J'en avais entendu parler je sais plus trop où et ça disait sur la quatrième de couverture que c'était "du Margaret Atwood version
Hunger Games" alors forcément j'étais charmée.
Un jour, partout dans le monde (notre monde, notre époque), les adolescentes se rendent compte qu'elles ont le Pouvoir : la capacité d'infliger des décharges électriques, et donc une grande douleur - voire la mort - à volonté. Ce Pouvoir, elles peuvent aussi l'éveiller chez leurs mères, grand-mères, soeurs, voisines... Mutation génétique ou don de Dieu, c'est une apparition tellement fulgurante qu'elle renverse du jour au lendemain le rapport de force entre les genres : c'est une guerre civile qui s'installe dans le monde entier, les uns se cramponnant comme ils le peuvent à leurs royaumes vacillants, les autres (les femmes) décidant de se venger de millénaires d'oppressions.
A travers quatre personnages, nous suivons l'évolution de la situation mondiale pendant 10 années après le "Jour des Filles" : Roxy, fille illégitime d'une famille mafieuse londonienne, qui a vu des hommes assassiner sa mère. Abbie, orpheline qui passe de famille d''accueil en famille d'accueil, de mains en mains et de prédateurs à prédateurs. Margot, femme politique sans autre ambition que celle de protéger ses deux filles - et écraser ce supérieur qui l'humilie constamment. Et enfin Tunde, jeune nigérien qui s'improvise journaliste d'investigation avec son smartphone et se rend dans les lieux les plus dangereux du monde pour raconter l'ampleur de la Révolution.
Tous ces destins s'entrecroisent, se rejoignent autour du Pouvoir et de la prise de pouvoir pendant dix années, jusqu'au paroxysme final.
Et qu'est-ce que j'en ai pensé ?Bon sang, que c'est intelligent.
Le style est assez simple mais percutant, la lecture est rapide... Ce n'est, évidemment, pas un livre qui raconte comment "ça serait tellement mieux si les femmes étaient au pouvoir à la place des hommes". C'est au contraire un miroir dystopique tendu à notre société, qui renverse tous les codes et révèle l'horreur là où on a trop l'habitude de la voir, qui montre comment il n'est pas
normal qu'une moitié de la population tienne l'autre à sa merci. C'est d'une violence crue et terrible, aussi, et un présupposé bien noir sur la nature humaine : si l'on peut commettre des crimes et rester impuni.e, alors on le fait, animalement, pour assurer sa force. Ça montre aussi comment la vengeance pure et simple ne peut amener qu'à une escalade des violences et à la catastrophe.
Mais le livre est aussi assez jubilatoire et drôle - enfin, c'est un rire jaune - dans ses détails (les stéréotypes de genre qui s'inversent, le regard sexuel qui change de coté, jusqu'au langage qui perd son neutre masculin pour un neutre féminin...), et en somme c'était un vrai plaisir à lire.
J'ai peut être trop tendance à laisser s'effondrer les barrières entre ma réalité et mes lectures, mais pendant que je le lisais, je me sentais comme une reine
Est-ce que d'autres l'ont lu ou comptent le lire ?
