin,
avant qu'elle ne s’enfuît
en lui soufflant
un baiser dont
la saveur
est restée
en suspend.
Mieux vaut éviter d’y penser.
Mieux vaut rêvasser devant l’évidence :
il n'existe que son foulard,
ombre de sa chevelure,
seul souvenir de son corps.