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Auteur Sujet: Molloy (Samuel Beckett)  (Lu 6994 fois)

Hors ligne Aléa

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Molloy (Samuel Beckett)
« le: 06 octobre 2018 à 03:12:21 »
Je viens de lire Molloy

Conseillé par plusieurs mdéiens


Bon


C'était sympa, mais j'ai pas tellement aimé, au final.



Y'a plein plein de choses, et je comprends que la bicyclette de Molloy devienne mythique

Le genre de livre avec les trentes pages d'acclimatation de début, normal, ensuite, on est dedans c'est lancé

Y'a plein de réflexions pertinentes, croustillantes, intéressantes, des sauts carpés d'écriture admirables ; les deux parties qui se font écho dans le récit, le flot de pensée ininterrompu, l'impossibilité de se raccrocher véritablement à un personnage avec cette limite de l'être narratif

mais,
je sais pas

Peut-être parce que j'ai lu Le bruit et la fureur de Faulkner y'a pas si longtemps (et pourtant, traduction), où il y a déjà un peu ce flot narratif de pensées qui embrouille parfois, même si là on rentre plus au coeur des réflexions vu que les persos font un retour sur la chose
bref,
ca m'a moins accroché, transpercé, emporté

l'auteur fait des remarques au sein même de son écriture sur la phrase qu'il vient d'écrire, un laisser-aller réfléchi





Bref, c'était surtout pour ouvrir un sujet dessus et savoir un peu ce qui vous a accroché vous : ?
Le style c'est comme le dribble. Quand je regarde Léo Messi, j'apprends à écrire.
- Alain Damasio

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Re : Molloy (Samuel Beckett)
« Réponse #1 le: 06 octobre 2018 à 10:16:00 »
Je peux pas en dire grand chose de précis parce que, même si je l'ai lu il y a un an, mon souvenir n'est pas très net. Mais dans l'ensemble, j'en garde une impression de bien écrit, bien pensé mais avec des longueurs souvent disproportionnées par rapport au propos et aux moyens.
Je me souviens surtout de m'être dit "je préfère son théâtre quand même".

Hors ligne ZagZag

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Re : Molloy (Samuel Beckett)
« Réponse #2 le: 06 octobre 2018 à 14:47:47 »
Je l'ai lu aussi il n'y a pas longtemps, du coup.

Je sais pas si j'ai vraiment "aimé" non plus, mais en fait sais pas si c'est un roman que l'on peut "aimer". Enfin c'est un bouquin qui marque, en tout cas. La façon qu'a Beckett nous fait rentrer dans sa tête est assez impressionnante, avec cette manière qu'a Molloy de raconter sa vie, un peu à l'extérieur de tout, acceptant les événements et ses envies comme si elles n'étaient pas tout à fait les siennes, c'en est écrasant de fatalité. Ses jambes se raidissent, il fait avec, ses doigts tombent, il ne se souvient plus du pied auquel s'est arrivé. Et pourtant, il vit tout de même tout ce qui lui arrive au premier plan, guidé par cette obsession d'aller chez sa mère (où le récit commence : "Je suis dans la chambre de ma mère"). La mise en relation entre Molloy et Moran, les deux côtés d'une même pièce, donne vraiment une profondeur supplémentaires au deux récits. Le choix de placer Moran après Molloy est aussi assez surprenant, mais transforme la quête de Molloy par Moran en une vrai quête de lui même. Et ils finissent par se confondre, l'un étant la continuation de l'autre.
L'écriture de Beckett rend tout ça très bien, comme tu dis Ben.G, et y a vraiment des fulgurances parfois, avec toujours ce flot quasi-ininterrompu qui se contredit, revient en arrière, saute dans le futur, constamment.
Citer
l'auteur fait des remarques au sein même de son écriture sur la phrase qu'il vient d'écrire, un laisser-aller réfléchi
Et justement, je ne trouve pas que cela rende le laisser-aller réfléchi, au contraire, ça confond plus encore Beckett et ses personnages, laissant Molloy aux commandes de son oeuvre.
aucun : les artichauts n'ont aucun rapport avec le Père Noël. Ce ne sont pas des cadeaux et on ne peut pas faire de Père Noël en artichaut.

Hors ligne Meilhac

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Re : Re : Molloy (Samuel Beckett)
« Réponse #3 le: 06 octobre 2018 à 17:24:17 »
sais pas si c'est un roman que l'on peut "aimer".
:D faut croire que si, moi c'est mon livre préféré après proust

un des seuls défauts de ce chef d'oeuvre je trouve d'ailleurs c'est effectivement qu'il y a trop de remarques réflexives sur ce que le personnage a dit

pas le temps tout de suite mais je repasserai :--)

mais je trouve ce bouquin à la fois hilarant et bouleversant, on est tout près de l'os quoi, c'est un livre majuscule sur la condition humaine, le fait de devoir se démerder, tout seul, pendant notre passage sur terre, et ce qui va avec bref là pas le temps mais je repasserai !

(en tout cas molloy est de loin le meilleur livre de beckett à mon avis, les autres, même les meilleurs des autres, sont un peu moins élégants/puissants)

Hors ligne Gros Lo

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Re : Molloy (Samuel Beckett)
« Réponse #4 le: 15 octobre 2018 à 13:23:38 »
Molloy :coeur:

je suis triste de ne pas l'avoir à portée de main, parce que j'aurais préféré balancer une ou deux phrases qui me dynamitent plutôt que mon avis planplan. C'est un livre que j'apprécie davantage pour sa manière de dire les choses que pour sa structure, ça ne m'a jamais beaucoup intéressé de savoir qui était Moran par rapport à Molloy, par contre il y a une sorte d'hypnose qui se dégage du style (un peu comme quand je lis Enig Marcheur, Céline, Proust) et qui me fait lire deux pages avant de reposer le bouquin, nourri.
Dans son travail du langage je trouve ce livre d'une acuité, d'une hypersensibilité et d'une réflexion générale sur l'impossibilité de communiquer qui me parle et me bouleverse un peu aussi. Les phrases auxquelles il aboutit me fascinent.

Quand j'aurai le livre sous la main, je recopierai quelques phrases (:

Il fait vraiment partie du tout petit bouquet de livres que je ne conçois pas de ne pas relire de temps en temps (pas nécessairement de bout en bout, juste pour y revenir). (Cela dit, c'est valable pour l'oeuvre de Beckett en général plus que pour Molloy en particulier.)
« Modifié: 15 octobre 2018 à 13:26:08 par Lo »
dont be fooled by the gros that I got ~ Im still Im still lolo from the block (j Lo)


Hors ligne Mandragore21

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Re : Molloy (Samuel Beckett)
« Réponse #6 le: 01 novembre 2018 à 00:15:17 »
Superbe livre !!! :)
Jeune auteur, cherchant des conseils sur sa nouvelle "en mal de données ", avis aux amateurs de gothiques pour retrouver mon texte sur amazon pour le critiquer :)!

Hors ligne Meilhac

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Re : Molloy (Samuel Beckett)
« Réponse #7 le: 01 novembre 2018 à 18:28:44 »
je viens d'apprendre (en écoutant une émission de france cul où pascale casanova parle de son livre "beckett, l'abstracteur") que beckett n'aimait pas ses pièces de théâtre, était vénère qu'on le kiffe juste pour en attendant godot, et qu'il préférait mille fois ce qu'il appelait ses "proses", et notamment molloy! ça m'a fait hyper plais' :)! (vu que moi avant que le camarade Lo me parle des romans de beckett, je n'en connaissais que les pièces et du coup croyais ne pas trop aimer beckett :--))

Hors ligne Marcel Dorcel

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Re : Re : Re : Molloy (Samuel Beckett)
« Réponse #8 le: 01 juin 2019 à 17:41:08 »
sais pas si c'est un roman que l'on peut "aimer".
:D faut croire que si, moi c'est mon livre préféré après proust

un des seuls défauts de ce chef d'oeuvre je trouve d'ailleurs c'est effectivement qu'il y a trop de remarques réflexives sur ce que le personnage a dit

pas le temps tout de suite mais je repasserai :--)

C'est marrant ça !  l'affinité entre Proust et BECKETT. S'il y a bien un univers dans lequel je ne parviens pas à entrer c'est celui de Proust.

mais je trouve ce bouquin à la fois hilarant et bouleversant, on est tout près de l'os quoi, c'est un livre majuscule sur la condition humaine, le fait de devoir se démerder, tout seul, pendant notre passage sur terre, et ce qui va avec bref là pas le temps mais je repasserai !

(en tout cas molloy est de loin le meilleur livre de beckett à mon avis, les autres, même les meilleurs des autres, sont un peu moins élégants/puissants)
C'est marrant ça !  l'affinité entre Proust et BECKETT. S'il y a bien un univers dans lequel je ne parviens pas à entrer c'est celui de Proust.  Alors que Molloy, lu il y a de nombreuses années, je suis entré dedans comme chez moi, c'est un chef-d'oeuvre du langage, il est inépuisable  et indispensable.
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Hors ligne Meilhac

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Re : Re : Re : Re : Molloy (Samuel Beckett)
« Réponse #9 le: 25 juin 2019 à 17:20:08 »
sais pas si c'est un roman que l'on peut "aimer".
:D faut croire que si, moi c'est mon livre préféré après proust

un des seuls défauts de ce chef d'oeuvre je trouve d'ailleurs c'est effectivement qu'il y a trop de remarques réflexives sur ce que le personnage a dit

pas le temps tout de suite mais je repasserai :--)

C'est marrant ça !  l'affinité entre Proust et BECKETT. S'il y a bien un univers dans lequel je ne parviens pas à entrer c'est celui de Proust.

mais je trouve ce bouquin à la fois hilarant et bouleversant, on est tout près de l'os quoi, c'est un livre majuscule sur la condition humaine, le fait de devoir se démerder, tout seul, pendant notre passage sur terre, et ce qui va avec bref là pas le temps mais je repasserai !

(en tout cas molloy est de loin le meilleur livre de beckett à mon avis, les autres, même les meilleurs des autres, sont un peu moins élégants/puissants)
C'est marrant ça !  l'affinité entre Proust et BECKETT. S'il y a bien un univers dans lequel je ne parviens pas à entrer c'est celui de Proust.  Alors que Molloy, lu il y a de nombreuses années, je suis entré dedans comme chez moi, c'est un chef-d'oeuvre du langage, il est inépuisable  et indispensable.

yep,  bah y a toutes les combinaisons :--)

Proust adorait Dickens :--)

et Beckett, comme tu sais probablement Marcel était ultra fan de Proust, (son texte critique le plus important porte sur Proust, et s'appelle "Proust", éd. de Minuit. et il utilise un adjectif hyper pertinent à propos du style de Proust : "lapidaire". un gars qui a compris que le style de Proust est lapidaire est forcément assez puissant.

by the way y a de loin en loin dans Beckett des allusions à Proust (notamment à la comtesse Caca - le seul passage scato dans tout Proust, que Beckett, qui lui était autrement + porté sur la scatologie, avait forcément lu avec intérêt :--) :--))

Hors ligne Safrande

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Re : Molloy (Samuel Beckett)
« Réponse #10 le: 29 avril 2020 à 00:15:10 »
Je l'ai fini il y a pas si longtemps, et, certes, c'est déprimant, mais Beckett est de loin le l'auteur qui m'a fait le plus rire. Je trouve que ça n'a pas été assez dit, ou peut-être qu'il n'y a que moi que ça fait rire ; ce livre est une énorme blague. J'ai eu des fous rires moi ! Cette nonchalance, les contacts tous plus absurdes les uns que les autres entre les personnages (je pense notamment à Molloy avec le flic, avec sa mère (invraisemblable, à ce moment on se demande dans quel monde on est xD), ou encore Moran avec son fils, ou
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Les cailloux de Molloy aussi, deux pages sur des cailloux, un résonnement en dehors de toute logique ! On se demande où il va chercher ça.

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bien pensé mais avec des longueurs souvent disproportionnées par rapport au propos et aux moyens.
C'est justement le cœur du roman. Beckett disait qu'on a rien à dire, mais qu'on ne cesse de dire quelque chose pour ne pas tomber dans le néant (je sais plus où j'ai lu ça), et je trouve que ça résume bien ce roman. Quand on le prend selon cette perspective, on comprend beaucoup mieux pourquoi il peut faire un paragraphe entier sur la ficelle que Moran a accroché sur son chapeau pour évité qu'il ne s’envole, ou sur la danse de ses abeilles, en expédiant les choses plus importantes, c'est à dire, par exemple,
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Une tentative de dire tout et n'importe quoi, pour ne pas sombrer dans l'oubli.

Citer
C'est un livre que j'apprécie davantage pour sa manière de dire les choses que pour sa structure, ça ne m'a jamais beaucoup intéressé de savoir qui était Moran par rapport à Molloy, par contre il y a une sorte d'hypnose qui se dégage du style (un peu comme quand je lis Enig Marcheur, Céline, Proust) et qui me fait lire deux pages avant de reposer le bouquin, nourri.
Sur ce point je te rejoins Lo, je n'ai jamais vraiment cherché à comprendre le pourquoi du comment, d’ailleurs je pense que c'est assez vain, ce roman c'est le vide, mais écrit avec un humour désabusé délicieux, dégelasse aussi, qui n'hésite pas à aller littéralement jusque dans la merde ^^
Le style est minimaliste, d'une grande précision, avec des "Oh" que j'aime beaucoup, on dirait un petit vieux qui nous raconte son histoire : mais quel vieux ! Personnellement, je trouve que ça manque de musicalité par moment, des petits trucs pas très jolis par ci par là. Mais je crois bien que Beckett n'était pas là pour faire de la musique ! Comme tu dis Lo c'est hypnotisant. Par contre à l’inverse de toi je trouve que ça se lit très bien pendant longtemps, parce qu'on dirait qui parle, et le vocabulaire n'est pas ardu comme celui de Proust par exemple.
Un petit extrait pour finir, pour prouver que Beckett est foutrement drôle :

!Attention, contenu sexuel explicite!
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« Modifié: 29 avril 2020 à 00:50:29 par Safrande »
Il regardait le verre non à sa portée d'une façon de reproche.

Hors ligne Meilhac

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Re : Re : Molloy (Samuel Beckett)
« Réponse #11 le: 01 mai 2020 à 20:09:21 »
c'est déprimant,

meuh non  :) :--)

enfin moi ça m'a pas du tout, mais alors pas du tout déprimé, ce livre sublimissime

et ça ne me déprime pas quand j'en relis des bouts - c'est à dire à peu près tous les trois -quatre jours depuis des années

un auteur qui parle aussi génialement de la condition humaine mio ça m'a bouleversé, ému aux larmes , et fait éclater de rire, mais pas du tout déprimer

ce qui me déprime c'est les mauvais livres, perso  :mrgreen:

le meilleur livre de beckett, je trouve, molloy  :)
 
et tout à fait d'accord avec vous :perso j'en rien à foutre de la structure globale du livre (et je ne veux rien savoir sur ce sujet (je n'ai jamais lu la quatrième de couv', et je ne la lirai jamais)

ouais beckett forever  :coeur:

si jamais vous êtes déprimé : ce livre soulage et ce livre console

ce livre est beau, et il est même utile.

ce livre est précieux.

bisouuuuu samuel  :coeur:

 


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