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Le Monde de L'Écriture » Salon littéraire » Salle de lecture » Théâtre et poésie » [Théâtre] Le Cid (Pierre Corneille)

Auteur Sujet: [Théâtre] Le Cid (Pierre Corneille)  (Lu 5088 fois)

Hors ligne Loïc

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[Théâtre] Le Cid (Pierre Corneille)
« le: 14 février 2013 à 11:17:14 »
Le Cid, tout le monde en connait l’histoire : après tout, ça reste une tragédie (enfin, wikipédia parle de tragi-comédie. C’est du baroque quoi) du XVIIe. Chimène et Rodrigue sont amoureux l’un de l’autre mais leurs parents sont rivaux (tiens, ça me rappellerait presque quelque chose) et le père de Chimène défie celui de Rodrigue. Le vaillant jeune homme va défendre l’honneur de son père, tuer celui de son amoureuse et ça donne « va, je ne te hais point ».

Quand j’ai lu Le Cid, j’ai été impressionné par le nombre de répliques qui ont été parodiées et que tout le monde connait. J’ai cité « Va, je ne te hais point », mais on pourrait ajouter « Nous partîmes cinq-cents ; mais par un prompt renfort/Nous nous vîmes trois-milles en arrivant au port » ou, évidemment, « Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie. »

Bref, c’est une œuvre assez importante dans la culture française, même sans le savoir (moi le premier). C’est une pièce en alexandrins que j’ai beaucoup aimée. Il y a du rythme, de la baston (bon, pas trop sur scène mais bon), des intrigues, des amours à trois… Enfin, dans mon souvenir. Niveau epicness, ça me semble quand même assez bon.
« Modifié: 27 octobre 2017 à 20:11:08 par Eveil »
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"Les Grandes Histoires sont celles que l'on a déjà entendues et que l'on n'aspire qu'à réentendre.
Celles dans lesquelles on peut entrer à tout moment et s'installer à son aise."
Arundhati Roy

Hors ligne Milora

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Re : Le Cid (Corneille)
« Réponse #1 le: 14 février 2013 à 17:13:00 »
Je l'ai lu cet été ! (j'étais dans ma foulée théâtre, avec Le Cid, Macbeth, Roméo et Juliette, Huis-clos, un bout des Mouches aussi mais lui il m'a saoulée et je l'ai pas fini ^^)


Je présente par avance mes excuses à Tomoyo pour le message qui suit  :-[


J'ai pas trop aimé, pour ma part. Ah, certes, c'est bien écrit, ça c'est vrai. Et :
Citer
Quand j’ai lu Le Cid, j’ai été impressionné par le nombre de répliques qui ont été parodiées et que tout le monde connait. J’ai cité « Va, je ne te hais point », mais on pourrait ajouter « Nous partîmes cinq-cents ; mais par un prompt renfort/Nous nous vîmes trois-milles en arrivant au port » ou, évidemment, « Ô rage, ô désespoir, ô vieillesse ennemie. »
C'est exactement ça !

Mais après, ça m'a fait le même effet que les autres tragédies classiques françaises que j'ai pu lire (notamment tous les Racine, là : Bérénice, Andromaque, Phèdre, etc.). A savoir : c'est trop. Les personnages se lamentent beaucoup trop pour que j'accroche, j'ai l'impression qu'ils ne sont pas humains, ils ne sont que des coquilles pour un enjeu tragique, ils n'ont pas réellement de personnalité derrière : ils sont des rôles avant tout. D'ailleurs, ils s'expriment tous pareil, avec les jolies phrases de l'auteur.
Du coup, je m'ennuie assez vite, je n'arrive pas à accrocher...

Et puis deux choses m'ont embêtée avec Le Cid :
- Chimène. Je la trouve insupportable, absurdement butée - et d'ailleurs les personnages le lui disent, et ils ont raison  :D
- la fin : c'est une tragédie, c'est pas logique que ça finisse bien ! :D :D (Non, là je plaisante) Mais disons que ça m'a fait le même effet qu'avec Bérénice : j'ai eu l'impression que les personnages se compliquaient beaucoup la vie pour quelque chose qui, à l'origine, n'était pas très grave (à la différence de Phèdre ou d'Andromaque où, là, j'avoue, les personnages avaient pas trop de possibilité de s'en sortir)

Enfin bref, je respecte l'oeuvre, je reconnais que la langue est très belle et je ne regrette pas de l'avoir lu. Mais j'ai eu besoin de me forcer pour finir la lecture et je n'accroche pas trop aux personnages et à l'histoire.
Ceci dit, je venais de lire deux Shakespeare, ça peut expliquer cet état de fait  :-¬?
Il ne faut jamais remettre à demain ce que tu peux faire après-demain.

Hors ligne Tomoyo

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Re : Le Cid (Corneille)
« Réponse #2 le: 14 février 2013 à 21:15:55 »
mon cidounet, mon corneillou, mon amouuur  :calin:

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Je présente par avance mes excuses à Tomoyo pour le message qui suit  :-[
oui va te cacher!
tu t'es bien défendue de me dire tout ça quand tu l'as lu, tu as craint mon courroux et tu as bien fait  :vaurien:

J'aime le Cid  :huhu:
Non que j'aime l'histoire classique, non que j'aime qu'on passe trois plombes pour dire qu'on hésite dans nos choix, non que j'aime Don Diègue qui est un pur égocentrique imbus, non que j'aime Chimène que je trouve faiblarde(ben quand même, elle a besoin qu'on décide pour elle en gros, "mon honneur dit non, mon coeur dit oui, que faire.... oh le roi m'oblige, ça c'est drôlement pratique youpi") etc etc.
J'aime le phrasé, les alexandrins, l'honneur, la poésie, la musicalité. :coeur:
"- que m'importe !
- A quatre pas d'ici je te le fais savoir
- Jeune présomptueux
-                                 Parle sans t'émouvoir,
je suis jeune il est vrai mais aux âmes bien nées
la valeur n'attend point le nombre des années
- te mesurer à moi, qui t'as rendu si vain
toi qu'on n'a jamais vu les armes à la main
- mes pareils à deux fois ne se font point connaitre
et pour leur coup d'essai veulent des coups de maitres"

bref, je trouve ça d'une fluidité et d'une élégance admirable. C'est simplement dit et ça va tout seul, c'est beau à l'oreille et dans ma tête, c'est étrangement... naturel (oui je me rends compte de ce que je dis)
Je retiens donc le talent de Corneille de faire tout une pièce en alexandrins de ce niveau là (même si, au fil des pages, certaines rimes se retrouvent plusieurs fois, c'est inévitable, du genre laurier/ guerrier ; castille/fille).
J'aime aussi que l'honneur ait du sens. Bon après, que Don Diègue en appelle à son fils pour venger l'honneur de la famille parce que lui a flanché... dans un autre coin du monde il se serait fait harakiri et la pièce aurait été plus courte  :-¬?
J'aime bien Rodrigue quand même. Certes il est assez lisse, c'est le bon gars, droit, courageux, admiré, exemplaire etc., mais justement, des fois ça fait du bien un bon perso bien moral. Dans ma prime jeunesse je récitais souvent ses tirades l'épée à la main, prête à défier quiconque, surtout maman quand elle me demandait de mettre le couvert :lecon:.
J'ai lu quelques pièces classiques, pas beaucoup mais un peu quand même. C'est le Cid ma préférée, pour l'écriture bien plus que pour les personnages. Les Shakespear... non j'irai provoquer Mil sur un fil de Shakespear, surement Hamlet mouahahah :kei:

en résumé, Le Cid = graaande qualité d'alexandrins et honneur exacerbé  :huhu:


Mes goûts sont simples : je me contente de ce qu'il y a de meilleur [Oscar Wilde]

Hors ligne Loïc

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Re : Le Cid (Corneille)
« Réponse #3 le: 15 février 2013 à 15:04:30 »
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Mais après, ça m'a fait le même effet que les autres tragédies classiques françaises que j'ai pu lire (notamment tous les Racine, là : Bérénice, Andromaque, Phèdre, etc.). A savoir : c'est trop

Ca vient pas de ce que justement, tu les compares pas au bon mouvement? Comme je l'ai dit, c'est plus une tragédie-comédie et, à défaut du siècle, Corneille se rapproche (bon, peut-être plus dans d'autres pièces comme L'illusion comique qu'il faut que je lise) plus de Shakespeare et Calderon que Racine, malgré leur rivalité.
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Hors ligne Milora

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Re : Re : Le Cid (Corneille)
« Réponse #4 le: 16 février 2013 à 10:40:39 »

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Je présente par avance mes excuses à Tomoyo pour le message qui suit  :-[
oui va te cacher!
tu t'es bien défendue de me dire tout ça quand tu l'as lu, tu as craint mon courroux et tu as bien fait  :vaurien:

Mais mais mais ! Je plaide non coupable ! J'avais dû, sans insister, te dire que j'avais trouvé la langue jolie mais pas accroché plus que ça ; ce qui est l'exacte vérité, mamoiselle ! *brandit un bouclier et rentre le cou dans les épaules*

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Mais après, ça m'a fait le même effet que les autres tragédies classiques françaises que j'ai pu lire (notamment tous les Racine, là : Bérénice, Andromaque, Phèdre, etc.). A savoir : c'est trop

Ca vient pas de ce que justement, tu les compares pas au bon mouvement? Comme je l'ai dit, c'est plus une tragédie-comédie et, à défaut du siècle, Corneille se rapproche (bon, peut-être plus dans d'autres pièces comme L'illusion comique qu'il faut que je lise) plus de Shakespeare et Calderon que Racine, malgré leur rivalité.
Non, je pense pas : en lisant je ne comparais à rien (si ce n'est à Macbeth que je venais de finir, peut-être...?). C'est juste que je suis pas sensible à ce genre de théâtre je crois. Ou alors il me faudrait plusieurs lectures... C'est vrai qu'en prépa on avait eu La Place Royale de Corneille au programme ; à la première lecture j'avais trouvé ça fade, mais à force de l'étudier et de le relire, je l'ai mieux compris, et j'ai fini par bien l'aimer. (Par contre pour Racine, j'ai beau avoir étudié Phèdre trois ans d'affilée et le connaître par coeur, j'aime toujours pas  :-¬? ). Mais j'avais bien aimé L'Illusion comique, aussi. Non, c'est peut-être juste que j'accroche pas trop avec les tragédies - Shakespeare serait l'exception, à cause de son côté très vivant et plein de changement de tons (humour, gravité, tristesse, rire... Je vois moins les tragédies de Shakespeare comme des tragédies que comme des histoires d'aventures qui finissent mal ^^).

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J'aime aussi que l'honneur ait du sens. Bon après, que Don Diègue en appelle à son fils pour venger l'honneur de la famille parce que lui a flanché... dans un autre coin du monde il se serait fait harakiri et la pièce aurait été plus courte  :-¬?
Oui, je trouve que c'est ça aussi qui m'a gênée : j'ai trouvé l'atteinte à l'honneur un petit peu dérisoire par rapport à ses conséquences...  :-¬? Mais bon, ça fait partie de la beauté de la chose, je suppose !


Bref, j'ai pas détesté, hein, et je lui reconnais d'indéniables qualités, à cette pièce ! Seulement j'accroche pas beaucoup, personnellement...  :-[
Il ne faut jamais remettre à demain ce que tu peux faire après-demain.

pehache

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Re : Le Cid (Corneille)
« Réponse #5 le: 23 mars 2013 à 19:23:25 »
William, c'est le génie absolu, le type qui sait qui marier tous les tons, tous les genres.
Nos tragédiens, eux, sont des maîtres de vers... C'est aussi pour cela qu'ils ne s'exportent pas, ne se traduisent guère, ne sont joués que pour des francophones.
Ceci dit, le Cid, tragi-comédie, ça a quand même de la gueule !

Hors ligne Bricoman

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  • Batman, Superman, et pourquoi pas wham ?
Re : Re : Le Cid (Corneille)
« Réponse #6 le: 31 juillet 2013 à 09:23:59 »

Mais après, ça m'a fait le même effet que les autres tragédies classiques françaises que j'ai pu lire (notamment tous les Racine, là : Bérénice, Andromaque, Phèdre, etc.). A savoir : c'est trop. Les personnages se lamentent beaucoup trop pour que j'accroche, j'ai l'impression qu'ils ne sont pas humains, ils ne sont que des coquilles pour un enjeu tragique, ils n'ont pas réellement de personnalité derrière : ils sont des rôles avant tout. D'ailleurs, ils s'expriment tous pareil, avec les jolies phrases de l'auteur.



Nein, nein, nein! ><

Dans les tragédies, les personnages ont vocation à se lamenter, fatalité oblige. Tous les protagonistes ont une élévation d'esprit stratosphérique, ils pensent, réagissent et s'expriment à la perfection, c'est artificiel ? Normal, c'est de l'art. Les grands auteurs tragiques ont assez humanisé leurs personnages en peignant magistralement leurs vices et leurs faiblesses. Ils n'ont pas poussé le réalisme jusqu'à représenter la part congrue de la médiocrité humaine, en faisant débiter des fadaises à un quota de personnages ploucs. Si aujourd'hui, on retrouve dans les fictions les choses les plus banales de la vie quotidienne, on verra rarement un acteur se crever un bouton d'acné ou faire caca devant la caméra. La trivialité de l'humain est un minimum filtrée par l'exigence de l'art. Les anciens étaient plus exigeants, c'est tout. Tu ne reproches pas à Bérénice, Andromaque et Phèdre de manquer d'humanité, mais d'être les archétypes de l'humain. :-¬?

On refait une querelle des anciens et des modernes quand tu veux ! :huhu:

Mais après les vacances. ^^




" THE SELECTION FOR THE JUSTICE LEAGUE ® :

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... Marvel sa mère !

Hors ligne Milora

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Re : Le Cid (Corneille)
« Réponse #7 le: 31 juillet 2013 à 11:10:23 »
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On refait une querelle des anciens et des modernes quand tu veux ! :huhu:
Si tu veux. Mais Shakespeare, c'est plus ancien que Corneille et Racine. Et c'est aussi estampillé "tragédie". Et les personnages sont très très humains, pas du tout figés dans un type. Genre Othello, ben même Iago le traître il est humain. Même Othello qui... ne spoilons pas, mais bref, même Othello et Desmédona, ils sont pas uniformes et lisses dans le "je me lamente". Et pourtant, je trouve qu'ils ont plus de raisons de se lamenter que Chimène.  :huhu:

Dans les tragédies de Corneille et de Racine, les personnages sont pas des archétypes d'humanité : ils représentent un trait de caractère, une faiblesse, un paradoxe, et ils se résument à ça. L'intrigue est tout entière contenue dans les premières scènes : d'emblée on sait tous les problèmes qu'y va y avoir, quel personnage aura quel rôle et que ça va dégénérer - même si on sait pas toujours exactement comment. Je trouve ça trop figé - même si je conçois qu'on puisse aimer  ^^
Il ne faut jamais remettre à demain ce que tu peux faire après-demain.

pehache

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Re : Le Cid (Corneille)
« Réponse #8 le: 01 août 2013 à 12:22:57 »
Dakodak avec Milora.
Sauf sur ce point: tragédie, dis-tu, pour S. Oui, mais pas dans sens que reçoit ce mot pour parles de nos "tragédies classiques". Car S. ose tout, touche à tous les genres, jusqu'au grotesque.

Hors ligne Xlara

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  • "Les vraies passions sont égoïstes"
Re : [Théâtre] Le Cid (Pierre Corneille)
« Réponse #9 le: 11 avril 2018 à 08:07:00 »
Le Cid doit être pour moi la pièce de théâtre par excellence. J'admire le feu de la passion qui anime Rodrigue
"Réduit au triste choix ou de trahir ma flamme,
Ou de vivre en infâme". Le combat intérieur qu'il mène: honneur Vs amour

Inspiré de faits réels, fabuleusement bien écrit et joué par les plus admirables (je vous conseille la version jouée par Gérard Philipe) le Cid reste un classique incontournable de la litérature française.

 


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