Norvégien, poète et romancier, l'auteur nous conte le récit troublant d'un homme perçu comme étant simple d'esprit. L'homme vit au crochet de sa sœur dans une petite maison au fond d'un bois. Il entretient une relation étonnante à la nature dans laquelle il puise des mots, des dires, des signes et des conseils. Son imaginaire l'emporte sur sa raison et pour cela, la communauté humaine le méprise, se rit de lui. Il craint l'orage et bénit les oiseaux. Il ne sait pas faire grand chose d'autre que de ramer, mais comme il le fait bien, mieux que quinconce, cela lui importe peu. Puis vient ce jour où un homme les rejoint et perturbe son quotidien...
J'avais lu certains poèmes, j'ai fondu dans ce roman à la beauté trouble parce que touchant du doigt le caractère jugé débile. L'être considéré comme simple est porteur d'une poétique singulière, d'un rapport au monde autre. Les mots lui donnent des frissons heureux, tout comme le duvet doux de la mousse sur laquelle il se repose. Il ne distingue pas les sensations corporelles du langage verbal. Et tandis que la communauté humaine s'affaire, il demeure ébahi de vie. Parfois, pourtant, la violence s'empare de lui, car il sent que certaines vérités humaines lui échappent. Des colères le prennent, on lui fait trop peser sa différence, on dénigre tant sa vérité à lui, celle qu'il puise dans les envolées des bécasses.