J'ai découvert André Doms au hasard de mes explorations dans une librairie parisienne il y a quelques années. Après la lecture de quelques lignes, je tombe sous le charme de ce poète d'une simplicité touchante et d'une spontanéité parfois surprenante.
Sérénade est un recueil publié en 2013 aux éditions L'herbe qui tremble, illustré par Irène Philips.
J'y trouve un quelque chose de très sensible et parfois d'une brutalité au plus proche du sentiment sauvage. Je dirais que c'est pour moi un héritier de Lautréamont ou de Ponge dans le sens d'une poésie en prose qui élève à la conscience des sujets à la réalité primaire et à la beauté frappante.
Le dix-septième poème du premier mouvement « Ur » de son recueil
Sérénade :
- « Vain. Le déluge. Ne dire qu'au bas mot, au ras des sables, en tout seuil où s'aiguise la vie. J'esquive temples, maîtres et mages empilés en ruine impérissable. J'enseigne aussi aux aveugles la fragilité des images. Pas d'éclats. Tête de sape, je dérègle, fourvoie, pousse l'ordre à bout de soi. Suffit que je presse l'argile. »
Certains poèmes ont un air de tourmente ou de recherche inquiète, c'est un cheminement rythmé et haletant, qui invite pourtant au regard sur soi et stimule l'imagination.
André Doms est né à Bruxelles, où il poursuit des études jusqu'à la licence en philologie romane et enseigne de 1954 à 1982.
Assez simple, finalement, mais une découverte dont je garde un très heureux sentiment.
Le deuxième poème du troisième mouvement « Fétiches » de son recueil
Sérénade :
- « L'aveugle tâte sa cécité. C'est l'être qui fuit, en soi, sa vraie question. Ne rien escompter de l'ineffable, processions d'absents ni répons de hauts silencieux. L'aveugle marche, l'espace tourne en rond. D'autant qu'il avance, il n'arpente que des pierres, pas l'infini du désert, il palpe une instance, jamais l'éternel. Parmi son jeu des machines, bégayant, le verbe signifie son exil du jardin d'ici. »