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Auteur Sujet: La désobéissance (Alberto Moravia)  (Lu 1696 fois)

Erlebnis

  • Invité
La désobéissance (Alberto Moravia)
« le: 10 octobre 2018 à 10:04:55 »
Italien, l'auteur est célèbre pour les adaptations cinématographiques dont ses œuvres ont bénéficié ("Le Mépris" et "Le Conformiste" par exemple). "La désobéissance" c'est le passage tumultueux d'un garçon qui devient homme, au prix d'un long et terrible processus d'auto-destruction. Garçon respectueux, docile et brillant, son regard se ternit, de la bile lui monte à la bouche et il est pris de nausées. Peu à peu, ce qui lui apportait de la joie s'affadit et s'installe en lui, démesurée, de la haine. La haine le protège d'aimer plus, d'aimer encore, quand tout ce qui le comblait n'est plus, quand sa vie ne fait plus sens. Pour se défendre de cette sensation nauséeuse d'être aspiré par le vide, il rejette avec une froide violence, tout ce qui, jusqu'ici, l'avait humanisé. Il désobéit, brutalement et radicalement à tout et à tous. Il désobéit d'être au monde.

J'ai lu peu de textes qui dépeignent avec autant de précision et de finesse le désir de mort, d'anéantissement de soi, sans affliction mais avec justesse. "[...] l'idée d'un jeu lui vint ; d'un jeu qui était comme une symphonie qui aurait sa fin en soi, son rythme propre, son architecture propre, sa signification propre. La désobéissance était le thème de cette symphonie et tous les actes, toujours plus engageants, qu'elle entraînait, en étaient les variations. [...] Il pensa que dorénavant il allait faire la chasse à toutes les choses qui le rattachaient à cette vie pour laquelle il ressentait un aussi tranquille et aussi complet dégoût. Lui apparaissant comme ce que c'était en réalité, comme une sorte de suicide, tout cela l'eût peut-être effrayé. Mais, revêtu des attributs familiers et inoffensifs du jeu, cela l'alléchait et lui plaisait."

Hors ligne Meilhac

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Re : La désobéissance (Alberto Moravia)
« Réponse #1 le: 10 octobre 2018 à 21:18:24 »
Italien, l'auteur est célèbre pour les adaptations cinématographiques dont ses œuvres ont bénéficié ("Le Mépris" et "Le Conformiste" par exemple). "La désobéissance" c'est le passage tumultueux d'un garçon qui devient homme, au prix d'un long et terrible processus d'auto-destruction. Garçon respectueux, docile et brillant, son regard se ternit, de la bile lui monte à la bouche et il est pris de nausées. Peu à peu, ce qui lui apportait de la joie s'affadit et s'installe en lui, démesurée, de la haine. La haine le protège d'aimer plus, d'aimer encore, quand tout ce qui le comblait n'est plus, quand sa vie ne fait plus sens. Pour se défendre de cette sensation nauséeuse d'être aspiré par le vide, il rejette avec une froide violence, tout ce qui, jusqu'ici, l'avait humanisé. Il désobéit, brutalement et radicalement à tout et à tous. Il désobéit d'être au monde.

J'ai lu peu de textes qui dépeignent avec autant de précision et de finesse le désir de mort, d'anéantissement de soi, sans affliction mais avec justesse. "[...] l'idée d'un jeu lui vint ; d'un jeu qui était comme une symphonie qui aurait sa fin en soi, son rythme propre, son architecture propre, sa signification propre. La désobéissance était le thème de cette symphonie et tous les actes, toujours plus engageants, qu'elle entraînait, en étaient les variations. [...] Il pensa que dorénavant il allait faire la chasse à toutes les choses qui le rattachaient à cette vie pour laquelle il ressentait un aussi tranquille et aussi complet dégoût. Lui apparaissant comme ce que c'était en réalité, comme une sorte de suicide, tout cela l'eût peut-être effrayé. Mais, revêtu des attributs familiers et inoffensifs du jeu, cela l'alléchait et lui plaisait."

Ah je plussoie
merci Erlebnis de me refaire penser à ce bouquin !! :)
moravia, mon rital préféré ! (avec peut-être buzzatti, puissant aussi)

Erlebnis

  • Invité
Re : La désobéissance (Alberto Moravia)
« Réponse #2 le: 11 octobre 2018 à 10:00:08 »
Oh oui ! Buzzatti, tout à fait d'accord... longtemps que pas lu pourtant.
Je me souviens d'une nouvelle fantastique sur la régulation démographique. L'entité de la Mort avait décidé d'instaurer la règle que le plus riche des hommes serait tué à minuit. Quand les hommes comprirent que l'argent les perdait, ils se mirent à dilapider leur fortune, à les offrir à qui en voulait, mais personne bien sûr n'en voulait plus. Désorganisation totale du monde, comme c'était bien pensé.

 


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