[Alan Tréard]

Bonjour tout le monde,

J'ai eu l'occasion d'avoir cette discussion sur certains fils récemment et j'en profite pour synthétiser la question sur ce sujet.

Peut-être certains d'entre vous connaissent le fameux dicton : « Il faut souffrir pour être belle. »

Oui mais voilà, en littérature aussi on peut se poser des questions sur la beauté d'une tournure ou la facilité de compréhension à la lecture. Bien souvent, il faut choisir entre de savantes combinaisons ou des mots simples et compréhensibles.

La question est pourtant simple : Êtes-vous du genre à privilégier de belles trouvailles pleines de finesse ou des écrits simples d'accès pour un meilleur confort de lecture ?

Il est vrai que certaines beautés ne sont pas toujours accessibles au commun des mortels, et il peut arriver que l'on remplace une phrase élégamment tournée par une phrase plus facile à comprendre, qui ne croche pas à la lecture. On peut tout à fait chercher à ce que la narration soit compréhensible en employant des phrases de tous les jours, d'éviter une trop grande sophistication de l'écrit.

Le confort de lecture peut permettre éventuellement de lire plus vite ou de mieux se repérer dans le fil de la narration, tandis qu'une belle tournure peut demander quelques efforts de compréhension (peut paraître opaque à la lecture).

Et vous ? Plutôt confort ou plutôt beauté ?

[Ari]

Coucou

J'ai l'impression que tu imagines un seul axe avec d'un côté la compréhension / la simplicité et de l'autre la beauté / la complexité.
Je ne pense pas qu'il y ait nécessairement besoin de faire dans les tournures tordues pour qu'un texte soit beau. Et personnellement ça me touche bien plus quand des phrases simples sont belles à mes yeux, du coup c'est plutôt ça mon idéal
La beauté pour moi n'est pas que dans l'originalité ou la complexité de la phrase mais plutôt dans la façon dont sonnent les mots ou comment je me représente les images décrites ou quelles émotions cela provoque chez moi.

Voilà pour mon avis  du coup je ne vote pas !

[Alan Tréard]

  Ah ! Ce qui est rare est cher, ma chère Ariane. J'ai ajouté une case « ne se prononce pas » car la neutralité n'est qu'une invitation plus tard à prendre position dans le débat (tu pourras changer ton vote).

Et si un jour quelqu'un te dit : « C'est beau mais j'ai pas tout compris... » ou bien « Je vois de quoi tu parles mais ça manque de profondeur ! » alors tu penseras à moi.

[extasy]

Je veux être simple mais c'est difficile, à un moment ou un autre je me perds dans le beau. Donc concrètement je me sens plus proche du ok pour le confort mais la beauté passe avant, mais j'aspire à être simple, alors je ne peux que voter pour la beauté c'est oké mais le confort c'est trop fort.

Evidemment il y aurait moyen de débattre de l'intérêt ( ) d'un tel séparatisme dualiste conformiste iste iste iste, et effectivement un peu comme Ariane je ne suis pas sûr que ces deux notions de confort et de beauté existent (autre part que dans nos têtes), mais malgré mes doutes j'ai été capable de formuler une réponse après une brève et honnête autoanalyse, et quelques rajustements (au départ j'allais te proposer Alan ma propre version de tes questions mais j'ai fini par laisser tomber l'idée).

L'idée quand une question est posée c'est aussi de jouer le jeu et de répondre, en essayant de ne pas retourner la question selon ses propres valeurs et de répondre ensuite, non ? C'est plus intéressant je trouve.

Je dis ça parce que les commentaires (gentils hein, ce n'est pas la question) ne me donnent pas l'impression d'être très compréhensifs.

[Kailiana]

Je rejoins complètement Ariane : pour moi les deux sont essentiels, et ne sont pas opposés. Je ne choisis pas l'un au dépend de l'autre, et ce n'est pas non plus que je ne me prononce pas : les deux sont importants (et, mais c'est un avis plus personnel, vont ensembles selon moi), et si c'est beau mais pas compréhensible, ou compréhensible mais pas beau, ben, ça veut juste dire qu'il faut encore travailler.

[Aube]

Exactement, pourquoi opposer deux choses qui marchent si bien ensemble (sur un chemin, au coucher du jour, main dans la main, amoureuses) ? Pourquoi ne pas aimer leur union et les deux parties de leur union, lorsque elles courent le monde chacun de leur côté, pour mieux se retrouver et savourer l'accord parfait de leurs chairs littéraires ?

Pourquoi diviser là où l'harmonie règne déjà ?

Pourquoi le vide qui nous sépare grandit-il à chacun de ces sondages ?

 

[Ari]

Je rejoins complètement Ariane : pour moi les deux sont essentiels, et ne sont pas opposés. Je ne choisis pas l'un au dépend de l'autre, et ce n'est pas non plus que je ne me prononce pas : les deux sont importants (et, mais c'est un avis plus personnel, vont ensembles selon moi), et si c'est beau mais pas compréhensible, ou compréhensible mais pas beau, ben, ça veut juste dire qu'il faut encore travailler.

Merci Kailiana ; de fait ma façon de répondre n'était pas une façon de ne pas me prononcer ni de botter en touche, c'est vraiment que pour moi simplicité et beauté s'allient au lieu de s'opposer.

[vinzWallbreaker]

Dans mon cas je vise la compréhension... Maintenant si cela peut se faire avec de belles phrases, je suis pour. Mais faire des jolies tournures pour des jolies tournure, c'est comme les solos de guitares : Je suis plus Gilmour que Malmsteem... Pour ceux qui connaissent.

[Alan Tréard]

  Dieu ! Que ce sondage est laid...

Alors, en ce qui me concerne, je ne souhaite pas parler d'un seul indice pour « analyser une oeuvre », cependant je dois remarquer qu'il n'y a pas de musique classique sans complexité, et qu'il n'y a pas de reportage sans laideur. Dans un cas ce serait montrer tout y compris le plus laid, le faire compréhensible par tous (exemple : un reportage photos sur une affreuse guerre). Dans un autre cas la complexité de la composition musicale aurait lien avec la sophistication des sens (art/artisanat).

Je crois que même si je ne pourrais pas atteindre la perfection avec un débat d'opinion, il est malgré tout intéressant de connaître les nuances de l'écriture entre savoirs et arts.

En ce qui me concerne, je serais plutôt du genre à privilégier la beauté mais à garder une part importante pour la compréhension afin de ne pas non plus trop me sophistiquer dans une évanescence marquée.

Donc j'ai le sentiment de partir d'une idée qui me semble parfaitement belle pour aller essayer de la rendre compréhensible tout en gardant une part de sa beauté (je ne voudrais pas privilégier la compréhension de mon idéal sur sa beauté, je préfère encourager la lectrice ou le lecteur à sortir de son confort premier pour contempler la beauté que je veux lui transmettre).

[Xavier]

J'aime bien écrire des phrases que je trouve bien tourné, stylisé, mais souvent après en relecture, avec une larme à l'oeil, je suis les conseils anglos-saxons du "murder your darlings".