72h
Irréelles je ne comprends pas
Les tressaillements de ma chair, la lame d’acier indéboulonnable qui recouvre mon corps, les colonies de fourmis qui marathonnent sous ma peau, les questions lancinantes, l’attente pleine de promesses : j’ai quinze ans mais beaucoup plus.
Pleine de gratitude, j’observe avec délectation, pleinement présente pour accueillir dans mon corps et mon cœur les secousses de ce qui se joue.
J’ai retrouvé ma plume, je profite du moindre espace qui se libère, j’écris, je verse et déverse.
Je m’enivre à relire sans cesse les mots échappés du petit matin, de la journée, de la soirée d’après.
Ils sont là et me rassurent, me ravissent : comme un témoin inconnu à qui l’on confie dans un moment de fulgurance l’essence d’une vie.
Un instant j’ai voulu les partager avec toi : ils t’appartiennent en quelque sorte, ils sont de toi : tu en es à l’origine. Mais il faudra encore quelque temps, de nombreux moments, une confiance aveugle ne se tisse pas sans délai...
Où s’arrête l’intimité ? À quel moment de nourricière devient-elle destructrice d’une relation, et de la nôtre à l’équation aux multiples inconnues.
Qu’est ce qui forme la parenthèse qui relie nos évidences ? Est-ce le don ou bien le désir qui sous-tend la question ?
Je vole ces instants et me précipite avec confiance pour te les livrer, enfin je rêve, un jour, de te les faire partager : comme dans un songe éveillé j’ai laissé s’épancher ma liberté d’imaginer, de construire une nouvelle réalité : de sentiments bien présents, de sensations si fortes j’ai écrit une histoire : sans doute celle que tu te racontes est-elle un peu différente ? Toi si délicat dans ton questionnement, qu’en est-il de ta façon de faire vivre nos souvenirs ?