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Le Monde de L'Écriture » Coin écriture » Textes courts (Modérateur: Claudius) » Marthe et Cécile[Tic-Tac 05-01-19]

Auteur Sujet: Marthe et Cécile[Tic-Tac 05-01-19]  (Lu 668 fois)

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Marthe et Cécile[Tic-Tac 05-01-19]
« le: 05 janvier 2019 à 23:06:55 »
Les rues de Paris grouillent de monde en ce début de printemps. Les premiers beaux jours ouvrent grand les fenêtres des demeures. Les femmes en dentelles se promènent l’ombrelle oscillant sous la brise légère. Les cochers louvoient entre les passants peu pressés. Les enseignes grincent et la ville revit.

Elle marche, seule, à petit pas pressés ; elle semble être l’unique passante à ne pas prendre le temps de flâner. Au coin d’une ruelle elle s’engouffre sans se retourner dans un porche d’aspect peu engageant. Toc ! Toc ! Toc ! La porte s’ouvre sur un intérieur qui dénote en comparaison à ce quartier vieillot et triste. Un long couloir tapissé d'un tissu chatoyant mène à une petite pièce dont les tentures rappellent ces maisons « interdites », deux grands sofas en velours rouge invitent le visiteur à s’installer. Dans un coin de la pièce, une table basse sur laquelle sont posées négligemment des revues et journaux.
Elle s’assoie, sachant que l’attente pourrait être longue et se saisit du quotidien de la veille. Elle le feuillette rapidement et s’arrête sur la page des annonces : « Docteur en médecine cherche secrétaire à plein temps… ». Elle n’a pas rêvé, de relire le nom sur l’annonce lui donne des frissons.

Absorbée par sa lecture elle n’entend pas la porte s’ouvrir :
- Bonjour Mademoiselle. Que puis-je pour vous ?
Elle sursaute au son de la voix. Cette voix qui lui semble venir du passé. Elle se retourne, gardant son chapeau bien posé sur le haut de sa tête. Elle porte bien le chapeau, cela relève la beauté de son long coup et la blancheur transparente de sa peau.
- Je viens pour l’annonce, vous cherchez une secrétaire ?
Il la regarde et fronce les sourcils, cette femme lui rappelle quelqu’un. Mais cela ne se peut, Marthe n’est plus, Marthe est partie pour ne jamais revenir. Il était là, il l’a vue tomber dans la rivière et disparaître à tout jamais. La pénombre de ce boudoir lui joue un tour, pense-t-il.
Malgré son trouble, il arrive à prononcer quelques mots :
- Oui c’est exact. Je vous en prie donnez-vous la peine d’entrer.
Il s’efface pour la laisser pénétrer dans son cabinet et la regarde de dos. C’est une belle femme, à la taille fine, élégante et raffinée. Peut-elle vraiment être secrétaire ? Elle semble plutôt née de haute lignée. Ses gestes sont précis et délicats. La pièce est claire et dénote avec le boudoir de l’entrée. L’agencement est moderne mais chaleureux, un paravent sépare le bureau du coin des consultations.
Il s’apprête à s’installer sur son fauteuil et lève les yeux vers elle. Il blêmit. Sa bouche béante ne laisse sortir aucun son… Elle sourit et rompt ce silence pesant.
- Je me nomme Cécile et je serais intéressée par le poste que vous proposez.
- Cécile ! Cécile !
Il a répété ce prénom comme un zombie.
- Que vous arrive-t-il ? questionna Cécile. Vous êtes bien le Docteur Peter Ariston ? Vous cherchez  bien une secrétaire à plein temps ?
- Oui… réussit-il à balbutier. Mais… mais, mademoiselle vous… vous…
- Je quoi ? Je ne vous plais pas ? Je ne fais pas l’affaire ?
- Mais… si… Mais… Vous lui ressemblez tellement !
- Je ressemble à qui ?
- À Marthe, dit-il en s’effondrant dans son fauteuil. Marthe, ma femme. Marthe disparue il y a deux ans…
Il pleure, comme un enfant. Elle reprend la parole.
- Je m’appelle Cécile, Marthe était ma sœur jumelle. Nous avons été séparées dès notre naissance par la vie, le divorce de nos parents. Nous avons été élevées sans jamais connaître la vérité. Il y a deux ans, le 27 avril, je suis tombée gravement malade, une dépression subite et inexpliquée. Mes nuits étaient peuplées de cauchemars, je rêvais de noyade, de suffocation. Les médecins ne comprenaient rien, il n’y avait aucune explication plausible à cette affection foudroyante. Mon père ne savait plus que faire et sa femme, que je pensais être ma mère, m’a raconté mon histoire. Depuis je n’ai eu de cesse que de retrouver cette sœur, de savoir pourquoi je ressentais ces douleurs depuis cette date. J’ai fini par tout savoir, ou tout au moins j’ai su sa disparition tragique. Le 27 avril il y a deux ans. Mon enquête m’a appris tout sur sa vie et m’a redonné des forces, je sais qu’elle était votre femme et c’est la raison qui m’a poussée à venir vous voir après avoir lu l’annonce. Mais je n’étais pas sûre que vous étiez bien son mari, alors j’ai tenté et je suis si heureuse de vous avoir trouvé !

Il l’écoute, d’abord abasourdi, puis étonné, puis curieux et après cette longue tirade lui répond :
- Je suis heureux de vous connaître même si cela me fait très mal, j’ai l’impression d’avoir Marthe en face de moi. C’est une impression étrange, comme si j’avais mis mon cœur et mon âme au vestiaire des sens et que d’un coup ils me soient rendus par miracle. Je suis troublé, je ne sais si je pourrai vous engager comme secrétaire et je ne conçois pas que nous puissions nous revoir pour l’instant. Vous n’êtes pas Cécile pour moi mais Marthe, c’est insidieux comme sentiment.

Cécile se lève, sort un petit revolver d’un pli de sa robe et tire, un seul coup, en plein cœur. Elle sourit.
- Ton âme n’est plus au vestiaire, murmure-t-elle. Elle est en enfer. Là est sa place. Marthe m’a tout raconté dans mon dernier cauchemar, il ne fallait pas la pousser.

« Modifié: 06 janvier 2019 à 20:34:32 par Claudius »
Usage de la fenêtre : inviter la beauté à entrer et laisser l'inspiration sortir. Sylvain Tesson

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Re : Marthe et Cécile[Tic-Tac 05-01-19]
« Réponse #1 le: 06 janvier 2019 à 15:20:50 »
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Elle marche, seule à petit pas pressés, elle semble être l’unique passante à ne pas prendre le temps de flâner.
Au niveau du rythme, je pense que la ponctuation peut être améliorée
(perso j’aurais mis « Elle marche, seule, à petit pas pressés ; elle semble être l’unique passante à ne pas prendre le temps de flâner »)

Citer
Un long couloir paré de tapisserie en tissu chatoyant
Faudrait revoir les pluriels je pense

Citer
ces maisons « interdites »

Sais pas ce que c’est ^^

Citer
Elle porte bien le chapeau, cela ajoute à son long coup et à la blancheur transparente de sa peau.
ça ajoute quoi ?

Citer
- Oui c’est exact, je vous en prie donnez-vous la peine d’entrer.
Là aussi, la ponctuation est pas top je trouve

Citer
- À Marthe Dit-il en s’effondrant dans son fauteuil. Marthe, ma femme. Marthe disparue il y a deux ans…
Ponctuation aussi

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C’est une impression étrange, comme si j’avais mis mon cœur et mon âme au vestiaire des sens et que d’un coup ils me soient rendus par miracle.
Oh, le thème

Citer
- Ton âme n’est plus au vestiaire, murmure-t-elle. Elle est en enfer. Là est sa place. Marthe m’a tout raconté dans mon dernier cauchemar, il ne fallait pas la pousser.
Oh, la chute !

Sympa, bien raconté et bien ficelé, je n’ai pas vu venir la chute et l’image et le titre sont respectés… chapeau, madame !

Hors ligne Claudius

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Re : Marthe et Cécile[Tic-Tac 05-01-19]
« Réponse #2 le: 06 janvier 2019 à 20:35:09 »


Merci Miro, j'ai tenu compte de tes remarques et j'ai apporté quelques modifications.

 :coeur: :coeur:
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