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Auteur Sujet: L'Amérique – Chroniques (Joan Didion)  (Lu 1668 fois)

Hors ligne Champdefaye

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L'Amérique – Chroniques (Joan Didion)
« le: 14 mai 2018 à 07:21:53 »
Critique aisée n°123

L'Amérique – Chroniques
Joan Didion

Très étonnant petit livre que ce recueil de chroniques sur l'Amérique de Joan Didion. Je n'en ai lu que les cent premières pages, mais cela m'a suffi pour oser l'abandonner en chemin.
Je ne me permettrai pas de juger cette romancière reconnue sur ce seul petit opuscule, mais je me permets de juger ces chroniques sur leurs cents premières pages, parce qu'après tout, ici, c'est chez moi.

Bien sûr, dans ces pages, on trouve quelques fulgurances de phrases hachées, courtes, pointues dans des descriptions implicites pour initiés de situations de l'Amérique hippie de cette époque. Mais, finalement, c'est assez désespérant. Désespérant sur deux plans, celui de la société décrite et celui de l'écrivain.

Désespérante, la société décrite, l'Hollywood et le San Francisco des années 60 et 70, est entièrement refermée sur elle-même, persuadée qu'elle est à elle seule l'incarnation d'une Amérique qui évolue vers une autre conception de la vie, une conception molle et communautaire de la recherche du bonheur, du plaisir de planer le mieux et le plus loin possible, avec une forte tendance à justifier par une philosophie obscure un avachissement qui pourrait bien n'être dû qu'à l'usage des stupéfiants et au refus des contraintes.

Désespérant, l'écrivain, qui sans être totalement impliquée dans ce microcosme, le prend quand même pour le cosmos tout entier, et le décrit platement, reproduisant, probablement avec admiration, les propos futiles de Jim Morrison ou de Janis Joplin. En voici un exemple, parmi les plus légers : la scène se passe en 1967 dans une communauté du quartier de Haight à San Francisco. À cette époque, Joan Didion a 34 ans.

"Michaël, le petit garçon de trois ans de Sue Ann, a déclenché un incendie ce matin alors que personne n'était encore levé, mais Don a réussi à l'éteindre avant qu'il ait fait trop de dégâts. Michaël s'est tout de même brulé le bras, ce qui explique pourquoi Sue Ann s'est tellement énervée quand elle l'a surpris à mâchouiller un câble électrique. "Tu vas griller comme une sardine", a-t-elle hurlé. Les seules personnes présentes étaient Don, l'une des amies macrobiotiques de Sue Ann, et quelqu'un qui allait bientôt rejoindre une communauté dans les Santa Lucias, et aucun d'entre eux n'a vu Sue Ann hurler après Michaël parce qu'ils étaient dans la cuisine en train d'essayer de récupérer du très bon hasch marocain qui était tombé sous une latte du plancher abimée dans l'incendie.
"

Désespérant, non ?


Hors ligne Alan Tréard

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Re : L'Amérique – Chroniques (Joan Didion)
« Réponse #1 le: 14 mai 2018 à 13:55:26 »
:D

Champdefaye, ou « Comment détester l'Amérique en trois leçons » ...

J'aimerais connaître ton avis sur On the Road de Jack Kerouac, car ce livre me paraît être une clé pour comprendre la portée culturelle du psychédélisme qui s'en est suivi aux États-Unis. Les porteurs de ces mouvements culturels étaient cultivés et curieux et je suis mal à l'aise de me dire que si peu d'éléments te permettent de porter un regard aussi critique sur une culture toute entière.

Je n'ai pas lu Joan Didion, mais...

Sais-tu au moins de quoi tu parles ?
« Modifié: 14 mai 2018 à 14:28:29 par Alan Tréard »
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Hors ligne Champdefaye

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Re : L'Amérique – Chroniques (Joan Didion)
« Réponse #2 le: 14 mai 2018 à 17:46:01 »
Bonjour cher Alan
Ça se confirme presque à chaque fois que je lis un de tes commentaires, qu'il concerne un de mes textes ou celui d'un autre. Deux cas peuvent se présenter, alternativement ou simultanément :
1-ou bien, j'ai du mal à comprendre ce que tu dis
2-ou bien, tu as une interprétation de ce que tu commentes bien différente de la mienne

Pour les textes qui me concernent, tes deux derniers commentaires sont relatifs à deux de mes critiques de livres : Livret de famille de Modiano et L'Amérique de Joan Didion.

1-J'ai du mal à comprendre...
Je n'ai pas répondu à ton commentaire sur ma critique de Livret de Famille, car en fait je ne l'ai pas compris. Mon intention était de rendre compte du style (très épuré) et de la technique (plutôt répétitive) de Modiano, et pas de porter un regard sur la fiction en général ou un regard général sur la fiction, ni de prendre parti dans le roman entre la fiction pure et le récit, ni de poser le doigt sur quoi que ce soit d'autre que ce roman-là de Modiano.

2-Tu as une interprétation bien différente de la mienne...
Tu commences ton commentaire sur ma critique de Didion comme cela :
Citer
"Champdefaye, ou « Comment détester l'Amérique en trois leçons »" .
Ce jugement de ma relation avec l'Amérique, que tu tires de la critique d'un livre que j'ai trouvé vraiment vain et léger pour un auteur renommé, ne peut être plus loin de la réalité. Je connais les USA depuis la fin de mon adolescence, je l'ai parcourue en touriste, en stop, en avion, en voiture, en autocar, en camping, dans des grands hôtels, chez des petites gens... j'y suis allé pour voir des membres de ma famille, pour y traiter des affaires, pour y rencontrer des amis et j'y vais encore très régulièrement. J'ai été élevé au lait de l'Amérique, j'aime sa culture, sa musique, son cinéma, sa littérature, ses habitants et ses villes. (Bien sur il y a aussi en Amérique de la musique, du cinéma, de la littérature, des gens et des villes que je n'aime pas, mais c'est la même chose pour la France). J'ai écrit ici plusieurs textes, récits et fictions, dont le cadre se situe aux USA et je ne pense pas que l'on puisse tirer d'eux l'impression que je déteste l'Amérique, au contraire. Par contre, il est vrai que j'ai aussi fait paraitre ici quelques textes plus ou moins politiques et polémiques sur l'Amérique de Trump. Ce personnage détestable et dangereux m'obsède, en partie justement parce qu'il détruit l'image de l'Amérique que j'aime. Mais mes sentiments envers le pays ne changent pas.

Si tu relis plus attentivement mon texte sur le livre de Didion, tu y trouveras non pas une critique d'une "culture  tout entière", comme tu le dis, mais d'une micro-culture californienne passagère des années 60-70 telle qu'elle est rapportée par cette auteur.
Comme tu le dis si bien :
Citer
Je n'ai pas lu Joan Didion, mais...
Moi j'ai lu le livre et j'ai écrit ce que j'en pense. Si ce n'est pas que ça la critique, ça en fait quand même un peu partie.
La question que tu me poses
Citer
Sais-tu au moins de quoi tu parles ?
qui vient immédiatement après "je n'ai pas lu Didion..." ne manque pas de sel.

Mais tout cela vient peut-etre du fait que je ne m'exprime pas clairement, ou inversement.


« Modifié: 14 mai 2018 à 17:48:35 par Champdefaye »

Hors ligne Alan Tréard

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Re : L'Amérique – Chroniques (Joan Didion)
« Réponse #3 le: 14 mai 2018 à 18:14:19 »
Ah ! Pardonne-moi Champdefaye si je prends plaisir à réagir sur tes publications, mais mon intervention était avant tout une question ouverte.

Parfois tu fais un lien entre le Trump d'aujourd'hui et le hippie des années soixante qui me pose question.

Je ne juge pas ton amour ou désamour pour ce pays, tout comme toi, je porte un regard très parisien sur l'actualité américaine, mais cela ne m'empêche pas de regarder l'histoire de sa culture avec une certaine retenue.

Oui, je pense que ta critique aisée ressemble plus à une forme d'intolérance qu'à une ouverture d'esprit, en tout cas, c'est ce qui me fait réagir personnellement de manière très subjective. Les USA sont aujourd'hui fragilisés, on le constate de temps à autre (hier avec la crise, aujourd'hui avec l'élection de Trump), je ne pense pas que cette si grande fragilité puisse être expliquée trop vite, et qu'elle cache parfois bien des secrets.

Pour autant, je prends plaisir à en parler avec toi, mais je te trouve parfois un peu sévère dans ton jugement.
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Hors ligne Champdefaye

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Re : L'Amérique – Chroniques (Joan Didion)
« Réponse #4 le: 15 mai 2018 à 06:14:24 »
Rebonjour Alan et
merci d'exprimer si clairement le plaisir que tu as à commenter mes interventions.
Cependant l'incompréhension continue pour moi avec ton dernier commentaire:
Tu dis ceci :
Citer
Parfois tu fais un lien entre le Trump d'aujourd'hui et le hippie des années soixante qui me pose question.
Voici la partie de mon texte qui parlait de la société US:
Citer
"Désespérante, la société décrite, l'Hollywood et le San Francisco des années 60 et 70, est entièrement refermée sur elle-même, persuadée qu'elle est à elle seule l'incarnation d'une Amérique qui évolue vers une autre conception de la vie, une conception molle et communautaire de la recherche du bonheur, du plaisir de planer le mieux et le plus loin possible, avec une forte tendance à justifier par une philosophie obscure un avachissement qui pourrait bien n'être dû qu'à l'usage des stupéfiants et au refus des contraintes."
Quel lien peut-il bien y avoir entre cette mini société de Californie des 60-70, flower people, molle, libertaire, douce, permissive, cosmopolite, beatniks, etc et la société Trumpiste, formée de ses soutiens indéfectibles, société matérialiste, dure, isolationiste, xénophobe, souvent raciste et bornée ?


Citer
Oui, je pense que ta critique aisée ressemble plus à une forme d'intolérance qu'à une ouverture d'esprit,
Citer
mais je te trouve parfois un peu sévère dans ton jugement.
N'étant pas un professionnel, quand je critique un film ou un livre, (j'ai du publier ici une centaine de critiques aisées) je dis franchement si je l'ai aimé ou pas ou à moitié et quelle moitié, et je tente d'expliquer pourquoi. Pour résumer, j'ai aimé le style formel de ce livre et trouvé son contenu d'une faiblesse désespérante et je l'ai dit. C'est peut-être un jugement sévère, mais dans un tel exercice et dans un forum tel que celui-ci, faut-il absolument ménager la chèvre et le chou, rester politiquement correct, et ne risquer d'aller à l'encontre des gouts d'aucun.  Je n'en ressens pas du tout l'obligation. Mes critiques sont nécessairement subjectives, mais personne n'est forcé de me croire. Il faut avoir lu soi-même la platitude des propos rapportés fidèlement par Didion dans ses chroniques et sans aucun esprit critique. C'est Joplin ou Morrisson qui parle, alors écoutons religieusement ...
« Modifié: 15 mai 2018 à 09:00:55 par Champdefaye »

Hors ligne avistodenas

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Re : L'Amérique – Chroniques (Joan Didion)
« Réponse #5 le: 15 mai 2018 à 10:07:22 »
Champdefaille, je ne puis émettre de jugement sur ta "critique aisée" puisque je n'ai pas lu le livre en question. Mais je sais que tu adores l'Amérique, que tu la connais bien et que tu t'exprimes sans fard.

Et je sais aussi qu'Alan ne cesse de se livrer à des procès d'intention qui n'ont aucun fondement, c'est sa technique, et la seule.

Voilà. A plus.

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Re : L'Amérique – Chroniques (Joan Didion)
« Réponse #6 le: 15 mai 2018 à 12:18:40 »
Toutes mes amitiés Champdefaye et avistodenas.

Je n'ai pas de technique, avisto, mais prends conscience qu'il y a un monde qui tourne autour de toi, nous sommes ici pour échanger, par pour rester seul dans sans coin.
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